POINT DE VUE LIAM
Je suis un abruti fini. Je n'arrive toujours pas à réaliser ce que je suis en train de faire, je commence même à avoir des regrets et pourtant je ne ferais pas marche arrière. Même si je dois avouer que l'avoir à mes côtés lui et sa grande gueule n'est pas de tout repos mais j'ai fait un choix et je l'assumerais jusqu'au bout.
On est parti tôt ce matin comme convenu et heureusement Zayn se sentait beaucoup mieux. Je lui ai nettoyé ses plaies avant de partir et il a nettoyé les miennes, en profitant pour appuyer plus que nécessaire ce qui a failli finir en meurtre.
Une fois calmé, on est parti en voiture – une jeep noire que j'ai acheté d'occasion – puis on a roulé des centaines de kilomètres sans même s'arrêter. Au début je ne savais pas vraiment où aller mais plus je roulais, plus ma destination devenait une évidence. Je dois retourner en Angleterre, de cette façon je ne serais pas trop loin de chez Niall et ainsi je pourrais rendre ses affaires à sa femme.
Le plus long a été le trajet en ferry. Déjà, je ne suis pas super fan des virées en bateau mais alors avec un individu comme Zayn c'était l'enfer. J'ai eu l'envie de le jeter par-dessus bord à plusieurs reprises surtout quand il se foutait de moi en disant "tu te prend pour un dur et dès que tu prends le bateau tu te chie dessus !" ça m'a vraiment énervé. Je n'ai pas peur du bateau, mais j'ai le mal de mer, c'est différent, mais pour lui c'était la même chose.
Alors je me suis allongé dans notre cabine pendant qu'il était sorti pour fumer et je me suis mis à penser, à réfléchir à ce que j'allais faire après avoir posé le pied sur la côte Anglaise. Déjà je vais retourner chez moi, faire mes cartons, acheter une remorque et partir. Je ne pourrais pas rester dans mon appartement, pas après y avoir passé autant de temps avec Chris. J'ai besoin de changer d'air et Zayn est la bonne excuse pour enfin avoir le courage de le faire.
Je suis interrompu dans mes pensées par une porte qui s'ouvre. Voilà le retour de Zayn ! Il s'assoit sur son lit, le dos collé au mur et me regarde alors que je l'ignore totalement.
-Les gens m'insupporte ! Je comprends maintenant pourquoi je prenais autant de plaisir à tuer. Leur bonne manière et leurs airs de bourges ça me tape vraiment sur le système.
-Tu as tué des innocents ! Je ne vois même pas comment tu peux arriver à penser comme ça !
-C'est très simple, tu veux que je t'apprenne ?
-Ferme là et dors, on a de la route demain.
-Parce que je suis à tes ordres peut-être ?
-Si tu ne veux pas dormir ferme au moins ta gueule !
Je n'entends plus rien après ça et je soupire d'exaspération. Je n'aurais jamais dû le laisser vivre, c'est un monstre, un tueur de sang-froid et moi je le couvre encore. Je ferai mieux de le tuer et de le balancer à l'eau, après tout, qui va remarquer son absence ? Personne.
Mais je ne pourrais pas parce que malgré tout il reste un humain, un jeune homme qui a des sentiments même s'il les cache très bien et puis j'ai encore l'espoir de pouvoir sauver son âme. Peut-être que je me trompe mais au moins je n'aurais pas de remord à me dire que je n'ai rien fait pour lui. Je lui paye déjà tout le voyage, je vais lui offrir un toit et l'occasion pour lui de reprendre une nouvelle vie.
Et puis d'une certaine façon on est pareil, il n'a plus personne, plus aucune attache, tout comme moi et même si nos caractères et notre façon de vivre sont littéralement différents et qu'il m'agace, au fond je sais qu'il n'est pas méchant. Après tout, il aurait voulu me tuer il l'aurait fait depuis longtemps, et il a su montrer des moments de douceur. Enfin je crois. Rien n'est perdu pour lui, il a juste besoin d'un peu d'aide et je suis prêt à lui apporter, s'il l'accepte évidemment. Je me souviens encore de son baiser d'hier. Il aurait pu être doux si je ne l'avais pas repoussé. Je dois avouer que si ça n'avait pas été un assassin, j'aurais apprécié ses douces lèvres contre les miennes. Mais c'est Zayn.
Je sursaute en entendant une voix à quelques centimètres de moi. Je n'ai pas besoin de me tourner ou même d'allumer la lumière pour savoir qu'il s'agit du métis. Les paroles sont sèches, je peux même parier qu'il parle les dents serrés.
-Je ne suis pas à tes ordres j'ai dit.
-Casse-toi et laisse-moi dormir ! C'est pas toi qui conduit demain !
-Parce que tu ne le veux pas sinon je pourrais.
-Tu t'es déjà posé la question du pourquoi je ne te laisse pas conduire ? Alors maintenant tire-toi ou je m'occupe de toi.
-Tu me parle autrement okay ?!
Je l'ignore et me tourne dans le lit de façon à lui faire comprendre que la conversation est fini mais je suis rapidement tiré de mon lit et jeté au sol.
-Tu sais quoi ? C'est moi qui vais m'occuper de toi ce soir !
Je ne comprends pas ses paroles, pensant simplement qu'il va encore me frapper avant de se calmer jusqu'à ce qu'il se mette à califourchon au-dessus de moi.
-On va voir si tu fais toujours le malin !
-Lâche-moi espèce de taré !
Il ne répond rien et se penche sur moi pour m'embrasser alors que je lutte, lèvres serrées, essayant par-dessus tout de le pousser mais mes jambes et mes bras sont fermement tenus par son corps lourd. Je tourne la tête pour éviter sa bouche – que je trouve désormais repoussante – mais il me met une forte baffe au visage. Je gémis, faisant l'erreur d'entrouvrir les lèvres, alors qu'il profite de ce moment de faiblesse pour m'embrasser sauvagement, introduisant sa langue pour aller caresser la mienne.
Je n'arrive plus à le repousser, plus je lutte, moins je n'ai de force alors je me contente de refermer aussi fort que je le peux mes dents sur sa langue. Il se pousse rapidement l'insultant de tous les noms avant de me tirer par le col de mon tee-shirt pour me plaquer contre le lit. Une douleur atroce apparaît dans mon dos, me faisant grimacer alors que ma colonne vertébrale percute fortement l'une des barres du lit.
Je n'ai même plus envie de résister tellement la douleur est fulgurante, mais pas autant que le dégoût et la déception. Je croyais qu'il était possible de l'aider mais en fait non, c'est dans sa nature, il n'y a plus rien à faire pour lui.
C'est quand il commence à toucher à mon pantalon après avoir déboutonné le sien que je réagis. Je lui mets un violent coup de pieds au genoux, le faisant reculer en criant suite au craquement qui se fait entendre. Je remets rapidement mes vêtements déplacés et me jette sur lui, le ruant de coups avant d'attraper le premier objet que je vois, qui se trouve être mon arme malheureusement déchargée puis je continu de le frapper au visage à l'aide de la crosse, avec acharnement.
Son visage est couvert de sang et de plaies ouvertes lorsque je m'arrête, réalisant ce que je viens de faire. Zayn ne bouge plus. Son visage, tourné sur le côté, montre des yeux fermés et une bouche entrouverte. Pris de panique, je jette mon arme et pose mes doigts contre sa nuque pour tâter son pouls que je sens avec soulagement.
Je m'assois à côté de lui, essoufflé et transpirant. C'est la deuxième fois que je suis prêt à tuer quelqu'un par colère...la première fois c'était Louis, et maintenant Zayn. Je ne suis pas fier de moi, surtout en voyant l'état de celui-ci, mais il a failli me violer...il fallait que je me défende.
C'est plus rassurant de se dire ça mais je sais que je n'ai aucune raison pour justifier cet acte horrible. J'aurais pu le neutraliser, mais pas le défigurer. Niall avait raison...j'ai des problèmes de contrôle et ce depuis que j'ai perdu tout ce que j'avais de plus cher, Chris, mes hommes...et perdre à nouveau quelqu'un m'a transformé.
Je ne vais pas dire que je suis devenu un meurtrier, loin de là, mais je ressens bien moins de pitié envers les gens en difficulté parce que moi, personne ne m'a aidé quand je n'allais pas bien, personne n'était là pour aider Niall quand il s'est fait prendre. La vie ne m'a pas faite de cadeau alors pourquoi j'en ferai aux autres ?
Je pensais que je ne pourrais jamais avoir plus mal que lorsque j'ai perdu ma mère et Chris, mais c'est faux. Niall était tout pour moi, c'est le seul qui m'aie redonné le sourire après tout ce que j'ai vécu, c'est le seul auquel j'ai pu m'attacher et le seul qui s'est attaché à moi. Et je l'ai perdu, lui aussi, à cause d'une mission stupide et d'une dirigeante qui n'a aucun cœur.
Si elle avait donné l'ordre à tous ses hommes de retourner sur le champ de bataille, on aurait probablement réussi à retrouver Niall assez vite et il ne serait pas mort, au lieu de ça elle a voulu rentrer à la base et attendre de trouver quelque chose sur les caméra ou autre. Mais jusqu'ici les caméras ne nous avaient pas aidés, pourquoi cela aurait changé ? Non en fait elle l'a simplement abandonné lâchement de peur de perdre d'autre hommes et sa propre vie.
En fait, elle a réagi à l'opposé de moi, au lieu de tous les envoyer à l'abattoir pour essayer d'en sauver un maximum et de sauver la mémoire de ceux qu'on avait perdu, elle a tout laissé pour les garder en vie, pour son propre bien-être. Je ne sais pas ce qui est le pire mais dans tous les cas, je trouve ça minable, Niall ne méritait pas ça ! Personne ne mérite d'être abandonné lâchement.
Pas même Zayn qui a décimé je ne sais combien de personnes et qui a essayé de me violer, sans oublier le fait qu'il a torturé et tué mon meilleur ami. En fait si, il le mérite largement, mais je ne veux plus voir de mort, plus jamais. Alors je le porte difficilement jusqu'à son lit puis vais dans notre petite salle de bain prendre une serviette que je trempe avant de lui nettoyer le visage. Il est vraiment bien amoché...j'aurais dû réussir à me contrôler.
Zayn avait raison, il y a une part de sombre en moi qui a des fâcheuses tendances à ressortir sans même que je ne m'en aperçoive. Mais je ne suis pas mauvais alors je ne laisserais jamais cette partie de moi prendre le dessus définitivement.
Je tourne doucement son visage et remarque une petite plaie à l'arrière de son crâne, d'où s'échappe un peu de sang. Rien de très grave mais il va avoir une sacrée migraine pendant plusieurs jours et probablement quelques complications. Je nettoie sa plaie et lui fait un pansement du mieux que je peux ne cessant de regretter mon geste.
J'aurais dû voir que c'était trop, ne pas attraper mon arme et le frapper avec acharnement, je ne sais pas ce qui m'a pris...Mais pour l'instant ce n'est pas le plus important, je dois soigner ses autres blessures sur son visage pour qu'elle ne s'infecte pas.
Après m'être occupé de Zayn je nettoie le sang au sol puis retourne dans mon lit, pensant encore à ce qu'il vient de se passer. Je n'arrive pas à croire qu'il ait essayé de me violer. J'aurais aimé, très certainement, Zayn est loin d'être repoussant mais je ne pouvais pas le laisser me toucher comme ça, je ne pouvais juste pas aller plus loin avec un meurtrier.
D'autant plus que je n'ai aucune confiance en lui, si ça se trouve il fait tout ça juste pour me faire baisser ma garde afin qu'il puisse partir avec tous mes sous. J'ai une bonne idée de ce dont il serait capable, je l'ai déjà vu à l'œuvre et c'est pour ça que je ne le laisserai pas avoir un quelconque contrôle sur moi.
Le métis gémit, avant de tourner son visage vers moi.
-Ça va ?
-Sale fils de pute ! Dit-il difficilement.
-Fais attention à ce que tu dis, je pourrais avoir envie de terminer le boulot ! Dis-je en me levant. Alors je répète ma question. Comment tu te sens ?
-Mal, ça te va ? Tu m'as fracassé le crâne, j'ai une douleur de merde dans la tête et partout sur mon visage et je vois à peine ta sale tronche, tu es satisfait ?!
-Ce n'est pas ce que je voulais. Je suis désolé.
Il ne répond rien et se tourne de l'autre côté du lit dans un cri de douleur. Je m'approche doucement afin de voir si je ne peux pas faire quelque chose pour lui quand je vois des larmes couler le long de son visage.
Je suis choqué de le voir dans cet état, d'une, parce que je ne pensais qu'il serait du genre à pleurer, et de deux, parce que je me rends compte que j'ai vraiment failli le tuer, que je lui ai fait mal plus que nécessaire et que maintenant il souffre le martyre sans que je puisse l'aider.
Mais je ne vais pas le laisser comme ça et je vais tout de même faire tout ce que je peux pour lui. Je vais jusqu'à mes affaires cherchant des comprimés anti-douleurs que je trouve rapidement avant de lui apporter avec une bouteille d'eau.
-Tiens, ça va calmer la douleur...Dis-je hésitant.
-Lâche-moi ! Je n'en veux pas de ta merde ! -Laisse-moi t'aider...
-Putain mais j'ai mal tu comprends ça ! Cri-t-il. J'ai l'impression que ma tête va exploser, j'ai mal partout, je ne vois plus rien ! Ce n'est pas de ton aide que je veux, je veux juste crever !
-Calme toi déjà, plus tu vas t'énerver et plus tu auras mal...je vais trouver une solution d'accord ? Mais il est hors de question que je te laisse mourir. Plus personne ne mourra. Alors prends ce comprimé s'il te plaît...
Je lui tends espérant qu'il se retourne mais il ne bouge pas.
-Zayn...
Je me penche au-dessus de lui et lâche tout, en voyant qu'il a les yeux fermés et qu'il ne réagit pas. Mon premier réflexe est de vérifier qu'il respire encore ce qui est heureusement le cas mais je sais que quand il reviendra à lui, il aura encore mal, peut-être plus, et ça sera le cas tant que sa blessure ne se sera pas soignée.
Je sais que des points de suture arrangerait un petit peu la chose mais non seulement j'ai peur de devoir faire ça à l'arrière d'un crâne, mais surtout, Zayn ne le supportera pas sans médicaments et sans être anesthésié. Il faut qu'il tienne le coup jusqu'à ce qu'on pose nos pieds sur le sol anglais et là je pourrais peut-être faire quelque chose.
Aussi étonnant soit-il, je ne veux pas qu'il meurt, je veux apprendre à le connaître, lui offrir une vie qu'il n'a peut-être encore jamais connu jusqu'ici, je veux lui donner une seconde chance et s'il meurt, tout ça ne sera pas possible. Je suis impuissant face à cette situation, je le sais, alors je me contente de rester auprès de lui, surveillant sa blessure et les battements de son cœur.