Alchimie littéraire

By OutSideTime

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La littérature et le théâtre. La physique, la chimie et le basket. Deux mondes totalement différents. Emy est... More

Résumé
1. En pleine figure
2. Doute
3. Avertissement
4. Intrusion indésirable
5. Trop près !
6. Je veux mon livre
7. Suis-moi
8. Collines de Denver
9. Un autre jour
11. Mitigée
12. Découvrir
13. L'heure est venue
14. Un médecin, s'il vous plaît ?
15. Je suis ton secret
16. "Let Me Down Slowly"
17. Consumés
18. Machination
19. Thanksgiving
20. Une dernière fois
21. Ma meilleure amie
22. Mon âme est tienne
23. Cicatrices
24. Ne te cache pas
25. Jaloux
26. Rien à craindre
27. Suivie
28. Taylor
29. Lever le voile
30. Proche de toi
31. Je t'aime
32. Pris sur le fait
33. Camping
34. Dépendants
Épilogue
Inconditionnel

10. Tomber

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By OutSideTime

— Judith ?

— Dans la salle de bains, j'arrive.

Je referme précautionneusement la porte derrière moi et je me surprends à voir mes mains trembler. Je viens tout juste de dire à Elijah de me laisser tranquille, ça devrait me soulager quelque part, mais je me sens mal. Est-ce qu'il propose des rencards aux autres filles ? Je peine à croire à la réputation qu'il a dans l'équipe de basket : un homme à femmes. Ça ne lui ressemble pas du tout. Je pose mon sac contre la bibliothèque dans le salon et retire ma gabardine. Judith ouvre la porte de la salle de bains et entre dans le salon, une serviette sur les cheveux.

— Tu t'es perdue ? ricane-t-elle.

— On m'a retardée.

Je pose finalement mes affaires dans ma chambre et reviens dans le salon.

— Adam a appelé tout à l'heure sur le fixe.

— Qu'est-ce qu'il voulait ?

— Que tu le rappelles. Tu sais, il ne m'a jamais fait confiance pour me dire ce qu'il te veut. Lui aussi, il ne m'aime pas beaucoup, songe-t-elle.

Je ricane, épuisée, et m'affale sur le canapé.

— Je ne sais pas si ça tient encore la route, susurré-je.

— Hein ?

— Non, rien d'important. Je vais le rappeler.

Elle hoche la tête, je me lève et retrouve le numéro d'Adam. Entendre les tonalités me fait stresser, je me sens coupable d'être attirée par quelqu'un d'autre. Il faut que je fasse quelque chose.

— Bébé ?

— Oui, Judith m'a dit que tu avais appelé.

— J'avais besoin de te parler un peu, mais j'avais oublié ton truc au théâtre alors je n'ai pas essayé sur ton portable.

Mon truc au théâtre ? Sympa, tiens... Heureusement que je ne fais part à personne de la raison pour laquelle je suis aussi motivée à soutenir cette association.

— Ce n'est rien.

— Écoute, j'ai vu l'affiche pour le bal d'hiver qui a lieu dans deux semaines...

Mes iris s'écarquillent de surprise. Je ne pensais pas qu'il voulait sauver notre relation et ça me fait chaud au cœur qu'il l'envisage. Il a vu l'affiche et souhaite m'inviter pour rattraper le temps perdu. Je suis si heureuse qu'il y fasse attention.

— Ma famille vient nous rendre visite durant cette période et je ne pourrais pas me libérer pour y aller avec toi. Ils ont réservé une table au restaurant et impossible de déplacer la réservation.

Mon sourire s'éteint de suite. Adam n'essaye pas de raviver la flamme entre nous, il envoie carrément une tornade pour la détruire. S'il voulait sauver notre relation, il m'aurait invitée pour l'occasion ou il aurait fait un sacrifice.

— Emy, je... Je crois qu'on devrait s'éloigner un peu...

— Pourquoi ?

— Tu l'as remarqué autant que moi, on ne fonctionne plus comme avant... Une pause pourrait fonctionner.

— Adam, on ne peut pas...

— Nous devons réfléchir chacun de notre côté, bébé..., m'explique-t-il alors que mes yeux s'emplissent de larmes. J'ai des sentiments pour toi, je le sais, mais nous sommes distants l'un de l'autre et ça me déplaît... Qu'on essaye au moins de recoller les morceaux après avoir passé du temps seuls.

Est-ce le moment de rompre ? J'ai pourtant du mal à me faire à cette idée. Comme si je voulais recoudre les brèches qui nous éloignent alors que c'est impossible.

— Tu agis étrangement depuis une semaine

— Mais on ne s'est pas vu de toute la semaine, Adam !

— Je sais, j'avais des trucs à faire. Mais tu es bizarre et ça me dérange. Je...

Il ne finit pas sa phrase parce que je raccroche. Je ne veux pas en entendre plus. Je vais dans ma chambre, tire un trench-coat de mon armoire et prends le paquet de cigarette dans mon sac et un briquet sur mon bureau.

— Je... Je vais sortir m'aérer l'esprit, d'accord ? annoncé-je en quittant l'appartement. Ne m'attends pas pour dormir.

Je claque la porte derrière moi, descends les escaliers et je me balade dans la rue en laissant les larmes couler. Adam ne cesse de me joindre sur mon téléphone, mais je ne réponds pas. Je refuse de l'entendre me redire qu'il veut une pause entre nous. S'il la veut absolument, sa pause, il peut déjà arrêter de m'appeler. Je traverse la ville en trente minutes, l'esprit ailleurs. Je descends la rue menant à la colline sur laquelle je suis montée la dernière fois et passe à travers les grilles, veillant à ce qu'il n'y ait personne. Je ne devrais pas me trouver ici, mais cet endroit est un bon lieu pour se détendre. Même si je suis frigorifiée, je me sens bien ici. Les problèmes s'évanouissent un court instant, et je ne sens plus ce pincement au cœur en songeant aux mots d'Adam.

Une fois au sommet, je regarde le ciel noir et sens le briquet et le paquet de cigarette dans ma poche. J'en tire une du paquet et hésite à l'allumer. Il paraît qu'il suffit d'une seule fois pour devenir accro à ce petit cylindre. Et si ça pouvait calmer mes nerfs à vifs depuis une semaine ? J'appuie sur la roulette pour faire jaillir la flamme, brûle la cigarette et regarde le bout brûler. L'odeur n'est pas terrible, mais j'ai envie d'essayer. De m'initier toute seule.

— Je te jure que si tu fous ça dans ta bouche, tu n'apprécieras pas ce que je vais te faire ensuite.

Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qui c'est. J'aurais dû me douter qu'il était là, mais je ne l'ai pas vu et encore moins entendu. Il m'arrache la cigarette des mains, l'aspire à ma place et me jette un œil, plus sombre que jamais. Il me tend sa main et je la sonde longuement, néanmoins consciente de ce qu'il veut.

— Le paquet et la cigarette. Donne-les-moi.

Je fourre ma main dans mon manteau beige sans discuter, les lui donne et il fronce les sourcils.

— Le briquet aussi.

J'acquiesce et le lui passe également. Il reste à côté de moi en regardant les collines noires, fume ma cigarette sans hésiter et j'évite de l'observer plus que je ne l'ai déjà fait. Le vent souffle fort et je commence à grelotter. Ce n'était pas une bonne idée de venir ici à 21 h passées.

— Qu'est-ce que tu viens foutre ici ?

— Comment as-tu su que je viendrais là ?

Il me jette une œillade sévère me faisant comprendre qu'il ne répondra pas tant que je ne l'aurais pas fait.

— J'avais besoin de réfléchir... murmuré-je.

— Avec une clope dans la main ?

— Et ça te pose un problème, peut-être ? répliqué-je agacée. Depuis quand monsieur égoïste-mauvais-poil se soucie de ce genre de chose ?

— Ce qui m'étonne, c'est que tu viennes là alors que tu n'es pas du genre à te trimbaler dans le coin, ignore-t-il.

Je lui tourne le dos pour ne pas lui montrer qu'il a raison et il ricane tout bas. J'envisage de descendre de la colline, mais son bras sous ma poitrine m'arrête net dans mon élan et je rougis en le sentant tout contre moi.

— Où est-ce que tu vas ? me souffle-t-il.

Je mentirais si je disais que son contact me déplaisait.

— Laisse-moi... trembloté-je.

— Plus tard. Reste.

Il m'entraîne avec lui et je ne bouge plus lorsqu'il me lâche prudemment.

— Réfléchir à quoi ?

— Rien qui pourrait t'intéresser. Je te signale que tu n'as pas daigné répondre à ma question, réponds-je fermement.

— C'est Winslet, hein ?

Je n'affirme ni démenti ses doutes. En plein dans le mil. Je ne sais pas quoi répliquer pour qu'il se taise pour de bon.

— Arrête.

— Je veux juste savoir si c'est Winslet.

Son ton est ferme et sérieux, mais je lui donne un gros coup de coude dans le thorax pour qu'il me laisse tranquille. Malheureusement, il l'avait anticipé et il retient mon bras de sa grande main. Je me débats et me retourne, essaye un coup de poing, mais sa paume enveloppe la mienne. Même sort pour la gauche, il la retient avec la sienne tenant sa cigarette.

— Tu as fini ?

Il défait ses doigts des miens pour les glisser dans mon cou, je hoquète de surprise et il m'attire afin que nos corps soient l'un contre l'autre. Je mords ma lèvre dès que sens mon cœur battre plus vite, sa main sèche caresse ma nuque et mes bras restent pantelants contre mes cuisses. Qu'est-ce qu'il fait ?

— Je savais que tu viendrais un de ces jours. Je voulais juste savoir quand tu oserais monter seule, admet-il.

Une larme s'échoue sur son t-shirt noir et je respire contre son torse. Une odeur musquée mêlée au tabac. C'est très agréable d'être contre lui. Je devrais partir, mais j'ai envie de rester ; je suis un vrai paradoxe à moi toute seule, c'est absurde.

— Adam m'a fait comprendre qu'il veut rompre... susurré-je contre lui. Je n'ai pas l'impression de m'y opposer, mais ça me chamboule assez... Il ne me dit pas tout.

Le bout de ses doigts cajole la naissance de ma nuque, je me détends instantanément et il expire loin de mon visage. C'est cet Elijah-là, avec qui j'aime parler. Celui à l'écoute de mon âme même si jamais rien ne sera mutuel.

— Tu vois que ce n'était pas si difficile, dit-il en jetant la cigarette consumée au sol.

— Enfoiré de menteur...

— Obsédé, termine-t-il amusé. Je sais.

Je lui donne un coup mérité dans les côtes, ce qui le fait légèrement rire et resserrer son emprise sur moi. Je me sens tellement bien dans ses bras.

— Viens.

Il ne me touche plus et dévale la pente sans m'attendre. Je secoue la tête pour quitter mes pensées, descends à mon rythme et un quart d'heure plus tard en arrivant au pied de la colline, je le vois qui m'attend à la grille. Il sort une cigarette du paquet que je lui ai donné et la secoue devant moi avec mon briquet.

— Si je te vois fumer ce truc, t'as conscience qu'il ne t'arrivera pas quelque chose d'excitant ?

— Comme quoi ? lancé-je curieuse.

— Crois-moi, tu ne veux pas le savoir, ricane-t-il.

— Finalement, je... je ne préfère pas, refusé-je en poussant la grille derrière moi.

— Excellent choix.

Je trotte jusqu'à lui, intriguée et apeurée de rester seule toute la nuit. Il s'approprie ouvertement mes biens et ça ne me dérange pas plus que ça. Est-ce parce que je lui fais confiance ? D'abord mon livre, puis mes cigarettes et mon briquet. Quel sera l'élément suivant ?

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