La Chose (texte concours)

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Ceci est le premier texte de concours que j'ai écrit, il y a un bon moment, en 2018 je crois ? Je l'ai relu il y a quelques mois par curiosité, et j'ai été frappé par les répétitions et les incohérences que j'avais pu faire, mais je n'ai pas eu la foi de les corriger x) De toute façon, je pense préférer mettre mes textes de concours tel quels, que vous puissiez lire comme si vous étiez le jury xD

Il est un peu long, un peu glauque aussi. Il n'y avait pas de thème particulier pour le concours, donc allez savoir où j'ai trouvé mon inspiration.



La mort ne m'a jamais effrayé.

D'aussi loin que me vient l'idée de mourir, je n'y ai toujours vu qu'un simple passage du corps fonctionnel à l'arrêt du système. Rien là dedans de bien triste ou sujet à la frayeur ; un simple repos éternel et paisible après des années de souffrances silencieuses.

Contrairement à la grande majorité des humains dotés d'un-tant-soit-peu d'intelligence, la pleine certitude de ma mort, un jour lambda et aléatoire dans le grand livre de l'Histoire de la vie, me rassure, d'une certaine manière. Savoir qu'un jour, quelque part, mon existence prendra fin, et que la Grande Faucheuse emportera tous mes soucis très loin de mon être et de mon âme, ne peut que me soulager. Qui a besoin de se ronger les sangs pour une chose aussi inévitable et imprévisible ?

Depuis ma naissance, j'ai toujours eu une éducation admirable. J'avais un père constamment en déplacement aux quatre coins du monde, et une mère au foyer qui n'avait d'yeux que pour sa pauvre et ridicule bibliothèque qui, à tout casser, ne contenait même pas cent romans. Néanmoins, ma nourrisse, une femme incroyable qui aurait très bien pu être ma mère si le lien du sang importait peu, m'a élevé et vu grandir comme si son existence entière se réduisait à ma petite personne. Elle m'a materné, m'a appris à lire, à écrire et à compter ; elle m'a préparé à manger, a changé mes couches et m'a couché chaque soir, me chantant des comptines et me berçant contre sa poitrine ; elle m'a enseigné les valeurs morales, les bonnes manière ; ce que je suis devenu est le fruit de son travail, non celui de ma génitrice, qui n'a fait que me mettre au monde ; et à l'instant même où le cordon ombilical était coupé, c'était encore ma nourrice, toute tremblante, qui avait pris dans ses bras la petite chose toute frêle et fragile que j'étais.



C'était une journée brumeuse, le téléphone avait sonné, et un vieux monsieur avait parlé, de sa voix monotone, de l'autre côté du combiné. Mon oreille innocente collée à l'appareil froid, il m'avait annoncé le décès de ma mère, à huit heures deux du matin, en allant faire des courses au marché du coin, à moins de trois bornes de chez nous. Je n'ai juste pas su quoi répondre, et il me semble d'ailleurs n'avoir pas articulé le moindre son. Ma mère biologique était morte ; bon. Qu'est-ce que cela pouvait bien me faire ? Elle n'a jamais porté un semblant d'intérêt envers moi, et n'était même pas fichue de trouver un travail et d'encaisser un salaire. Ma mère n'était qu'une femme parmi tant d'autres.

Lorsque j'avais annoncé la nouvelle à ma nourrice lors du repas du soir, elle avait fondu en larmes. Je ne l'avais pas comprise ; jamais ma mère ne se souciait d'elle, et ne portait d'attention à ce qu'elle faisait ; chaque jour, elle avait simplement une liste de tâches ingrates à faire, en plus de devoir s'occuper de moi, et, plus tard, de mon petit frère de cinq ans mon cadet. Toute sa vie ne se résumait qu'à l'obéissance, et lorsqu'à l'école nous avions étudié l'esclavage, j'avais levé la main et affirmé à mon professeur qu'une nourrisse était une esclave, ce qui m'avait valu deux cents lignes à copier pour le lendemain.

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