Alchimie littéraire

By OutSideTime

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La littérature et le théâtre. La physique, la chimie et le basket. Deux mondes totalement différents. Emy est... More

Résumé
1. En pleine figure
2. Doute
3. Avertissement
4. Intrusion indésirable
5. Trop près !
6. Je veux mon livre
7. Suis-moi
8. Collines de Denver
9. Un autre jour
10. Tomber
11. Mitigée
12. Découvrir
13. L'heure est venue
14. Un médecin, s'il vous plaît ?
15. Je suis ton secret
16. "Let Me Down Slowly"
17. Consumés
18. Machination
19. Thanksgiving
20. Une dernière fois
21. Ma meilleure amie
22. Mon âme est tienne
23. Cicatrices
24. Ne te cache pas
25. Jaloux
27. Suivie
28. Taylor
29. Lever le voile
30. Proche de toi
31. Je t'aime
32. Pris sur le fait
33. Camping
34. Dépendants
Épilogue
Inconditionnel

26. Rien à craindre

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By OutSideTime

J'enfouie ma tête sur son torse, ne bouge plus d'un millimètre et écoute son cœur battre plus vite. Elijah est jaloux, bon sang. Jaloux.

— Putain...

Il essaye de bouger, mais je reste contre lui, à sourire en entendant ses battements. C'est si... rare et inattendu que je veux l'écouter autant qu'il me le permettra.

— Je vais prendre l'air, tu viens ?

Je lève la tête et il cherche mon regard.

— Oui... Je vais enfiler ma gabardine.

Il se penche, poses ses lèvres sur les miennes et je rentre dans ma chambre pour prendre le nécessaire. Je mets mes bottines noires et passe les bras dans les manches de mon manteau. J'ai le cœur qui cogne lorsque que je croise le regard d'Elijah adossé au chambranle de la porte d'entrée et je passe devant lui. Nous prenons l'ascenseur et je l'entends allumer son briquet lorsque nous sortons de l'immeuble.

— Tu n'as pas de bagnole ?

Il déverrouille la sienne et ouvre la portière côté conducteur.

— Si, mais elle est en panne, je crois, et je n'ai jamais pris le temps de la faire réparer. Il y a des transports à Denver et pour aller chez mes parents... Adam venait toujours avec moi.

Je n'ose même pas imaginer ce qu'il pense à la seconde ou je lui avoue ceci. Contre toute attente, il réagit à peine, mais un petit silence persiste entre nous.

— Tu veux que je regarde ?

— Euh... Oui, si tu veux.

Il se penche sur le siège pour attraper quelque chose et je reste debout, les bras croisés, puis il se relève.

— Mon briquet était HS, se justifie le brun en claquant la portière. Je savais qu'il y en avait un qui traînait.

Je lui montre ma voiture alors qu'il allume une autre cigarette et je glisse une mèche de cheveux derrière mon oreille.

— Tu pourrais arrêter de fumer, un jour ?

— Je ne pense pas.

— Pourquoi ? enchaîné-je curieuse.

Ce n'est pas que j'aimerais qu'il cesse de fumer, ça reste ses poumons et je pense qu'il est suffisamment grand pour se responsabiliser, mais ça m'inquiète ne serait-ce qu'un peu. Je cherche seulement à comprendre, il y a toujours une raison, quelle qu'elle soit.

— Je garde mieux mon sang-froid. Je m'énervais direct quand j'étais gamin, il suffisait d'une remarque pour que je pète un plomb. On est tous un peu fêlé, d'une certaine façon... Mais cette connerie là, ça m'aide.

Je hoche la tête, compréhensive et contente qu'il m'ait confié ne serait-ce qu'une parcelle de son passé. J'ai pu constater qu'il avait des pulsions, mais je ne pensais pas qu'il les reconnaîtrait si facilement.

— Bon fais-moi voir. Comment ça, elle est en panne ?

— Je ne sais pas. Quand je démarre, le moteur tourne, mais elle ne démarre pas. J'ai laissé tomber.

En vérité, ma voiture me fait honte. C'est un ancien modèle, la peinture est écaillée à plusieurs endroits et le bruit que le moteur fait est pire que tout. Elle est toute sale, faute de ne pas avoir pris le temps que l'emmener chez le garagiste pour trouver la panne et d'aller la laver dans une station.

— Tu as les clés ?

— Oui.

Je sors mon trousseau de ma poche et les lui donne. Il ouvre ma voiture et s'installe au volant en ajustant le siège conducteur. C'est sûr qu'avec ses grandes jambes, ses genoux touchent certainement le volant. Il me fait signe d'approcher en laissant la portière ouverte et je reste à côté alors qu'il regarde rapidement le tableau de bord.

— Tu es aussi mécanicien ?

— Non. Quelques connaissances. J'ai retapé la Chevelle SS avec mon père. Elle ressemblait à rien avant.

— Elle est de quelle année ?

— 1972, répond-il sans hésiter.

Les yeux dans le vide, je hoche faiblement la tête, il sort pour voir sous le capot de ma Toyota Aygo grise. Il fait ça pour moi. Un sourire niais naît sur mes lèvres et je me tortille. Je suis tellement heureuse de savoir qu'il est là pour moi, rien que pour moi. Mes regards n'auront plus rien de bizarres et ses actes vis-à-vis de moi non plus parce que je sais ce qu'il en est. Est-ce que les autres comprendrons aussi ? J'ai quand même partiellement rompu avec Adam parce que j'aime quelqu'un d'autre...

— Dis-moi à quoi tu penses, hein ?

Il a la main accrochée au haut du capot et l'autre farfouille près du moteur.

— Je... J'étais en train d'y penser... mais on s'est toujours caché... et...

Est-ce qu'il aura honte de s'afficher avec moi à la fac et dans les rues de Denver ? Est-ce qu'il veut que l'on reste dans l'ombre ?

— C'était ton choix de te cacher des autres. Pas le mien.

— Oui, j'en ai conscience... Mais, tu sais... J'ai un peu peur de la... réaction des autres... Est-ce qu'ils comprendront ?

— On s'en fout de ce qu'ils peuvent bien penser, non ? Moi je m'en branle, tu es à moi.

— Mais est-ce qu'on peut rester discrets ? J'ai un peu peur de tout ça...

Il soupire, s'approche de moi et se penche pour m'embrasser et mordre ma lèvre. Gardant ses mains loin de moi, je glisse les miennes sur sa nuque et me mets sur la pointe des pieds, le baiser devenant de plus en plus profond. J'aimerais que la portière séparant nos corps ne soit plus là, mais c'est plus sage qu'elle soit entre nous.

— Tu vois, tu n'as rien à craindre. Sauf si tu me donnes autant avant d'aller dormir, parce que là, putain, je bande.

Je lâche son visage en soupirant, il ricane et je lui jette une œillade blasée. Il sait très bien qu'il vient de casser l'ambiance et il en est visiblement fier.

— La finesse, ce n'est pas ton genre, hein ?

Déposant un dernier baiser sur mes lèvres, il me demande de faire démarrer la voiture pour un diagnostic express de la voiture. Je le vois agiter ses mains dépassant la largeur du capot et plus ça va, plus je m'inquiète.

— Elijah ?

— Putain, jure-t-il tout bas. Quoi ?

— Tout va bien ?

— Ouais.

Dix minutes passent, il ferme le capot et je sursaute.

— Tu l'as réparée ?

— Nan. T'as une fuite au niveau du turbo, il faut changer les bougies et je crois que tes injecteurs ont morflés. Faudrait je prenne la journée pour vérifier ça avec le type du garage, il me connaît.

— Tu n'es pas obligé de faire tout ça...

— Pour que tu tombes sur un con qui va t'arnaquer et le défigurer par la suite ? insiste-t-il en refermant ma voiture. Si je peux le faire pour toi, ça me convient.

Je lui offre un sourire embarrassé, il garde mes clés et nous rentrons dans l'immeuble. Je fronce les sourcils lorsqu'il file dans la cage d'escaliers alors que j'appelle l'ascenseur. En arrivant à mon palier, je remarque la poignée et mon trousseau noirs de graisse mécanique. Je pousse la porte, inquiète et je le vois penché au-dessus de l'évier, le robinet ouvert à fond. Il jure en frottant ses mains, je ferme la porte après avoir récupéré les clés et je m'approche de lui. Je mords nerveusement ma lèvre, détaille ses paumes couvertes de rougeurs.

— Ce... C'est quoi ?

— Eczéma.

C'est donc pour ça que ses mains sont souvent sèches quand il me touche ?

— J'avais oublié que quand il fait froid, c'est pire. Des plaies se sont ouvertes en touchant le métal du moteur. Ça brûle ce truc.

J'attrape lentement son poignet, son avant-bras se loge entre mes seins et il rince son autre paume. Sa peau est abîmée et je ne sais pas quoi faire pour le soigner, je lui lance un regard soucieux et plein de détresse.

— Ce n'est pas avec tes supers connaissances en premiers soins que tu vas m'aider, me titille-t-il.

— Rappelle-moi qui t'as donné des médicaments quand tu étais malade à en crever ?

— Et ton dos face à l'halogène, on en parle ? me provoque-t-il avec un sourire moqueur.

Je m'empourpre.

Je le lâche et m'engouffre dans le couloir pour trouver une crème ou quelque chose comme ça pour soulager ses rougeurs. Je me relève, ouvre la porte d'entrée et il se retourne vivement en m'entendant.

— Je vais faire un tour à la pharmacie. Ils ont sûrement quelque chose. Ferme l'eau et assieds-toi dans le canapé. Je reviens, OK ? dis-je en essuyant la poignée sale.

— Je viens avec toi.

— Non, le froid empirera l'état de tes mains, refusé-je en le pointant du doigt.

— Mais c'est rien du tout, ça.

— Je m'en fiche. Tu restes ici. Tu ne vas pas mourir en l'espace de quinze minutes si je m'absente, si ?

Il me sonde longuement, contrarié, mais je sais d'avance qu'il va obtempérer. Il doit rester ici et je suis persuadée qu'il a conscience que j'ai raison. Je m'apprête à quitter l'appartement, mais il m'interpelle :

— Attends, susurre-t-il.

Nos yeux se croisent, il vient cueillir mes lèvres et je ne peux m'empêcher de sourire contre lui. Sa langue s'immisce dans ma bouche, je réponds hâtivement et il s'amuse avec ma lèvre inférieure dès que nos bouches s'éloignent. Je sens son souffle déferler sur ma peau et il embrasse le coin de ma bouche.

— Je... Je reviens, bégayé-je, les joues brûlantes.

Il étouffe un rire de gorge, je claque la porte derrière moi et retourne dans l'ascenseur. La pharmacie n'est pas loin de chez moi, peut-être cinq minutes à pied, et encore.

Je regarde le bout de mes chaussures et mords ma lèvre en me rappelant de chaque baiser échangé. Le premier au pas de ma porte, le second dans la cuisine le lendemain où nous avons couchés ensemble et le troisième... Le troisième, lorsqu'il est revenu pour me donner son âme, il était unique. Ils étaient tous uniques.

Je marche jusqu'au bas de ma rue et rentre dans la pharmacie. Le jeune homme au poste me sourit, je le surprends à loucher sur ma poitrine et je me cache derrière mon gilet, embarrassée.

— Qu'avez-vous besoin ?

— Mon copain fait de l'eczéma. Ses mains sont constellées de rougeurs et j'aurais besoin d'une crème, expliqué-je en voyant ses yeux se perdre.

Non mais il se prend pour qui, celui-là ? Il se retourne et va prendre le nécessaire. Je me sens vulnérable sans lui, la protection dont il a toujours fait preuve à mon égard me rassure, quelque part. Je règle la crème et sors en pressant le pas. J'espère qu'il n'a pas mis ses mains sous l'eau en mon absence, ça risque d'empirer. En rentrant, je découvre Elijah affalé sur mon canapé, le téléphone fixe à l'oreille, une cigarette à la bouche.

Je fronce les sourcils et il lève les yeux vers moi en prenant une bouffée de nicotine.

— Elle vient de rentrer, dit-il simplement.

— Donne-moi ce téléphone. Tu te prends pour qui ? me fâché-je en posant le tube de crème sur la table basse.

— Ouais... Je crois qu'elle n'est pas super d'accord, ricane-t-il.

Il m'ignore totalement et ça me rend dingue. Je suis sûre qu'il le sait et que ça l'amuse.

— OK, acquiesce-t-il.

Je lui demande qui c'est en essayant de récupérer le téléphone fixe, mais il dévie toutes tentatives.

— Rend-le-moi, ordonné-je en m'accrochant à mon épaule.

— Pas de problèmes. À la prochaine, Daphné.

Je me fige. Daphné. C'est le prénom de ma mère.

Il s'assied sur le canapé sans discuter et je croise les bras, debout devant lui. Je n'arrête pas de stresser, ma mère pensait que j'étais toujours avec Adam, alors comment a-t-elle réagi en apprenant qu'un autre homme répond au téléphone à ma place ?

— De quoi t'a-t-elle parlé ?

— Pourquoi tu veux savoir ?

— C'est ma mère, Elijah.

Est-ce qu'il sait qu'Adam est venu avec moi pour Thanksgiving et que nous avons dormi dans le même lit ? Est-ce que ma mère est en colère contre moi ? J'ai retenu mon père de lui en parler avant que je n'aille mieux depuis ce moment-là.

— Elle voulait savoir si t'allais bien. J'ai répondu que c'était le cas.

Je l'observe en mordillant nerveusement ma lèvre, m'assieds à côté de lui et sors le tube de sa boîte avant de lui demander sa paume. Une mèche lui tombe sur le visage et je ne peux pas m'empêcher de la relever.

— Je lui ai expliqué que tu revenais vite et elle m'a posé des questions sur moi, reprend-il en soupirant.

Ça m'aurait étonnée qu'elle se retienne de l'interroger...

— Est-ce qu'elle sait pour... pour...

— Nous deux ? Je l'ai laissé sous-entendre, mais non, pas spécialement. Pourquoi tu ne veux pas qu'elle sache ?

— Ma mère connait Adam, avoué-je de but en blanc en étalant la crème.

Sa main se crispe sur la mienne et je remarque son agacement marqué sur le visage.

— C'est pour ça que t'as été t'amuser pour Thanksgiving avec ce con ?

Alors il sait... J'ai les yeux larmoyants et mon cœur se serre à l'idée qu'il s'en aille à cause de cette bêtise. J'ai tellement peur qu'il disparaisse une nouvelle fois. S'il le fait, il s'en va avec mon cœur et je ne sais pas si je le supporterais sachant qu'il m'aime.

— Mes parents l'apprécient, je voulais qu'ils le voient avant de leur dire que je n'étais plus avec lui...

— Mais putain, pourquoi cet enfoiré ? me coupe-t-il.

Sa mâchoire se crispe, il desserre ma main et je retrace les lignes de sa paume avant de me rendre compte de ce qu'il se passe.

— Je... Minute... Je rêve ou tu es jaloux ?

Maintenant que j'en ai conscience, je le distingue plus aisément. Même si j'ai du mal à aligner « Elijah » et « jaloux » dans une seule et unique phrase, j'arrive à le voir. C'est encore si nouveau, ce trait ne lui ressemble pas. Il fuit mon regard, je retiens un petit sourire et attrape sa mâchoire, les yeux rivés sur sa bouche.

— Il ne faisait que de draguer mes cousines, le rassuré-je. Je l'ai à peine touché et mon père est au courant de ce qu'il se passe... C'est juste que ma mère y croyait à fond et je déteste la décevoir...

— T'as fini ? demande-t-il en regardant sa main.

— Et après, c'est moi qui suis la reine de l'esquive ?

Je maintiens sa paume sur mes genoux, sa pomme d'Adam monte puis redescend et je ne le quitte pas des yeux.

— Je te signale que ton dernier message ce soir-là m'a empêché de dormir, lui reproché-je.

— Et je dois m'en inquiéter et me sentir coupable ?

Alors là...

— Non. Non, non. Je ne laisserais pas ça passer.

Je me lève, vexée par son indifférence, et me cogne contre la table basse. Elijah en profite pour attraper mes hanches, me fait tomber sur ses genoux et m'emprisonne de ses bras. Je me débats contre lui, il coince mes mains en grimaçant puisqu'il appuie sur ses plaies et mord délicatement mon cou.

— Arrête !

— T'es vexée ?

— Tu t'en fiches de toute façon.

— Je voulais que ça te fasse quelque chose en retour. J'ai dormi seul cette nuit-là, comme toutes les autres qui ont suivi, je ne voulais personne d'autre que toi dans mon lit.

Je respire en enregistrant ses mots et mordille ma lèvre inférieure. Son bras se resserre contre moi et je ne me débats plus, comprenant que je suis bloquée.

— Je vais la rappeler, annoncé-je en parlant de ma mère. Je pense qu'elle se pose des questions maintenant qu'elle est au courant que tu existes.

— Il était temps, chuchote-t-il en enserrant ma taille, les lèvres chatouillant mon cou.

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