Chapitre trente et un.

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(tw : agression, coups et blessures, sang)

Juin 2013

Elio était assis devant le bureau du directeur, Maé à ses côtés. Le rouquin savait très bien pourquoi ils étaient convoqués... Ils avaient tous deux terminés premier ex-aequo de leur classe pour ce dernier trimestre de lycée. Le directeur comptait très certainement leur annoncer lequel d'entre eux allait être le major de la promotion. Elio ne savait pas s'il devait s'inquiéter ou non... Sur les trois années de lycée, il avait globalement était meilleur que Maé en cours, finissant plus souvent que lui en tête. Mais Maé avait pour lui sa popularité. Il était l'enfant roi de cette ville, la star de cette école. Le rouquin n'était pas stupide... Maé faisait un bien meilleur major de promo que lui, sur le papier.

— Trésor, arrête.

Maé vint doucement poser sa main sur celles d'Elio, qui était en train de jouer nerveusement avec ses doigts.

— J'angoisse, je n'y peux rien.

— Il faut pas. C'est qu'un titre idiot, major, on s'en fout !

— Toi, peut-être. Moi j'ai des parents qui ne vont pas me louper si je ne le suis pas.

Elio avait répondu plus sèchement qu'il ne le souhaitait. Mais voir Maé si désinvolte l'agaçait. La compétition amusait ce dernier mais elle n'était pas importante à ses yeux... Tandis que pour Elio, si. C'était enfin l'occasion de montrer à ses parents qu'il n'était pas si nul. Qu'il pouvait réussir. Maé n'eut pas le temps de répondre que la porte du directeur s'ouvrir, ce dernier apparaissant dans l'encadrement, tout sourire.

— Entrez, jeunes hommes !

Les deux garçons pénétrèrent dans le bureau et s'assirent silencieusement. Le directeur vint se remettre face à eux, dans son fauteuil. Il ménagea un petit temps de silence avant de poser ses coudes sur son bureau, croisant ses mains.

— Avant toute chose, messieurs, sachez que le lycée est extrêmement fier de votre réussite à tous les deux. De tels résultats scolaires, aussi réguliers, sur trois ans, c'est vraiment de l'excellence. Vous faîtes honneur à la réputation de cette école.

Elio et Maé hochèrent poliment la tête. Le rouquin se fichait pas mal de se faire passer de la pommade. Il savait qu'il était intelligent, que Maé aussi. Tout cela ne l'intéressait pas. Et le directeur le savait très bien.

— Vous départager pour choisir le major de promotion a été difficile. Vous êtes tous les deux très méritants, cependant...

Le regard du directeur s'attarda sur Maé. Une fraction de secondes. Une fraction de trop. Elio comprit avant même de l'entendre... D'ailleurs, il n'entendit même pas vraiment les paroles du directeur, tant ces oreilles s'étaient mises à bourdonner soudainement. Un peu comme si le sol s'ouvrait sous ses pieds et qu'il était en train de tomber. Une longue, longue chute. Peut-être était-ce ridicule, ce n'était qu'un titre de major de promo mais Elio savait bien que ses parents n'accepteraient jamais qu'il ne le soit pas. Pour n'importe qui, ce n'était rien. Pour lui, c'était son monde qui s'effondrait. C'était trois années à se tuer aux révisions, à tout sacrifier pour les cours... Qui n'aboutissaient à rien. Maé était le major. Elio ne pouvait pas lui en vouloir et pourtant, c'était le cas. Il était déçu, en colère. Maé n'avait fait tout cela que par jeu, par amusement et il gagnait quand même. Elio avait envie de hurler, de tout casser dans le bureau mais il ne fit rien. Il resta immobile, jusqu'à ce que le directeur ait terminé de parler. Puis, dans un sourire qui sonnait affreusement faux, le rouquin se leva.

— Merci monsieur. Bonne journée.

Même sa voix ne lui ressemblait plus. Elle était neutre, atone. Elio ramassa son sac et quitta la pièce d'un pas vif. Il n'arrivait pas à faire disparaître la boule qu'il avait dans la gorge. Il avait échoué. C'était pire que tout. Ses parents allaient jubiler, lui dire qu'ils avaient raison et qu'il n'était qu'un bon à rien. Elio les entendait déjà.

Notre amour pour seule limite [BxB] [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant