Amour de Geek (Choix avec Eren)

~2~ L'horrible partenaire de travail

Je commence ma nouvelle vie scolaire par un cours de littérature. Bien que les livres qu'on nous fait lire en classe sont souvent dénués d'intérêt, j'adore cette matière pour sa projection dans le monde imaginaire. Découvrir la vie de certains grands auteurs de l'époque et étudier les genres littéraires, c'est fascinant. Quand j'étais petit, ma capacité à inventer des histoires me donnait envie d'être romancier. Malheureusement, je manque de talent pour tout mettre par écrit.

Sans demander de l'aide, je parviens à trouver le local où se déroule mon cours. C'est avec une petite boule au ventre que je franchis le cadre de porte, légèrement intimidé par mon arrivée en plein milieu de semestres. Les élèves qui sont déjà arrivés me dévisagent comme si j'étais une bête de foire, tous curieux de voir à quoi ressemble le mystérieux nouveau. C'est désagréable.

Sans prendre la peine de me saluer, l'enseignante m'ordonne de m'assoir au fond de la classe, visiblement agacée de devoir gérer un nouveau qui arrive si tard dans l'année. Malgré mon dégout face à cette absence de civisme, j'obéis docilement en prenant place au bureau libre indiqué. Quand on ne sait pas se montrer courtois, on ne fait pas un travail public. Il en vaut de même pour les employés de supermarchés dont le visage semble sculpter dans l'argile tant sourire leur parait être une tâche ardue.

Certains élèves chuchotent sur mon passage, mais j'évite d'y porter attention. Ce qu'ils peuvent penser de moi, ça me passer vingt pieds par-dessus la tête. Il est vrai que pour quelques sujets, l'avis des étrangers me terrifie, mais pas cette fois. N'ont-ils jamais vu un nouveau garçon de leur vie? Si j'avais le pouvoir de télépathie, je serais curieux de lire leurs pensées.

Le cours commence et j'en profite pour regarder les gens qui m'entourent. Ni de Livai, Armin ou Floch n'est dans ma classe, ce qui me déçoit. Ça m'aurait au moins fait un visage familier. Un grand brun dont les joues sont couvertes d'éphélides me sourit gentiment en me saluant d'un geste de tête. Je lui réponds en le copiant, heureux d'enfin trouver quelqu'un de sympathique dans ce groupe.

J'essaie comme je peux de suivre les notes que l'enseignante explique trop rapidement. Être nouveau me donne du mal à suivre le rythme, mais au moins, j'ai déjà vu cette matière dans mon ancienne école. Ça devrait m'aider.

-C'est fini pour les notes aujourd'hui, nous apprend la dame, vous pouvez sortir la feuille de votre projet et vous mettre en équipe pour travailler dessus.

Les élèves qui m'entourent sortent une feuille de leur cartable avant de partir s'installer avec leur partenaire. Que suis-je censé faire? L'enseignante s'assoit à son bureau afin de corriger des copies. Elle m'a oubliée, c'est évident. Dans les films, les nouveaux doivent toujours se présenter devant la classe. Outre, elle ne m'a rien demandé et voilà qu'elle ne m'explique pas ce travail. Enseigner n'est visiblement pas son plus grand talent.

Je me dirige vers la femme qui parait déjà très concentrée. En sentant mon regard posé sur elle, madame Rico lève les yeux sous ses lunettes rectangulaires.

-Je peux t'aider, gamin? s'enquiert-elle froidement.

-Euh, je n'étais pas là le dernier cours, donc je ne connais pas le projet.

L'enseignante soupire avant de sortir d'un tiroir la feuille qu'elle me tend.

-C'est un exposé oral à préparer pour dans deux semaines, explique-t-elle, tu te mets en équipe avec un ami, puis tu prépares une présentation de cinq minutes sur un monstre mystique qu'on peut retrouver en littérature. Les instructions sont sur la feuille, tout comme les dates.

C'est ridicule de me faire faire ce travail alors que je viens tout juste d'arriver dans ce cours. Elle devrait me témoigner un minimum de pitié! Espérant qu'elle me permette au moins de travailler seul, j'ouvre la bouche, mais je suis interrompu lorsqu'une personne cogne à la porte de la classe. Le visage de madame Rico rougit de colère alors qu'elle se lève de sa chaise pour aller ouvrir. Je l'attends sagement près de son bureau puisque notre conversation n'est pas terminée.