Back To Thrills

By BackToThrillsAuteur

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Elles se détestent. Malgré cela, elles sont sans arrêt collées l'une à l'autre, et ça car elles ont des meill... More

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By BackToThrillsAuteur

Le ciel est fascinant. Cet immensité qui me fait sentir minuscule, c'est si sécurisant. De savoir que sous cet art, je suis insignifiante, en quelques sortes. Perdue sous l'éther. Le soleil se couche pour la dernière fois, à cette endroit où je peux être spectatrice et je savoure cet instant, sachant qu'il restera encré dans ma mémoire pendant des décennies. Et quand j'entends mon ennemie me rejoindre sur le balcon, cette pensée m'est soudainement confirmée.

— Nostalgique? dit-elle, s'adossant à la rambarde, tournant le dos à l'œuvre d'art que j'observe depuis maintenant une vingtaine de minutes.

Elle sort une de ses précieuses cigarettes pour la coincer entre ses lèvres et je lutte contre l'envie de lui demander de m'en offrir une, je sais que ça la mettrait hors d'elle. Ce qui serait plaisant, je l'avoue, mais cette bulle de calme n'est pas à sacrifier.

—  Je sais pas, soufflai-je en l'observant rouler désespérément la roulette de son Zipper pour en voir surgir une flamme. Ça va me manquer.

La fumée qui quitte sa bouche nous entoure mais je ne bouge pas d'un poil.

— Vois le bon côté des choses, sourit-elle. On va enfin pouvoir reprendre nos chemins sans se bousculer comme on le fait depuis le début du séjour.

À peine ces mots dits, je l'observe, dubitative, cherchant la sincérité dans ses mots. Mais, je devrais le savoir désormais. Il m'est impossible de lire en elle, c'est bien ça qui me rend dingue depuis un long moment.

— C'est donc là que nous en sommes, souffle-je.

Cette remarque, faites plus à moi-même que pour elle, semble l'avoir interrogée. En relâchant une de ses énièmes taffs, elle fronce légèrement les sourcils, observant le mégot entre ses doigts, sans doute pour éviter d'avoir à me regarder dans les yeux.

Je sens que des mots veulent être prononcés, de son côté comme du miens. Ces non-dits m'effraient, et ce qui m'effraie plus encore concerne l'après. Que se passera-t-il lorsque nous aurons quittés ce balcon pour foncer à l'aéroport. Qu'adviendra-t-il de notre amitié?

Une amitié? Est-ce adéquat d'utiliser un tel terme pour ce qu'il y a entre nous?

Je ne pense pas, nous n'avons jamais été amis. Nous ne le serons certainement jamais.

— Qu'est-ce que ça veut dire? me demande-t-elle soudainement.

Elle écrase sa cigarette à peine entamée dans le cendrier en ce tournant vers moi et tout ça, sans geste brusque, comme si le moindre craquement de brindille pouvait avoir des conséquences catastrophiques. L'horizon pourpre n'est plus une distraction quand elle m'observe avec ce regard si intense.

Les sensations derrière mon nombril sont indescriptibles, mes mains sont légèrement tremblantes et je bataille pour ne rien laisser transparaître.

Ce déni ne joue plus en ma faveur, si je nie et réfute certaines choses, mon corps me contredit aussitôt. Il y a mon corps et mon esprit, ils sont en lutte, et je me retrouve en plein milieu de cette guerre.

— Tu n'es pas mon amie, dis-je simplement, lâchant aléatoirement une de mes pensées au vol.

Un sourire sur les lèvres, elle me répond :

— Tu ne m'apprends rien.

Je n'y comprends plus rien. J'ai tellement envie d'être prêt d'elle, j'en ai tellement envie que je la hais d'une certaine façon. Qu'est-ce qu'elle m'a fait? La haïr avec ce besoin de la garder tout prêt, en maudissant la seconde où elle détournera son regard du miens et qu'elle s'en ira. Maintenant, elle est là, face à moi et je me sens minuscule sous les astres, tout le poids du monde repose sur moi.

Arrête de réfléchir.

Une semaine à ses côtés, à se quereller, à se découvrir, à se haïr à notre manière. Une semaine qui m'a paru une éternité, le genre d'éternité qu'on veut paradoxalement prolonger. C'est mon ennemie, et pourtant la dizaine de centimètres qui nous sépare m'est insupportable. Mes membres sont figés, mes yeux dans les siens, j'ai besoin de notre proximité.

Arrête de réfléchir.

Ne serait-ce qu'une accolade. J'ai besoin de ça. Ça va se finir, on va rentrer chez nous, et ça sera envoyé aux oubliettes. Je ne veux pas.

Arrête de réfléchir, Mary.

Je découvre des sensations que je n'ai jamais connue auparavant et c'est elle qui me les procure. Ça semble si évident, et pendant que j'y songe, les secondes défilent, ne lui offrant qu'un silence en apparence, alors que dans ma tête, c'est un réel débat animé. Je suis beaucoup trop lâche pour osé quoi que ce soit, je ne pourrais jamais.

Arrête de réfléchir, bon sang.

Un léger coup d'œil sur ses lèvres, une nanoseconde, mais elle l'a vu. Elle a compris, putain.

Arrête de réfléchir.

L'effet de cet adrénaline est immédiat. Mon sang circule à nouveau, rejoignant l'ensemble des parties de mon corps, et ensuite, ce sont mes mains qui se sont retrouvées sur ses joues et mes lèvres contre les siennes. Une seconde s'ajoute à une autre avant qu'elle ne semble réaliser ce qui est en train de se passer et me rend mon baiser. L'endorphine s'étale sur chaque atome qui me compose, mais la pression ne redescend pas. J'ai besoin de plus.

Ses mains atterrissent en bas de mon dos, me rapprochant d'elle, comme si on pouvait mieux faire. Abigail partage mon énergie et mon envie. Elle a besoin de cette proximité, elle aussi. Un volcan en éruption loge dans ma poitrine alors que j'essaie de m'imprégner de toutes ces sensations. Son parfum fleuri et frais, la douceur de sa peau qui est remplacé par la rugosité de sa veste que j'attrape dans un geste désespéré pour me satisfaire de cette proximité, le bruit d'une chanson silencieuse qui rythme ce moment et même si je ferme les yeux, derrière mes paupières, son image.

C'est exactement ce dont j'avais besoin, presque.

— Bordel, les filles. Vous êtes...

Le vide, le froid. C'est Abigail qui s'est retrouvé hors de ma portée en un rien de temps. Je me sens nue face à ce contact qu'on m'a retiré abruptement.

— ... en retard, finit Elisa.

Les yeux de cette dernière saute d'Abigail à moi avec un regard d'incompréhension, alors que celle-ci s'empresse de rejoindre la chambre. Elle attrape son sac à dos sous nos yeux avant de quitter la pièce, laissant derrière elle, un silence inconfortable et un étrange malaise. La vulnérabilité est le sensation qui me domine mais je balaie ça dans un coin.

— Tu m'expliques? demande Elisa, étourdie de surprise.

— Il n'y a rien à expliquer, lâche-je feignant le désintérêt mais je crains que mon misérable jeu d'acteur ne m'aidera pas là tout de suite.

— Abigail et toi? s'égosille-t-elle. Alors là !

Je plaque ma main sur sa bouche, effrayée par le cri qu'elle vient d'émettre. Il est hors de question que tout le monde soit alerté.

— Il n'y a pas d'Abigail et moi, alors arrête de crier comme une putain d'hystérique.

Elle retire ma main de son visage d'un geste brute, n'étant pas convaincue par ce que je viens de lui dire. Après tout, qui le serait?

— T'es clairement en train de te foutre de ma gueule, là ! s'exclame-t-elle toujours aussi peu discrète. Je viens clairement de vous voir vous roulez un patin.

Je grimace face à l'expression qu'elle vient d'utiliser. Elle vient littéralement de déromantiser tout mon tableau. Du moins, plus qu'elle n'en a déjà fait en nous surprenant.

— Alors, on va faire un petit résumer de la situation, suggère-je quelque peu frustrée par sa venue et son comportement. Primo, ça ne te regarde pas. Deusio, n'utilise plus jamais cette expression à l'avenir et tertio, je compte sur toi pour te taire, je n'ai pas envie que ça s'ébruite. Tu sais ce que ça pourrait créer au sein du groupe et ce n'est pas ce dont on a besoin.

Elle soupire, comme bouleversée par ce qu'elle vient de voir. Ne serait-elle pas en train de dramatiser? Je ne sais pas. Surprendre ses deux meilleurs amies qui se détestent et qui se tirent dessus depuis plus d'un an, en train de partager un baiser comme elle n'en connaîtra jamais. Cela doit être assez perturbant.

Le regard d'Elisa se jette sur la porte qu'a emprunté Abigail avant qu'elle ne le repose sur moi.

— OK, affirme-t-elle. Je comprends pas que tu ne veuilles pas que ça s'ébruite mais j'ai besoin d'explications. Tu sors avec elle?

— Quoi? Non. T'es sortie avec toutes les personnes que t'as embrassé, toi?

— Tu marques un point, dit-elle en mettant ses mains dans les poches de sa veste.  C'est de la folie.

— Merde, arrête de dramatiser. Oublies ça, et amène-toi, on va être en retard.

Je feins le détachement, misant tout sur mon jeu théâtrale, puis saisi mon téléphone sur la commode et sors de la chambre. La laissant seule dans celle-ci, toujours l'air stupéfait.

Je quitte l'étage pour rejoindre mes amis et songe rapidement à Abigail et la manière dont elle a disparue tout à l'heure et pour ne pas aggraver mon état actuel, je préfère chasser ces pensées.

Cette semaine en Italie aura été assez... troublante.

Putain.

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C'est sympa de publier à nouveau, ça m'avait manqué !

Encore merci de lire cette histoire, j'espère que la suite vous plaira.

Aussi, merci pour vos commentaires. Je suis toujours super contente de vos lires vos critiques, positives ou négatives qui sont faites dans le respect.

I.

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