Projets

By OenixAkaru

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De l'idée d'une amie qui a fait la même chose, au diable mon envie de ne faire que des fanfictions sur Wattpa... More

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Paysages (exercice cours d'écriture S4)

Nordisk Nattens Drøm (exercice cours d'écriture S4)

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By OenixAkaru

Second exercice avec notre première prof (nous en avons trois en écriture cette année, mais l'un des trois ne fait pratiquement que de la théorie)

Pour celui-là, on devait utiliser l'IA (ChatGPT) pour créer un tableau (descriptif, pas imagé), puis créer son auteur ; ensuite, créer une image du tableau avec la description qu'on avait ; à partir de là, on devait créer une histoire avec tous ces éléments. 

J'étais assez sceptique au début, puisque les IA (hormis les aides à la correction, les détecteurs de répétitions etc) utilisées pour créer quelque chose me font fortement penser à de la triche, mais c'était l'exercice donc je n'avais pas vraiment le choix.

Je vous mets mon texte, suivi des images qui pourraient faire penser au tableau que j'avais imaginé. Dans le texte, les passages en gras sont des réponses non retouchées de l'IA 



La lumière grésilla et mit quelques secondes avant de s'allumer, plongeant alors les locaux dans une douce atmosphère chaude et chaleureuse. L'air sentait la poussière, le vieux bois et la peinture. Depuis combien de temps n'avait-il plus mis les pieds dans ce vieil entrepôt ? Longtemps, se dit-il, bien trop longtemps.

Ses pas le conduisirent naturellement entre les tables, couvertes de vieux manuels, d'outils en tout genre et de plusieurs châssis en bois. Certaines tables étaient recouvertes de draps, eux-mêmes couverts de poussière jaune et troués. Le temps fait des ravages qu'on ne peut pas toujours réparer.

Il ouvrit une porte. La lumière était déjà allumée, comme toutes les autres pièces derrière toutes les autres portes. Il ne se rappelait plus exactement pourquoi il avait décidé de relier toutes les lampes entre elles, mais s'était rapidement rendu compte qu'en plus de gâcher de l'électricité, ce n'était ni pratique, ni utile. Peut-être était-ce une des raisons pour lesquelles il avait déserté son atelier.

Une légère odeur de térébenthine flottait dans l'air. Elle le dérangeait autrefois, le prenait en plein dans les narines et même lorsqu'il sortait prendre l'air, il ne pouvait rien sentir d'autre. Maintenant, c'était différent. Elle lui avait un peu manqué. Juste un peu.

Il posa sa main sur le premier tableau. A hauteur de taille, c'était un paysage d'été. Une rue animée, quelques maisons dont les fenêtres ouvertes laissaient voir leurs habitants. Des fleurs s'envolant dans le vent. Un soleil éclatant, pas un nuage à l'horizon.

Cette peinture n'était pas si vieille. Quelques années, tout au plus. Il ne se souvenait pas de tous les détails, et maintenant qu'il la regardait à nouveau, le paysage lui paraissait nouveau.

Non, décidément, cette peinture ne l'avait pas marqué.

Oh, celle-ci, il l'aimait bien. C'était une peinture de son chien, Thor. Parti de ce monde depuis bien longtemps, mais c'était un brave chien. Un chien de race norvégienne Elkhound, robuste et musclé, avec un pelage dense et épais de couleur gris argenté. Ses yeux marron expressifs et ses oreilles dressées lui donnaient une apparence noble et fière. Il l'accompagnait partout depuis qu'il était capable de marcher, et avait sans doute été le meilleur de tous ses compagnons.

Non pas qu'il n'en ai eu beaucoup d'autres, après tout.

Il se souvenait de quelques chats. Ses premiers, Luna et Njord, avaient tenu compagnie à Thor. Lorsque la plus vieille s'en était allée, il en avait adopté une autre, Saga. Et puis les années passaient, et les chats mourraient, remplacés par de jeunes petites bêtes qui le faisaient se sentir moins seul. Quand Thor avait rendu l'âme, c'était un peu plus dur. Mais la souffrance avait peu à peu disparu, comblant le manque du chien par la joie des chats et, une fois, d'un magnifique faucon qui s'était invité chez lui. Sol, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut.

Il n'avait pas réussi à fonder de famille, trop concentré sur sa carrière et sur sa vie tranquille isolée des grandes villes. Il avait eu quelques histoires, qui n'avaient jamais duré très longtemps, et s'était fait quelques amis qu'il voyait assez rarement. Mais sa vie solitaire ne lui déplaisait pas, au contraire. Il avait trouvé sa tranquillité dans une petite maison en bois, près des montagnes et des lacs de Norvège. Son domicile était modeste mais confortable.

Ses yeux quittèrent le tableau de son chien défunt pour se poser sur un autre. Tout en avançant, il revivait certains moments de son existence. « Oh, je me souviens de celui-ci. Je n'allais pas très bien durant cette période, et ma peinture est un peu sombre. » « Ah, celui-là, je ne l'aime pas trop, les détails sont un peu ratés. » « Et lui... Eh bien, aucune idée. »

Ses pupilles parcouraient rapidement les toiles. Il n'était pas revenu ici, après tant d'années, par simple envie ou hasard. Il cherchait un tableau qu'il avait peint l'année dernière, qui aurait dû être exposé mais n'avait pas eu cette chance. Aujourd'hui, il l'avait peut-être. Si, du moins, il parvenait à remettre la main dessus.

Un drap s'accrocha à son manteau, et découvrit un morceau de tableau. Un morceau seulement, puisque la bête était énorme ; deux mètres cinquante de haut, presque quatre de long, et le drap tombait, et la lumière ne semblait plus éclairer autre chose que lui.

Il se retourna, et sa respiration se coupa. Il reconnaissait ce morceau. Il n'y avait rien de bien marquant, on ne voyait pas grand-chose, mais il savait exactement ce dont il s'agissait. Aussitôt, il arracha presque le drap et dévoila la toile. L'observa. Elle était belle.

L'observa encore.

Elle était magnifique.

Les larmes lui montèrent aux yeux. Cette peinture était probablement son chef d'œuvre, bien qu'elle n'ait pas été exposée très longtemps et qu'elle ait passé sa vie à prendre l'humidité et la poussière. Trop grande pour être vendue, trop encombrante pour être gardée, trop ordinaire pour être vue mais trop spéciale pour être jetée. Il l'avait peinte, il y avait mis son âme, son cœur, ses tripes, et voilà ce qu'elle en était devenue. S'il n'était pas revenu ici, s'en serait-il souvenu ? L'aurait-il revue ?

Elle était sa toile préférée, mais avait disparu de sa mémoire. Quelle ironie.

Il s'approcha. Du bout des doigts, il toucha la surface fragile de son tableau. Ses doigts glissèrent et amassèrent la poussière. Il avait affreusement envie de la nettoyer, mais n'avait plus sa vigueur d'antan. Imaginez qu'il tombe de l'escabeau et passe au travers de sa toile ? Finie, son œuvre d'art. Et sa vie aussi, possiblement.

Nordisk Nattens Drøm, murmura-t-il en souriant.

Le rêve de la nuit nordique, pour parler français. Le titre ne lui avait pas vraiment plu, à l'époque, mais il n'avait su trouver mieux. La date d'exposition approchait, et il regardait sa peinture, la trouvant admirable, mais décidément pas du genre à porter un tel nom. Mais le temps n'avait pas joué en sa faveur, et la voilà renommée "Le rêve de la nuit nordique". Son plus beau tableau pour un si mauvais nom.

« Peut-être était-ce pour cela qu'elle n'avait pas eu tant de succès. Juste pour une histoire de nom. »

La toile était immense. C'était sans aucun doute la plus grosse peinture qu'il avait faite, son premier grand projet. Un projet qui lui tenait à cœur ; non seulement car une peinture de cette envergure n'est pas si simple à réaliser, mais en plus car la peinture est un souvenir à elle seule.

Un vieux, très vieux souvenir. L'un des rares souvenirs de son enfance qui ne s'était pas échappé des méandres de son esprit.

– Svea !

Il sourit. L'instant refaisait surface.

– Svea ! Attends-moi !

Il ferma les yeux.

Il se retourna. Mikael trottinait vers lui, à bout de souffle, créant une douce fumée autour de son visage. Les lumières du crépuscule fanaient rapidement, allongeant ainsi leurs ombres qui se fondaient dans le décor de Norvège.

– Il va bientôt faire nuit, dit-il simplement. Dépêche-toi, gros bêta.

Le plus jeune rattrapa son aîné et se courba pour reprendre sa respiration.

– C'est de ta faute ! Maman nous a dit de ne pas aller au-delà du lac. Et toi, tu es allé super loin. On ne voit toujours pas le lac !

Mikael se laissa tomber sur le sol et renifla.

– On va devoir dormir dehors, et on aura super froid, et demain on sera malade, et en plus papa et maman vont nous gronder !

Svea soupira. Il savait son petit frère peu courageux et effrayé des réprimandes, mais quoi, ils avaient quinze et onze ans ! Lui était tout à fait capable de partir en exploration plus loin, et Mikael était toujours avec lui, donc il ne craignait rien. Et de toute façon, papa et maman ne les grondaient jamais devant tante Ruth, et ils logeaient tous chez elle pour les vacances de Noël. Donc il n'y avait vraiment, vraiment pas de quoi avoir peur.

Il se mit à rire. Si seulement il savait ! Il était si vieux mais se rappelait bien du savon que lui et son frère s'étaient pris en rentrant. Leur mère n'avait jamais été aussi en colère, leur père avait davantage eu peur. Ils avaient passé un très mauvais quart d'heure, puis l'heure du repas avait rattrapé la bonne humeur. Il se rappelait d'autant plus de ce repas, car ils avaient mangé du rakfish, un mets traditionnel norvégien à base de truite fermentée. Aujourd'hui encore, il aimait particulièrement déguster le rakfisk avec des pommes de terre bouillies, de la crème sure et des oignons rouges marinés. Il appréciait le goût unique et la tradition ancestrale associée à ce plat, qui lui rappelait les saveurs simples et rustiques de son enfance dans les montagnes norvégiennes.

C'était aussi la première fois qu'il avait eu le droit de goûter du gløgg, une boisson chaude et épicée traditionnelle consommée en Norvège pendant les mois d'hiver, notamment pendant les fêtes de fin d'année. D'ordinaire, ses parents lui interdisaient cette boisson, la jugeant trop "adulte" pour lui ; mais cette fois-ci, son père lui avait autorisé un petit verre. Sa mère n'était pas d'accord, alors elle avait râlé et avait fait la tête à son père pendant une dizaine de minutes, puis les festivités avaient repris de bon cœur.

– Bon, tu viens ? dit-il au bout de quelques instants. Toi qui es si pressé de retourner à la maison, il faudrait se remettre en route si tu ne veux pas qu'on passe réellement la nuit dehors.

– On est perdus, répondit Mikael en croisant les bras. On marche depuis longtemps et toujours aucune trace du lac. Je te l'avais dit qu'on allait se perdre.

Les rayons chauds du soleil disparaissaient peu à peu, se cachant derrière les montagnes au loin. Elles étaient parsemées d'arbres sur leurs flancs inférieurs, mais devenaient progressivement dénudées à mesure qu'elles s'élevaient vers les sommets. Les conifères résistaient plus longtemps à mesure que l'altitude diminuait, puis cédaient la place à des pentes rocailleuses et escarpées. Leurs hauteurs étaient enneigées et immaculées.

Et le soleil s'évaporait, laissant place à l'obscurité.

– Comment ça, on est perdus ? répondit Svea en levant les yeux au ciel. Je sais exactement où on est. Le lac est encore un peu plus loin, après ce renfoncement, là-bas.

– Où ça ? demanda Mikael en relevant les yeux.

– Tu vois les arbres, au fond ? Ben, un peu plus loin. Allez, debout.

Le plus petit se releva en se secouant. Le bout de ses doigts était gelé, mais il avait l'habitude. Les enfants du froid ne le craignaient plus à force de vivre avec en permanence.

Ils se remirent en marche, à une allure régulière et suffisamment lente pour que Mikael puisse suivre sans problème. Ils slalomèrent entre les derniers conifères et aperçurent enfin le lac et, au loin, le village qui fumait les vapeurs des cheminées.

Le plus petit sourit de soulagement, le plus grand le regardait l'air de dire "tu vois, j'avais raison".

La nuit était vite tombée, laissant apercevoir les étoiles dans le ciel. Plus de nuances oranges et rouges, mais un voile bleu nuit, pas vraiment noir. La neige nous leur pieds était plus sombre, craquelait sous leurs pas.

– C'est loin, murmura Mikael en observant le village. Il faut encore marcher jusqu'au lac, puis longer le lac, puis aller au village, puis aller à la maison...

– Oh, dis, tu n'as pas fini de te plaindre ? Sinon, je te laisse ici et je pars en courant tellement vite que tu ne pourras jamais me rattraper.

Mikael croisa les bras.

– Ulla sera triste si je ne rentre pas à la maison.

Svea rit.

– Tu parles, à l'heure qu'il est, elle dort déjà tranquillement dans le berceau de tante Ruth. Tu seras bien à la maison pour demain matin.

– Arrête, c'est pas drôle !

Le plus grand sourit d'un air moqueur puis prit la main de son petit frère et le traîna derrière lui. Ils ne dirent plus rien et marchèrent en silence, écoutant les bruits de la forêt qu'ils longeaient. Elle paraissait angoissante et maléfique maintenant que toute couleur avait disparu.

Ils atteignirent le lac. Il n'était pas si grand, et sa surface gelée depuis bien longtemps faisait le bonheur des patineurs. L'été, l'eau était si claire qu'on avait envie de la boire, mais tout le monde savait que c'était une bien mauvaise idée.

Evidemment que c'était une mauvaise idée. Il en avait fait l'expérience, une fois, mais pas deux. Ce n'était même pas de sa faute, simplement son père et lui qui s'amusaient dans l'eau, et il avait fini par boire la tasse. Il en était resté malade une semaine.

Il avait déjà patiné sur ce lac. Au début, il enchaînait les chutes, n'arrivant pas à garder l'équilibre. Sa mère avait beau lui tenir les mains, rien n'y faisait, son nez rentrait toujours en contact avec le sol gelé. Mikael avait rapidement pris le coup de main, et par pur esprit de compétition, il s'était entraîné tous les jours jusqu'à tenir debout sur ses deux patins. Puis jusqu'à réussir à avancer. Puis à reculer, puis à tourner, et peu de temps après les deux frères patinaient côte à côte en se lançant des boules de neige.

Il aimait bien le patinage. Il n'en avait plus fait depuis longtemps, et était trop vieux pour en refaire à présent, mais il y avait passé d'excellents moments.

En souriant, il observa le lac, peint en plein milieu du tableau. La neige, tombée doucement, en recouvrait une grande partie, créant une couche épaisse et immaculée sur certaines zones. Cependant, des marques irrégulières rompaient cette uniformité, témoignant des caprices du temps et des éléments. Des fissures minuscules zigzaguaient à travers la glace, rappelant les mouvements lents de l'eau gelée sous l'emprise du froid. Par endroits, la neige s'était accumulée en amas, formant de petits monticules qui brisaient la surface lisse du lac. Les traces de pas des rennes, des lièvres ou même des oiseaux étaient figées dans la glace.

– J'ai froid, se plaignit Mikael.

En soupirant, Svea enleva son manteau et lui posa sur les épaules. Le plus petit sourit, et le plus grand ne tarda pas à suivre. C'était niais, mais c'était ainsi qu'ils fonctionnaient. L'un pourrait mourir pour l'autre, pourtant c'était la guerre quand il fallait décider de qui aurait la dernière part de tarte au chocolat.

Et puis soudainement, la lumière. Ils ne comprirent pas tout de suite, observant simplement le lac qui devenait peu à peu vert et semblait onduler. Puis le petit leva les yeux et eut un sursaut de stupeur, pointant le ciel ; l'autre l'imita et ne put pas mieux cacher son émerveillement.

Dans le ciel, de magnifiques aurores boréales, transformant le ciel nocturne en un tableau vivant de couleurs vibrantes et en mouvement. Leurs lueurs éthérées dansaient gracieusement à travers l'obscurité, illuminant le firmament d'une palette de teintes célestes. Des traînées vert émeraude serpentaient à travers les étoiles, évoquant des rideaux magiques flottant dans le vent cosmique. À côté, des nuances de pourpre profond se fondaient harmonieusement avec des touches de rose pâle et d'indigo, créant un dégradé subtil et envoûtant qui semblait presque irréel.

Les aurores boréales semblaient se mouvoir avec une grâce céleste, tourbillonnant et ondulant au gré des courants atmosphériques. Par moments, elles s'intensifiaient en une explosion de lumière, remplissant le ciel de leur éclat éblouissant, pour ensuite se fondre doucement dans l'obscurité, comme une symphonie céleste en perpétuelle métamorphose.

C'était un spectacle splendide qu'aucun des deux frères n'avaient encore eu l'occasion de voir, et à présent qu'ils y étaient, ils ne pouvaient plus regarder autre chose que les lumières qui dansaient devant leurs yeux.

Lui non plus ne pouvait détacher son regard des aurores boréales qu'il avait repeintes si précisément, aussi fidèlement qu'il les avait vues cette nuit-là. Il se rappelait encore, dans ses vingt-six ans, debout en équilibre sur un escabeau, la palette dans une main et le pinceau dans l'autre, tirant la langue, au summum de sa concentration. Chaque détail avait été pensé, chaque trait avait été méticuleusement réfléchi, rien n'avait été peint au hasard.

– C'est beau, chuchota Mikael, ébahi, les pupilles scintillant de mille feux.

– Toujours envie de rentrer ? demanda alors Svea en souriant mesquinement.

Le plus jeune secoua la tête. Aussitôt fait, il s'allongea dans la neige, bras et jambes écartées. Svea ne mit qu'une seconde à l'imiter, et les deux garçons restèrent là, allongés, si longtemps qu'ils ne sentaient plus leurs doigts frigorifiés, si longtemps que leurs nez devenaient bleus à se geler dans le froid.

Tout autour d'eux, la forêt reprenait vie. Les arbres, principalement des conifères typiques de la région nordique, se dressaient majestueusement avec leurs branches chargées de neige, créant une atmosphère à la fois mystique et tranquille. Les pins, les sapins et les épicéas s'entremêlaient harmonieusement, formant un rideau dense et sombre autour du lac gelé.

Enfin, tout au bout, leur village. Les rues étroites et sinueuses étaient bordées de lampadaires aux lumières douces. Des fumées s'échappaient des cheminées des maisons, formant des volutes délicates qui se mêlaient aux aurores boréales dansantes dans le ciel. Au centre du village se dressait une petite église en bois, son clocher pointant fièrement vers le ciel étoilé.

Les cloches résonnèrent doucement dans l'air glacial, réveillant les deux garçons qui se regardèrent.

– Est-ce qu'on doit rentrer maintenant ?

– Ce serait mieux, oui, répondit Svea, un sourire triste aux lèvres.

Mikael se retourna vers le ciel.

– C'est triste de ne pas pouvoir immortaliser le moment.

Le plus grand resta silencieux quelques instants.

– En fait, on peut.

Il se releva sous l'œil curieux de son frère, puis accepta la main qui lui était tendue.

– Je vais peindre un tableau. Une géante toile, avec ce paysage, juste là. Le lac, les bois, les montagnes et le village, et en haut, dans le ciel, les magnifiques aurores boréales.

Le regard admiratif de son frère lui réchauffa le cœur.

– Tu crois que tu vas y arriver ? C'est dur de reproduire quelque chose comme ça, non ?

Il hocha la tête.

– C'est pour ça que je vais continuer à m'entraîner. Et quand je serai suffisamment bon, je pourrai peindre ce moment. Alors, tais-toi un instant et regarde encore. Il faut que j'enregistre tout dans ma mémoire.

Ils ne parlèrent plus et attendirent, observant les environs une dernière fois. Puis une brise plus glaciale que les autres leur intima de rentrer à la maison. Alors ils longèrent le lac, jetant des coups d'œil discret dans le ciel, et rentrèrent chez eux.

Mais ça avait parfaitement fonctionné. Parce que quelques années plus tard, cette œuvre était venue au monde exactement comme il s'en était rappelé, exactement comme il s'en rappelait encore.

Est-ce que son frère s'en rappelait ? C'était un mystère. il venait souvent le voir quand il peignait ce tableau, s'amusait de la ressemblance, pouvait l'observer peindre des heures, au grand damne de Svea qui ne cessait de lui répéter d'aller voir ailleurs et de faire quelque chose au lieu de perdre son temps à le regarder.

Mais maintenant ? Que restait-il de ce souvenir ?

Probablement plus rien.

– Monsieur Nordgaard ?

Il sursauta. La voix était lointaine, des pas approchaient, ricochant sur les murs. Il se sentait pris en flagrant délit, alors qu'il n'avait fait que regarder un tableau, son tableau. D'un geste rapide, de la main, il attrapa le drap qui recouvrait la toile, mais hésita, la main en l'air. Devait-il vraiment la recouvrir ? Est-ce que sa toile allait vraiment finir ses jours sous un chiffon humide et imbibé de poussière ?

Il laissa tomber le drap par terre et ressortit de la pièce. Sa manager, une gentille jeune femme qui avait toujours trop d'affaires dans son sac, lui sourit avec bienveillance.

– Il n'est pas là, je vais chercher ailleurs, dit-il.

Elle acquiesça et le regarda s'éloigner. Une fois hors de vue, sa curiosité l'emporta et elle se dirigea vers la pièce de laquelle il était sorti. Y passa la tête à travers l'ouverture de la porte.

– Quel bazar...

Puis elle la vit. Cette toile magnifique, grande et imposante, réaliste et magique à la fois. Ouvrant grand la bouche, elle s'approcha encore. Les détails, les couleurs, tout était splendide. Pourquoi Monsieur Nordgaard n'exposait-il pas cette toile au musée, plutôt que celle qu'ils cherchaient ensemble depuis près d'une heure ? Elle avait suivi cet artiste depuis un bon moment, maintenant, et c'était très certainement le plus beau tableau qu'il n'ait jamais réalisé. Pourquoi diable se retrouvait-il à finir ses jours dans un entrepôt abandonné, humide et sale ?

Ses pupilles s'emplirent de détermination, et elle sortit de la salle aussi vive que les vents frais des montagnes.

– Monsieur Nordgaard ? J'ai une requête, pourquoi ne pas changer de tableau pour l'exposition ?


Fin


Les images que j'avais pu créer avec je ne sais plus quelle IA :

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