Chapitre vingt-sept.

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Mars 2026

Maé surveillait attentivement la cuisson des œufs brouillés. Il avait rajouté un peu d'épices dedans, pour donner plus de goût et dans une poêle à côté, il était en train de faire frire du bacon. Il avait également fait griller du pain. Cela faisait maintenant déjà une semaine qu'Elio était chez lui. A sa sortie de l'hôpital, Maé ne lui avait pas laissé le choix. Il avait ramené le rouquin chez lui pour veiller sur lui pendant sa convalescence. Il savait bien que lorsque Tim reviendrait de son voyage, il serait obligé de laisser Elio repartir et cette idée lui glaçait le sang... Alors en attendant, pour ne pas y penser, il focalisait toutes ses pensées sur Elio et son bon rétablissement. Appuyé contre le comptoir de la cuisine, Maé jeta un regard amusé à Margarita, qui était assise devant lui, le regard implorant.

— Rêve Maggie, t'auras rien. Tu as des croquettes, qui me coûtent la peau du cul en plus !

Maggie se dressa sur ses pattes arrière, agitant ses pattes avant. Elle aboya deux fois, joyeusement et Maé roula des yeux. Il prit un petit bout de bacon, qu'il lui donna.

— Juste un bout, je te préviens !

— Dans cinq minutes, tu lui en donnes un autre.

Maé se tourna. Elio venait d'arriver dans la cuisine, d'un pas lent. Il esquissa un faible sourire. C'était ainsi depuis une semaine, tout les sourires d'Elio étaient faibles, hésitants. C'était normal, Maé le savait. Le rouquin était encore sous le choc du déferlement de violence qu'il avait encaissé. Physiquement, il se remettait plutôt bien. L'hématome de son œil gauche s'était résorbé, suffisamment pour qu'Elio puisse de nouveau voir des deux yeux. Il avait encore des traces violacées sur le visage mais ces dernières étaient en train de virer au vert jaunâtre. Les hématomes sur son torse mettaient plus de temps à disparaître, par contre. Ils étaient encore bien noirâtres mais Elio avait des médicaments pour l'aider à se rétablir. Il retournait également à l'hôpital tous les trois jours pour surveiller son poumon perforé. Ses côtes cassées se réparaient doucement et il avait un plâtre au poignet gauche. A vrai dire, il devait surtout s'armer de patience. Heureusement, c'était une qualité qu'il avait toujours eu. Maé baissa le feu pour que le petit-déjeuner ne brûle pas et s'approcha d'Elio. Avec délicatesse, il déposa un baiser sur ses lèvres.

— Comment tu te sens ce matin, trésor ?

— J'ai mal aux côtes. Grimaça Elio.

— Va t'asseoir, je t'amène le petit-déj.

Elio hocha la tête. Il alla se mettre dans le canapé, avec une nouvelle grimace. Rien que s'asseoir ou se lever lui demandait un effort colossal. Une fois assis, il appuya sa tête contre le dossier et souffla un grand coup. Il avait l'impression d'avoir le cerveau embrumé. Il savait que c'était à cause de son traumatisme crânien mais vivre dans ce brouillard permanent l'épuisait. Il ferma les yeux quelques secondes, la lumière matinale entrant par les baies vitrées lui faisant mal aux yeux. Maé, qui était en train d'apporter les œufs brouillés et le bacon, le remarqua. Il posa tout sur la table basse.

— Tu veux que je ferme un peu les volets ?

— Ne t'embête pas, ça va aller... Murmura Elio.

Maé roula des yeux et alla baisser les volets électriques, pour diminuer la luminosité de la pièce. Elio lui lança un sourire reconnaissant. Maé ramena également le pain grillé et du jus d'orange, avant de s'asseoir près d'Elio. Ce dernier était distraitement en train de jouer avec ses œufs brouillés. Il dû sentir le regard de Maé, car il redressa la tête.

— Je n'ai pas très faim...

— Elio, il faut que tu manges.

C'était la même bataille depuis une semaine. Elio refusait de manger, Maé insistait, en douceur. Il ne voulait pas non plus le forcer mais son collègue avait besoin de se nourrir, de reprendre des forces. Cependant, le traumatisme qu'il venait de vivre semblait avoir réveillé de nouveau tous ses vieux démons, encore plus fort qu'avant. Maé se leva pour aller vers la cuisine et revint vers Elio, lui tendant une feuille de papier.

Notre amour pour seule limite [BxB] [TERMINÉE]On viuen les histories. Descobreix ara