Entre deux océans - Tome 2

נכתב על ידי evaaans23

288 46 4

Ravensbrück, Auschwitz, Mauthausen, des noms qui inspirent la terreur. Des noms de la mort. Alors que Blaine... עוד

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 32

Chapitre 31

12 2 2
נכתב על ידי evaaans23

Février 1943

C'était il y a trois mois. Ou alors c'était hier. Mourir serait le trahir.

J'aurais voulu mourir, mais la mort n'a pas voulu de moi. J'ai essayé d'endormir la souffrance, mais j'ai fini par me réveiller. Maintenant je ne dors plus. J'ai mal à en crever mais je ne meurs pas alors cette souffrance est devenue mon moteur, la seule chose qui me maintienne encore en vie.

Et puis, mourir ce serait le trahir.

Un jeu. C'est comme ça qu'ils ont appelé ça. Ils m'ont appelée leur dessert. Leur petit dessert du vendredi soir.

C'est Eva qui est venue me chercher pour m'amener à une soirée qui avait vu ses victuailles et ses bouteilles d'alcools être bien entamés. Eva semblait euphorique. Je crois qu'elle avait pris des substances. De la méthanphétamine sûrement. Pour l'occasion, j'ai eu le droit à un morceau de savon entier et l'ordre de « ne plus puer comme une française ». Je n'arrive pas à m'expliquer cette haine envers les françaises, mais depuis le temps que je voulais me laver correctement et pas avec de l'eau froide et un carré de savon plus petit que mon pouce, j'en ai profité. J'ai lavé mes cheveux dans la petite bassine d'eau que le soleil de la journée avait rendu tiède, puis j'ai mis une robe rayée propre qu'on m'avait fait apporter. J'avais bien conscience qu'il ne s'agissait pas là d'un traitement de faveur, qu'il s'agissait là d'un cadeau qui me mènerait vers une mauvaise surprise, mais qu'aurais-je pu faire d'autres ?

Eva m'a emmenée dans une grande salle qui devait servir pour les réunions. Il y avait un portrait d'Hitler et un autre d'Himmler qui se faisait face. Un drapeau arborant la croix nazi trônait au-dessus de la cheminée. Ça sentait bon la friture et il y avait plusieurs mignardises sur la table qui n'avaient pas été touchées. Si j'avais été appelée par Johann, nous nous les serions partagées tous les deux en jouant aux échecs. Mais je n'étais pas là pour manger. C'était moi le repas.

Il y avait neuf SS dans leur uniforme. J'ai reconnu certains grades grâce à leurs écussons. Il y avait un Obersturmbannführer, deux Standartenführer et un Obergruppenführer. Je n'ai pas su identifier les autres, mais Gebhardt ne cessait de leur lécher les bottes, ça ne pouvait donc être que des hauts gradés proche d'Hitler.

Eva a été priée de quitter la pièce, je suppose qu'elle avait suffisamment servi à ses messieurs. Ils n'ont sûrement pas dû la forcer elle. Elle a été retrouvée morte le lendemain du "jeu", probablement d'une overdose même si personne n'a vraiment cherché à savoir. Elle était très peu appréciée après tout et la personne qui l'a emmenée au charnier à pris très peu cas de son corps froid et figé. 

On m'a demandé de m'avancer au centre de la pièce qui avait été dégagée. J'ai avancé à pas lent pendant que l'Obersturmbannführer déposait une chaise sur laquelle il m'a fait asseoir après avoir posé son nez dans mon cou.

Il y avait un jeune homme au fond de la pièce. Il portait un pyjama rayé et regardait fixement le sol. On aurait dit une statue, parfaitement immobile, une cruche de vin dans la main, il attendait sûrement les ordres. Il avait quelque chose de familier mais je ne savais pas dire quoi. Je l'ai observé comme j'ai pu, mais je ne pouvais voir que sa tête rasée et ses mains qu'il tentait de contrôler alors qu'elle tremblait. On pouvait voir qu'il avait subi plusieurs sévices, des coups violents à la tête lui avaient été administrés vue la grande cicatrice qui partait de son front, passait derrière son oreille gauche et semblait continuer derrière son crâne.

- C'était la favorite de Johann Müller. Le neveu d'Heinrich, a cru bon de préciser Gebhardt. 

- Ce petit parvenu qui ne doit son statut qu'à son oncle ? a dit l'un des hommes en crachant par terre.

- Celui-là même.

- Bah, au moins il n'a pas jeté son dévolu sur une sale juive, a répondu celui qui m'avait fait asseoir sur la chaise. 

-Tu parles allemand m'a jolie ? m'a demandé un autre en caressant ma joue.

J'ai frissonné de dégout. J'ai essayé de garder mon regard sur le garçon tapis au bout de la pièce. Je voulais qu'il lève les yeux vers moi, qu'il me fasse croire que tout allait bien se passer, ou mieux encore, qu'il court vers l'Obersturmbannführer et qu'il lui fracasse le crane avec sa cruche. Mais même après ça il resterait les huit autres et l'un d'entre eux dégaineraient plus vite que son ombre pour le tuer. Au final, j'ai été reconnaissante qu'il n'ait pas le courage de défier qui que ce soit dans cette pièce. Etre en vie, c'était toujours un espoir supplémentaire d'un jour sortir d'ici. Oui, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. 

- Elle le parle plutôt bien, a répondu Gebhardt à ma place.

- Bien ! s'est exclamé son interlocuteur en frappant dans ses mains. Le jeu n'en sera que plus amusant. J'ai hâte de profiter de mon petit dessert du vendredi soir.

Il m'a embrassé sur la tempe avant de s'installer avec ses amis en demi-lune autour de moi.

J'avais une boule dans la gorge qui me serrait si fort que j'étais certaine que j'allais m'étouffer. J'aurais préféré. J'ai timidement relevé la tête pour regarder chacun d'entre eux. Ils me regardaient tous comme un prédateur prêt à dévorer sa proie.

- Quel dommage qu'Heinrich ne soit pas resté, a dit celui qui semblait être le plus jeune du groupe.

- Bah, il est avec nous d'une certaine façon, a répondu un grand sec en jetant un regard au portrait d'Himmler.

- Et puis il nous a laissé sa boniche, a plaisanté un autre en pointant du pouce le jeune homme au fond de la pièce. Boniche ! Apporte-nous plus de vin.

- Pourquoi est-ce qu'il se promène avec cette loque ? a demandé un autre en riant à gorge déployée.

- D'après Heinrich c'est un puits de science en matière d'ésotérisme et tu sais à quel point il aime ça. Malheureusement son allemand est si mauvais qu'il ne sert finalement que de serviteur.

Tête baissée, le jeune homme est venu les servir un par un. Il avait beau me tourner le dos, je ne pouvais pas m'enlever de la tête que je l'avais déjà rencontré. Il s'agissait peut-être d'un soldat français que j'avais soigné ou d'un marchand chez qui j'allais acheter des provisions.

- Non, ne t'en vas pas, a dit Gebhardt. Profites du spectacle. C'est une fille de chez toi.

- Ah ! Une anglaise ! Très bon choix, a déclaré l'Obergruppenführer.

On l'a fait asseoir sur une chaise. J'ai cru mourir quand il a enfin levé la tête vers moi. J'ai vu à son expression que lui aussi m'avait reconnue. Ces yeux. Ce grain de beauté au-dessus du sourcil droit identique au miens et ce nez exubérant quand il n'est pas contrebalancé par une coupe de cheveux idéale.

Mon frère préféré. Mon Iain, celui qui avait été mon confident, mon meilleur ami, le superstitieux de la famille mais aussi le plus brave et le plus aventureux. Il était là juste devant moi. Il n'avait plus que l'a peau sur les os, une autre cicatrice barrait sa joue gauche et deux de ses doigts semblaient ne plus avoir aucune utilité, mais c'était bien lui. Quand il m'a reconnu, j'ai vu une lueur familière s'allumer dans ses yeux avant de s'éteindre aussi vite.

J'ai ouvert la bouche mais l'ai aussitôt refermé. Il ne fallait surtout pas qu'ils sachent ce que Iain était pour moi. « Pourvu qu'il ne fasse rien de stupide », ai-je pensé. Je me doutais de ce qui allait suivre. Lui aussi. Il avait déjà assisté à ça avant. Il a fermé les yeux d'une façon qui semblait vouloir dire à quel point il était désolé pour ce qui allait arriver.

A une autre époque, mon volcanique de frère se serait battu pour moi. Mais pas là. Il n'en avait pas la force et j'en étais soulagée. 

- On va t'expliquer le jeu, a repris l'Obergruppenfürher. Les règles sont faciles. On va te bander les yeux et tu dois deviner qui est qui.

Il a nommé ses huit amis en me les montrant du doigt chacun à leur tour. Des prénoms que je n'oublierai jamais. Hans, Gustav, Ulrich, Dieter, Xaver, Frank, Konrad, Benedikt.

Et moi, c'est Sebastian, a-t-il terminé en se frappant le biceps avec le plat de sa main.

Il y avait aussi mon frère Iain. Gebhardt lui avait préféré prendre congé et s'était éclipsé sous l'indifférence générale.

Celui qui s'appelle Sebastian a sorti un ruban rouge de sa poche et l'a noué autour de mes yeux. Je ne pouvais plus rien voir. J'avais mal au ventre et je me sentais prête à exploser en sanglot à tout moment, mais je savais qu'il ne fallait surtout pas que ça arrive. Peu importait ce qui allait se passer, si je pleurais ils y prendraient encore plus de plaisir.

Un autre est venu attacher mes poignets aux pieds arrières de la chaise. Il a serré assez fort pour que je ne puisse pas extraire mes mains. L'entrave était là pour une bonne raison. Pour ne pas que je résiste ou en tout cas le moins possible. 

Une bile amère est montée jusque dans ma bouche, mais je l'ai ravalée et j'ai serré les dents. Si j'étais malade, il me ferait manger mon vomi. Il fallait que je tienne bon. Que je ne pleure pas et que je ne leur montre pas ma peur. Ils étaient comme des chiens. Pire que des chiens. Si je craquais devant eux d'une manière ou d'une autre, ils m'attaqueraient. Ils me tueraient. 

Un premier s'est avancé vers moi. Je pouvais le sentir se tenir au-dessus de moi. Ma respiration s'est accélérée et instinctivement, j'ai resserré mes jambes l'une contre l'autre.

- Nein, nein, nein, a-t-il dit en se mettant à genou.

Je pouvais entendre les autres glousser et se lancer des plaisanteries que je n'ai pas comprises, mais je n'ai pas bronché. Pas même lorsqu'il a posé sa main sur ma cheville et qu'il l'a remontée jusqu'à ma cuisse. Il a posé son autre main sur mon autre cuisse pour que j'écarte mes jambes et il a passé sa main sous ma culotte.

- Alors, qui je suis ?

Le souffle court, j'ai essayé de resté impassible, de ne pas pleurer, de ne pas trembler non plus. Mais ça a été plus fort que moi, j'ai essayé de refermer mes jambes pour l'empêcher d'aller plus loin. 

- Tu ne respectes pas les règles, a-t-il dit après m'avoir giflé avec la main qui était restée posée sur ma cuisse.

Il m'a encore une fois demandé qui il était. J'avais reconnu sa voix. C'était le plus jeune de la bande, Ulrich. Je me suis dit que jouer le jeu le ferait peut-être se terminer plus vite, alors j'ai répondu. J'ai répondu pour chacun d'entre eux. Une mauvaise réponse les faisait hurler de rire, me valait parfois une gifle, une bonne réponse les faisait applaudir. Pour me récompenser, certains m'embrassaient. 

Comme je me répugne de ne pas avoir résisté. Comment ai-je pu être assez faible pour jouer leur jeu ? Ils m'auraient sûrement mis une balle dans la tête si je ne l'avais pas fait, mais mieux valait mourir qu'être le jouet de ces êtres abjectes. Comment ai-je pu les laisser poser leur main sur moi et faire de moi ce qu'il voulait ?

A la fin, quand le jeu a cessé de les amuser parce que je pouvais dire presque tout de suite qui me touchait sans lui laisser le temps d'en profiter, Sebastian est venu me retirer le bandeau.

- Tu es vraiment très amusante ! J'ai bien envie de te gouter autrement.

Il a commencé à me détacher les mains, mais l'un de ses amis l'a arrêté.

- Attend ! Que lui aussi en profite, a-t-il dit en regardant dans la direction de mon frère. Il n'y a pas de raison qu'on soit les seuls. Vas-y la boniche, prends-toi un peu de bon temps.

Ils ont tous éclaté de rire. Tous sauf Iain qui me regardait les yeux remplis de larmes. Cette proposition de profiter d'une femme vulnérable n'avait rien d'aimable, il se moquait de lui, de la pitié qu'il avait eu pour moi. Les longues trainées rouges sur ses joues m'ont de suite indiquées qu'il avait commencé à pleurer dès l'instant où le "jeu" avait commencé. 

S'il avait su qui était vraiment Iain, leur perversité les aurait incité à aller encore plus loin dans l'horreur. Ma respiration saccadée s'est calquée sur celle de mon frère. Il a bougé la tête de façon imperceptible mais je l'ai vu. Il refusait de le faire, il ne voulait pas se lever. Moi, je voulais lui hurler de le faire. De se lever et de le faire. J'aurais voulu lui dire que ce n'était rien, rien du tout. Que ce n'était pas grave et que jamais je ne lui en voudrais. Jamais je ne pourrais lui en vouloir. 

- Pitié Iain, tu dois rester en vie. Pitié, fait-le, ai-je pensé très fort. 

Comme s'il m'avait entendu, il s'est péniblement levé. Il tremblait si fort que c'est à peine si ses pieds l'ont portés jusqu'à moi. Il a regardé Sebastian qui se tenait derrière moi en faisant non de la tête. Le costaud répondant au prénom de Xaver l'a forcé à s'agenouiller devant moi d'un coup de poing en plein dans le nez.

Même s'il ne comprenait pas bien les ordres qui lui étaient donnés en allemand, Iain savait parfaitement ce qu'on attendait de lui à cet instant précis. Il les avait vu faire. Mais lui se refusait à le faire.

Bien décidé à le faire obéir, Sebastian à sortit son arme. Je ne l'ai pas vu, mais je le sais parce que j'ai senti le canon froid posé sur ma tempe.

Je crois qu'il a parlé, je ne sais plus. Je tremblais aussi fort que Iain et je suffoquais. Pitié Iain, ai-je essayé de lui dire en le regardant. 

Il a finalement posé sa main sur ma cheville. Doucement, il la remontée jusqu'à mon genou. Quand enfin il a osé lever la tête vers moi, je n'y ai vu que du sang et des larmes. Ses yeux hurlaient à quel point il était désolé.

Sebastian et un autre ont hurlé des paroles que je n'ai pas comprises. J'étais trop occupée à regarder mon frère et à le supplier du regard de continuer.

- Ce n'est rien. Rien du tout, ai-je essayé d'articuler silencieusement.

De la morve coulait sur mes lèvres et dans mon cou. Mon corps tout entier était parcouru de spasme incontrôlable.

- Nein.

Nein. Le seul et unique mot que je l'ai entendu prononcer ce soir-là. Il ne l'avait pas dit à moi mais à Sebastian.

- FAIT-LE, a hurler ce dernier.

- Nein, a répéter Iain. 

Sebastian s'est alors déplacé pour prendre de forme la main de Iain et la faire remonter entre mes cuisses mes avec ses dernières forces, mon frère à résisté. Tout en hurlant, il a placer son arme à l'arrière du crâne de Iain. Lui et les autres lui hurlaient de le faire et à un moment, moi aussi je lui ai soufflé "fais-le". Mais il a refusé. 

Sebastian lui a demandé une dernière fois de jouer à son "jeu" en pressant un peu plus le canon de son arme sur sa tête nue. J'ai prié très fort pour qu'il le fasse, pour qu'il ne se fasse pas tuer.

- Pitié, Iain, fait-le, ai-je soufflé en même temps que Sebastian lui commençait une nouvelle fois d'obéir.

- Nein. 

Et il a tiré. 

המשך קריאה

You'll Also Like

228 85 20
Je cède aux tendances, parfois, oui. Mais on parle de Pinterest, aussi ! Je me dois de la faire ! Donc voilà, petit concept très prisé en ce moment...
Aimez-moi נכתב על ידי Mahsadana

היסטורי בדיוני

278K 32.6K 72
« La plus grande douleur c'est d'aimer une personne qui ne vous aime pas » La richissime fille du ministre Megpur est amoureuse du prince Ferhat...
36.3K 1.3K 27
Sakura Haruno quitte Suna pour emménager à Konoha. La bas, pour son plus grand bonheur, elle retrouve des personnes chers à son cœur. Des liens vont...
235 56 15
Dans le quartier, vit une ravissante jeune fille convoitée par Kevin le fils d'un multimillionnaire. malheureusement pour lui, elle est la fille d'u...