Titres (exercice cours d'écriture S2)

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Pour ce cours, on devait créer des titres, et les dire à haute voix devant tout le monde pour en choisir deux chacun parmi ceux qui avaient été dits. Je mets les deux ici, ils sont très courts.



Lettre(s) à un défunt


Mardi 28 décembre 1915

18h04

Père,

Voilà aujourd'hui cinq mois que tu nous a quittés. Mère ne dort pas bien la nuit, il lui arrive de descendre très tôt le matin pour faire de la couture. Tu as tout intérêt à revenir à la maison, car une mallette entière de nouveaux foulards t'attend sagement dans l'entrée.

Lucien est triste de ton départ, aussi joue-t-il beaucoup avec moi pour se changer les idées. Mère nous a acheté de nouvelles figurines en bois, mais Lucien choisit toujours le chevalier, alors je me dispute souvent avec lui. Mère m'a dit qu'il agissait ainsi parce qu'il est petit, moi je pense surtout que c'est parce qu'il est casse-pied. Mais je me garde bien de le lui dire, ou bien je me ferai gronder.

Nous avons fêté le nouvel an avec les voisins Bousquet. Je n'aime pas beaucoup Jeanne, elle est aussi méchante que le petit chien de Grand-mère Louise. Lorsqu'elle a voulu jouer avec nous, elle s'est mise à nous donner des ordres et criait lorsque nous ne voulions pas les exécuter. Elle a aussi fait un croche-pied à Lucien, alors je lui ai mis mon poing dans sa figure, et puis Mère et Madame Bousquet sont intervenues et j'ai été privée de dessert.

Père, lorsque tu reviendras à la maison et que la guerre sera terminée, pourras-tu dire à Monsieur Bousquet que c'est Jeanne qui avait commencé ?


Fin



Une fois, pas deux


<< Dans la vie, il y a ceux qui mangent et ceux qui se font manger. Souviens toi, ma belle, si un jour on te mange, assure toi que ce soit la première, mais aussi la dernière fois. Le dicton de ceux qui mangent, c'est "une fois, pas deux." >>

Ma cousine était une de celles qui mangeaient les autres. Elle avait un fort caractère, disait haut et fort ce qu'elle pensait et n'avait jamais hésité à en venir aux mains si la situation l'imposait. Mes parents ne l'aimaient pas trop, la casant dans la catégorie des mauvaises relations. Moi, je l'aimais bien, d'abord parce que mes parents ne l'aimaient pas et que, par esprit de contradiction, je me devais de l'aimer bien ; ensuite, et surtout, parce qu'elle m'avait appris à manger des autres avant de me faire manger.

Il n'avait suffi que d'un cœur brisé, que d'une soirée à user quatre boîtes de mouchoirs, emmitouflée dans ma couverture pilou pilou, à lui raconter comment mon copain m'avait lâchement trompée avec une de mes amies, pour que mon statut de "celle qui se fait manger" ne change drastiquement en "celle qui mangera les autres". Elle s'était levée, m'avait apporté un verre d'eau car, je cite, "quand on mange les autres, il faut beaucoup boire pour faire passer le goût", et durant les semaines et les mois qui ont suivi, elle m'a appris l'art de croquer non seulement la vie, mais aussi le cœur bien saignant des pauvres petit innocents.


Fin

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