La petite fille me regarde :
" A l'aide !!!" Me crie-t-elle. Mais je suis paralysé, autant par son regard de cristal en larmes, que par le carnage dans l'avion. Un boucher n'aurait pas fait mieux. Chaque corps est ensanglanté, brûlé, déchiqueté, écartelé. Une bouillie humaine a repeints les parois de l'avion de transport. Ceux qui sont à l'intérieur étaient des civils... Quelques militaires, une dizaine tout au plus. Tous morts sauf cette gamine... Putain mais qu'est-ce que je dois faire ?? Elle n'a plus de parents, elle est seule et va finir égorgée comme un animal ou pire... Je jette un regard vers le groupe.
Un vote muet a lieu, unanime. Personne ici n'a assez d'indifférence pour ignorer l'appel de détresse d'une enfant.
Encore un poids inutile au groupe... Mais on ne peut pas l'abandonner.
Tout à coups, elle se retourne, hurle et court vers nous. Plutôt vers moi. Je mets un genou à terre et la prend dans mes bras. Elle désigne l'avion et je vois un homme grand, massif, une tronçonneuse ensanglantée entre les mains.
« OH PUTAIN DE BORDEL DE DIEU !!! » Kiddy est clairement terrifié. Je me focalise sur le responsable du massacre, et peut être du crash... il porte un masque à gaz et nous regarde, son arme tournant au ralenti. Un long manteau en cuir couvre son corps. Mon cerveau me hurle de ME CASSER D'ICI AU PLUS VITE, mais mes jambes ne m'obéissent pas. Il commence à marcher lentement vers nous, sûr de lui. Je sors le sniper et le met en joue. Pas de pitié pour les ordures comme lui. Je vise la tête et tire. Je le manque de près de 10 cm ! Comment est-ce possible ? Je vois Jane qui tire à son tour, sans succès.
Putain c'est quoi ce truc ?!? Je passe la bandoulière du sniper à l'épaule et prend la gamine dans mes bras. Je la soulève et hurle :
« On se casse d'ici !
- Mais le matériel de l'avion ?? Demande Kiddy
- On s'en branle ! »
Alors on court.
On fuit du crash et on se réfugie dans un immeuble. Karl me fait signe. Je regarde à mon tour par la fenêtre et voit l'assassin rentrer dans notre immeuble. On est fait comme des rats...
Mais pourquoi n'a-t-on pas réussi à le toucher ? Je regarde dehors, le temps est clair, l'air brûlant, une journée " normale" obscurcie par la fumée d'un avion crashé... Je me tourne vers la fillette, réfugiée dans l'étreinte de Kallen. Elle a les cheveux châtains-clairs, des yeux bleus cristal. Très mignonne comme gamine. Je suis curieux de voir le père
" Comment t'appelles-tu ?
- Erm... Je ...suis... Sarah."
Elle parle anglais avec un accent prononcé, comme si elle se raclait la gorge en même temps.
Elle m'éclaire en disant : " I am french..."
Une française ?? Mais que fait-elle ici ?
Au fur et à mesure que l'on parle, elle prend de l'aisance en anglais, et elle peut répondre plus facilement.
" Pourquoi es-tu ici ? En Palestine ?
- mon père est un GRAND soldat de la coalition ! Je venais pour lui rendre visite avec... Au fait elle est où maman ?
- Erm... Elle doit s'être cachée aussi."
C'est à ce moment qu'une porte claque plus bas, me ramenant à la réalité. On se fait traqués, on a intérêt à s'enfuir. Encore.
" Il est où, ton papa ?" J'essaie d'utiliser mes rudiments de français pour qu'elle soit précise.
" Il est sur le plus grand bateau de la coalition. Il est pilote !
- pilote de quoi ??
- De Mech !
- Putain elle délire ! Les mécha n'ont jamais existés ! Sinon ils sont où, actuellement ?"
Kiddy à prononcer cette phrase presque en criant. Raté pour la discrétion... Le moteur d'une tronçonneuse qui démarre me le confirme.
On court. Sorti de l'appartement, je le vois, deux étages plus bas. Il monte quatre à quatre et nous faisons de même. Je tire et cette fois je l'atteint à l'épaule. Du sang sur le mur poussiéreux le prouve. Ainsi que son cri de rage. Je rentre en Kallen, et cherche à comprendre pourquoi ils se sont arrêtés...
Une barricade bloque le passage. Il arrive sur nous et un mouvement circulaire me rate de peu. Un deuxième à lieu et je sens mon visage se faire éclabousser. Oh merde... Je sors le couteau rouillé de ma botte et lui enfonce dans le bide. Il s'effondre, la tronçonneuse s'arrête. Je me retourne et...
Kallen.
Elle pisse le sang. Elle a été atteinte à la jambe quand elle a voulu mettre Sarah à l'abri. Je me précipite et sors des bandages de la trousse de soin et tente de juguler l'hémorragie. Elle perd trop de sang. Son visage vire à la pale. Merde merde merde !
Je fais un bandage pour stabiliser son état, mais elle ne peut plus se déplacer. Je me tourne vers le cadavre du meurtrier...qui respire encore. Péniblement. Je m'approche de lui, avec mon Glock. Je le pointe sur sa tête. Il rit, crachant du sang. Je hausse un sourcil et m'apprête à l'achever.
" Désolé pour ton amie... Je ne voulais... que la gamine...
- Mais qu'est-ce que tu racontes ?
- J'ai ... Été engagé... Pour tous les buter...
- Qui ??
- Je ne sais ...pas...
- Tu te fous de ma gueule ?
- Non... Je ...devais tuer... la famille de...
- Qui ?
- De son... Père...
- QUI ?
- Andrew... Chavelire"
Il expire sur ces mots. Je crache sur le cadavre de cet ... assassin. Je me tourne vers l'enfant. Elle pleure silencieusement, bercée par Jane.
« Sarah Chavelire, dis-moi ou se trouve ton père, et je te ramènerai a lui.
- Mais t'es malade ou quoi ? La Coalition va juste nous tuer et la récupérer !! me hurle Kiddy.
- Ta gueule c'est pas à toi que je parle.
- ...
- Bon reprend. Où se trouve ton père ?
- euh ... sur un bateau. Un treeees grand bateau. Le plus gros !
- où se trouve-t-il, ce bateau ?
- Ben... Sur la mer. » Je me sens con. Treeeees con. Bon.
Ok. On chope la gamine, on fonce jusqu'à la mer, on fait signe a la coalition, ils chopent la gamine, ils nous paient, on se casse d'ici. Mission accomplie. GREAT SUCCESS.
« Ok on fonce.
- Même si je veux bien rendre la fille a son propriétaire, mais je suis d'accord avec Kiddy. Jamais ils ne feront affaire avec nous.
- ... Sauf si on les y force. »
Je me tourne vers Sarah :
« Est-ce que ton père t'aime, Sarah ?
- Bien sûr !! » Sa voix ne fait aucun doute. Il l'aime. Parfait. J'en aurai besoin.
On retourne à l'avion.
Je cherche, fouille, et fini par trouver ce que je cherchais. (Je vous épargne toute la scène gore qui pue le pourri et l'avion pleine de mouches) Un casque de pilote. Je le mets, et il couvre entièrement mon visage. Je m'équipe. Une simili armure noire de plaques de Kevlar me protègera un peu. Je la mets par-dessus mon treillis vert et mon manteau brun. J'accroche le talkie-walkie à mon épaule. Légèrement plus bas, j'accroche une grenade. Je remets mon gilet pare-balles, et mon foulard Shemagh blanc, plutôt gris maintenant, rayé de noir. Je mets le masque, puis me regarde dans le reflet d'une vitre brisée. J'ai l'air d'un professionnel. Parfait, j'en ai besoin pour le plan.
Je prends la SCAR et les autres on finit de fouiller l'avion.
On sort et dehors des survivants, à en juger par leur apparence anarchique, nous attendent. Aucun abri pour nous... et merde !
Ils baissent leurs armes. Ils sont 5. 4 hommes et 1 femme. Après quelque minute, ils se plient à ma volonté. Ils nous suivront. Mon plan les a convaincus. Parfait, plus on sera nombreux, mieux le plan marchera. On prend deux voitures abandonnées, puis partons direction la plage. Pendant le trajet je détaille les nouveaux venus. Ils sont équipés, gilets et fusils. Ils ont l'air de VRAIS survivants.
Parfait.
Medhi, Samuel, Raphael, Gabriel, et la fille s'appelle Marion. Ils sont jeunes, une vingtaine d'années. Je me rends compte que le casque leur fait surestimer mon âge. Parfait. On arrive sur la plage. On installe les deux véhicules pour être à la fois à l'abri des terroristes, et des potentiels tirs de la Coalition.
ALLEZ, QUE LA FÊTE COMMENCE !!
Point de vue d'Andrew Chavelire
Putain ... mais où sont-elles ?? Elles devaient arriver il y a des heures !!
« Pilote ! Euh... vous devriez venir voir !
- Je m'en fous ! Où sont ma femme et ma fille ?
- Ben... Justement !
- Quoi ?!? »
Je me précipite sur le pont. Je pousse le gars au périscope et scrute attentivement la plage. Une fusée éclairante vient d'être tirée de ... là.
Je vois un homme. Masqué. Une dizaine de personnes armées derrière lui. Pas des terroristes, trop... désordonnés. Il tient fermement une petite fille. MA fille.
Et il lui braque un flingue contre la tempe.