Chapitre trente.

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(tw : violences conjugales, agression sexuelle, sexe)

Mai 2026

Elio était en train de ranger la vaisselle du déjeuner dans le lave-vaisselle. Tim partait bientôt travailler et le rouquin se sentait presque soulagé. Son fiancé allait passer 48 heures à Austin, cela laissait donc à Elio deux soirées de libre. Il avait déjà prévu de se rendre chez Maé ce soir. Il en avait besoin. L'ambiance ici était étouffante, Elio avait constamment l'impression de manquer d'air, d'avoir ce poids sur la poitrine qui le compressait, l'anéantissait. Il savait bien ce que c'était... La peur. L'angoisse. Tim semblait avoir oublié qu'il avait failli le tuer, il était redevenu lui-même et la moindre erreur de la part d'Elio était synonyme d'éclats de colère. C'était même pire qu'avant. Tim ne l'avait pas passé à tabac de nouveau mais il avait la gifle facile, un peu trop et Elio ne comptait plus le nombre de revers de la main qu'il s'était pris ces derniers jours. Pour tout et n'importe quoi. Le repas en retard de cinq minutes, la vaisselle pas faite, du linge traînant sur le lit... Parfois même pour rien. Il suffisait que Tim déclare que le regard d'Elio était trop insolent et la gifle tombait. Le rouquin faisait de son mieux pour ne rien laisser au hasard. Quelque part, il avait sûrement déjà assez de preuves pour porter plainte mais il était terrorisé. L'idée de franchir ce pas le terrifiait... Il avait peur que ça ne suffise pas, qu'il ne soit pas écouté. Et s'il portait plainte sans que ça n'aboutisse à l'arrestation de Tim, le jeune homme avait peur des représailles de ce dernier. Elio était encore hanté par ce soir où son fiancé avait failli le tuer. Il n'en gardait plus aucune marque physique, même son plâtre lui avait été retiré cette semaine mais mentalement, souvent, il entendait de nouveau les coups. Parfois, il sentait encore la douleur, comme si cette dernière s'était incrustée sous sa peau, vicieuse, invisible. Elio était au bout du rouleau. Il ne tenait bon que grâce à Maé – qu'il voyait en coup de vent au lycée – et Allison – qu'il avait souvent au téléphone quand Tim ne le surveillait pas. Sans eux, peut-être aurait-il déjà baissé les bras. Chaque nouvelle journée était comme une épreuve du feu. Quand il était au lycée, devant ses élèves, la tempête se calmait un peu. Le temps de ses cours, il se sentait un peu plus en paix... Mais dès que c'était terminé, Elio sentait son anxiété revenir en courant, lui sauter sur le dos et s'agripper à lui avec force. Il avait bien conscience qu'il était en train de perdre le contrôle. Il ne mangeait presque plus, se faisait vomir au moindre aliment trop gras. Il avait recommencé à prendre des douches bouillantes, à s'en brûler la peau. Bien souvent, il se sentait absent, comme en dehors de lui-même. Il était là, sans être là. Quelque part, cela l'aidait à endurer Tim. C'était plus facile de supporter les gifles, le sexe et les mesquineries en étant en dehors de soi-même. Mais Elio savait qu'il était sur un terrain glissant... Il se raccrochait à ce qu'il pouvait, aux fines branches qu'il trouvait sur son chemin mais c'était compliqué. Trop compliqué.

— Bébé dis-moi, il serait peut-être temps qu'on fixe une date pour le mariage non ?

Elio se sentit brusquement revenir à l'intérieur de son corps. Il manqua de faire tomber l'assiette qu'il avait dans les mains, la rattrapa de justesse et fixa Tim, qui venait d'arriver dans la cuisine.

— Mais on a déjà une date. Souffla Elio. On s'est dit l'été prochain, en 2027.

— Je sais mais je me suis dit qu'on pouvait l'avancer à cet été, t'en penses quoi ?

Le jeune homme se sentit désemparé. Il n'avait pas envie. L'été était dans deux mois, c'était trop tôt. Il rangea l'assiette dans le lave-vaisselle, qu'il ferma avant de regarder de nouveau son fiancé, cherchant les bons mots à employer.

— Chéri... L'été, c'est dans deux mois. Ce serait prendre nos invités par surprise, à cette date-là, les gens ont déjà réservé leurs vacances et...

Notre amour pour seule limite [BxB] [TERMINÉE]Where stories live. Discover now