"L'étendu des dégâts que peut provoquer un mal être permanent n'est pas mesurable sur l'individu en prime abord, mais avec le temps quand le caractère se dégrade et quand la nostalgie se transforme en tristesse pour devenir un calvaire insurmontable et accablant au quotidien, une main tendue pourrait sauver une vie ....." Pensée de l'auteure.
Le soir a étendu ses atouts à l'horizon. La lune pointe sa splendeur dans l'obscurité effrayante. Le froid s'est, également, imposé. Vu ainsi, la nuit semble effrayante. Mais pour Elsey, cette jeune femme américaine de vingt et un ans, tout fraichement débarquée de son Kentucky natal, l'observer est devenu un rituel. Son humeur maussade s'estompe dans la froideur de la nuit. Il y a plus sombre qu'elle. Elle sourit de sa propre réflexion. Dans un sens c'est réconfortant. Elle pose sa main sur sa poitrine côté cœur, il la fait encore souffrir, mais elle ignore pourquoi.
Cette fin de journée est bien venue. Épuisée de son dur labeur au restaurant "Universe", lieu où elle occupe un emploi partiel, marcher ainsi jusque son appartement lui apporte un certain réconfort. Le restaurant où elle occupe un emploi de serveuse est très réputé parmi les artistes coréens. Souvent associé au lieu de rencontre privilégié des célébrités, il n'est pas rare de rencontrer les chanteurs, et acteurs actuels. C'est l'intérêt et l'originalité de ce travail épuisant. Elle ne va pas se plaindre, il a fallu qu'elle se batte pour pouvoir avoir le poste parce qu'elle n'est pas coréenne de pure souche. Elle a pu compter sur l'aide d'une amie qui travaille également dans ce restaurant.
Elle souffle fortement dans la rue en sortant de son travail. Elle est seule, il n'y a même pas un chat errant. Son pied heurte quelque chose au sol. Elle s'abaisse pour le ramasser, et constate qu'il s'agit d'un téléphone. Quelqu'un l'aura perdu en sortant du restaurant. Elle décide de le garder en attendant que la personne à qui il appartient se manifeste auprès du directeur. Elle le range dans son sac.
Plongée dans ses pensées, elle songe :
"Je ne regrette pas d'être venue travailler à Séoul. J'ai découvert la Corée du Sud grâce aux groupes de K-pop que j'admire. Les BTS ont été véritablement le groupe déclencheur final de ma fascination pour l'Asie. Celle-ci n'est pas récente. Je sais pertinemment que je ne vais pas pouvoir y rester longtemps, mais, je me suis inscrite à l'université pour apprendre la langue et l'histoire de ce pays. Ce qui m'a permis de bénéficier d'un visa étudiant adapté à mon temps d'étude, à savoir cinq ans. J'ai commencé il y a six mois. Je m'exprime de mieux en mieux dans la langue nationale, et, pour être honnête j'ignore encore la raison de ma venue dans ce pays étranger. Les idoles ? Peut-être bien, ces beaux hommes sont tout à fait attrayants. Je ressens au fond de moi que cette attirance pour les hommes asiatiques, ainsi que la culture date du plus loin que je puisse me souvenir. Je voulais tenter cette expérience pour mieux comprendre pourquoi je suis ainsi, pourquoi je ne peux résister à tout ce qui a un rapport plus ou moins proche avec l'Asie. Je suis consciente que mon séjour a une date d'expiration, et, c'est pour cette raison que je compte bien mettre à profit ce privilège ! Cinq ans pour découvrir qui je suis véritablement devrait être suffisant !"
Elle hâte le pas, le froid traverse la fine épaisseur de sa veste, et, elle commence à greloter. Elle frotte ses bras pour les réchauffer un peu. Un véhicule passe avec trois jeunes hommes à l'intérieur. Il siffle pour l'interpeler, elle préfère les ignorer et augmenter sa cadence de marche parce qu'ils sont alcoolisés, et peuvent être imprévisibles. Elle court presque à présent, mais la voiture est partie. Elle souffle de soulagement. Elle reprend sa cadence de promenade et sans s'en rendre compte, elle est arrivée devant la résidence.
Elle tape le code à l'entrée, monte au second étage, et enfin quand elle pénètre dans son appartement se laisse tomber comme une masse sur le canapé. Il lui faut du calme et du repos à présent. Elle ouvre son application musicale et lance une chanson de BTS qu'elle affectionne tout particulièrement.
Elle ferme les yeux et repose son esprit. Des larmes coulent de ses yeux. Elle aime cette sensation de tristesse provoquée par les paroles chantées par ses idoles. Des frissons parcourent son échine. Elle est très sensible aux émotions fortes, les larmes lui viennent facilement. Elle est ainsi, et, certains peuvent voir cela comme une faiblesse, mais cette jeune femme émotive est un diamant pur de sentiments qui méritent d'être taillé sur mesure pour un jeune homme qui saura cueillir la magnifique rose qu'elle est, avant qu'elle ne fane. Elle est prête à se lancer dans l'aventure de l'amour.
Elle secoue sa tête. Est-ce là l'explication de son mal être ? Elle cherche l'âme soeur ? Elle n'a pas encore assimilé la raison qui explique les sensations de vide qu'elle éprouve parfois quand elle est nostalgique. Elle sait que cette nostalgie n'est pas dû à l'ennui de sa famille, elle les contacte régulièrement. Non ! Il s'agit de quelque chose de plus profond qui certains jours, comme aujourd'hui, s'associe à un chagrin profond et un cœur lourd de doutes.
Elle souffle à nouveau. Elle se lève du canapé, improvise un repas moquette en visionnant le dernier drama à la mode. Puis, elle se douche et se couche. Voici son rituel quotidien depuis que son amie chinoise Tian Lo est partie rejoindre sa famille pour un mois à Shanghai. La solitude lui pèse un peu. Sa colocataire est d'un tempérament très enjoué, ce qui l'aide parfois à surmonter sa mélancolie. C'est comme si elle vivait un gros chagrin d'amour permanent qui avait brisé son cœur à jamais. Et pourtant, elle n'a jamais eu de petit ami, ni même n'est tombée amoureuse de qui que ce soit. Elle est dans l'expectative de quelque chose, mais de quoi ?
C'est bien là tout le complexe de sa personnalité. Elle parvient à réaliser un de ses rêves d'étudier à Séoul et à côté de cela son mal être permanent reprend le dessus sur l'excitation ressentie par le voyage et de la découverte d'un nouveau pays, asiatique de surcroît.
"Qu'est-ce qu'il ne va pas chez elle ?" Elle pense en se contemplant dans le miroir de la salle de bain.
Son reflet est triste. Même le blond de ses cheveux, et le turquoise de ses yeux ne parviennent pas à égayer l'image renvoyée. Son visage pourtant parfait et charmant est assombri par un regard profond absent de vitalité. Elle sourit peu, ou par ironie pour compenser une pensée désagréable. Elle tapote ses joues plusieurs fois de suite pour provoquer son esprit et chasser ses idées noires. Elle aimerait pourtant parvenir à pulvériser tout ce cumul de souffrance inexpliquée pour pouvoir se sentir mieux et profiter de la vie puis des opportunités qui se présentent à elle. Autrement dit sa personnalité est tellement complexe qu'elle se complique la vie sans aucune raison valable.
Elle se couche et ferme les yeux sur une autre journée démoralisante sans raison. Ses réflexions internes reviennent :
"Qui parviendra à soigner mon cœur malheureux ? Qui parviendrait à me libérer des abîmes de la déprime permanente ? Qui aura cette audace de me bousculer dans mes réserves pour que je devienne une personne exceptionnelle ? Qui ? Qui ? Il est plus que temps qu'il se manifeste dans ma vie avant qu'il ne soit trop tard et que je parvienne à un point de non retour ! L'amour peut-il me sauver ? Qui aimera une personne comme moi ? Hein ?"
Mes pensées sont coupées court par une sonnerie de téléphone qui résonne dans l'appartement. Je consulte par réflexe le mien que j'ai posé sur le petit meuble à côté de mon lit. Mais ce n'est pas celui-ci. Je me lève pour suivre le son de la sonnerie, et, je me souviens du téléphone que j'ai trouvé parterre devant le restaurant. Je me précipite pour le sortir de mon sac, et répondre. Mais, c'est trop tard. Je le contemple dans ma main. Je ne peux pas accéder aux contacts il est verrouillé.
Je m'assois sur le canapé. Je le retourne, cherche un moyen, mais il me faut le code pin pour le débloquer. Je laisse tomber, puis, je me dis que je tenterais bien pour le "fun" le code de mon propre portable le jour et mois de naissance de J-hope de BTS. Je tape, donc, 1802 sans conviction.
Je m'apprête à poser le téléphone sur la table du salon quand je constate qu'il se déverrouille. Je reste quelques minutes à l'observer. Comment est-ce possible que cet appareil se déverrouille avec le même code que le mien ? J'hallucine totalement quand je découvre les noms sur les contacts. Je frotte mes yeux pour vérifier, les mêmes noms de contact apparaissent. Je pince ma joue pour vérifier que je ne rêve pas. La douleur m'informe que ce n'est pas le cas. Je cligne plusieurs fois de suite et rapidement des yeux.
"Mais à qui est ce téléphone ? " Je songe en écarquillant les yeux.......
Nouvelle histoire pour vous mes fidèles lecteurs. J'ai des idées comme cela qui viennent à l'improviste. J'ai voulu créer un personnage féminin assez proche de ce que pourrait ressentir les jeunes aujourd'hui. Cette période difficile que nous vivons et le mal être qui pourrait en découler.............
Enfin bref, assez de bavardages, découvrez par vous-même et laissez moi quelques commentaires......