Entre deux océans - Tome 2

By evaaans23

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Ravensbrück, Auschwitz, Mauthausen, des noms qui inspirent la terreur. Des noms de la mort. Alors que Blaine... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
To be continued

Chapitre 24

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By evaaans23

- Blaine -

Bip. Bip. Bip.

Ça ressemblait à un oiseau qui frappe contre un arbre.

Bip. Bip. Bip.

Ou contre une vitre.

Bip. Bip. Bip.

Non. C'était autre chose mais je ne parvenais pas à dire quoi.

Bip.Bip.Bip.

Le bruit se confondait avec le reste de mon environnement et par moment je ne pouvais plus le distinguer, il était étouffer par tous ceux qui gravitaient autour de moi. Il arrivait qu'il soit tellement noyé par l'existence d'autres personnes que je ne pouvais plus l'entendre.

Bip. Bip. Bip.

Puis, à certains moments, je le réentendais. Parfois plus distinctement, parfois à peine.

Je ne savais pas très bien où j'étais. En regardant à mes pieds, j'ai vu une grande étendue d'herbe recouverte par un parterre de fleurs. Des fleurs violettes. Des bleus aussi. Des jaunes et des rouges un peu plus loin. Toutes ressemblaient à celle que ma grand-mère aimait planter chaque année dans son Cottage Garden. Si elle avait été là, elle aurait pu les nommer. Cela m'était impossible, je ne m'étais jamais intéressé au jardinage et encore moins aux fleurs. J'avais déjà du mal à me rappeler d'arroser les bonsaïs de ma mère quand elle s'absentait. 

Ma mère... Voilà longtemps que je n'avais pas souri en pensant à elle. Mais mon sourire a disparut aussi vite qu'il était apparu au souvenir de ces petits arbres en pot qu'elle affectionnait tant quand je l'ai vu sortir de derrière les arbres qui bordaient cette grande prairie.

Je suis resté sur mes gardes tandis qu'elle s'avançait vers moi. Elle n'avait pas l'air hostile. En fait, je crois bien que pour la première fois de ma vie je l'ai vu sourire d'un vrai sourire, pas de ceux emprunt d'hypocrisie qu'elle arborait continuellement en public. 

- Maman ? ai-je dit avec hésitation.

Elle n'a pas répondu. Elle est passée à côté de moi comme si je n'existais pas. Comme elle l'avait si souvent fait d'aussi loin que je me souvienne. 

- Tu as toujours été une telle déception, Blaine, a-t-elle dit dans un soupire.

Elle se tenait trois pas derrière moi, son dos vers moi. J'avais envie de lui hurler à quel point elle avait été une mauvaise mère et qu'elle n'avait pas le droit de me trouver décevant quand elle n'avait jamais été capable d'embrasser le rôle qui aurait dû être le sien quand elle a eu des enfants mais j'avais beau ouvrir la bouche, aucun son n'en sortait.

- J'espérais que tu sois extraordinaire, mais tu t'es toujours contenté d'être ordinaire, a-t-elle poursuivi.

La douleur de ces mots ont tiraillé ma poitrine. L'espace d'un instant, j'ai même eu l'impression que mon coeur s'était arrêté de battre. J'ai mis un genou par terre, toujours incapable d'articuler la moindre parole.

- Je n'ai jamais voulu d'enfant. Ni de ton père, a continué ma mère sans se retourner. Mais il avait un rang supérieur au mien et de l'argent. Plus que ma famille n'en a jamais eu. J'ai pensé, naïvement, que je pourrais tomber amoureuse de lui. Mais ton père s'est avéré être aussi décevant que toi. A peine suis-je tombée enceinte qu'il est parti courir les filles. Des filles plus désirables, plus jeunes, plus belles. 

J'ai dégluti péniblement. J'étais certain que ce n'était pas la première fois qu'elle me disait ça mais je n'arrivais pas à me souvenir de cette conversation.

- Il ne voulait pas d'un fils tu sais. Alors imagine sa déception quand tu es né. J'ai été déçue aussi. Je ne voulais pas d'enfant du tout mais une fille aurait fait tellement plaisir à ton père. Heureusement, quelques années plus tard il y a eu Maisie, mais c'était déjà trop tard, il n'y avait plus rien à sauver entre ton père et moi. 

J'ai senti des larmes rouler le long de mes joues. J'ai voulu les essuyer mais mes bras refusaient eux aussi de m'obéir. 

- Si je n'avais pas eu aussi peur de me retrouver à la rue et sans argent après que mon père ait perdu une grande partie de notre fortune dans de mauvais investissements, je n'aurais eu aucun de vous deux. Mais je dois dire que ta soeur a été un réconfort pour moi.

Une nouvelle douleur, plus sourde, toujours dans la poitrine, m'a coupé le souffle. Le ciel au-dessus de moi avait des reflets dorées qui semblait se tendre vers moi pour venir m'emporter. 

- Quand tu es né, j'étais inconsciente. J'avais perdu trop de sang et ton père... ton père était avec sa maitresse. Alors, il t'ont mis dans les bras de ta grand-mère. C'est elle qui a choisi ton prénom. Sans rien demander à personne bien sûr. Elle a cru avoir tous les droits sur toi avant même que tu ne sois dans mon ventre à m'arracher les entrailles. 

Malgré la sensation d'étouffement qui m'envahissait, j'entendais tout ce qu'elle disait. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi elle me confiait tout ça. Quand elle s'est enfin tourné vers moi, elle n'affichait aucune émotion. Juste une totale indifférence. 

- Je crois que si je te déteste autant c'est parce que tu n'es rien d'autre qu'une pâle copie de moi-même a-t-elle dit d'une voix neutre.

- Je suis bien plus qu'une pâle copie de ce que tu as pu être à mon âge.

J'étais enfin sorti de ma léthargie. J'ai pris de grandes bouffées d'air, je respirais à nouveau. 

- Tu n'as jamais été qu'une arriviste, ai-je continué. Tout ce qui t'a toujours intéressé c'est ton statut social, l'argent, le regard des autres. Et c'est parce que tu ne supportais plus que tout le monde sache ce que tu es vraiment que tu as fini par épouser Colin. Si tu épousais un homme avec un statut social bien inférieur au tien, alors tu devenais une femme au grand coeur. Mais dans ton monde, vous êtes tous pareils, c'est juste que tu le cachais moins bien. 

Elle ne m'a pas répondu. Bizarrement, c'est contour avait l'air d'être flou. J'avais la tête qui tournait et j'allais sûrement m'évanouir. J'ai quand même achevé de lui dire ce que j'avais sur le coeur.

- Je ne te déçois pas parce que je suis une pâle copie de toi-même, je te déçois parce que je ne rentrerai jamais dans le rang. Parce que je suis capable de prendre mes propres décisions et de m'y tenir. En fait, je ne crois pas que ce que tu éprouves pour moi soit de la déception. Je crois que tu es juste envieuse de voir que je suis capable d'évoluer à la fois dans le monde de l'aristocratie et en même temps dans le monde normal. Que je suis capable de tout remettre en question, de sortir de ma zone de confort. Tu aurais voulu pouvoir faire comme moi en arrêtant de paraître pour être. Tu as essayé de le faire avec le père de Catherine mais lui rappeler continuellement que sans toi il ne pourrait même pas s'offrir des soins médicaux corrects, ce n'est pas être, c'est juste toi étant celle que tu as toujours été en affirmant ta supériorité aux autres.

Bip. Bip. Bip.

A nouveau ce bruit. A nouveau j'étouffe. Je me retourne pour essayer de voir d'où cet infernal son trouve sa source mais je n'y arrive pas. Quand je retrouve enfin mon souffle, ma mère n'est plus là, les fleurs non plus. 

Je sens la panique me gagné en même temps que je me souviens où est-ce que j'ai déjà entendu ma mère dire toute ces choses horribles. C'était lors d'une réception chez l'une de ses amies. Une marquise si mes souvenirs sont exacts. Elles parlaient de leurs enfants respectifs et j'ai surpris leur conversation sans le faire exprès. 

J'ai cligné plusieurs fois des yeux en espérant empêcher de nouvelles larmes de s'échapper à ce souvenir. 

Un souvenir. Oui, c'est ce que c'était. Est-ce que j'étais mort ?

J'ai regardé autour de moi et j'étais maintenant dans une vaste pièce aux murs surchargés d'étagères elles-mêmes surchargées de livres. Je ne me souvenais pas d'avoir jamais vu cet endroit. C'est alors que je l'ai vu elle.

Elle n'était pas comme je m'en rappelais. C'était une version plus jeune comme je l'avais vu, figée à jamais sur des photos où elle avait moins de trente ans.

- Grand-mère ?

Elle n'a pas eu l'air de m'entendre. Elle fixait un point derrière moi. Je me suis retourné et j'ai sursauté en voyant un homme de grande taille assis à son bureau. Debout, il devait être aussi grand que moi. Il n'avait pas besoin de parler pour que son charisme inonde toute la pièce. Même moi il m'intimidait un peu, pourtant je n'étais pas facilement impressionnable. Il avait les cheveux blonds et les yeux bleus. 

Il s'est levé, est passé à côté de moi sans me regarder et est venu se placer en face de ma grand-mère qui le regardait avec détermination. Elle n'avait pas peur de lui. 

- Catrina, je voulais m'excuser pour...

Elle ne l'a pas laissé finir sa phrase. A la place, elle s'est mise sur la pointe des pieds et l'a embrasser. Il lui a rendu son baisé.

Rien de tout ça n'était réel. Ça en avait pourtant l'air. Je pouvais sentir l'odeur de moisi qui venait d'une tâche d'humidité située derrière une étagère. Je pouvais aussi percevoir le bois de la chaise sur laquelle je venais de poser ma main. Et je la voyais planté là dans son pyjama rayé, un fichu pour cacher ses cheveux, ses magnifiques yeux verts qui souriaient à la place de ses lèvres. Sauf que ce n'est pas à moi qu'ils souriaient, c'était à Müller.

C'est alors que je me suis rappelé avoir déjà vécu ça. Pas vraiment bien sûr, mais elle parlait de cet instant dans son journal quand elle disait qu'elle l'avait à nouveau embrassé et que même si elle aurait du culpabiliser parce qu'elle était mariée et parce que c'était un allemand et qu'il avait tué des gens et qu'il n'était pas quelqu'un de bien, oui, malgré tout ça, elle s'en fichait. Elle avait aimé l'embrasser. 

C'était en août 1942. Un peu avant ce passage, elle avait confié avoir peur que Jon soit mort mais qu'elle n'était plus certaine de pouvoir l'aimer autant qu'elle ne l'avait fait avant la guerre. Pour essayer d'atténuer ses remords pour avoir embrassé Müller, elle disait qu'elle avait peur de mourir mais qu'elle était maintenant certaine qu'elle ne sortirait pas de Ravensbrück en vie. Après tout, son père lui avait dit que personne ne pourrait sortir vivant des camps de la mort. Alors, est-ce qu'avant sa fin elle ne pouvait pas profiter de la chaleur que lui procurait l'affection de Müller ? 

Plus tard dans son journal, elle ne disait plus qu'elle avait peur de mourir. Elle avait peur d'être tombée amoureuse de Müller. 

Bip. Bip. Bip.

Le bruit s'est fait plusieurs alors que la douleur dans ma poitrine avait l'air de s'atténuer. En contre-partie, j'avais l'impression que ma tête allait exploser. J'ai fermé les yeux, les mains pressés sur mes oreilles. 

Une fois la douleur disparue, j'ai réouvert doucement mes paupières pour voir que je n'étais plus dans un bureau allemand mais dans une salle épurée. Il y faisait terriblement froid. Tout était blanc et l'odeur me donnait envie de vomir. Un mélange de désinfectant, d'hôpital et de pus. En fait, ça sentait comme lorsque mon grand-père avait ses abcès aux jambes qui s'infectaient et s'ouvraient pour laisser s'écouler un liquide compact qui le faisait puer à l'autre bout du manoir. 

- Ce n'est pas de la première qualité, mais elles ne sont pas juives alors ça ira.

Je me suis retourné et j'ai vu un homme qui ne me disait rien. Il avait une tête carrée, des lunettes rondes et un écusson nazi sur sa veste qu'il a enlevé pour enfiler une blouse blanche. 

Mais là, elle rentre dans la pièce et j'ai compris qu'il s'agit de Gebhardt qui s'apprête à faire des expériences sur de jeunes polonaises. Il aurait pu choisir n'importe quelle autre infirmière, une fausse soignante même, mais non, c'est ma grand-mère qui va devoir l'assister dans son projet macabre. 

Après avoir lu certains passage des journaux de ma grand-mère, j'ai fait quelque recherche sur ces gens dont elle parlait. Je n'ai pas eu besoin de lire plus que la page Wikipedia de ce prétendu médecin pour être écoeuré. Je savais que ma grand-mère était là pour administrer des anesthésiants et pour prendre des notes de sa main tremblante. Elle va être obligée de le regarder mutiler ces femmes, leur retirer des os, déposer du verre brisé dans des jambes saines avant de les recoudre, déposer des tissus remplis du sang des tuberculeuses dans des blessures qu'il va lui-même leur infliger pour les contaminer à leur tour, le tout sans broncher. Son rôle c'est juste d'observer et d'écrire. Avant, pendant, après. 

La bile est remontée le long de ma gorge pour venir déposer un goût acide dans ma bouche. J'allais vomir. J'ai essayé de m'échapper de cet endroit mais je me suis retrouvé dans une pièce où sont entassées plusieurs femmes mutilées. La puanteur de la pièce m'a fait pleurer. Elles sont là, parqués sur des lits de fortunes à souffrir, à agoniser comme l'avait consigné ma grand-mère. Certaines hurlent de douleur et j'entends une personne que je ne vois pas dire qu'elle n'a plus rien pour calmer la douleur, son stock secret est épuisé. 

Une autre femme rentre dans la pièce suivie de la jeune Catrina qui l'a regarde avec un air mauvais. Je devine qu'il s'agit d'Eva. 

- On va avoir un nouveau lot. Celles qui vivent encore vont être transférée dans un Block, a dit Eva avec un sourire mesquin.

Ma grand-mère est sorti de la pièce et je l'ai suivi en essayant de l'appeler mais elle ne m'entendait pas. Je l'ai regardée se courber en deux pour vomir le peu que contenait son estomac. 

Bip. Bip. Bip.

J'ai de nouveau mal à la poitrine. Je suis tombé par terre et mon est devenu noir autour de moi. C'était comme-ci j'étais en train de tomber. Une chute vertigineuse qui n'en finissait pas. J'étais tel Alice qui tombe dans le terrier du lapin.

Des minutes, des heures, des jours mêmes ont dû s'écouler avant que je ne cesse de tomber. 

Bip. Bip. Bip.

J'ai mal aux côtes. Aux jambes aussi. Je crois que c'est à cause de mon interminable chute. J'ai froid aussi. Très froid. Je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux mais je le fais quand j'entends quelqu'un parler dans ce qui ressemble à du français. 

Je reconnais le Revier. Je suis allongé sur un lit. Je sens la panique me gagner. J'essaye de bouger mais je n'arrive même pas à remuer le petit orteil. J'essaye de crier en vain. Je ne veux pas rester ici, je ne veux pas être une expérience, je ne veux pas mourir. 

La porte s'ouvre. C'est elle. Catherine. Mais j'ai à peine le temps de la reconnaître que tout est à nouveau noir.

Bip. Bip. Bip.

J'ouvre à nouveau les yeux. Non ! Encore le Revier ! Catherine n'est plus là. Elle a laissé la place à Catrina. Penché au-dessus de moi, elle dépose un linge humide sur mon front. Je dois avoir de la fièvre. Pourtant je n'arrête pas de frissonner. Je suis sur une surface dure et j'ai toujours aussi mal aux côtes et aux jambes. La pièce dans laquelle je suis est toute petite et tout d'un coup je me sens claustrophobe. 

- Shh, calme-toi Joseph, ça va passer. Je vais faire tomber ta fièvre.

J'ai beau essayé de lui dire que je ne suis pas Joseph, que c'est moi, Blaine son petit fils, mais j'ai bien trop mal à la gorge pour parler.

- Tu te souviens hier, quand tu m'as demandé pourquoi je passais mon temps à écrire dans ce journal ? m'a-t-elle demandé en le sortant de sous sa jupe. C'est pour après. Quand nous sortirons d'ici. Pour que tout le monde sache et que personne n'oublie. 

Péniblement, j'ai sorti mon bras de sous la couverture crasseuse et j'ai tendu la main vers elle. Elle l'a prit et l'a serré très fort dans sa main rêches, brûlées, décharnées. 

J'avais envie de lui dire que j'avais trouvé ses journaux et que j'étais en train de les lire avec celle qui j'espérais allait rester à mes côtés pour toujours. Je voulais lui dire que j'étais en train de partager son histoire avec celle qui était en train de devenir mon histoire mais je ne parviens qu'à émettre des sons gutturaux. 

Joseph m'est alors venu en tête, du moins la représentation que je me faisais du petit garçon, et j'étais en train de l'imaginer se faufiler avec les journaux et les bijoux de ma grand-mère pour les cacher dans un lieu qu'il a toujours refusé de lui révéler. Un lieu où, selon lui, personne ne penserait jamais à aller les chercher. 

Bip. Bip. Bip.

Non ! Je ne veux pas partir. Je veux rester ici, près de ma grand-mère. Je veux qu'elle continue à me tenir la main. Qu'elle invente des histoires fantastiques avec des vampires comme quand j'étais petit. Qu'elle me rassure en me disant que tout ira bien.

Bip. Bip. Bip.

Le bruit est de plus en plus fort. Je dois lutter pour rester. J'essaye de serrer un peu plus fort la main de Catrina.

- Tu dois te réveiller Blaine, a-t-elle chuchotée en me regardant tendrement.

J'ai secoué la tête de façon imperceptible. Non, je voulais rester avec elle pour toujours.

- Tu dois vivre Blaine. Bas-toi pour vivre. Réveille-toi.

Ma respiration s'accélère en même temps que mon coeur. A nouveau, j'étouffe.

- Réveille-toi Blaine ! Réveille-toi Blaine ! crie ma grand-mère en serrant encore plus fort ma main.

J'ai le souffle coupé. Je vais mourir, je ne peux plus respirer. Grand-mère, aide-moi...

Bip. Bip. Bip.

- Doucement, on va retirer le respirateur, doucement.

J'ai senti un tube remonter le long de ma gorge, puis je me suis mis à tousser sans pouvoir m'arrêter.

J'ai vomi un mélange de bile et de liquide brunâtre. Ma gorge me brûlait, j'haletais en regardant autour de moi sans réussir à reprendre pieds.

Ensuite je me suis endormi. J'avais le vague souvenir de m'être à nouveau réveillé et d'avoir essayé d'arracher les fils auxquels j'étais reliés mais je n'étais pas certains que ce soit vrai. 

Je me suis à nouveau réveillé, en criant cette fois et une infirmière a appelé un médecin pour me faire une piqûre. 

Quand je me suis à nouveau réveillé pour la troisième fois, plus calme malgré la douleur que je ressentais dans tout mon corps, il faisait noir dehors.

J'ai tourné la tête sur le côté, espérant voir ma grand-mère auprès de moi, mais il n'y avait personne. J'ai sursauté en voyant une ombre bougé au fond de la chambre.

Assis d'une façon qui semblait peu confortable sur un vieux fauteuil abimé ce trouvait Eddy. Il s'est approché de moi avec un sourire rassurant.

- Non, ne parle pas, m'a-t-il ordonné quand j'ai ouvert la bouche. Tu as la gorge brûlée à cause de la fumée que tu as respirée. Tu as aussi trois côtes cassées et les jambes légèrement brûlée. Tes genoux en ont pris un coup et ton tibia aussi mais tu n'es pas plâtré. Rien de trop grave, tu vois.

En effet, ça aurait pu être pire. J'avais quand même l'impression d'être passé sous un tracteur. 

- On a eu peur quand le toit s'est effondré sur toi. On s'y est mis à cinq pour venir te récupérer. Les médecins ont dit que tu avais de la chance de ne pas avoir eu des brûlures plus graves. De ne rien avoir de plus de cassés. Tu es un vrai miraculé.

- Comb... ai-je commencé.

Je voulais savoir depuis combien de temps j'étais ici, à l'hôpital, mais rien qu'essayer de parler me donnait l'impression d'avoir la gorge râpée au papier de verre.

- Tu es resté dans le coma pendant treize jours. Et crois-moi, ce n'est pas comme au cinéma où le patient reste gentiment allongé. Tu as eu de sacré crise de convulsion. Je crois même qu'une fois tu as essayé de crier le prénom de ta copine.

Je ne m'en souvenais pas. Enfin si, je me rappelais avoir vu Catherine à un moment mais c'est tout.

- Ton coeur a failli lâcher une fois ou deux aussi, a rajouté Eddy comme-ci c'était aussi normal que de sortir acheter le journal. 

Il m'a dit d'essayer de me reposer un peu pendant qu'il allait prévenir les autres que j'étais réveillé et que j'allais bien. Du moins aussi bien qu'on peut l'être après qu'un toit en feu vous soit tombé dessus. 

- Je suis content de te revoir gamin, a-t-il dit en passant une main dans mes cheveux.

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