Des cornichons

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La lune éclaire l'immensité salée. Au loin, plusieurs petites lumières visibles marquent la présence des navires à l'horizon. Les vagues frappent violemment la côte tandis que le vent s'intensifie d'heure en heure.
Garée non loin, Louisa observe l'immense navire en train de se rapprocher du quai. Il transporte des centaines de conteneurs amassés les uns sur les autres, recouvrant la quasi-totalité de sa surface. Des ouvriers attendent patiemment que le capitaine finisse sa manœuvre afin d'amarrer le monstre flottant au quai.

Donc ce bateau appartient à ALLOS ?
—Oui nous en avons six comme ça, sur tout les océans de la planète. Nous transportons des véhicules, des aliments, des vêtements venus du monde entier et destiné à l'Europe.
—Et parmi tout ces conteneurs, il y a de la drogue aussi.
—Oui. En générale, on compte 900kg à une tonne de cocaïne par navire mais parfois d'autres choses.
—Comme ?
—Des armes, de l'argent, de l'or, c'est assez varié.
—Et ensuite, la marchandise devient quoi ?
—Aujourd'hui, quatre camions chargent les conteneurs et livrent la marchandise à destination.
—Seulement quatre ? Mais il y a des centaines de conteneurs !

André sourit.

T'as déjà la folie des grandeurs ? Il faut quand même rester prudent, on peut pas acheminer des dizaines de conteneurs de cocaïne. Cela serait bien trop risqué car nos navires sont contrôlés aux frontières.
—Et comment ils réussissent à y échapper ?
—L'empaquetage de la marchandise est important. Dans celui-ci, il me semble que la drogue est à l'intérieur de cornichons en bocaux.
—Quoi ?! Des cornichons ?! rétorque Louisa très étonnée.
Oui oui, ils sont très inventifs et organisés. Les cartels se chargent d'y dissimuler, nous avons même pas à ouvrir la marchandise, répond André satisfait.

La camionnette attendant patiemment derrière le 4x4, démarre rapidement et se rapproche des docks dés lors que les ouvriers s'activent pour décharger le bateau.

Ils se mettent en place et surveillent si les conteneurs sont positionnés sur les bons camions. 
—Et ils vont où ensuite ?
—Dans les villes proches des frontières. Lille, Perpignan, Lyon sont des positions stratégiques pour la redistribution et le passage dans les autres pays européens et Paris, parce que la plupart des réseaux français se trouvent dans la capitale.

Louisa est stupéfaite. Tout est calculé, chronométré, surveillé. Un schéma et un mécanisme parfait dont André semble connaître les moindres rouages.

Je vais parler aux chauffeurs des camions, je reviens, dit-il en sortant du véhicule.

En regardant tout ses hommes s'activés, Louisa prend conscience qu'elle est désormais à la tête de cette entreprise même si, elle ne se sent toujours pas capable d'assumer une telle fonction. Néanmoins, sa curiosité et surtout le message de Del-Orti la pousse à continuer.
Louisa se rassure. Elle tâchera de garder une vie normale de jeune étudiante, fera plaisir à sa famille tout en dirigeant ALLOS. De plus, André semble réellement digne de confiance et doué dans son travail. Elle se souvient d'un passage de la lettre de Del-Orti « Ça sera ta seconde famille ». Elle sait qu'on la protègera coûte que coûte, sinon Del-Orti ne lui aurait jamais confié une tâche aussi importante à ses yeux. Elle lui fait confiance, sans doute aveuglement.
André regagne le véhicule.

Allez on y va, on rentre en suivant le camion qui rejoint Paris.
—Parfait, je veux voir ces fameux cornichons, répond la jeune femme avec un certain enthousiasme.

À LA TÊTE DU CARTEL Where stories live. Discover now