Les slovaques

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Arrivé dans le centre de Paris, la fourgon s'engage dans l'entrée d'un parking souterrain protégé par un digicode. Louisa recroquevillée dans un coin du véhicule, est toujours cernée par les individus masqués et lourdement armés. Ses jambes lui font terriblement mal, son crâne saigne toujours abondamment mais elle reste silencieuse. D'ailleurs, personne ne parle à l'intérieur, le silence est de rigueur.
Une fois arrivés dans le parking, André fait coulisser la porte latérale et ordonne à Louisa de le suivre. André, Louisa et les trois autres hommes marchent rapidement vers un ascenseur situé non loin.

André insère une clé dans l'interphone, l'actionne, et appuie sur le numéro 24.
L'ascenseur filant vers le haut, il regarde Louisa le visage ensanglantée, l'air hagard, et qui demeure terriblement muette. Les images de l'accident, des étincelles des mitraillettes, le chauffeur se vidant de son sang se répètent en boucle dans sa tête.

Ça va ..? lance t-il doucement en lui tendant un mouchoir pour éponger le sang sur son visage.

Louisa acquiesce à la positive et saisit le morceau de tissu pour s'essuyer mais ne dit toujours aucun mot.

En tout cas, on est dans une belle merde, rétorque un individu masqué.

Louisa est surprise d'entendre la voix d'une femme.

C'est pas le moment Hélène, répond froidement André.

Les portes s'ouvrent sur un petit hall.
Toute l'équipe sort de l'ascenseur et André pousse une grande porte donnant sur une vaste pièce à vivre. L'appartement moderne possédait une vue panoramique sur la capitale où par d'immenses baies vitrées, on distinguait clairement les magnifiques avenues dorées et le phare tournoyant de la Tour Eiffel.

D'apparence moderne, le salon composé de longs canapés noir formait un carré où trônait un poêle design en son centre.
André se dirige vers la grande cuisine, ouverte sur le salon et entièrement composée de marbre gris.

Bon André, c'était quoi ce bordel ?! Le chauffeur du camion est mort putain ! dit l'un des individus un enlevant son masque de guerre.

Barbu avec une profonde cicatrice à l'arcade, l'homme au physique imposant et le cou entièrement tatoué est terrifiant.

Je sais pas, je pense que c'était les Balaz ! J'appelle Julien pour voir si il a des renseignements concernant les plaques d'immatriculation.
—Les slovaques ? Jamais ! C'est des couilles molles, ils agissent toujours dans l'ombre ! répond Hélène en enlevant aussi son casque de protection.

Louisa est étonnée par l'apparence de cette femme. Agé d'environ une quarantaine d'année, son épais chignon de couleur rouge laisse imaginé sa longue chevelure de feu. Sa peau claire, sa grande taille et ses yeux verts clairs lui donne un air presque mystique.

Et donc c'est elle l'héritière ? demande le tatoué d'une voix grave.

Louisa répond instantanément.

Oui c'est moi. Mais je suis plus vraiment sûr après ce qu'il vient d'arriver...
—Je t'avais prévenu ... réplique André.

Hélène se met à l'observer de haut en bas.

T'as quel âge ?
Vingt ans. Bientôt vingt et un.
—Bordel ... dit-elle en se retournant. On est dans la merde !
—Et pourquoi ça ? réplique Louisa.
Sérieux ? Tu veux que je te ramène sur l'autoroute pour que tu analyses mieux la situation ?!
—J'y peux rien moi ! J'ai accepté la proposition il y a seulement 24 heures, je voulais simplement observer et je me retrouve au cœur d'une guerilla ! crie Louisa en agitant ses mains dans tout les sens. Plus elle s'énerve, plus son crâne devient douloureux.
Arrêtez vous deux ! intervient André énervé. Vous avez promis à Del-Orti ! Tout comme moi ! On y est maintenant, alors on agit !
Oui désolé mais on ignorait qu'il allait choisir sa petite fille ! réplique Hélène en la pointant du doigt.
—Je suis pas sa petite fille ! J'étais sa serveuse !
—Bordel de merde ! crie de nouveau la femme. On est vraiment dans la merde !
Attend André ... c'est vraiment sa serveuse ..? demande le barbu l'air abasourdi.
Écoutez ça devait pas se passer comme ça ! Je devais vous la présenter un par un, mais le destin en a voulu autrement. On fait avec maintenant !
—Mais si je vous fais chiez à ce point, je peux me casser hein ! hurle Louisa, telle une adolescente en pleine crise.
Non Louisa ! Attend moi dans le salon je vais nettoyer ta plaie, dit André pour apaiser la tension grandissante.

Hélène semble gênée, et devine avoir vexé la jeune femme clairement en état de choc.

Non attend je vais le faire, propose-t-elle doucement. Viens avec moi.

Un peu surprise, Louisa se met à la suivre.

À LA TÊTE DU CARTEL Where stories live. Discover now