Je pensais tout comprendre du monde. En réalité, personne n'a pris la peine de m'expliquer.
Le Mur me domine de ses trois cents mètres de hauteur. Le revêtement lustroRépulsif grésille dans la brume. L'orage gronde. Cachés dans les nuages, de gigantesques Gueules-Béantes surveillent les cieux. Répartis tous les cinq mètres sur près de trois milles kilomètres de long, les Canons Plasmatiques anéantissent le moindre ennemi en vol en moins d'une seconde soixante quatre.
Le Mur. Majestueux. Gigantesque. Noir
Trois kilomètres d'épaisseur. Deux barrages de plexiVolt successifs de trois-cents mètres, enterrés de moitié, précédant la frontière. Puis plus loin, de larges plaines verdoyantes dissimulant quelques millions de mines-pressions, semées sur une vingtaine de kilomètres. Au sommet de l'imposante barrière, des Projos Paralysants soutiennent les Canons, eux-mêmes défendus par des Rafales Énergétiques.
Dans les airs, un escadron d'Ailerons patrouille dans une section de cinquante kilomètres carrés. Deux douzaines de vaisseaux en protocole de défense, parés à la moindre offensive. Des drones I –des Éclaireurs– s'organisent en première ligne. Ils détectent, analysent et avertissent du moindre danger repéré jusqu'à soixante kilomètres à l'horizon.
Mes Rangers s'enlisent dans la boue. Il commence à pleuvoir. Le petit groupe se rassemble autour de deux hommes sortis de nulle part. Ils parlent. Je reste à l'écart.
Une main se noue discrètement à la mienne. Je frisonne, panique. D'un mouvement, elle me ramène à la périphérie de la foule. Les jeunes écoutent. Boivent les paroles des accompagnateurs.
Moi, je tourne la tête une dernière fois. J'observe le Mur. Ce Mur, semblable à celui que j'ai connu. Celui dont j'ai étudié chaque paramètre, chaque composant. Ce Mur, dont les causes de la construction resteront gravées dans ma mémoire, comme une partie de mon histoire.
Le Mur, dont l'avènement a marqué le début de notre civilisation.
Je le détaille comme si je le voyais pour la première fois. De ce côté, il revêt son armure de combat. Comme moi.
De ce côté, il est haï. Comme moi.
De ce côté –L'Autre Côté– il expose un arsenal sans limite.
Et moi, je me retrouve désormais face à cet arsenal.
Je suis de l'Autre Côté.
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