Amour de Geek (Choix avec Eren)

~8~ Choix #3

Assis du côté passager de la Volkswagen Westfalia de Floch, je regarde par la fenêtre le chemin qui défile. Le roux a mis son CD de Beetles pour le trajet, chantonnant à voix basse les chansons qu'il semble connaitre par cœur. C'est mignon. Lorsque « Hey Jude » commence, j'essaie de l'accompagner comme je peux avec ma voix hideuse, ce qui amuse mon ami.

-Je suis vraiment heureux que tu acceptes de m'accompagner, sourit Floch, je suis désolé de devoir faire ça juste avant la collecte de fonds... Je t'assure qu'on sera arrivé pour le début de la discothèque.

-Ça me fait plaisir. Tu as pensé à t'amener un déguisement, au moins?

-Bien sûr, pour qui tu me prends? Sauf que je ne peux pas te dire ce que c'est. C'est un secret.

-Oh, je vois. J'ai hâte de découvrir ce secret, alors.

Floch rit un peu en faisant pénétrer son véhicule dans un chemin de terre mal entretenu, bien plus cahoteux que celui que nous avons emprunté pour aller camper. Le roux grimace en essayant d'esquiver les nids-de-poule trop nombreux afin de ne pas abimer sa précieuse Westfalia. Pour un hippie, il accorde beaucoup d'importance à un simple bien matériel.

Mon accompagnateur arrête son engin à moteur près d'un petit chalet fait en rondins de bois. Ce dernier parait antique, loin de ressembler aux mini-maisons que les gens s'achètent de nos jours en faisant passer ça pour du camping. À quoi ça sert de prendre des vacances en pleine nature s'il y a le réseau et l'eau courante?

Près de moi, Floch mordille sa lèvre avec angoisse. J'ignore la cause de ses tourments, mais j'aimerais vraiment comprendre son problème afin de l'aider. Rester dans l'ignorance, c'est déplaisant... D'un geste se voulant rassurant, j'agrippe sa main qu'il serre tendrement.

-Tu peux m'attendre dans la West, souffle-t-il, j'ai un truc à régler et ce ne sera pas long.

-Tu ne veux toujours pas me dire ce qui t'arrive? Essayai-je.

-Je te promets qu'en revenant, je te dis tout. Ça te va?

Même si la curiosité m'encourage à insister, je hoche positivement la tête. Floch sourit, soulagé que je n'insiste pas pour en connaitre davantage de détails. Sans prévenir, le garçon se penche pour rapidement embrasser ma joue avant d'ouvrir la portière de son côté. Mon visage s'empourpre, gêné par ce baiser soudain. Comment le roux fait-il pour agir sans la peur d'être repoussé?

-Je ne serai pas long, affirme-t-il, à tout à l'heure.

Sur ce, il sort de la voiture, me laissant seul avec mon incompréhension. Les gens normaux n'embrassent pas leur ami de la sorte. Quand j'y repense, ce n'est pas la première fois que l'un de ses baisers me prend au dépourvu. Mon cœur s'accélère agréablement et je pose ses doigts sur mes lèvres, là où les siennes se sont posées il y a quatre mois. Nous n'en avons jamais reparlé, mais ce contact succulent continue de hanter mes pensées depuis ce jour. J'ai beau essayer de chasser ce souvenir, il revient chaque fois à la charge, me donnant la cruelle envie de retenter l'expérience.

Floch est difficile à cerner... Même s'il a tendance à dire à voix haute tout ce qu'il pense, j'ai encore du mal à comprendre ce qu'il désire réellement. Est-ce qu'à ses yeux, embrasser une personne est un simple geste d'amitié? A-t-il des sentiments à mon égard? Bien que j'ai longtemps essayé de les réfuter, les miens grandissent dans mon cœur. Je le ressens, cet amour qui fleurit lorsque nous nous côtoyons. Je sais que ce garçon me plait et ça me fait peur. Nous sommes si différents. Lui le hippie, moi le geek.

Quelques minutes plus tard, Floch revient dans le véhicule, un large sourire sur ses lèvres minces. Le soleil a commencé à se coucher au loin, teintant le ciel d'un magnifique orange crépusculaire. Ce spectacle lumineux m'a toujours fasciné, prouvant par sa beauté la grandeur romanesque du monde dans lequel nous vivons. C'est face à tant de splendeur que je comprends la détermination des écologistes tels que mon ami dans leur but de protéger la nature et sa végétation.