Notre amour pour seule limite...

By Oxym0ore

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« Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : mais l'amour infini me montera dans l'âme, et j'irai loin, bien l... More

Avant-propos
Chapitre un.
Chapitre deux.
Chapitre trois.
Chapitre quatre.
Chapitre cinq.
Chapitre sept.
Chapitre huit.
Chapitre neuf.
Chapitre dix.
Chapitre onze.
Chapitre douze.
Chapitre treize.
Chapitre quatorze.
Chapitre quinze.
Chapitre seize.
Chapitre dix-sept.
Chapitre dix-huit.
Chapitre dix-neuf.
Chapitre vingt.
Chapitre vingt et un.
Chapitre vingt-deux.
Chapitre vingt-trois.
Chapitre vingt-quatre.
Chapitre vingt-cinq.
Chapitre vingt-six.
Chapitre vingt-sept.
Chapitre vingt-huit.
Chapitre vingt-neuf.
Chapitre trente.
Chapitre trente et un.
Chapitre trente-deux.
Chapitre trente-trois.
Chapitre trente-quatre.
Chapitre trente-cinq.
Chapitre trente-six.
Chapitre trente-sept.
Chapitre trente-huit.
Chapitre trente-neuf.
Chapitre quarante.
Chapitre quarante et un.

Chapitre six.

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By Oxym0ore

Novembre 2025

— Bon alors, comment s'est passé ton premiers mois en tant que coach ?

Maé leva les yeux de l'objet qu'il était en train d'observer pour regarder Charly. Ils se trouvaient dans la salle de classe de cette dernière. Les cours venaient de se terminer, Maé n'avait pas d'entraînement ce soir, il était donc venu voir la jeune femme. De tous les professeurs du lycée, c'était celle avec qui il s'entendait le mieux. Cela ne faisait qu'un mois qu'il la connaissait mais le courant étant de suite bien passé entre eux.

— Plutôt bien, dans l'ensemble.

— Tu regrettes pas d'avoir quitté la NBA pour ce trou paumé ?

— Non, ça va. C'est quoi ce truc déjà ?

Charly leva la tête de ses copies et haussa les sourcils.

— Un bec bunsen. T'es pas censé être un génie ? Je croyais que t'avais été major de ta promo.

— C'était y'a douze ans. Tu crois vraiment que j'ai révisé ma chimie depuis ?

— Elio connaît chaque objet de mon laboratoire, lui.

La jeune femme avait lancé sa petite pique d'un ton léger. Maé grimaça. Depuis qu'il lui avait parlé d'Elio et qu'il lui avait un peu raconté leur histoire, Charly n'arrêtait pas de ramener le sujet sur le tapis. Le jeune homme ne s'en vexait pas, quelque part, il appréciait ça. C'était peut-être masochiste de sa part mais s'obliger à penser à Elio chaque jour était comme sa punition pour tout le mal qu'il avait pu faire à son ancien camarade.

— Je savais pas que j'étais encore en compétition avec lui.

— J'en sais rien, en attendant, tu loupes pas une occasion de le regarder dès que tu penses que personne te voit.

Charly eut un sourire et Maé soupira. Il se rapprocha du bureau de la jeune femme et se pencha pour s'accouder à ce dernier.

— C'est plus fort que moi, je crois.

— Ma question va être indiscrète mais... Tu l'aimes encore ?

Maé ne répondit pas de suite. Son regard se perdit dans le vague une fraction de secondes, peut-être une fraction de trop, suffisante à Charly pour trouver la réponse elle-même. Néanmoins, le jeune homme se ressaisit et secoua la tête.

— Bien sûr que non. C'est moi qui l'ai largué, je t'ai dit.

— Oui et tu m'as aussi dit que tu regrettais la façon dont ça s'était terminé.

— Pourquoi je te parle ? T'es trop chiante !

Maé plaisantait, cependant. Charly le savait, aussi se contenta-t-elle de lui tirer la langue, amusée. Dans le fond, elle ne voulait pas embêter son nouvel ami. Elle voulait seulement l'aider.

— C'est juste que... Il a l'air triste et...

— Elio a toujours l'air triste, Maé. Ca fait cinq ans que je bosse ici, je l'ai jamais vu avoir l'air heureux.

— C'est bien ça le problème. Je devrais m'en foutre, tu me diras, mais j'y arrive pas.

Charly observa de nouveau Maé. Elle ne connaissait pas tous les détails de sa relation avec Elio, il ne lui en avait parlé que brièvement, dans les grandes lignes mais s'il y a une chose dont elle était convaincue, c'est que Maé avait vraiment aimé le rouquin. Bien plus qu'il ne le disait et bien plus qu'il ne semblait en avoir conscience. Charly avait toujours été plutôt douée pour cerner les gens, sa bienveillance et son empathie jouaient en sa faveur.

— Enfin ! Assez parlé de moi. On parle toujours de moi... Parlons de toi plutôt.

— Moi ? Y'a pas grand-chose à dire à mon sujet. Marmonna Charly.

Comme à son habitude, elle avait emmené Paquito avec elle. Ce dernier était actuellement perché sur une des armoires de la classe mais dans un battement d'ailes, il vint se poser sur le bureau. Charly lui caressa distraitement la tête.

— Bah tiens, pour commencer, tu m'as jamais dit depuis quand tu as Paquito !

Charly sourit.

— Depuis huit ans, à mes 21 ans quand je suis arrivée aux Etats-Unis.

— Et tu viens d'où ?

— Alors je suis née à New-York en fait mais quand j'avais deux ans, mes parents sont partis s'installer dans le pays d'origine de mon père, la Côte d'Ivoire. J'ai grandi là-bas...

La voix de Charly se fit hésitante. Abandonnant les copies qu'elle était en train de corriger, elle s'adossa correctement au dossier de son fauteuil de bureau et regarda Maé quelques secondes, avant de reprendre :

— J'ai eu une enfance heureuse et même mon adolescence s'est plutôt bien déroulée... J'ai eu la chance de pouvoir faire des études, ce qui n'est pas donné à toutes les femmes là-bas. Mais mes parents étaient fiers de mon intelligence, j'étais la savante de la famille, ils étaient vraiment très fiers de moi.

— Pourquoi tu en parles au passé ? Souffla Maé d'une voix douce.

Il vit le sourire de Charly se faire plus triste.

— On en vient au cœur du problème. A mes dix-huit ans, j'ai commencé à sortir avec quelqu'un... A la naissance, elle a été assigné homme mais elle s'était toujours sentie femme. Je ne le savais pas quand on a commencé à sortir ensemble, pour moi, c'était un homme. Quand on a eu vingt ans, elle m'a annoncé qu'être un homme la rendait trop malheureuse et qu'elle voulait commencer une transition de genre... Je n'avais aucun problème avec ça, tout ce que je voulais, c'était son bonheur alors je lui ai dit que je la soutiendrais. Homme, femme, ça changeait rien pour moi, je l'aimais c'est tout.

Charly jouait distraitement avec une de ses tresses tout en parlant. Maé restait silencieux. Il voyait bien que maintenant que la jeune femme était lancée, elle avait besoin de finir son histoire. Il s'était tellement épanché auprès d'elle concernant Elio qu'il l'écoutait désormais presque religieusement.

— Sauf que ma vision des choses n'était pas la même que celle de mes parents, de ses parents... De presque tout le monde. Spencer, c'est son nom, a commencé à être harcelée, menacée et moi avec. A l'époque, la majorité en Côte d'Ivoire, c'était 21 ans... Alors on a serré les dents. On a prié pour survivre une année, juste une, pour pas se faire buter au détour d'une rue. On s'est cachées, Spencer a dit qu'elle s'était égarée, qu'elle était bien un homme pour pas que ses parents la foutent dehors... On a passé un an à vivre entre mensonges et peur, à préparer notre fuite... Et dès qu'on a été majeures, on a pris le premier avion pour les Etats-Unis.

La jeune femme caressa de nouveau Paquito, qui lui mordilla affectueusement les doigts avant de venir se placer sur son épaule.

— C'est Spencer qui m'a offert Paquito. Elle m'a dit que c'était le symbole de notre liberté, que c'était pour me remercier de ne pas l'avoir abandonné, jamais... L'ironie de la vie a voulu que ce soit elle qui me largue, un an après.

— Oh Charly...

— Je m'en suis remise ! Lança la jeune femme avec un sourire rassurant. Je ne regrette rien de mon histoire avec elle, pas même d'avoir quitté ma famille et mon pays pour elle. Quand Spencer m'a quitté, j'ai quand même essayé de reprendre contact avec mes parents... J'ai vite compris qu'ils étaient prêts à tirer une croix sur tout ça seulement et seulement si j'épousais un homme de leur choix.

— Mais c'est pas une vie, ça ! Tu peux pas forcer un mariage !

Charly hocha la tête.

— C'est bien pour ça que je leur ai dit que c'était hors de question. Qu'ils ne pourraient jamais m'empêcher de tomber amoureuse de qui je voulais et que ça serait peut-être une femme... J'ai vu l'horreur dans leurs yeux. Le dégoût, la haine. Et je me souviens m'être dit, à ce moment-là, que personne ne valait la peine que je m'empêche de vivre librement. Pas même mes parents. Alors j'ai définitivement coupé les ponts.

La jeune femme haussa les épaules. Elle détourna le regard un instant, pour jeter un œil à travers les fenêtres de sa classe puis se tourna de nouveau vers Maé, avec un léger sourire.

— Voilà. Tu connais les grandes lignes de ma vie, maintenant.

— C'est... Je te trouvais déjà incroyable mais là, tu l'es encore plus !

Charly rit doucement. Elle avait depuis bien longtemps fait la paix avec elle-même et son vécu. Elle ne regrettait en rien ses choix de vie et même si oui, parfois, sa famille lui manquait, elle était heureuse ainsi. Le plus difficile était peut-être de vivre sans Spencer, qui avait été son premier amour et, Charly le savait, son plus grand amour aussi. La jeune femme n'était pas fermée à de nouvelles rencontres, elle avait même eu des relations amoureuses depuis mais elle était intimement convaincue, au fond d'elle, qu'elle n'aimerait jamais personne aussi fort que ce qu'elle avait aimé Spencer. Ce qu'elles avaient vécu ensemble avait forgé un lien incassable, même si elles n'étaient plus en contact depuis longtemps.

— Je suis en cohésion avec mes choix de vie. Je regrette pas ce que j'ai fait, ni qui je suis.

— Et tu as bien raison... Je sais qu'on se connaît à peine mais j'sais pas... Je trouve que t'es vraiment une chouette nana. Et tu dois vraiment l'être, parce qu'en à peine un mois, tu sais déjà presque tout de ma vie alors que j'ai jamais été du genre à parler de moi !

— Eh bien tu sais quoi Pinheiro, c'est réciproque parce que figure-toi qu'à part Spencer et un ou deux amis proches, personne ne sait ce que je viens de te raconter.

La jeune femme fit un clin d'œil à son nouvel ami.

— Oh je suis honoré alors !

Maé lui tira la langue, amusé. Il n'était pas du genre à croire aux coups de foudre, que ce soit en amour ou en amitié, mais il devait admettre qu'avec Charly, c'était presque une évidence. Il sentait qu'une très belle amitié était en train de naître entre eux.

**

Maé était dans le rayon café du supermarché, en train de se demander quelle marque choisir. S'il y avait bien une chose qu'il avait toujours détesté, c'était faire ses courses. Cela durait toujours des heures, tellement de temps perdu pour peu de choses, au final. Après avoir hésité trente secondes, il haussa les épaules et saisit une marque au hasard, qu'il jeta dans son panier. Il se remit ensuite en route, baissant les yeux sur la liste qu'il avait faite. Il s'apprêtait à relever les yeux quand il percuta quelqu'un.

— Oh merde, pardon... Oh. Salut Elio...

Le coach de basket se racla la gorge. Face à lui se trouvait Elio, la mine désemparée. Dans leur collision, il avait laissé échapper le paquet de pain de mie qu'il avait entre les mains. Maé se pencha prestement pour le ramasser, le tendant à son collègue avec un faible sourire.

— Tiens. Désolé, je regardais ma liste... J'essaye encore de reprendre mes marques. Le supermarché a pas mal changé en douze ans...

Elio s'accrochait à son pain de mie comme si sa vie en dépendait. De toute évidence, tomber sur Maé sans qu'il ne s'y attende lui faisait perdre tous ses moyens. Il inspira profondément pour se calmer et hocha légèrement la tête.

— Ils l'ont refait à neuf y'a deux ans, ils ont changés tous les rayons... Tu aurais vu ça, tous les petits vieux étaient perdus.

Maé pouffa de rire et Elio s'autorisa un sourire. Il avait beau vouloir fuir Maé, c'était plus fort que lui... Lui parler semblait juste si naturel.

— Tu m'étonnes, cette ville n'a quasiment pas bougé depuis des décennies.

— Le changement, c'est pas trop leur truc en vrai.

Elio haussa les épaules, tandis que Maé l'observait. Même si ce n'était que des banalités, il était heureux de voir que le rouquin acceptait de lui adresser la parole.

— Elio !

Une voix retentit dans l'allée et Maé vit Elio se décomposer. Il serra un peu plus le paquet de pain de mie entre ses doigts mais n'eut pas le temps d'ajouter quoi que ce soit qu'un homme arriva à sa hauteur, l'attrapant par le bras d'un geste que Maé trouva bien trop brusque.

— Tu fais quoi bordel ? Trois plombes pour un paquet de pain !

— C'est de ma faute ! Intervint Maé d'une voix forte.

Il n'aimait absolument pas la façon dont cet homme s'adressait à Elio. Et il voyait bien que son ancien camarade était mal à l'aise. Ce dernier fixait le sol, sa lèvre inférieure tremblant légèrement.

— Je regardais pas où j'allais et je lui suis rentré dedans... On bosse ensemble au lycée alors j'ai commencé à engager la conversation. Je suis Maé Pinheiro.

L'homme le sonda du regard quelques secondes avant de serrer la main que Maé était en train de lui tendre. Automatiquement, son attitude changea. Il perdit son air colérique et s'arma d'un sourire affable, que Maé jugea cependant trop sympathique pour être réellement sincère.

— Il n'y a pas de soucis. Je m'appelle Tim.

Maé se retint de laisser échapper une exclamation étonnée. Il avait donc devant lui le fameux fiancé d'Elio... Il prit quelques secondes pour l'observer un peu mieux. Tim était de toute évidence plus âgé, Maé lui donnait environ 35 ans. Il était charismatique avec sa mâchoire carrée, son regard perçant et ses cheveux blonds foncés... Mais quelque chose dans son aura déplaisait à Maé. C'était peut-être la façon qu'il avait de serrer le bras d'Elio. Ou le ton sur lequel il s'était adressé à ce dernier. A moins que ça ne soit le malaise évident du rouquin qui fasse penser au jeune coach que ce Tim n'était pas quelqu'un de bien.

— Et vous enseignez quelle matière, au lycée ?

— Oh aucune. Je suis le nouveau coach de l'équipe de basket.

— Ah un sportif ! Vous pourriez donner quelques cours à Elio, il se laisse aller niveau forme ces derniers temps.

Elio se pinça les lèvres, la remarque le blessant de toute évidence. Quant à Maé, il se retint de s'énerver. Il n'avait pas envie de causer de problèmes à Elio, il lui avait déjà assez gâché la vie ainsi depuis leur adolescence.

— Et vous, vous travaillez dans quoi ?

— Je suis chirurgien, je travaille à Austin.

Tim avait annoncé ça d'un air à la fois hautain et fier, comme s'il s'attendait à ce que Maé soit très impressionné mais ce dernier se contenta de sourire. Il vit bien que ça ne plaisait pas à Tim mais que ce dernier était bien trop poli et hypocrite pour réagir.

— Enfin, je vais pas vous empêcher de terminer vos courses plus longtemps... Souffla Maé.

Son regard accrocha celui d'Elio. Il n'avait aucune envie de le laisser repartir avec ce type mais il n'avait aucune légitimité à intervenir dans sa vie.

— Ouais, nos courses ont déjà duré bien trop de temps. Tu viens, Elio ?

— Il manque encore quelques trucs de la liste, chéri...

Elio vit bien au regard de Tim qu'il était agacé mais la présence de Maé l'empêcha de le dire haut et fort. Il consulta sa montre.

— Je dois commencer le boulot dans une heure Elio. J'ai pas le temps.

— Tu peux y aller. Je finis les courses tout seul et je prendrais le bus pour rentrer.

— Ou je peux te ramener, Elio. Intervint une nouvelle fois Maé. Enfin ce n'est qu'une proposition. Ajouta-t-il face au regard suspicieux de Tim.

Le chirurgien se tourna vers son fiancé, semblant réfléchir. Finalement, avec lenteur, il sortit son portefeuille de sa poche pour tendre une carte de crédit à Elio, tout en lui passant le caddie.

— Tiens ta carte. Tu...

— Je la dépose sur le meuble de l'entrée quand je rentre. T'en fais pas.

Elio eut un petit sourire. Tim déposa un baiser sur ses lèvres, avant de toiser Maé du regard, bien que son sourire affable ne quitte pas son visage.

— Enchanté de vous avoir rencontré, Maé.

Il tourna les talons et s'éloigna. Il y eut un silence de plusieurs secondes, jusqu'à ce que Tim soit bien parti et Elio vacilla, prenant appui sur une des étagères. Son fiancé avait tendance à lui prendre toute son énergie... Et le fait que Maé soit là le rendait encore plus mal à l'aise. Il aurait voulu que son ancien camarade ne rencontre jamais Tim.

— Elio, je... Je suis sûrement mal placé pour juger mais... Tim a l'air...

— Je sais de quoi il a l'air.

Elio se racla la gorge pour reprendre contenance et se redressa, se passant une main dans les cheveux.

— Mais tu ne le connais pas. Il n'est pas... Il a l'air dur mais il a ses bons côtés, il...

— T'es pas obligé de te justifier. Si t'es heureux, c'est le principal.

— Oui.

Il y eut un nouveau flottement. Elio mentait, ils le savaient tous les deux mais Maé n'avait pas envie d'importuner plus le rouquin sur ce sujet-là. Ce dernier regarda nerveusement ses pieds avant de relever les yeux vers Maé.

— Ta proposition de me ramener... ?

— Tiens toujours, si tu veux.

Elio eut un faible sourire. Son caddie était plein, rentrer en bus avec tous les sacs à porter aurait été un calvaire. Se retrouver seul avec Maé faisait monter son angoisse en flèche mais il se persuadait de pouvoir gérer la situation. Trente minutes plus tard, les deux hommes sortirent du supermarché. Ils se dirigèrent vers la voiture de Maé, qui aida Elio à ranger tous ses sacs dans le coffre.

— Tu n'as plus de moto ?

Maé tourna la tête tandis qu'Elio baissait la sienne, gêné. Il avait posé la question sans réfléchir parce que le silence le mettait mal à l'aise. Mais, au final, tenir une discussion le rendait tout aussi anxieux. Elio se détestait d'être ainsi.

— Si j'en ai toujours une... C'est une des raisons qui fait que j'ai quitté la NBA.

Elio lui jeta un regard interrogateur, ne comprenait pas bien le rapport.

— J'ai eu un accident y'a un an et demi. Murmura Maé en terminant de ranger les courses. J'ai failli finir paralysé, ça a été un miracle que je n'ai rien... Seulement, je pourrais plus jamais jouer à haut niveau.

Maé referma le coffre, son regard se perdant dans le vide quelques secondes.

— Je peux encore faire du sport mais en faisant attention... Ma colonne vertébrale est fragilisée à vie. Être à la NBA me demandait de trop pousser mon corps dans ses retranchements et c'est un risque que j'ai pas voulu prendre. Du coup, j'ai laissé tomber et me revoilà ici.

Elio resta interdit un instant. Il n'aurait jamais pu imaginer cela et il n'osait même pas songer d'à quel point la décision avait dû être difficile pour Maé. Ce dernier adorait le basket, c'était littéralement toute sa vie et sûrement la chose pour laquelle il était le plus doué. Devoir abandonner son rêve avait dû être un crève-cœur pour lui. Doucement, Elio posa sa main sur celle de Maé qui se trouvait toujours sur le coffre.

— Je sais à quel point la NBA était ton rêve... Je suis désolé pour toi.

Maé fixa leurs mains quelques secondes, surpris du geste de son ancien camarade. Il savait Elio empathique mais il n'aurait jamais pensé que ça s'appliquerait à lui, après tout le mal qu'il lui avait causé.

— Je me console en m'disant que je vais aider des gosses dont c'est aussi le rêve à l'atteindre. Et j'ferais de la prévention routière en plus, histoire qu'ils se retrouvent pas aussi cons que moi.

Maé tourna la tête vers Elio, avec un petit sourire.

— Allez viens, je te ramène chez toi Everlast.

Il lui fit un petit clin d'œil avant d'aller se mettre au volant. Elio se mordit les lèvres avant de s'installer côté passager. Être là, si proche de Maé, après tout ce temps... C'était bizarre. Mais Elio n'arrivait pas à trouver cela désagréable. Malgré tout ce qui avait pu se passer entre eux, la présence de Maé lui faisait toujours du bien. Elio n'avait jamais su l'expliquer. Maé l'apaisait. Être à ses côtés diminuait ses angoisses, lui donnait l'impression d'être plus fort. Ils arrivèrent bien vite devant la maison d'Elio.

— Jolie baraque, dis. Lança Maé en arrêtant la voiture.

— Elle est à Tim.

Elio sortit du véhicule pour aller ouvrir le coffre, suivit de Maé. Ce dernier hésita avant de prendre la parole :

— Elio, tu vas trouver que j'insiste mais Tim...

— Effectivement, tu insistes et je n'ai pas envie d'en parler.

Le rouquin sortit ses sacs de courses du coffre, sans regarder Maé.

— Tu n'as vu Tim que cinq minutes. Je le connais depuis quatre ans et je vais l'épouser.

Le ton d'Elio était sec. Maé soupira, son collègue était de nouveau sur la défensive, il s'était une nouvelle fois renfermé comme une huître. Elio amena tous ses sacs de courses devant sa porte d'entrée et se tourna vers Maé.

— Merci de m'avoir ramené.

Il poussa ses courses à l'intérieur de chez lui et referma la porte. Maé soupira, passant une main dans ses boucles. Il remonta dans sa voiture et démarra rapidement, sans savoir quoi penser. L'espace de quelques minutes, Elio s'était montré plus ouvert avec lui mais il avait bien vite retrouvé sa coquille. Maé se sentait stupide, dans le fond... Comment pouvait-il espérer qu'Elio lui pardonne alors que lui-même ne se pardonnait pas la manière dont tout s'était fini entre eux ?


________________________________________

Bonsoir, bonsoir !

Pour commencer, bonne année à vous ! 
Je ne sais pas si votre année 2022 a été bonne mais dans tous les cas, j'espère que 2023 sera encore meilleure. Je ne vous souhaite que des jolies choses. <3 

Voici le chapitre 6 et avec lui, l'introduction d'un personnage très important (pas forcément en bien...) pour la suite : Tim. Le fameux fiancé d'Elio. Retenez le bien, il va être là souvent. 
On en apprend également plus sur Charly et son passif, qui a façonné la personne qu'elle est aujourd'hui. Son amitié avec Maé se développe également, cela deviendra une relation importante par la suite. 

J'espère que le chapitre vous aura plu ! 

N'hésitez pas à commenter. :) 

Coeur sur vous, 

Oxy. 

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