Alchimie littéraire

By OutSideTime

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La littérature et le théâtre. La physique, la chimie et le basket. Deux mondes totalement différents. Emy est... More

Résumé
1. En pleine figure
2. Doute
4. Intrusion indésirable
5. Trop près !
6. Je veux mon livre
7. Suis-moi
8. Collines de Denver
9. Un autre jour
10. Tomber
11. Mitigée
12. Découvrir
13. L'heure est venue
14. Un médecin, s'il vous plaît ?
15. Je suis ton secret
16. "Let Me Down Slowly"
17. Consumés
18. Machination
19. Thanksgiving
20. Une dernière fois
21. Ma meilleure amie
22. Mon âme est tienne
23. Cicatrices
24. Ne te cache pas
25. Jaloux
26. Rien à craindre
27. Suivie
28. Taylor
29. Lever le voile
30. Proche de toi
31. Je t'aime
32. Pris sur le fait
33. Camping
34. Dépendants
Épilogue
Inconditionnel

3. Avertissement

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By OutSideTime

Me voilà avec le troisième chapitre ! En média, un super montage réalisé par une  lectrice ! Qu'en pensez-vous ?

____________________


Toutes les semaines avec Lukas, nous nous réunissons une à deux fois avec une vingtaine d'étudiants dans un amphithéâtre pour créer une pièce de théâtre. Cette année, et pour la première fois, nous nous engageons à soutenir une association visant à soutenir la lutte contre les maladies myopathiques congénitales. On envisage de jouer une pièce de théâtre vers la fin du printemps et de vendre les places pour y assister, quatre-vingt pourcents des recettes seront versées à l'association RYR-1 Foundation.

Un comédien monte sur la scène avec ses feuilles en main et Lukas discute avec lui concernant sa gestuelle. Je suis tellement heureuse de pouvoir donner vie à ce projet avec Lukas, ça représente beaucoup pour moi. De plus, son aide est la bienvenue grâce à ses études d'arts du spectacle, c'est là qu'il se sent lui-même, et lorsque je lui ai parlé de mon désir de présenter une pièce de théâtre après en avoir étudié un bon nombre lors de ma première année de langue et de littérature anglaise, il a tout de suite aimé l'idée. Nous nous sommes mis à l'œuvre pour trouver des étudiants intéressés, nous avons ensuite parlé des maladies myopathiques congénitales et notre envie d'aider et de soutenir. Aujourd'hui, nous avons une vingtaine d'étudiants motivés et tous aussi talentueux les uns que les autres, même les plus timides.

À l'unanimité, nous avons opté pour une petite pièce de théâtre anglaise de Murray Schisgal intitulée « Luv ».

— Qui a le premier acte ? demandé-je.

— Merci, dit Lukas en prenant les fiches. Là !

Nous révisons alors le premier acte, échangeons quelques rôles de la pièce et discutons des différentes façons de mettre en scène la scène, en soit l'éclairage, les costumes et le fond sonore puisque nous avons la chance d'avoir un pianiste et un guitariste avec nous. En sortant de l'amphithéâtre une fois vide, j'ai l'agréable surprise de retrouver Adam adossé au mur, son téléphone en main. Il me sourit, mais ça ne dure qu'une petite seconde lorsqu'il remarque Lukas fermant la porte. Il attrape ma main et m'embrasse longuement, comme s'il avait à prouver à mon ami qu'il doit s'éloigner puisque je suis déjà avec lui. Gênée et un peu agacée, je coupe court à cette scène, je sais que voir deux personnes s'embrasser devant soi peut être très embarrassant.

— Je vais y aller, dit-il en me saluant de la main.

— Lukas, l'interpellé-je en me défaisant des bras d'Adam.

Il se retourne, un sourire tremblant aux lèvres et je le serre dans mes bras, les siens restants contre son corps. Je ne veux pas qu'il se sente aussi mal à cause d'Adam et même si j'ai droit à une crise en quittant l'université avec ce dernier, je ne peux pas me permettre de le laisser partir comme ça.

— Passe un bon weekend, me dit-il.

— Toi aussi. Désolée pour ça, soufflé-je.

— Ne t'inquiète pas.

Je le laisse partir et Adam passe sa main sur ma taille en embrassant mon cou. Nous marchons sans parler jusqu'à sa voiture, mais je sais qu'intérieurement, il brûle de jalousie. Je m'assieds à côté de lui, il met le contact et quitte le parking. Puisqu'il ne dit toujours rien, j'engage la conversation :

— Adam, tu sais que...

— Et après c'est toi qui me parle d'infidélité ? me coupe-t-il courroucé.

Je ferme les yeux un instant, histoire de rassembler toute la patience possible afin de continuer cette conversation dans le calme. Je masse lentement mes tempes, réfléchis quoi répondre, mais rien ne vient. L'atmosphère est tendue et pesante et même s'il est en colère, il conduit calmement. Je tends ma main entre nous, il la regarde une seconde et la saisit instantanément en expirant, comme s'il était soulagé que je fasse toujours attention à lui.

Adam et moi sommes ensemble depuis bientôt cinq mois, je l'ai connu en accompagnant Judith a une fête avec toute l'équipe de basket de l'université de Denver. À l'instant où nous nous sommes parlés, il m'a tout de suite fait comprendre que je lui plaisais. Or je n'envisageais aucune relation, la dernière au lycée s'est très mal terminée et m'engager me faisait peur. Adam m'a rattrapée avant que je ne tombe pour de bon, mais depuis deux mois, il est plus distant et hargneux et j'ai la vague impression de m'engouffrer de nouveau. Il n'est pas au courant de ce qu'il s'est passé, j'ai failli le lui dire plusieurs fois, mais l'admettre me fait encore mal.

Je fixe l'allée couvertes de feuilles d'automne donnant un effet de sentier forestier, ma main toujours dans la sienne entre deux vitesses. Les routes de Denver sont à peine reconnaissables avec cette couverture orange et les arbres bordant les allées sont magnifiques.

— Tu penses à l'autre putain de russe ? reprend Adam.

— Lukas est canadien, c'est différent, et c'est un ami.

— C'est bien pour ça qu'il mate ton cul, non ?

— Adam !

Cela fait quinze minutes que nous roulons vers le centre commercial et il est encore focalisé sur mon accolade pour saluer mon ami.

— Ce con te mate le cul !

— Non mais je rêve... soufflé-je en regardant ailleurs.

Adam ralentit et m'observer du coin de l'œil en fronçant les sourcils.

— Ma gabardine m'arrive en-dessous des fesses, tu sais. Tu cherches des arguments pour incriminer mes amis... Pourquoi fais-tu ça, Adam ?

— Bébé, je sais ce que j'ai vu. Ce con te mate.

— Tu disais la même chose pour Dallen ! hurlé-je à bout.

— C'est différent, grogne Adam en entrant dans le parking.

— Différent ? Nom de Dieu, Dallen a toujours été intéressé par Judith et Lukas n'est pas attiré par moi ! Il te l'a même dit à maintes reprises !

Il souffle, bougonne et se gare rageusement. Il sait que j'ai raison, mais sa fierté démesurée l'empêche de s'avouer vaincu. Je mords nerveusement ma lèvre et fuis son regard assassin. Nous descendons de sa voiture, je prends mon sac et il attrape ma main tremblante avant d'entrer dans le centre commercial.

— Désolé.

Nous parlons plus calmement autour d'un café, je touille mon thé à l'aide d'un bâtonnet en plastique et Adam caresse ma joue en souriant. Il arrive que nous nous disputions, mais nous réglons cela assez vite. Il est normal d'avoir quelques litiges ; si le couple que je mène ne rencontre aucun obstacle, à quoi bon être ensemble si tout le monde est toujours d'accord sur chaque point de vue ?

— Elijah m'a parlé de toi en arrivant à l'université ce matin.

Je lève immédiatement les yeux du thé et hausse un sourcil avant de comprendre de qui il parle.

— Il m'a dit que tu lui cherchais les emmerdes en le provoquant ouvertement, explique Adam en regardant ailleurs.

— Et tu le crois ?

Il ne répond rien. Je n'y crois pas, il préfère croire son « ami » exécrable plutôt que sa copine ?

— Génial, maugrée-je en buvant ma tasse.

— Emy, ce n'est pas ce que tu crois, m'arrête Adam. Je ne m'entends pas avec cet enfoiré, mais ça ne m'étonnerait pas que ce soit lui qui te provoque. Je ne veux pas que tu lui adresses de nouveau la parole, d'acc ?

— C'est encore un coup de crise de jalousie ? m'exaspéré-je.

Honnêtement, les interdictions, les barrières et les restrictions qu'Adam essaye de mettre commencent réellement à me taper sur le système. Je lève les yeux au ciel et il articule en me scrutant de ses yeux bleus :

— Dès qu'Elijah trouve quelqu'un qui a du tact, il séduit jusqu'à devenir impérissable. Toutes les filles se font avoir, qu'elles aient quelqu'un ou non. Mais toi, je sais que tu réponds quand on te dérange, m'explique-t-il. Tu ne te laisses pas faire et j'admire ce petit côté rebelle.

— Adam, je suis avec toi, je te rap...

— Je n'ai pas envie qu'il t'arrache à moi, Emy, me coupe-t-il en touchant ma main. Tu es à moi.

— Il ne m'enlèvera pas, d'accord ? l'arrêté-je. Je suis là, avec toi. Pas avec lui.

Je ne l'avais encore jamais vu aussi sensible. Elijah ne me fera rien du tout, je n'aurais plus affaire avec lui alors je n'ai pas de quoi s'inquiéter, pas vrai ? De toute façon, je ne l'aime pas et malgré son charisme et son charme, il ne m'intéresse pas.

Nous quittons le café et marchons dans les larges couloirs du centre commercial. Adam trouve un polo bleu ciel faisant refléter ses yeux. Nous regagnons sa voiture, la tension entre nous s'étant apaisée et je pose se sac en kraft sur mes genoux alors qu'Adam met le contact. Il me ramène jusque chez moi, je le remercie et lui fais un signe de la main lorsqu'il s'en va. Je monte à mon appartement pour réviser mon cours sur la civilisation anglaise et reste sans nouvelles de lui jusqu'à la fin de la journée.

Une fois avoir terminé mon devoir, Judith passe à l'appartement et nous allons au cinéma du centre-ville. Elle me parle de Dallen et je compare involontairement la façon dont son couple se porte vis-à-vis de mien. Elle, c'est un fleuve tranquille alors que moi, c'est littéralement les montagnes russes. Cependant, j'ai passé un bon après-midi avec lui, peut-être bien que nous sommes sur le bon chemin pour retrouver cette étincelle dont Lukas me parlait.

* *

Nous sommes déjà lundi. Mon weekend s'est déroulé calmement, je suis restée allongée comme une larve sur mon canapé en relisant mon cours avec de la musique épique en fond. J'ai aussi profité de mon temps libre pour passer à Centennial voir mes parents. J'y suis allée en train puisque ma voiture est tombée en panne l'année dernière et je n'ai pas pris le temps de la faire réparer, je n'en n'ai pas vraiment besoin pour le moment.

Ce matin, Judith n'est pas à l'arrêt de bus, certainement en retard à force de partir au dernier moment de chez Dallen. Je grimpe dans celui-ci en validant mon pass et trouve un siège libre avant de fourrer mes écouteurs dans mes oreilles. Cinq minutes plus tard, quelqu'un s'assied à côté de moi et j'ai la surprise de découvrir Elijah avec ce sourire agaçant, assit avec nonchalance. Il prend le bus alors qu'il conduit ? Je fronce les sourcils et l'ignore en regardant dehors. Un de mes écouteurs tombe, je le cherche sur ma gabardine et découvre que mon voisin de siège se permet d'écouter ma musique.

— Pas terrible..., grimace-t-il en rendant mon écouteur.

— Je t'ai demandé d'annoter mes attraits musicaux ?

Ce sourire en coin ne quitte jamais son visage, c'est dingue. Je ne peux m'empêcher de fixer ces yeux marron châtaigne, on dirait qu'ils ensorcèlent quiconque ose les défier.

— En théorie, non. Mais moi, je t'ai déjà demandé d'arrêter d'utiliser tes mots trop compliqués me donnant l'impression d'être stupide.

— Ce n'est pas de ma faute si tu l'es vraiment.

L'avertissement d'Aaron me revient en tête en réalisant que j'entre dans son jeu : « dès qu'Elijah trouve quelqu'un qui a du tact, il séduit jusqu'à devenir impérissable ». Bon sang, il est réellement en train de me draguer ? Je n'en n'ai pourtant pas l'impression, il critique et cherche la petite bête.

— Pas mal comme répondant, évalue-t-il songeur.

D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi il flirterait, sachant pertinemment que j'ai un copain. Je ne comprends pas non plus pourquoi il prend le bus alors qu'il conduit, mais le lui demander le mènerait à penser qu'il suscite mon intérêt. Je récupère mon écouteur en évitant de le regarder et il croise les bras sur son torse en discutant avec quelqu'un. Je suis gênée de le sentir aussi proche, il a quand même un certain charisme malgré son caractère grincheux. Il salue la personne avec qui il discutait puisqu'elle descend et Elijah me fixe sans rien dire. Je m'éloigne en voyant sa main s'approcher, il me dit quelque chose, mais je ne l'écoute pas. Pour attirer mon attention, il me vole de nouveau mon écouteur et il est tellement proche que je sens son parfum : du déodorant mêlé à du tabac frais.

Il ne fait qu'écouter ma musique et je ne cille pas. Dans le fond, j'aimerais bien savoir ce qu'il cherche et qui il est vraiment. Le bus s'arrête enfin devant le campus, il jette mon écouteur sur mon épaule et se lève promptement en me lançant :

— Change-moi ce truc, c'est horrible, tranche-t-il.

— Bah voyons, répliqué-je avant qu'il s'en aille.

C'est plus fort que moi, je ne sais pas me laisser faire. Elijah m'adresse un clin d'œil en ricanant et rejoint une femme d'origine mexicaine qui lui parle en haussant un sourcil. En l'observant, je retrousse mes lèvres puis descend du bus. Adam est de nouveau là, il attrape ma main, me tire à lui et m'embrasse lentement. Je ne peux m'empêcher de reculer ma tête pour voir ce qu'Elijah fait à quelques mètres de nous et je regrette instantanément puisqu'il me fixe avec un air narquois sur le visage. Je rougis et lorsque je vois Adam se demander ce qu'il se passe, je me sens soudainement coupable.

— T'es sûre que ça va ? s'inquiète ce dernier.

Je hoche la tête et il sourit en m'examinant.

— Je n'ai pas beaucoup dormi, rajouté-je. Je vais survivre !

Il acquiesce en embrassant mon front et nous remontons le campus, main dans la main. Adam se glorifie en m'expliquant qu'à son entraînement de basket, il a marqué un panier digne d'un professionnel. Je l'écoute à moitié, en fait, puisque je cherche Elijah du regard au cas où il viendrait me déranger avec mon copain. Ce dernier me parle toujours de la même chose, soit c'est le basket, soit ce sont ses études en cinématographie. Je souris bêtement en revenant à la réalité et je réalise que c'est toujours la même chose. C'est peut-être un sujet qui lui tient à cœur, je comprends, mais m'en parler tout le temps, c'est fatiguant.

— Emy, putain ! Tu me saoules à ne pas m'écouter !

Je le scrute, éberluée, et cesse de marcher.

— Je te... Je te demande pardon ? bégayé-je.

Adam bredouille et je sens mon cœur peser lourd dans ma poitrine. C'est comme une gifle. Une vraie gifle. Je le laisse planté sur le trottoir et entre dans le bâtiment pour aller en cours en essayant d'oublier ça. L'esprit préoccupé, je fonce dans quelqu'un, deux bras me retiennent et je lève les yeux pour m'excuser.

— Emy ? se soucie Judith en fronçant les sourcils.

Je lui fais signe que tout va bien et nous entrons dans l'amphithéâtre pour notre cours de littérature et civilisation anglo-saxonnes. Je préfère oublier que d'en parler.

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