Manipulation

By StrawberryDark

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Dans le jeu de la séduction, il n'y a qu'une seule règle : ne jamais tomber amoureux. Reyna vit à Athéa, un p... More

[RÉÉCRITURE POSTÉE]
PROLOGUE
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 4 BIS
CHAPITRE 5
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12 | PARTIE 1
CHAPITRE 12 | PARTIE 2
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17 | PARTIE 1
CHAPITRE 17 | PARTIE 2
CHAPITRE 18 | PARTIE 1
CHAPITRE 18 | PARTIE 2
CHAPITRE 19 | PARTIE 1
CHAPITRE 19 | PARTIE 2
CHAPITRE 19 BIS
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27 | PARTIE 1
CHAPITRE 27 | PARTIE 2
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29
CHAPITRE 30 | PARTIE 1
CHAPITRE 30 | PARTIE 2
CHAPITRE 31
CHAPITRE 32
CHAPITRE 33
CHAPITRE 34 | PARTIE 1
CHAPITRE 34 | PARTIE 2
CHAPITRE 35
Remerciements
Info Tome 2
Come back 🔥
Instagram

CHAPITRE 6

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By StrawberryDark

SHADE


Dans un reniflement poisseux, je balance le dernier coton rougeâtre en direction de la poubelle à côté de la porte. Je ne vérifie pas la cible, peu m'importe que mon tir ait abouti ou non. J'allume le robinet et m'applique à me rincer férocement le visage à l'eau glacée. Je grimace. Le lavabo crade de nos sanitaires collectifs récupère des croûtes molles et une partie de mon sang.

Bordel de merde. Ma langue a fini par s'habituer à ce perpétuel goût métallique saupoudré de victoire. Mon cerveau malade en devient accro, en veut plus. Je me rince la bouche puis appuie mes deux mains contre la faïence pourrie du lavabo. Le simulacre de miroir encore à moitié fixé au mur me renvoie un reflet rougeoyant.

J'inspecte mon arcade sourcilière enlaçant désormais une couture grossière, mais efficace. Une habitude ces temps-ci. Mon œil gauche boursouflé se meut au travers de toutes les teintes violacées possibles alors que mon bras droit me lance encore. Le moindre mouvement me donne l'impression de me déboîter le coude.

Putain de bordel de merde. Mon cou retrace le passage de Smith puis l'impact de Reyna en un patchwork de bleus déjà sombres. La douleur ? Anecdotique. Ma doublure abîmée craque une risette sournoise qui grandit, s'élargit, creuse un ravin au milieu de ce visage délabré alors que ma gorge délivre un gargouillement nerveux. Les tressautements discrets se meuvent en ricanement psychotique alors que ma cage thoracique se secoue douloureusement.

Je tape mon meilleur fou rire de dégénéré, seul en compagnie des chiottes infectes remplies de germes et de cafards de la Pension NA21, district 64B. Je baisse la tête et ris à m'en péter les côtes déjà fragiles. Toutes mes plaies séchées craquent alors que mon souffle peine à suivre. Ma trachée se bloque, une quinte de toux surprend mon rire et le chasse, l'écrase.

Je tousse à m'en décaper les muqueuses, le bras gauche autour du ventre alors que l'autre me raccroche désespérément au lavabo. Des bruits agonisants s'échappent d'entre mes lèvres, je m'étouffe. Je crains un instant de cracher un bout de poumons quand finalement, un caillot de sang salit le fond du lavabo.

J'inspire, la poitrine en feu. Je reprends mon souffle, les larmes aux yeux, le front ruisselant alors que je sens le sang recommencer à s'écouler contre mon visage. Fait chier. Je m'essuie la bouche d'un revers de main et recroise mon reflet cabossé, mon sourire de fou toujours en place. Le sang a toujours pris un goût de victoire dans ma bouche quant au son du succès, ce n'est qu'une symphonie d'os brisés, de cris d'agonie et de déchirement organique.

— Reyna Call... murmuré-je les pupilles folles, dilatées à l'extrême et la langue sur ma lèvre fendue. Putain de Reyna Call.

Je ricane encore, en faisant attention cette fois. Je lave les dernières traces de sang séché sur mes doigts, ponctionne les plaies rouvertes et me rhabille, immensément satisfait.

C'est ce qu'on appelle ici-bas une putain de bonne journée.

Mes cheveux mouillés gouttent sur ma combinaison tachée de mon sang de la journée alors que je remonte la fermeture Éclair avant de rejoindre Berlioz au gymnase. Sur le chemin, mon écrou se balance entre mes doigts alors que mon sourire ne veut pas quitter ma face de timbré.

Je repère immédiatement le Mexicain en plein troc lorsque je franchis les portes, Isaz et Lagos chargés de surveillance. La foule se compose toujours des mêmes personnes, des mêmes abrutis. J'avise Smith toujours au même endroit et fusille du regard un gamin qui me dévisage un peu trop longuement.

— Un problème petit ?

Le jeune détale, mes phalanges craquent et se délient lentement. Mes démons dansent dans leurs caves sombres et perverses. Mon égo remplit l'espace, se sent intouchable. Je marche vers mon ami comme si les lieux m'appartenaient. Bon sang, ça pourrait bien être le cas. J'attends la fin de sa transaction puis m'assois à côté de lui les mains dans les poches.

Je sens ses yeux sombres frôler mes blessures faciales, caresser mes hématomes. Je sais immédiatement comment il va réagir.

— T'as une sale gueule, se moque-t-il en serrant mon épaule.

Je tourne la tête vers lui, mon sourire en coin bien en place. Sa naturelle légèreté ne parvient pas tout à fait à cacher l'inquiétude de sa voix. Je ne fais pas de commentaire.

— J'ai exactement la gueule que je devrais avoir, répliqué-je sans chercher à masquer ma prétention.

J'entends Isaz pouffer dans mon dos. Je me retourne lentement, les traits soudain plus durs lorsque je m'adresse au brun.

— T'as quelque chose à dire ?

— Fais pas comme si t'avais tout prévu, m'accuse-t-il en montrant les dents. Tu veux juste pas avouer qu'elle t'a démarré dès qu'elle a vu ta sale gueule de taré et qu'elle t'a mis KO en moins de trois secondes et demie.

Je souris un quart de seconde, déjà ennuyé. C'est si terrible de devoir sans cesse interagir avec des idiots qui possèdent moins d'un huitième de mon intelligence.

— Pense ce que tu veux, c'est pas comme si t'étais assez futé pour comprendre de toute façon.

— Je suppose qu'on peut pas tous être agités du ciboulot comme toi. Mais je t'en prie, continue d'appeler cela de l'intelligence.

Mon sourire s'effondre, remplacé par une ligne tranchante. Ma langue claque contre mon palet alors que les démons hurlent et serrent mes poings. Frappe-le. Non. Ce type ne mérite pas que je lui donne raison.

Je plisse les paupières et le fixe si froidement que mes envies de meurtres finissement par s'inscrire sur sa peau. Rétractent ses veines, coupent sa respiration. Il tient mon regard par fierté, mais tout son corps me hurle sa crainte.

Je me retourne vers Berlioz comme s'il n'existait plus. Personne n'intervient dans ces cas-là, ni mon meilleur ami et encore moins Lagos. Ils attendent simplement que la tension s'efface, inconscient du mal qui sévit sous mon crâne.

— Des infos pour moi ?

Après une seconde d'hésitation, le Mexicain se lance finalement dans un rapport exhaustif des évènements de la journée. Rien d'excitant. Le reste d'entre nous coincé entre ces murs sordides a vécu une journée comme les autres pendant que nous autres Sélectionnés faisions face à ce qui se fait de plus vicieux et idéaliste à Athéa : des étudiantes en Sciences Politiques Sénatoriales.

Ma gueule a fait le tour de la Pension, a nourri les rumeurs, les moqueries. Je m'en tape. Je n'ai pas le temps pour ces conneries.

Alors que Berlioz continue de babiller, mes yeux se baladent sur le paysage familier du gymnase puis s'arrêtent sur Smith. Torse-nu, la brute enchaîne les développés-couchés dans l'espoir probable de gonfler ses muscles à hauteur de son égo. Une perte de temps. J'observe ses veines bleuir sur ses biceps, saillir à la surface de sa peau et les imagine exploser à la gueule de ses sbires en une gerbe rougeâtre, mélange de sang et de sueur puante.

Un foutu spectacle. Bien meilleur que celui qu'il offre chaque soir, sculptant son corps pour forcer la peur dans les entrailles. Une cause perdue si vous voulez mon avis. Une seule chose vaut la peine d'être retenue dans sa pathétique petite routine : sa constance millimétrée. Elle le rend prévisible. Une chance pour moi.

Pour autant, Ramsey Smith a dérogé à sa foutue stupidité aujourd'hui. Pas un mot sur mon visage tuméfié, pas une insulte sur le chemin du retour, pas même un doigt d'honneur puéril. Dès son retour à la Pension, il n'a pas bougé de sa chambre, continuellement entouré de trois ou quatre de ses gars.

Comment ne pas le remarquer ? C'est comme s'il faisait tout pour que je sache qu'un truc pas net s'est produit lors de sa première session de The Rule. Tu me facilites beaucoup trop la tâche, sale pourriture...

— Ah et Alix Scharp te cherche au fait.

La voix de mon meilleur ami flotte jusqu'à mes tympans, mais c'est le nom d'Alix qui gagne réellement mon attention. Sans lui répondre, j'abandonne Smith et pose mon regard émeraude directement sur le blond et son Clan. Ses yeux bleus me transpercent déjà. Je soutiens ses pupilles féroces trois longues secondes pour le forcer à détourner le regard.

Putain, ce connard va nous cramer...

— Bon, raconte, demande enfin Berlioz. The Rule, comment c'était ?

Je lâche Scharp pour me retourner vers lui et lui offrir un sourire joueur. Je lui désigne Isaz et Lagos d'un mouvement de la tête et Berlioz leur fait signe de nous laisser seuls.

— Tu me connais, je sais exactement comment me faire aimer.

Le Mexicain me retourne mon sourire, mais sa bonne humeur ne m'atteint pas. Je m'enferme dans ma tête, analyse ses micros expressions faciales comme s'il faisait partie de mon plan en cours. Je ne suis qu'à moitié là, un dixième à peine dans notre conversation.

— Bien sûr, se moque-t-il. L'œil au beurre noir et l'arcade pétée c'était pour te remercier de ta lumineuse présence à ses côtés, c'est ça ? Un petit cadeau de bienvenue.

— On bosse sur son agressivité dans notre relation.

Il rit, mon sourire s'élargit. Mon cerveau beugue. Provoquer la joie de Berlioz m'a toujours semblé irréaliste, déplacé. Comment un gars comme lui peut rire de mes folies journalières ? Pourquoi est-ce qu'il ne me méprise pas comme tout le monde ?

— Sérieusement Shade, c'était quoi ton plan ? Tout faire pour te faire tabasser ?

— À peu de choses près, oui.

Mon ami regagne petit à petit son calme face à ma réponse sérieuse.

— T'es complètement fou, Shadow.

— Merci.

— Et on peut savoir ce que tu as prévu pour la suite ? demande-t-il soudain plus grave, presque accusateur. Parce qu'à ce rythme-là, tu passeras pas la semaine.

Je le brutalise d'un sourire en coin malicieux puis me penche vers lui pour répondre. Le venin dans ma gorge inonde ma langue avant que je ne m'en rende compte, imbibe les mots qui sortent de ma bouche.

— Et toi ? On peut savoir à quoi tu joues en essayant de refourguer une puce binaire aux Clandestins ?

Son visage se fige, ses traits se durcissent alors qu'il soutient mon regard provocateur.

— C'est que du business. Je rends service.

— Ces merdes sont traçables, B, tu feras quoi quand les Harpies remonteront jusqu'à toi ?

— J'ai pris mes précautions. Je ne suis pas stupide.

Pourtant, tu continues de traîner avec moi. Nous nous affrontons du regard pendant de longues minutes durant lesquelles, les bruits de foule du gymnase se réduisent à de faibles sonorités en arrière plan. Berlioz détourne la tête en premier, comme d'habitude. Il sait que je m'inquiète simplement pour lui, mais je n'ai jamais su comment le montrer, le dire.

Alors je le malmène, parce que c'est toujours mieux qu'une douloureuse indifférence.

— Harper ? Faut qu'on cause.

J'ignore Alix le temps de clôturer les problèmes de mon meilleur ami. Mais je n'ai rien à ajouter et lui non plus de toute évidence.

Je soupire et me lève pour faire face à un Alix Scharp plus nerveux que jamais. Arrête d'être aussi transparent, merde. Je lui fais signe de me suivre et nous nous isolons dans le couloir désert à cette heure. Je vérifie l'absence de Guetteurs avant de parler.

— Qu'est-ce que t'as pas saisi dans « ne me parle pas en public » ? T'as envie qu'on se fasse choper ? Ou que Smith sente qu'on prépare un truc ? Je pensais pourtant que t'étais le moins stupide de tous tes putains de potes.

Alix carre la mâchoire pour ne pas répliquer même si je n'aurais que deux phrases à ajouter pour qu'il pète les plombs. J'ai encore besoin de lui pour ce soir.

— J'ai très bien compris ce que tu voulais que je fasse, merci, grogne-t-il. Mais je ne peux pas faire ça tout seul, Smith va me...

— Qui a dit que tu serais tout seul ?

Mon intervention lui fait oublier le reste de sa phrase. Je hausse les sourcils et croise les bras sur mon torse pour le pousser à continuer de débiter l'immense connerie sur le bout de sa langue.

— Je...

— Tu sais quoi ? Occupe-toi de faire ce que je t'ai demandé. Penser c'est mon job, va pas encombrer le vide qui te sert de cerveau avec des pensées inutiles, ok ?

Je passe à côté de lui, agacé par cette perte de temps. Mes instructions étaient pourtant simples : fais ce qu'il faut pour que Smith descende de son piédestal et termine à l'Abattoir. Rien de plus, rien de moins.

— Après ça, on sera quittes, Harper, me retient Alix alors que j'allais passer les portes.

— Je sais comment fonctionne une reconnaissance de dette, Alix, mais merci pour ce petit rappel, me moqué-je sans me retourner.

Je retrouve ma place sur le banc branlant, mais Berlioz n'est plus là. Il poursuit ses petites affaires en sous-mains à l'autre bout de la pièce tandis que j'attends patiemment que mes petits pions se mettent en place.

Ramsey Smith n'a pas bougé, toujours à hurler comme un animal alors que ses muscles ruissellent de sueur. Scharp relève d'une stupidité phénoménale s'il pense que j'ai tout misé sur lui pour un tel spectacle. Non, d'autres chefs de Clans me doivent un petit service et ils vont tous me payer en même temps.

Fabuleux n'est-ce pas?

Je l'aurais bien fait moi-même, mais notre rivalité bien trop connue n'aurait pas tourné en ma faveur.

Ce soir, la tension dans notre petit gymnase miteux ne doit rien à la chaleur écrasante, l'air saturé de sueur collante. L'agitation générale semble un peu plus vive, l'atmosphère un peu plus lourde, alors que les discussions s'intensifient. Il faudrait être un idiot pour ne pas remarquer que quelque chose se prépare à l'ombre.

Heureusement pour moi, le monde est peuplé d'idiots.

Les mains jointes, mon regard s'agrippe aux cheveux blonds de Scharp, alors en grande conversation dans un coin de la salle. Opposé à Ramsey, il parle avec son nouveau bras droit, le gars assez con pour remplacer Dare suite à son petit séjour traumatique à l'Abattoir. Plus petit, moins costaud, plus réservé, pas sûr qu'il fasse long feu.

Pas que je m'en soucie, de toute façon.

Leurs messes basses attirent l'attention, le Clan se regroupe. Loupo relève la tête. Merde, sois plus discret Alix. Les petits regards provocateurs du blond en direction de Smith n'améliorent pas la situation.

Puis soudain, c'est comme si une immense machine se mettait en branle. Des mots glissés à l'oreille de-ci de-là, un ordre grincé entre les dents, des explications crachotées de groupe en groupe qui se séparent moins d'une minute après. Et quand l'information a fait le tour, tous se taisent, les bras croisés, concentrés sur leur objectif.

Les Clans se soudent autour de leur ennemi commun, celui que je leur ai désigné par la force des choses. Par reconnaissance de dettes et services rendus. Quel univers magnifique! Le clou du spectacle de cette pièce si soigneusement millimétrée pendant des mois. J'en salive d'avance, mes mains me démangent alors que l'envie d'applaudir haut et fort me prend aux tripes.

Une putain de représentation.

Et Ramsey Smith, râlant, agonisant sous ses haltères, inconscient de ce qu'il se prépare à moins de cinquante mètres de son imposant égo. Bientôt l'heure de rentrer à la niche, le chien... Cinq ans que j'attends ce moment, la satisfaction se montre à la hauteur de mes espérances.

Mes lèvres s'amendent d'un sourire carnassier aux accents psychotiques. Je frissonne d'anticipation.

— Qu'est-ce qu'il se passe, là ?

Berlioz me rejoint, les sourcils foncés par l'incompréhension. Je ne réponds pas tout de suite, perturbé par la discussion d'Alix avec son mentor. Je n'avais pas prévu que Loupo s'en mêle. Je savais par avance que je ne pourrais rien faire pour obtenir une dette de sa part, aussi je l'avais écarté de mon plan dès que le début. Et je pensais que ce petit règlement de compte l'indifférerait.

Mais le sort de son petit protégé par contre... Mauvais calcul. S'il intervient, ne serait-ce que pour dissuader Scharp d'accomplir la mission que je lui ai confiée, la machine s'arrête. Le spectacle s'interrompt avant la fin et justice n'est pas rendue.

Je serre les poings jusqu'à sentir mes ongles pénétrer la paume de mes mains. Je déteste quand les variables décident d'agir autrement que le chemin que je leur ai prédéfini. Connaissant Loupo cependant, cela ne m'étonne guère.

— Tu sens ? dis-je finalement, ignorant la précédente question du Mexicain.

Je hume l'atmosphère pestilentielle comme une drogue volatile. Mon meilleur ami me fixe sans comprendre.

— Quoi donc ?

— L'odeur, B. C'est le parfum du foutu changement.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

Mais je ne l'écoute déjà plus. Loupo et Alix sont parvenus à un accord il semblerait et le doyen de la Pension n'apparaît pas disposé à contrecarrer mon superbe plan. Tant mieux. Les chefs de Clan se regroupent, discutent alors que Ramsey semble enfin remarquer l'agitation inhabituelle.

Ils n'ont pas été difficiles à convaincre. Tout le monde ici déteste Ramsey Smith, mais plus important encore, leur soif de pouvoir les pousse à vouloir éliminer la concurrence. Les pauvres arrivistes veulent sa place, ils tueraient n'importe qui pour des miettes d'influence. Deux trois mots bien placés et ils étaient partant pour l'égorger à pleines dents.

Smith rappelle enfin ses gars alors qu'Alix s'entoure de ses homologues et de quelques recrues de confiance pour l'ultime confrontation. Les Guetteurs sont alertés par ce soudain rassemblement et la satisfaction creuse un profond sourire sur mes lèvres. Loupo reste en retrait, en qualité d'observateur et je me lève finalement pour conserver mon visuel sur la situation.

Les démons dansent à l'arrière de mon crâne, galvanisés par la vengeance que je leur apporte. Berlioz me retient par la manche. Je me dégage brusquement.

— Shadow, dis-moi ce qu'il se passe.

Mes yeux le transpercent sans le voir, mon cerveau en mode automatique. Uniquement dans le contrôle. Depuis ce matin et le petit tour joué à cette fille, mon corps s'est enfermé dans une brutale indifférence. Tout mon environnement n'est plus que variables, pions et machinations. Même Berlioz.

— Ouvre grand les yeux, Berlioz, c'est bientôt le bouquet final de la meilleure représentation de ta vie.

Je ne lui laisse pas le temps de me poser une autre question que je disparais dans la foule des spectateurs. Quand j'arrive au centre, Alix et Ramsey se font face, comme ce matin dans le BlackOut, les bras croisés, les crocs sortis. Il serait ambitieux de ma part d'espérer un dérapage aussi brillant que lors de notre petit trajet vers le Village Concours. Je ne dote pas Alix Scharp d'autant de talent.

Mais un bon coup droit bien placé, de la bave postillonnée et des giclures de sang, voilà qui semble plus raisonnable. Et tout aussi satisfaisant.

Les Guetteurs n'observent pas longtemps un conflit avant d'avertir les IA. Il leur en faut peu. J'ai dit à Scharp qu'il avait trois minutes trente, alors que les précédents s'accordent autour des quatre minutes. Avec ce genre d'imbécile, il faut toujours voir large.

Le décompte s'active déjà derrière mes paupières, en attente de la première insulte.

— T'as un problème, Alix ? commence Smith en s'essuyant vaguement les mains sur sa combi toujours nouée autour de sa taille. Tu me penses aveugle pour ne pas remarquer vos petites réunions inhabituelles ? Tu me fais pitié.

La brute crache son ADN sur les chaussures du blond qui ne bronche pas, le regard fixé sur son adversaire. Le sang froid d'Alix demeure la raison pour laquelle je l'ai choisi, lui parmi tous les autres dominants de cette Pension. L'impulsivité dans ce genre de confrontation te mène tout droit à l'Abattoir.

— Bravo, Ramsey, grosse maturité. Je ne savais pas que discuter était devenu un crime dans ton petit empire autoproclamé.

Smith serre les dents alors que les spectateurs commencent à s'agiter, chuchoter. Ils débattent avant de choisir leur camp.

— Qu'est-ce que tu prépares ? Une rébellion ? Une prise de pouvoir ? Me fais pas rire. Tu ne pourrais pas prendre ma place même si je te donnais ma bénédiction.

— Qu'est-ce que t'en sais ?

— T'es une p'tite bite, Scharp. T'as eu besoin des services de l'autre malade mental pour sortir ton meilleur pote de l'antre de Zyar. T'as pas les couilles pour ce job.

Alix contracte ses biceps, piqué au vif. Il se maîtrise, mais je sens que ce coup bas l'a ébranlé. Son incompétence dans le milieu n'est pas vraiment un sujet dont il accepte de discuter.

— Parce que toi, si, peut-être ? Je savais pas que t'avais des couilles en premier lieu, Smith.

— Joue pas au con, grogne le chien.

— Pourquoi ? Un de tes sbires va me planter sinon ? T'es rien sans ta meute, Ramsey, seul tu vaux pas un crédit. T'as même besoin d'eux pour te branler.

La foule réagit vivement, sifflant un « Ouuh » humiliant pour Smith. La rumeur ébranle la brute et les murs du gymnase alors que les paris commencent à circuler dans le public. Les Pensionnaires se scindent en deux équipes distinctes, soutenant leur champion. Enfin un peu d'animation dans la Pension NA21, district 64B.

Smith fait un pas en avant, collant presque son nez à celui de Scharp. Un peu en retrait des autres, Loupo observe attentivement la scène.

— Si j'étais toi, je partirais tant qu'il est encore temps. T'as vraiment pas envie d'être sur mon chemin.

— Tu parles beaucoup, mais pour agir y'a plus personne.

Deuxième exclamation de foule. Je souris comme un psychopathe. Smith va craquer, Alix va s'en prendre une, voire plusieurs. Peut-être même un petit passage à tabac si j'ai de la chance. Et cette sale merde de Ramsey Smith va enfin avoir droit au traitement qu'il mérite : un séjour tous frais payés à l'Abattoir en la charmante compagnie de Zyar.

La brute pousse vivement le blond, contrarié. Alix ne riposte pas, comme indiqué dans mes directives. Il faut que ce soit Smith qui lance le premier coup. Les têtes se tournent, s'interrogent, ils ressentent tous la tension irrespirable de la pièce.

Mais personne n'interviendra. Quoi qu'il advienne désormais, si combat il doit y avoir, ce seront Zyar et ses Fils qui se chargeront de les séparer.

— Tu veux que j'agisse ? Très bien, rétorque le châtain. Qu'est-ce que tu ferais si je te disais qu'en un claquement de doigts, je peux te prendre ce qui compte le plus pour toi ? (Scharp fronce les sourcils, perplexe.) Ton petit pote là, Dare, un mot de ma part et je le termine. Adios, finis. Je le crève ce sale connard.

La mâchoire d'Alix tressaute violemment. Dare est comme son frère, s'en prendre à lui c'est signer son arrêt de mort.

— T'as pas le bras aussi long que ça, Ramsey.

— Oh, tu crois ? Il est sous médocs, n'est-ce pas ? Sous respirateur même, je crois, Zyar n'a pas vraiment été tendre avec lui. Cette Pension est assez vieille tu sais, le matos est pas de première jeunesse non plus et bon, tu sais, ce genre de machine ça tombe facilement en rade. Ce serait con que ça arrive à Dare, hein ?

La respiration du blond s'alourdit. Putain de bordel de merde. Smith est doué pour ça. Foutre la merde, c'est son fonds de commerce. Il faut que Scharp reste calme.

— Et le code de Dust déconne, tu sais, il sait plus trop ce qu'il fait. Une erreur d'inventaire est si vite arrivée, surtout lorsque la logistique est laissée à une machine déficiente. Ce serait dommage que ton meilleur pote ne reçoive pas ses précieux cachetons. Ils sont vitaux, non ? Une histoire de fluidification du sang, je crois.

— T'oserais pas, susurre Alix entre ses dents.

Ramsey redevient sérieux un instant, le regard féroce. Le silence agonisant du gymnase nous plonge dans une angoisse réelle perpétuée par les menaces de la brute. Mon sourire a disparu. Ce bâtard est en train de retourner mon pion.

Ça me fait bien chier.

— À toi de voir si tu veux prendre le risque.

Plus personne ne bouge. Les autres chefs de Clans, en soutien derrière Alix Scharp ne pipe mot, ne tente pas leur chance. Alix était ma meilleure option, les autres n'étaient dans le coup que pour faire barrage à ce genre de menace, pour constituer une défense solide.

Mon cul! Ce sont tous des incapables. J'ai envie de les étriper de mes propres mains.

Ils se renvoient des regards incertains, communiquent à demi-mot, par de vagues gestes et phrases avortés. Mais une décision semble se prendre contre toutes mes directives. L'un d'entre eux pose une main sur l'épaule tendue d'Alix pour le convaincre d'abandonner.

Le blond l'ignore puis se laisse finalement convaincre par les quelques conseils glissés à l'oreille. Personne n'a envie de mettre en jeu la vie d'un camarade. Seul Smith est assez fou pour suggérer un meurtre et assez stupide pour honorer sa parole jusqu'au bout. Et moi bien sûr, mais pour d'autres raisons.

Alors qu'Alix commence à reculer, mon sang bouillonne, la colère m'explose à la gueule. Ce n'était pas le plan. Ramsey ricane, content de lui, de sa victoire presque jouissive. Je l'emmerde profondément.

Son arrogance néanmoins, force sa langue à délivrer une dernière pique pour son adversaire.

— Encore un coup de ce genre, Alix, ou un regard de travers, ou même un souffle mal placé et ton pote, je le bute. Tu m'as compris ? Je le tue. Et lentement, pour qu'il comprenne bien que tout ça, c'est ta putain de fau...

Et le dérapage survient alors, mais pas celui que j'espérais. Fou de rage, Alix s'élance rapidement et éclate son poing contre le nez tordu de Smith qui recule sous l'impact. Le temps s'arrête, spectateur des salissures rougeâtres qui s'écoulent de ses immondes narines. La Pension NA21, district 64B retient son souffle.

— Alix, intervient Loupo qui apparaît soudain juste derrière son protégé.

Mais il ne l'écoute plus. Son corps tremble de rage, loin d'être satisfait par l'ultime coup lancé contre Smith. Une flamme furieuse embrase ses pupilles alors que la colère remodèle les traits de son visage. Je connais ce regard.

Il veut plus. Il veut une vengeance. Et alors que mon pion principal se découvre un libre arbitre que je lui avais soigneusement dérobé, je ferme les yeux pour ne pas assister à ce désastre imminent.

Les coups s'enchaînent, frangés de cris, de grognements, de crachats sanguins. La foule s'enflamme, scande le nom de leur favori, galvanisée par le spectacle. Quand mes paupières se relèvent, Ramsey riposte de deux coups de poing qui assomment le blond. Alix titube, mais parvient à esquiver la troisième droite s'avançant dangereusement vers son œil avant de riposter par son pied dans l'estomac de la brute.

Smith tombe à terre. Peu d'équilibre dans ces muscles difformes. Et Scharp se jette sur lui. Les deux adversaires roulent sur le sol, hurlent, grognent et aboient, tels des foutus chiens enragés. Pas qu'ils aient un jour aspiré à mieux de toute façon. Leur état primitif patientait sagement sous leur peau, prêt à consumer leur chair au moindre assaut déplacé. Il n'en fallait pas plus.

La foule scande leur nom, s'anime et s'enflamme. Je garde les poings fermés le long de mon corps, presque en transe. Je les hais. J'abhorre leur stupidité abjecte et leur mépris de la maîtrise de leurs émotions.

Comme moi, Loupo semble le seul à ne pas s'amuser. Il croise les bras sur son torse, la bouche crispée, le regard déçu sur Alix. Son poulain n'aurait pu réaliser plus piètre performance.

Le blond finit par immobiliser Smith et ses mains se referment progressivement sur sa gorge. La brute suffoque, se débat fermement alors que son visage rougit sous l'effort, le faisant ressembler à un bébé gras et placide. Ramsey parvient à griffer Alix au visage. Le blond grogne et lâche sa prise.

Smith en profite pour le renverser et se relève pour prendre l'avantage. En une seconde, Scharp est de nouveau sur ses jambes, prêt à parer les assauts. Les deux adversaires se jaugent un instant, essoufflés, fatigués, la peau brillante de sueur. Le public les galvanise et bientôt, le combat reprend plus acharné et violent encore que lors des dernières minutes. Les Pensionnaires sautent, crient, vivent enfin.

Un lugubre divertissement à hauteur de leur ennui exponentiel.

Et moi, le corps rigide, les poings serrés forçant mes ongles à creuser la fine peau de mes paumes, les veines froides, j'attends que l'on vienne finalement mettre un terme à cette blague. Quand le Guetteur en poste scanne finalement le combat en une gerbe de lignes rouges, mes neurones se détendent juste un petit peu.

Je recule, lassé. Je sais comment vont se dérouler les prochaines minutes. Et la seule idée que ce dénouement soit différent de celui que j'avais prévu pour ce soir me met hors de moi. Je sors de la foule, où Berlioz a sagement attendu.

Les bruits métalliques dans le couloir annoncent déjà l'entrée imminente des IA et le public commence doucement à se réveiller de sa transe. Les Pensionnaires se dispersent. Même les deux bêtes hargneuses cessent prudemment leur démonstration sanguinolente à l'entente de ce son. Quelques-uns, sûrement parmi les moins lâches d'entre nous, restent aux côtés de Smith et Scharp, plus par curiosité morbide que par réel soutien.

— Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? demande mon meilleur ami.

— Une foutue débâcle, parce que cet endroit est rempli d'imbéciles finis incapables de suivre des ordres, grogné-je pour toute réponse.

Berlioz n'insiste pas. Il connait ce ton. Alors en silence, nous assistons à l'immobilisation des combattants, parcourus d'un courant électrique envoyé par le Guetteur de surveillance. Archer débarque juste après, hologramme perfectionné sans aucune personnalité. Sempiternel costume bleu nuit et nez crochu, cheveux ras, chaussures cirées.

La dernière génération d'Intelligence Artificielle, le chef de leur petite bande de cinq. Intouchable naturellement. Pas question de lui ponctionner l'une de ses pièces comme à ce vieux crouton d'Aris. Non, Archer se recharge dans une salle à l'écart sécurisée et se montre le moins possible.

Il sort simplement pour délivrer les sentences. À ses côtés, le cyborg incarné par Zyar pose un regard affamé sur ses nouvelles proies.

Sans ouvrir la bouche, la voix d'Archer nous parvient décuplée, mais banale et monocorde. Sans émotion aucune. Un robot pur et dur.

Alix Scharp natus 258NA6025, pour les crimes suivants : agression volontaire, violence sur autrui, incitation à l'émeute et perturbation de l'ordre public, vous êtes condamné à sept jours de redressement à l'Abattoir, deux jours de travaux publics à effectuer dans la Pension NA21, district 64B et à trois jours de diète. La punition prend effet immédiatement. Si...

Je n'écoute plus. Mes veines se rétractent d'une rage froide et latente. C'est moi qui aurais dû lui refaire le portrait tant son incompétence m'est intolérable. Quel genre de nuisible atteint ce niveau d'inutilité ? Ça me fait dérailler.

Loupo est parti avant l'arrivée d'Archer, sachant pertinemment ce qui allait se produire. J'aurais dû l'imiter.

Ramsey Smith natus 258NA5874, au visionnage des dernières images à notre disposition, vous n'êtes pas l'instigateur de ce combat compte tenu du fait que vous n'êtes pas l'auteur du premier geste de violence. Nous considérons que vous avez fait acte de légitime défense envers l'agressivité déplacée de votre camarade. Néanmoins, toute action de violence étant proscrite, je vous condamne à nettoyer la totalité des locaux scolaires après les cours quotidiens durant sept jours. La punition prend effet immédiatement. Si...

Je me casse. Je bouscule Berlioz au passage et me rue dans le couloir. Les pas rapides de mon ami me rattrapent, mais j'ai l'arrière-plan du décor en sourdine. Seules sifflent les insultes scabreuses de mes démons, ma déception et mon irritabilité.

Ça n'aurait pas dû se passer comme ça. J'avais tout prévu, tout écrit à l'avance. Tout était sous contrôle. Tout était sous contrôle. Tout était...

— Shadow.

Le Mexicain me saisit l'épaule pour m'arrêter. Je me retourne vivement, le saisit à la gorge avant de le plaquer contre le mur. Le brun déglutit, inspire un grand coup. Une étincelle de peur traverse ses pupilles à la manière d'une supernova : rapide, mais toujours visible pour un œil averti.

Je le relâche dans la foulée.

— Je comprends rien à ce qu'il vient de se passer.

— T'as pas besoin de comprendre, le rabroué-je la voix rauque de colère. Faut que tu me déniches des infos sur Reyna Call.

Retenue, Shade. Tout est dans la retenue. Le contrôle. Tu dois juste monter un autre plan. Un autre plan. Il faut juste un autre plan.

Berlioz se masse légèrement la gorge et je feins de ne pas le remarquer. Il reprend un peu son souffle avant de me demander d'une petite voix.

— Reyna qui ?

— Reyna Call, l'étudiante de The Rule. Je veux tout savoir sur elle. Déterre ses plus sordides secrets, je sais que t'en es capable.

— Attends, Shade, c'est...

Il s'interrompt de lui-même quand ses yeux bruns trouvent les miens. Je ne sais pas ce qu'il y voit, ce qu'il découvre ou même reconnaît. Je me demande toujours si ma folie parvient parfois à briser les barrières mentales que je lui impose pour venir contaminer mon physique. Ma chair, mes cellules. Et s'inscrire sur chaque centimètre de mon corps.

Je me demande s'il la regarde à cet instant, droit dans les yeux, comme un vieil esprit vengeur. S'il la palpe à même mes globes oculaires ou bien s'il la devine confinée intelligemment dans le petit espace de mes pupilles.

Je me demande toujours s'il sait, s'il comprend, s'il ferme les yeux sur ce qu'il voit plutôt que de me confronter parce que c'est plus facile ainsi. Ou bien s'il est aveugle de tout. Si sa naïveté que je croyais feinte s'avère finalement réelle. Il est le seul qui puisse me faire douter de tout.

S'il sait, alors il l'accepte et c'est étrange. Je me demande toujours pourquoi est-ce qu'il passerait au-dessus de tout cela, pourquoi est-ce qu'il reste ? Moi-même, j'ai parfois envie de m'ouvrir le cerveau pour la faire sortir cette folie. Cette maladie.

Qu'importe. Quand il ouvre la bouche, le résultat est toujours le même. Le chaos sous mon crâne se tait.

— C'est d'accord.

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