Alchimie littéraire

By OutSideTime

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La littérature et le théâtre. La physique, la chimie et le basket. Deux mondes totalement différents. Emy est... More

Résumé
1. En pleine figure
2. Doute
3. Avertissement
4. Intrusion indésirable
5. Trop près !
6. Je veux mon livre
7. Suis-moi
8. Collines de Denver
9. Un autre jour
10. Tomber
11. Mitigée
12. Découvrir
13. L'heure est venue
14. Un médecin, s'il vous plaît ?
15. Je suis ton secret
16. "Let Me Down Slowly"
17. Consumés
18. Machination
19. Thanksgiving
20. Une dernière fois
21. Ma meilleure amie
23. Cicatrices
24. Ne te cache pas
25. Jaloux
26. Rien à craindre
27. Suivie
28. Taylor
29. Lever le voile
30. Proche de toi
31. Je t'aime
32. Pris sur le fait
33. Camping
34. Dépendants
Épilogue
Inconditionnel

22. Mon âme est tienne

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By OutSideTime

ELIJAH

— Ta gueule.

Ma sœur squatte encore mon appartement. Normalement elle vit avec mon frère de 26 ans, Roni, mais elle adore venir ici pour me casser les couilles depuis qu'Emy m'a viré le lendemain où j'ai couché avec elle.

— Va t'occuper en commençant à réviser ton bac, grogné-je en montant le son.

Elle rit jaune et disparaît dans la cuisine. Bon vent !

Je ferme les yeux en balançant la tête sur le dossier du canapé et je me souviens encore de son visage lorsque j'étais en elle. Ce dernier exprimait tellement de choses... La sensation lui plaisait, elle ne contrôlait plus ses membres. C'était pur. Et j'ai aimé ça. Son prénom rôde dans tête comme une mélodie infernale, c'est insupportable. Si je pouvais défoncer un mur en cognant ma tête dessus, je pense que ce serait déjà fait.

— Bon tu vas aller la voir ou pas ?

— Non.

Je sais qu'elle me fuit et elle y arrive avec brio. À chaque fois que je croise Judith, sa coloc, elle me dit qu'elle ne sait rien, mais je suis parfaitement conscient qu'elle me ment effrontément. Je ne lui en veux pas, elle le fait pour protéger son amie. Mais putain, ça m'énerve qu'Emy soit si inaccessible.

— T'es lâche, m'accuse Mila en se baladant dans mon salon.

— Mila, je te jure que si je t'entends encore une fois me dire cette saloperie, je me casse d'ici.

— Vas-y, c'est chez toi après tout. T'as les clés pour revenir donc bon, pas grave.

Je la fusille, mais elle ne dit rien. Elle a enfin compris que ce n'est pas le moment de me gonfler, je suis suffisamment sur les nerfs comme ça. Oui, j'ai été con, mais si je ne lui disais rien de ce que Dallen suggérait, j'allais la perdre plus durement.

Elle sait, maintenant. Elle sait que je n'ai cherché qu'à détruire psychologiquement cet enfoiré de Winslet, mais elle n'a pas encore compris que je n'ai pas été aussi loin avec elle pour cette raison. J'ignorais encore si c'était exactement ça, et c'est lorsqu'elle est sortie de ma voiture en courant la dernière fois que j'ai compris.

— Tu abandonnes Emy. Tu imagines son état, à elle ? Eli, t'as une réputation de coureurs de jupons, c'est normal qu'elle ne veuille plus te voir si tu ne lui dis rien.

Je la foudroie, saisis mon sweat bordeaux et l'enfile par-dessus mon t-shirt gris foncé. Je claque la porte derrière moi, furax, descends les escaliers en bois et cours jusqu'à la colline. J'essaye d'oublier le visage d'Emy dans mes bras prenant son pied pendant que je la baisais, mais c'est impossible. Cette nana m'a fait mal quand elle m'a balancé qu'elle croyait n'être qu'une femme parmi tant d'autres à mes yeux. Je ne savais pas quoi lui répondre pour qu'elle comprenne que ça n'a jamais été le cas.

Au bout de vingt minutes de course, je pousse la grille et grimpe, essoufflé. Chaque fois, j'espère qu'elle vienne se recueillir ici, mais je ne l'y ai jamais vue. Je frotte mes yeux, m'allonge sur le sol en regardant les nuages et respire longuement pour me calmer. Son absence est insupportable et si je ne la vois pas lundi, je n'aurais d'autres choix que jouer ma dernière carte pour qu'elle cède.

Elle a provoqué tellement de changements en moi, j'en suis le premier surpris. Je participe à son cours de théâtre, rien que pour voir ce putain de sourire fier me faisant bander, j'improvise un dîner dans sa cuisine pour l'impressionner et je panse sa brûlure alors que j'étais sur le point de l'embrasser. Et putain je sais qu'elle s'en souvient. J'ignore dans quel état elle se trouve maintenant.

Je suis certain qu'elle chiale, mais est-ce qu'elle me hait parce que j'ai détruit le peu de confiance qu'elle m'offrait ?

Je fais l'enfoiré depuis le début, mais je ne savais pas comment réagir convenablement. Je la teste, je sauve son cul du feu, je pousse ses limites, je l'entraîne dans son lit sans hésiter, j'envoie le premier message parce qu'elle me manque terriblement et je ne suis pas foutu de lui dire ce que je ressens.

Je regrette. Tellement de ne pas avoir pu lui dire plus tôt tout ce qui me passe par l'esprit. C'est de ma faute si elle souffre, c'est de ma faute si je ne lui ai pas clairement exprimé mes ressentiments. Mais m'en a-t-elle laissé l'occasion ? Je ne voulais pas lui faire mal. Elle ne mérite pas ça.

Ça m'atteint.

Ça me ronge.

Ça me bouffe.

Je sors une clope, presse le briquet que je lui ai pris la dernière fois et je flambe l'extrémité.

Mon arrivée au gymnase pour ce stupide bal d'hiver n'était pas prévue, je savais qu'elle y allait parce qu'elle a rougis quand je lui ai demandé la dernière fois que j'ai chopé la crève. Elle mentait. Je refusais qu'un sale con pose ses mains sur elle, alors je l'ai surveillée toute la soirée après de longues négociations avec Lukas.

J'ai fait pire, j'ai eu l'audace de faire passer une de ses musiques. Je me suis souvenu du titre lorsque je lui ai volé un écouteur dans le bus et j'ai retrouvé le son sur Internet. Je voulais qu'elle sache que j'étais là, qu'elle pense à moi au moins une fois dans la soirée et qu'elle refuse toute danse avec quelqu'un d'autre que moi sur cette musique que j'écoute désormais en boucle, comme pour m'assurer qu'elle m'appartient déjà.

Je vais la détruire si je ne lui avoue rien maintenant. Tout ça à cause d'un foutu livre volé.

* *

Lundi. Les cours de la journée sont terriblement longs, je ne fais que penser aux deux dernières heures de théâtre, et je prie qu'Emy soit enfin là aujourd'hui. J'ai besoin de lui parler. Elle a complétement disparu, je ne la croise plus sur le campus de la fac.

Dès que l'heure est terminée, je me taille de l'amphithéâtre et croise Marisol dans les couloirs. Elle me fait un signe de la main, je fonce vers la salle de théâtre et ouvre brusquement la porte.

Le groupe de morveux et Lukas sont déjà installés.

Tout le monde est là.

Sauf elle.

Je jure un milliard de fois dans mon crâne.

J'ai une folle envie d'agripper le col de son con de meilleur ami pour qu'il m'explique clairement ce qu'Emy a depuis deux semaines et où elle est.

Ça suffit. Dernière carte, en espérant qu'elle soit bonne.

Je me place au volant de ma bagnole sur le parking, j'y reste jusqu'au moins 18 h et mets le contact pour rentrer chez moi. Une bonne bière me ferait du bien. Une nuit blanche également. Je passe mon temps à regarder les étoiles quand je n'arrive plus à dormir, comme elle avant de fermer les yeux, comme nous sur la colline. Merde...

Ça fait mal ce truc. Je ne pense pas avoir ressenti cette chose pour quelqu'un. Pas aussi fort, pas si oppressant, pas si épuisant.

Je prends mes couilles pour lui envoyer un message et des flashs de nous dans sa chambre me reviennent encore une fois en pleine face.

— Bordel.

* T'es où, putain ?

Je reste éveillé au cas où elle me répondrait et mon portable vibre dans la minute qui suit.

* Occupée.

Je jure et frappe dans le cadran de ma fenêtre de cuisine. Elle ne trouve que ça à me dire alors qu'elle ne me donne pas de nouvelles depuis Thanksgiving, en soit trois semaines ? C'est une éternité, merde ! J'allume une clope pour essayer d'apaiser mes nerfs et bois une gorgée de bière.

* Tu te fous de ma gueule ? Dis-moi où tu es, je viens te chercher. Je ne supporte plus ça.

Je ne lui laisse pas le choix. Je veux la voir, la sentir contre moi, mordre sa lèvre rose. Je la veux, mais il faut que je sache où elle se trouve pour l'admettre.

* Je suis chez mes parents. Laisse-moi tranquille, Elijah.

Très bien. Je sais ce qu'il me reste à faire pour aller la chercher chez ses géniteurs. Je me fous de ce qu'ils peuvent penser de moi, je viens chercher leur fille et qu'importe si ça ne leur plaît pas.

J'attrape les clés de ma bagnole, pose ma bière dans la cuisine et garde ma clope à la bouche. Je ferme mon appartement et démarre pour arriver à son immeuble.

Elle doit m'aimer, elle doit rester amoureuse de moi parce que je le suis autant qu'elle. Ça me bouffe moralement de ne pas avoir pu lui dire. J'ai voulu m'acharner sur son connard d'ex en lui faisant mal, mais je n'ai pas pensé une seule seconde à ce qu'elle pourrait ressentir pour moi. Winslet n'a jamais été dans mes cordes, c'est clair, alors quand j'ai rattrapé Emy la première fois où nous nous sommes touchés, j'ai compris que j'avais déjà gagné.

Cette manigance pour blesser Winslet et en plus de mon rapprochement anticipé avec Emy doit être le pire stratagème de toute mon existence. Premièrement, il me fait me remettre en question à propos de ce que je ressens. Deuxièmement, je ne crois pas que mes pensées aient déjà pu être si dévastées par une femme obstinée à chaque fois que je la vois. Je suis paumé sans elle, c'est ma faiblesse et elle a le pouvoir de me détruire.

Comme un fou furieux, je me gare de travers sur le parking, cours vers la porte de son immeuble et grimpe les marches quatre à quatre. Je frappe avec énergie et sans surprise, c'est Judith qui m'ouvre. Je sais, il est tard, mais il me faut impérativement cette adresse pour la retrouver.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— Dis-moi où elle est, cinglé-je.

— Tu parles d'Emy ?

— Réfléchis, soufflé-je agacé en passant ma main dans mes cheveux. Abrutie.

J'ai envie de la frapper parce qu'elle prend tout son temps pour me répondre. Il faut que je me calme.

— Elle est chez ses parents... m'annonce-t-elle.

— Donne-moi l'adresse, ordonné-je en entrant dans l'appartement.

Elle clôt la porte derrière moi, fouille dans un meuble bas à côté de la bibliothèque d'Emy et je passe nerveusement ma main dans mes cheveux. J'aurais dû faire ça plus tôt, peut-être qu'elle aurait été là, dans son appartement. Judith me sourit comme une imbécile de service lorsqu'elle lève la tête une seconde et je soupire, fatigué.

Maintenant que je le vis, je sais ce que ça fait.

J'observe l'intérieur de l'appartement pendant que sa coloc cherche l'adresse dans une pile papiers et mes yeux tombent sur la casserole sale sur le feu, deux assiettes dans l'évier et l'ordinateur portable sur le canapé. Elles se foutent littéralement de ma gueule. Un sourire en coin, je comprends qu'elles ont bien failli de duper.

Parce qu'Emy Daniel est là.

— Je vais pisser, inventé-je.

— D'accord, me dit Judith sans quitter les papiers des yeux.

Je marche dans le couloir, ouvre et referme la porte de la salle de bains pour faire croire que je suis aux chiottes et fixe la porte de sa chambre. Je sais qu'elle y est. Elle ne part pas sans son ordinateur et elle a dîné ici. Je baisse la poignée et essaye de la trouver dans le noir. Je sais qu'elle est là, j'entends sa respiration saccadée dans un coin. Elle est là, en boule contre son armoire, son lit à côté d'elle, la tête entre ses genoux et les écouteurs fourrés dans les oreilles.

J'attrape son poignet, elle hoquète de surprise et je l'attire à moi en la levant sans qu'elle ne puisse contester. Mon cœur se soulage en la sentant près de moi, ça fait un bien dingue de l'approcher.

— T'es une belle menteuse, Emy, soufflé-je en retirant ses écouteurs.

Secouée par ses pleurs, elle se cache dans mon t-shirt et entoure peureusement ma taille. J'embrasse son front et passe mon bras sur ses hanches pour la rapprocher de moi. J'expire longuement contre sa tempe et laisse courir mes doigts sous son large haut. Je ne veux plus qu'elle me quitte. Plus jamais.

— Tu te caches depuis trois semaines pour mieux m'éviter ?

Tous ses membres tremblent contre moi. Elle hoche timidement la tête et je sens une pointe de culpabilité m'envahir. Mon cœur se compresse douloureusement. Elle est si fragile... J'aimerais tellement lui dire que je suis désolé pour tout, mais j'ai pour habitude de ne jamais m'excuser.

— Pourtant tu sais que tu ne peux pas m'échapper. Tu le sais et tu veux quand même essayer. Je te rattraperais toujours, Emy. Toujours.

Les battements s'accélèrent, j'entends la musique sur laquelle nous avons dansé depuis ses écouteurs et elle serre ses bras autour de mon bassin. Ma main glisse naturellement sur la naissance de sa nuque et mes doigts se frayent un passage sur son cuir chevelu, dans le seul but de la calmer et la rassurer, comme la dernière fois où je l'ai chopée sur la colline, prête à s'enfiler une clope.

— Je suis conscient de ce que tu ressens. Je sais que tu te fais violence pour refuser ça, continué-je.

— Arrête... me supplie-t-elle en serrant son emprise.

— Tu possèdes ces foutus sentiments, ignoré-je en caressant le bas de son dos sous son t-shirt.

— Arrête.

— Tu es incapable de me résister quand je te fais des avances, tu fonds toujours dans mes bras même si tu m'envoies souvent chier, tu es dépendante de mes actes, tu...

— Arrête ça, Elijah ! hurle Emy pour la troisième fois.

J'hésite à répliquer autre chose. Elle pense que ce n'est pas réciproque et que je m'amuse simplement avec elle, mais je suis raide dingue de cette femme qui torture mon cœur avec son absence.

— Tu m'aimes, Emy, reprends-je sûr et certain.

— Espèce d'enfoiré de....

— Menteur obsédé. C'est toujours comme ça. Tu frappes ou tu jures dès que tu es incapable de riposter quoi que ce soit de véridique qui sort de ma bouche, reprends-je plus doucement.

Je retire ma main du bas de son dos, elle frémit quand je pose ma paume sur sa joue humide, je relève son menton de mon index et mon majeur et ses yeux brillants de larmes se lèvent vers moi.

J'ai raison. Totalement.

Je me penche et m'empare doucement de ses lèvres chaudes. Je me suis déjà mis à rêver d'elle en l'embrassant plusieurs fois ces dernières semaines, et ce soir, c'est pour de vrai. Elle me laisse dévorer sa bouche.

— Mon âme est tienne, putain, susurré-je contre elle.

— Alors qu'est-ce qu'on fait ?

— Continue de m'aimer parce que je suis capable de te donner un retour, me dévoilé-je en laissant loin ma fierté. Ton absence était insupportable, bordel. Je ne veux plus vivre ça...

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