Mon destin était-il d'en arriver là ? D'être dans le coma suite à une tentative de suicide. Comment savoir, la vie est complexe réservant son lot de surprise. Tout le monde ne croit pas au destin, moi j'y crois dure comme fer. Les événements de la vie n'arrivent pas sans raison, il y a toujours une explication à tout et je pense que c'est simplement le destin qui régente nos vies, nous faisant rencontrer des gens, nous faisons vivre plusieurs moments, plusieurs événements. Avons-nous vraiment le choix ? Pas tellement, même si les choix que nous faisons créer notre présent et notre futur. Le destin nous met sur une voie avec plusieurs choix, donc quoi qu'on fasse la vie ne nous permet pas vraiment de décider.
Harry a été mis sur ma route comme Kylie et tous mes amis, pour une raison ou pour une autre, d'une quelconque façon, nos destins sont liés.
***
Quand j'ouvre les yeux, j'ai les jambes en coton, tout mon corps est engourdi. Depuis combien de temps je suis allongé dans ce lit, je suis complètement désorienté. Je geins en bougeant trop vite mon bras perfusé.
- Abby !
Harry apparaît de nulle part, se penchant au-dessus de moi, il a l'air fatigué et quelque chose à changer sur son visage. Une barbe ! Harry a de la barbe, pas très longue mais assez pour que son menton soit complètement noir. Je lève ma main pour caresser son visage, il sourit légèrement.
- Je suis content de voir tes beaux yeux. Ça fait plus de trois semaines que tu es dans le coma.
- ... Mars ?
C'est le seul mot qui sort de ma bouche, impossible pour moi de faire une phrase, j'ai la bouche et la gorge sèche.
- Oui, nous sommes le jeudi 2 mars et il est 18h, dit-il en regardant son téléphone.
- Soif.
- Tu veux boire ?
J'acquiesce, il disparaît pour réapparaît quelques secondes plus tard avec un verre d'eau.
- Tu veux te redresser ?
- Oui.
Il m'aide à me redresser, je n'ai plus de force, tous mes membres sont faibles et engourdis. Il cale un oreiller dans mon dos avant d'approcher le verre d'eau, il le tient pendant que je bois à l'aide de la paille.
- Merci.
- De rien, je suis vraiment content que tu sois réveillé. Tu m'as fait tellement peur.
- Désolé.
- Je vais prévenir le médecin que tu es réveillé.
- Non... reste, dis-je en attrapant sa main. Allonge-toi... là.
Il retire ses chaussures avant monter sur le lit, je me blottis contre lui, la tête sur son torse, ses bras enroulés autour de ma taille. A cet instant, je me sens en sécurité. Nous ne parlons pas, restant seulement et simplement enlacer l'un contre l'autre. Les minutes passent dans un silence très agréable, j'écoute les battements de son cœur, les yeux clos. Sa main caresse mon dos, me donnant des frissons dans tout le corps.
Mais le bruit de la porte de la chambre vient rompre ce moment de tranquillité, je me tourne doucement pour voir qui vient nous déranger, c'est une infirmière.
- Bonjour, comment vous sentez-vous ? Me demande-t-elle en s'approchant de mon lit.
Harry se lève quand l'infirmière appelle le médecin en appuyant sur un bouton près de mon lit.
- Un peu fatigué.
- Le médecin va vous ausculter.
J'ai dormi pendant trois longues semaines mais je suis quand même épuisé sûrement parce que mon corps et plus faible qu'il ne l'a jamais été et sûrement parce que le coma n'est pas un vrai sommeil.
Le médecin arrive quelques minutes plus tard, il m'ausculte devant Harry. À son regard, je comprends que mon petit ami est inquiet, ce qui est normal après ce que j'ai fait mais après un rapide examen le médecin le rassure.
- Tout à l'air en ordre, reposez-vous et demain on retira les sondes. Vous passerez un examen psychologique demain.
- D'accord, merci.
- Reposez-vous, à demain.
Il quitte la chambre suivi de l'infirmière, refermant la porte derrière eux. Harry se sert un verre d'eau avant de s'asseoir dans le fauteuil auprès du lit. Je me redresse doucement pour m'asseoir car je sais qu'une discussion m'attend. Harry se lance en brisant le silence.
- Bébé, pourquoi tu as fait ça ?
- J'en avais marre de les voir mourir encore et encore. En plus de ça tu fais partie de mes cauchemars et te voir mourir toi aussi, c'est abominable. J'ai épuisé, je voulais en finir et ne plus jamais revoir ce moment affreux de ma vie.
- Je comprends mais tu as pensé à moi, à tante ou à tes amis ?
- Pas sur le moment mais maintenant je regrette beaucoup. Pardon, pardon pour ce que je t'ai fait vivre.
Les larmes coulent le long de mes joues, Harry réception quelques larmes à l'aide de son pouce avant de me serrer dans ses bras. Il me réconforte comme il l'a toujours fait. Pendant plusieurs minutes, nous restons enlacés l'un contre l'autre en silence.
- Qui m'a trouvé ?
- Tom. Il a eu la peur de sa vie, mais il a réagi vite. Les pompiers sont arrivé rapidement et une fois ici, ils t'ont fait un lavage d'estomac. Tu étais faible, fatigué et affamé. Ils t'ont mis une soude pour te nourrir et ils t'ont plongé dans le coma pour que tu te rétablisses bien.
- Je m'excuserai auprès de Tom.
- Ouais, le choc qu'il a eu le pauvre.
- Tu m'étonnes, je vais l'appeler tout à l'heure mais avant ça est-ce que tu me dire ce qui s'est passé pendant ces trois dernières semaines.
- Oui, euh... pas grand-chose à vrai dire je n'ai pas quitté l'hôpital. J'ai prévenu le directeur que tu étais hospitalisé, Kylie vient tous les jours, ta tante passe quand Tom peut la conduire, ils restent plusieurs heures. Tes amis et les miens viennent de temps en temps quand ils sont disponibles sinon rien d'exceptionnel.
- Plus de nouvelles d'Ellie ?
- Euh, non, dit-il en souriant.
- Quoi ?
- Rien.
- Dis !
- Rrr... Le jour où tu as ... Euh...
- Le jour où j'ai essayé de me suicider, qu'est-ce qu'elle a fait ?!
- Elle avait mis dans ma boîte à lettre une photo de nous dans les vestiaires quand on s'envoyait en l'air, avec un message disant : " Tu la quittes où je diffuse la vidéo sur le campus ! " enfin un truc du genre.
- Et ça te fait rire ?
- Non, ce qui me fait rire c'est comment Kylie l'a remis en place directe. Elle l'a pris entre quatre yeux, elle a mis les points sur les i depuis on l'a pas revu.
- Donc on est tranquille ?
- Ouais, tu dois seulement penser à toi, te reposer et aller mieux.
- Je vais dormir un peu, rentre à la maison te reposer et reviens demain en forme.
- Je suis en pleine forme.
- Harry, je vais seulement dormir, je ne recommencerais pas. Tu peux partir te doucher, manger un vrai repas et dormir.
- Tu es sûr ?
- Oui, vas-y.
Il hésite un petit moment mais je finis par le convaincre et il quitte la chambre. Je m'allonge dans mon lit en fermant les yeux, pour la première fois depuis longtemps je n'ai pas peur de dormir car je sais qu'ici ils pourront m'aider en cas de problème. Pas seulement avec leurs médicaments mais seulement en m'écoutant et en me conseillant. Je ne dois plus garder mes sentiments, à partir de maintenant, je dirais ce que je ressens à mon psy comme à Harry. Pour me débarrasser de mon malheur, il faut que j'arrête de l'emporter partout avec moi, il est temps que je me libère de ce poids.
Le sommeil m'emporte en un rien de temps, trois semaines de coma ça ne m'a pas vraiment reposé en plus de tous les médicaments qu'ils ont dû me donner. Paisiblement endormi, je rêve et oui pour la première fois depuis longtemps je fais un doux rêve qui n'est pas gâché par des images affreusement douloureuses et tristes.
Ce rêve est tout bonnement le plus beau que j'ai fait dans ma vie, être au bras d'Harry devant le prêtre dans l'église où se sont mariés mes parents à Chicago et dire oui pour me lier à jamais à cet homme merveilleux. C'est juste magnifique.
Je pense que si il me faisait sa demande maintenant je dirais non car nous ne sommes pas ensemble depuis longtemps mais cette perspective qu'un jour on en arrive là, me rend heureuse. Quand j'étais avec Danny, je faisais des rêves mais jamais un où je le voyais devant l'autel avec moi. C'est peut-être que c'est un signe. Je suis le genre de fille à croire aux signes, au destin et à tout d'un tas d'autres choses auxquels d'autres gens sont sceptiques.
Un bruit me réveille en sursaut, il fait jour, Kylie est accroupie. Elle ramasse ses affaires tombées de son sac. Je me redresse dans mon lit.
- Salut.
- Salut ma belle, je ne voulais pas te réveiller, désolé.
Elle se lève pour m'embrasser et me serrer dans ses bras, nous restons un long moment serrer l'une contre l'autre. Je suis contente de voir ma meilleure amie.
- Ne refait jamais ça !
- Promis, je suis désolé. Il est quelle heure ?
- 7h30, Harry a prévenu tout le monde de ton réveil hier soir mais je n'ai pas pu passer avant.
- Tu parles plus avec Harry à ce que j'ai compris ?
- On s'entend bien même si parfois on se dispute un peu, il est plutôt sympa finalement.
- Il ne faut pas se fier aux apparences.
- Tu as raison.
La porte de la chambre s'ouvre, Liam entre suivis de Chad, Zayn, Paula, Louis, Niall, Lydia et Mylia. Je suis surprise en voyant que Louis et Paula se tiennent la main. Leur partie de jambe en l'air dans notre lit le jour de mon anniversaire est donc devenu plus, je suis agréablement surprise de les voir ensemble. Ils ont tous le sourire et j'ai le droit à un câlin de chacun d'eux.
Chad m'informe qu'il a pris des notes pour que je puisse rattraper les cours quand j'irais mieux, on discute tous ensemble jusqu'à huit heures, heure à laquelle ils doivent tous prendre la route pour les cours.
Je ne reste pas seule longtemps car le médecin et deux infirmières entrent dans la chambre avec trois internes. Le médecin parle de mon cas avec les internes avant d'en choisir un pour me retirer la sonde naso-gastrique qui me permettait d'être nourri quand j'étais dans le coma. L'interne enfile des gants en m'expliquant ce qu'il va faire puis sous les yeux du médecin, il retire doucement la sonde. Il y va délicatement faisant glisser la sonde vers la sortie de mon estomac, de mon phage puis de ma narine. Tout le long de la procédure, je ressens une certaine gêne en sentant la sonde remonter dans mon corps. Quand l'interne a terminé, l'infirmière me donne un verre d'eau.
Le médecin m'examine avant de quitter la pièce laissant le soin à l'infirmière de me retirer ma sonde urinaire. Ce que j'ai ressenti quand on m'a retiré la sonde naso-gastrique n'est rien comparé à la sensation de cette seconde sonde. Mais rapidement, elle a terminé et la seconde infirmière m'apporte mon petit-déjeuner.
- Manger doucement, me dit-elle.
- Il faudra nous dire si vous ressentez des picotements quand vous irez aux toilettes. Parfois après la pose d'une sonde urinaire, certains patients ont des infections donc prévenez-nous.
- D'accord, merci pour tout.
Elles quittent la chambre me laissant manger tranquillement mais je n'ai pas tellement faim, je bois mon jus d'orange et mange une tartine beurrée de confiture.
La porte s'ouvre une nouvelle fois, Harry entre un bouquet de roses dans la main, il me sourit en venant m'embrasser.
- Bonjour, comment tu te sens ?
- Très bien, plus aucune sonde ne me retient à ce lit !
- Ah cool. Tu as eu la visite de Kylie ?
- Ouais, Liam était là ainsi que Chad et nos amis. J'étais contente de la voir mais je t'avoue que j'attendais surtout ta venue.
- Je ne suis pas seul, dit-il en allant offrir la porte après avoir posé le bouquet sur la table de chevet.
Ma tante entre dans la chambre à l'aide de béquilles suivi de Tom, en les voyants je me sens coupable. Ma tante vient me serrer dans ses bras en déposant un bisou sur ma joue.
- Je suis contente que tu ailles bien, j'ai eu peur, ne refait jamais ça ! C'est compris !
- Compris, désolé.
Ma tante s'assoit sur le fauteuil auprès de moi, je détourne le regarde pour le poser sur Tom qui est dans le coin de la pièce bras croisés, le regard perdu dans le vide.
- Tom, je suis désolé, dis-je en tendant les bras vers lui.
Il hésite un moment avant de venir vers moi, je le serre dans mes bras. C'est une façon pour moi de m'excuser de lui avoir fait vivre ça. Il m'a trouvé, je n'imagine même pas ce qu'il a ressenti, ça a dû être atroce de me croire morte. Je m'en veux d'avoir fait subir ça à tous mes proches.
- Pardon, dis-je les larmes aux yeux en le serrant toujours dans mes bras.
- Tu m'as fait peur, murmure-t-il à mon oreille.
Il nous faut un long moment avant de nous lâcher, Harry essait de détendre l'atmosphère en discutant de tout et de rien mais je m'en veux énormément pour tous ce que j'ai fait, il faudra du temps avant que je puisse regarder Tom sans me sentir coupable. Ma tante ne reste qu'une petite heure car elle doit se rendre à sa séance de rééducation et Tom doit aller travailler.
En tête à tête avec Harry, nous discutons en regardant la télé. Il me fait rire en racontant des blagues toutes aussi nulles les unes que les autres. Nous partageons le repas du midi, de toute manière je n'ai pas faim. Dans l'après-midi, Harry est dans l'obligation de me laisser seule avec le psychiatre de l'hôpital pour une analyse psychologique.
Ce psychiatre ne se contente pas de griffonner sur un bloc note comme le fait tout le temps mon psychiatre, non celui-ci m'écoute attentivement, nous avons une réelle conversation. Je lui exprime mes craintes de revoir ce cauchemar, de revoir mes parents et Harry mourir. Ainsi que les questions qui subsistent dans mon esprit et que je n'ai jamais dit à personne, j'aimerais tellement connaitre les circonstances de cet accident de plus près. Savoir comment le chauffeur de ce poids lourd a pu être aussi inconscient en conduisant et comment il fait pour vivre en ayant fauché non pas deux mais trois vies.
- Je pense que la raison pour laquelle vous voyez votre petit ami dans votre cauchemar est que vous avez peur de le perdre. Vous dîtes que toutes les personnes en qui vous tenez finissent par vous laisser tomber mais votre tante est toujours là, tout comme votre meilleure amie et vos amis.
- C'est vrai, dis-je avant de boire une gorgée d'eau.
- Vous associez votre cauchemar à votre vie, vous transportez avec vous ce passé et vous vivez avec au lieu de le laisser de côté pour vivre votre vie.
- Je suppose que c'est une bonne analyse, comment je pourrais dissocier mon passé de mon présent ?
- Le drame que vous avez vécu vous a traumatisé ce qui est normal mais pendant les prochaines semaines je vais vous aider à vous détacher un peu de ce passé douloureux pour que vous concentriez seulement sur le présent.
- Comment comptez-vous faire ça ?
- La discussion est un bon moyen de se libérer un peu mais je pense qu'on pourrait également essayer l'hypnothérapie, ça aide certains patients à se libérer entièrement de ce qu'il n'ose pas dire, dans votre cas ce serait pour vous aider à vous libérer de ce cauchemar.
- Il y a des chances que ça fonctionne ?
- Il faudra beaucoup de séance mais ça devrait vous aider.
- Merci docteur Flyn.
- De rien, je fais mon travail, dit-il en souriant.
Il quitte la chambre, Harry entre juste après son départ. Il monte sur le lit pour me serrer contre lui, nous regardons la télé sans se dire un mot.
Je vais reprendre ma vie en main et me battre pour aller mieux, le docteur Flyn va m'aider. Il est temps que je mette mon passé de côté pour laisser mes parents et mon esprit en paix. Ce combat ne sera pas de tout repos, je le sais, je le sens mais dans la vie on n'a rien sans rien !
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Voilà la suite qui j'espère vous à plu ! Suite dans les prochains jours, désolé pour l'attente <3
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