Chapitre vingt-neuf.

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Avril 2026

Elio était assis sur son canapé, l'estomac noué par l'angoisse. Il était rentré chez lui une heure avant, parce que Tim allait revenir de son voyage et que si Elio ne se trouvait pas chez eux à son retour, les conséquences pouvaient être dramatiques. Le rouquin était donc revenu chez « eux ». Il n'avait qu'une envie, partir en courant mais Tim le retrouverait, il le savait. Le seul moyen pour Elio de pouvoir récupérer sa vie était que son fiancé plonge pour toutes les violences qu'il lui infligeait. La présence des caméras rassurait un peu le professeur de littérature. Ces dernières étaient bien cachées, invisible pour celui qui ne savait pas qu'elles étaient là. Elio savait que cela n'empêcherait pas les coups de Tim mais au moins, il aurait des preuves pour appuyer son témoignage quand il irait porter plainte. Il fixa son poignet plâtré, avec les petits mots d'encouragement de ses élèves, pour se redonner du courage. Encore plus quand il entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Quelques secondes plus tard et Tim arrivait dans le salon. Il se dirigea directement vers Elio, s'asseyant à ses côtés et le prit dans ses bras. Le rouquin resta raide, incapable de se détendre.

— Je suis désolé bébé...

Tim se recula légèrement, saisissant le visage d'Elio entre ses mains avec une douceur dont il faisait rarement preuve.

— J'ai beaucoup réfléchi pendant mon voyage tu sais. Comment tu vas ?

— Ca va...

La voix d'Elio n'était qu'un murmure. Il avait du mal à sortir ses mots, il voulait juste être ailleurs, loin d'ici, dans les bras de Maé. Mais ce furent les lèvres de Tim qui se posèrent sur les siennes et Elio ferma les yeux. Il retint ses larmes de toutes ses forces.

— Je t'aime, tu sais ? Chuchota Tim. C'est parce que je t'aime autant que je perds le contrôle des fois. Tu comprends ?

— T'as failli me tuer, Tim... Osa répondre Elio.

Il vit son fiancé baisser la tête. Il était tellement convaincant, il semblait tellement sincère dans sa culpabilité qu'Elio en vint à douter pendant quelques secondes. Et si Tim avait vraiment perdu le contrôle de lui-même ? S'il s'en voulait réellement ?

— Je sais. Si tu savais comme je m'en veux Elio...

— J'avais un poumon perforé. Des côtes cassées. Tu m'as cassé le poignet, tu m'as filé un traumatisme crânien et j'étais tellement couvert d'hématomes qu'on ne voyait même plus la couleur de ma peau... Et tu as mis une semaine. Une semaine avant de m'appeler. J'aurais pu mourir quinze fois sur le sol de notre salon et...

— J'ai compris. Pardon bébé, s'il te plaît, pardon...

Tim entoura la taille d'Elio de ses bras, enfouissant son visage contre les jambes du jeune homme. Le rouquin resta surpris. C'était bien la première fois que son fiancé semblait autant regretter... Doucement, de sa main valide, Elio alla caresser les cheveux de Tim.

— Chéri, je... Je ne t'en veux pas, d'accord ? Regarde, je vais mieux.

Elio eut un faible sourire alors que Tim relevait la tête.

— Je vais me rattraper, je te promets. Dès ce soir même ! Tu veux que j'aille au traiteur chercher ton plat préféré ?

Tim déposa plusieurs baisers sur les lèvres d'Elio.

— Ou je peux cuisiner, aussi. Et on peut regarder ton film préféré et...

— Tim...

Elio eut un petit rire, malgré lui. L'espace d'une seconde, il avait l'impression de retrouver le Tim du début, celui dont il était tombé amoureux, celui qui faisait toujours tout pour lui faire plaisir. Elio savait qu'il était trop gentil, il l'avait toujours été. Il voulait croire en la bonté des autres. Même dans le cas de Tim. Après tout, il en était tombé amoureux pour une raison... Mais alors qu'il était en train de penser à tout ça, le souvenir du sourire mauvais de son fiancé quand il était en train de le frapper lui revint en mémoire. Comme un petit électrochoc, comme si son cerveau lui-même essayait de lui faire comprendre qu'il n'y avait rien de bon à tirer chez Tim. Que c'était un monstre, qui n'hésiterait pas à le tuer au moindre excès de colère. Elio sentit la nausée le prendre de nouveau. Il secoua légèrement la tête.

Notre amour pour seule limite [BxB] [TERMINÉE]Where stories live. Discover now