Negan m'amène jusqu'à un petit bureau aménagé en chambre. C'est minimaliste mais cela à l'air convenable à vue d'œil en tout cas.
_ Te voilà chez toi, Meggie, . . . enfin aurais-je presque envie de dire. Je vais te laisser te remettre . . . de tes émotions. Et ensuite, on parlera de ta punition.
À ce mot, je me raidis inconsciemment au souvenir de la précédente. Mon frère se rapproche alors un peu plus de moi, et baisse son visage pour avoir sa bouche à hauteur de mon oreille.
_ Et crois moi, j'ai eu tout le loisir d'y penser pendant ton absence, me murmure-t-il, ce qui me glace le sang.
Puis il prend tout son temps pour se redresser de toute sa hauteur et me dominer, avant de me gratifier de ce sourire que je déteste tant. Il ferme la porte derrière lui et demande à un certain Andrew de garder ma porte.
Je vais m'asseoir sur le lit et me remémore calmement tout le chemin parcouru entre cette pièce et le parking. Le trajet est un peu long mais plein de recoin qui peuvent être utile pour se cacher. Il y a beaucoup d'hommes, mais le plus important, je ne les connais pas pour la plupart. Ce sont donc de nouvelles recrues, un bon point pour moi, car ils n'ont pas la moindre idée de ce que je suis capable de faire.
Pour l'instant, je suis bloquée et épuisée. Je m'allonge quelques instants sur le lit et ferme les yeux. Aussitôt son visage apparaît devant moi et mon cœur se serre. À l'idée qu'il ne sache pas ce que je ressente pour lui, j'ai l'impression de suffoquer. Je pense à lui et à ma petite fille. Je finis alors par pleurer silencieusement en espérant que Marla fera ce que je lui ai demandé.
Au bout de vingt minutes de route, hors de moi de ne pas voir Abe se garer sur le bas-côté, je le double et l'oblige à le faire.
_ Putain, mais tu fous quoi là Daryl, s'énerve-t-il en descendant du camion suivi de près par les autres.
_ Ah quoi j'joue ! Putain Abe c'est toi qui t'fous de ma gueule ! Elle est toute seule avec c'taré, . . . faut la sortir de là, tout de suite ! M'écriais-je hors de moi en faisant les cents pas devant eux.
_ Daryl, je te comprends, commence Jésus en s'approchant doucement. Les autres sont complètement tétanisés par mon pétage de câble. Crois-moi, la laisser avec lui et bien la dernière chose que je veuille. Mais là, on n'est pas assez nombreux, ni suffisamment armés, poursuit-il calmement pour essayer de m'apaiser.
Je continue de faire les cents pas devant eux. J'essaie d'intégrer ce qu'il me dit mais j'ai beaucoup de mal. Cependant je lui accorde de l'attention car lui et moi sommes probablement les seuls à savoir ce que Negan a pu lui faire endurer.
_ Daryl, on doit ramener ce qu'on a, élaborer un plan et revenir la chercher puis . . . le tuer, termine-t-il sur un ton des plus sérieux lui qui plaisante toujours de tout.
Je ne réponds rien mais je remonte sur ma moto et démarre en trombe. Nous enchaînons les kilomètres jusqu'à la Colline.
Quand nous arrivons, pas besoin de dire que nous avons eu un problème. Ma tête suffit largement à l'annoncer. Je n'ai même pas le temps de descendre de ma moto que Maggie se dirige le plus vite qu'elle le peut vers moi la mine grave.
_ Où est-elle Daryl ? Me demande-t-elle en ne me quittant pas des yeux.
Je baisse la tête incapable de soutenir son regard triste et inquiet. Et puis quoi lui répondre. Que j'ai pas vu le danger arriver. Que j'ai pas su la protéger. Que je suis parti en la laissant là-bas avec ce taré. Je passe nerveusement ma main dans les cheveux avant de me ronger un ongle.
J'ai un mouvement de recul quand Maggie pose sa main sur mon bras en signe de réconfort. C'est vrai que depuis la mort de Glenn, j'ai toujours gardé un œil sur elle et le bébé.
_ Pardon, me dit-elle, je ne voulais pas . . .
_ C'est rien Maggie, l'interrompis-je en faisant demi-tour pour retourner vers ma moto.
Mais je m'arrête net quand j'entends un bruit sourd, celui de quelqu'un qui tombe sur le sol, suivi de gémissements.
_ Maggie, dis-je en l'aidant à se relever, c'est le bébé, l'interrogeais-je.
Elle acquiesce d'un signe de tête puis me demande de l'emmener voir Harlan dans le bungalow médicalisé. Heureusement, il est là. Je l'installe doucement sur un des lits et me prépare à franchir la porte quand.
_ Daryl, . . . tu . . . tu peux rester, . . . j'ai un peu peur, me dit-elle mal à l'aise.
Je me sens idiot et aussi mal à l'aise qu'elle. Mais son air inquiet m'empêche de la laisser seule. C'est con mais je me sens toujours idiot quand j'entends quelqu'un dire qu'il a besoin de moi. J'ai pas l'habitude même si je fais parti du groupe depuis longtemps. Je reste un solitaire. Et je me laisse faire quand Maggie prend ma main pour être rassurée. En fait c'est agréable de savoir que l'on compte pour quelqu'un.
Au bout de quelques minutes stressantes d'examen, les nouvelles sont rassurantes. Elle doit faire attention au stress encore quelques jours en attendant la naissance du bébé. Il ne lui faut pas de stress ce qui nous fait marrer tous les deux quand on sait dans quel monde on vit. Une fois qu'Harlan sort, je vais pour le suivre.
_ Daryl . . ., m'appelle Maggie encore une fois.
Je reste le dos tourné et n'ose pas la regarder. Le moment où on a vu le bébé m'a paru tellement intime que je suis super gêné.
_ Merci, reprend-t-elle, merci d'être resté, . . . je sais que tu dois faire ce qu'il faut pour Megan mais . . . fais attention à toi, termine-t-elle doucement.
Je fais un mouvement de tête pour lui signifier que c'est rien et que tout va bien. J'allais franchir la porte quand elle reprend une dernière fois la parole.
_ Daryl, . . . tu dois le prévenir. Il a le droit de savoir et . . . Rick peut vous être utile, termine-t-elle.
Je bous intérieurement mais elle n'a pas tort. Il doit savoir.
_ Il est où ? Demandais-je toujours sans me retourner.
_ Il est rentré à Alexandria après votre départ pour le ravitaillement, me répond Maggie.
_ OK, dis-je en sortant de la pièce une fois pour toute.
En me dirigeant vers ma moto, je passe devant Abe et les autres en pleine discussion de ce qu'il faut faire pour Megan.
_ Daryl, tu vas où ? On parle de comment on s'organise pour récupérer Megan, m'informe-t-il.
_ Chercher Rick, répondis-je de façon lapidaire en enfourchant ma moto et en les laissant sur place.
J'avale les kilomètres le plus vite possible entre la Colline et Alexandria. Quand je reconnais au loin les grilles de la ville, je me mets sans le vouloir en mode défensif. C'est Eugène qui est à la porte. Il l'ouvre en voyant la moto arriver et je n'ai pas besoin de lui dire qui je cherche.
_ Il est dans la réserve d'armes avec Michonne. Ils sont en train de . . .
Je n'attends pas la fin des explications d'Eugène car avec lui cela pourrait durer des heures et des heures et je n'ai plus une seconde à perdre. Je me faufile dans les rues de la ville et gagne assez rapidement l'armurerie. Je me gare et descends. Je suis prêt à entrer quand je me stoppe net à cause des éclats de voix que j'entends. Et je ne sais pas pourquoi mais au lieu de rentrer, je reste immobile comme un con à écouter ce qui se dit dans cette pièce.
_ Michonne, arrêtes avec ça. Passe à autre chose, balance Rick quelque peu agacé.
_ Que je passe à autre chose, . . . Rick on construisait quelque chose tous les deux et avec Carl et Judith. Et toi, tu plaques tout pour une fille qui sort dont ne sait où. Qui se révèle être la sœur de Negan . . . mais le pire dans cette histoire, c'est qu'elle n'en a rien à faire de toi. Elle jongle entre Daryl et toi . . . et vous vous accourez comme de bons petits soldats. Elle vous manipule comme des . . .
_ Tais toi Michonne, tais toi . . . avant que . . . Tu n'as aucune idée de ce qu'elle peut représenter pour moi. Et même si elle choisit Daryl, je serai toujours là pour elle . . . quoiqu'il se passe, lui répond-t-il d'une voix grave et profonde.
En l'entendant parler ainsi, je me rends compte de ce qu'elle représente pour lui. Jamais j'avais entendu Rick parler d'une femme de cette façon . . . pas même de Lori.
Je reste comme un con quand Michonne sort excédée de l'armurerie en trombe en me fusillant du regard au passage. J'ai pas le temps de réagir que Rick se matérialise devant moi.
J'ai pas besoin de lui dire un mot. En un simple échange de regard. Il comprend. Il comprend que quelque chose à mal tourner et son visage se durcit.
_ Elle est où ? Me demande-t-il en allant droit au but.
_ Negan la retient prisonnière dans le centre commercial, lui répondis-je en mode automatique.
Ses mâchoires craquent sous la pression, mais il soutient mon regard avant de dire.
_ Allons la chercher, . . . maintenant, termine-t-il en retournant dans l'armurerie.