Chapitre sept.

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Novembre 2012

Elio arriva au lycée d'un pas hésitant. Il s'était écoulé deux jours, le week-end, depuis que Maé l'avait ramené en moto et que ce rapprochement stupéfiant avait eu lieu entre eux. Elio avait souvent tendance à espérer et croire beaucoup de choses mais cette fois, il en était persuadé : Maé l'aurait embrassé si Jake n'avait pas appelé. Le rouquin en était sûr, il avait bien vu le regard de son rival...Et il ne savait pas trop comment se positionner par rapport à ça. Il ne savait pas s'il devait faire comme si de rien n'était, s'il devait en parler à Maé... Ils s'étaient quittés un peu froidement, l'autre soir. Elio y avait pensé tout le week-end. Il ne pouvait pas faire autrement. Son cerveau ne lui laissait jamais de répit et encore moins dans des situations comme celle-ci. Dans un soupir, le jeune homme entra dans le lycée pour se diriger vers sa salle de classe. Comme toujours, il était le premier. Il alla s'asseoir à sa place, près de la fenêtre au premier rang et laissa son regard vagabonder sur l'extérieur. Il aurait voulu être plus assuré, savoir comment se comporter... Il avait déjà demandé, plusieurs fois, à ses parents de lui payer des séances avec une psychothérapeute, pour travailler sur son anxiété, sur cette tristesse infinie qui lui collait à la peau depuis presque toujours. Mais ses parents avaient refusé, sous prétexte que c'était un caprice et que c'était trop cher. Elio savait qu'en vérité, ils n'en avaient rien à faire de sa santé mentale. Tant qu'il continuait à ramener des bonnes notes, le reste ne comptait pas. Tout en regardant dehors, Elio faisait tourner un stylo entre ses doigts. Avoir constamment les mains occupées, à faire tourner à stylo, à entortiller un élastique, à tapoter sur le bureau...Cela l'aidait à mieux supporter son angoisse quotidienne. Comme si la répétition du même geste lui faisait de la place dans la tête. Il ne se concentrait que sur ça, pour empêcher ses pensées de dériver trop loin. La sonnerie retentit, le faisant sursauter et les élèves commencèrent à arriver dans la salle. Maé était dans les derniers, en train de rire et de plaisanter avec Jake et sa bande habituelle. Le jeune Pinheiro finit par venir s'asseoir à côté d'Elio, qui fixait désormais son bureau. Le rouquin hésitait. Est-ce qu'il devait dire quelque chose ? Rester silencieux ? Il n'en avait aucune idée. Il ne savait pas comment se comporter... D'ordinaire, c'était toujours Maé qui engageait la conversation, qui lui disait bonjour le premier... Mais aujourd'hui, Maé ne disait rien. Il ne le regardait même pas, se contentant de griffonner sur son cahier.

— Salut. Osa-t-il murmurer, d'une voix hésitante.

Il vit Maé lui jeter furtivement un regard mais reposer bien vite ses yeux sur son cahier.

— Mh ouais. Salut.

Le ton était froid. Elio baissa la tête. Au moins, il était fixé quant au comportement de Maé... Ce qui avait failli se passer entre eux l'autre soir n'était qu'une erreur, que Maé regrettait de toute évidence. Le rouquin sentit sa gorge se serrer, sans pouvoir expliquer pourquoi. Il se mordit l'intérieur des joues pour se forcer à rester impassible. Surtout ne pas montrer son trouble, sa déception, le fait que cette froideur soudaine lui faisait mal. Il ne comprenait pas bien, d'ailleurs, pourquoi Maé agissait ainsi... C'était lui qui avait joué les charmeurs, Elio n'avait rien demandé et pourtant, c'est lui qui se trouvait rejeté. Encore. Il avait beau y être habitué, c'était toujours douloureux. Il se remit à faire tourner le stylo entre ses doigts, essayant au mieux de se focaliser sur ce geste automatique et répétitif afin de ne pas laisser à son cerveau l'occasion de s'emballer. Il savait que s'il ne se forçait pas à contrôler ses pensées, tout allait lui échapper et il courrait droit à la crise d'angoisse. Il sentit cependant Maé lui piquer le stylo pour le poser sur le bureau.

— Tu peux arrêter ? C'est chiant.

Elio ne répondit pas. Il fixa Maé, sentant sa tristesse faire place à la colère. Il n'était pas populaire, il n'était pas grand-chose certes mais il ne méritait sûrement pas d'être traité ainsi. Il reprit le stylo.

Notre amour pour seule limite [BxB] [TERMINÉE]Where stories live. Discover now