Chapitre 19

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Lendemain de soirée compliquée. Alcool 1. Max 0. Je savais que j'aurais dû ne pas boire autant, mais avec tout ce qui s'était passé en une seule soirée, je m'y étais senti comme obligé. Athéna avait dormi chez moi, et était repartie en fin de matinée. Nous étions milieu d'après-midi, et j'avais toujours aussi mal à la tête. Au moins, j'aurais tiré une bonne leçon lors de cette soirée. Ne plus boire d'alcool, ou du moins, avec modération.

- Elle est gentille, cette fille.

- Très appréciable, en effet.

J'étais couché dans le canapé familial, aux côtés de mes parents. Ma mère était sur sa tablette, en train de faire les emplettes pour la semaine. Mon père, lui, regardait un match de foot. Son équipe favorite était en train de perdre, et il nous le faisait comprendre en criant toutes les deux minutes sur les joueurs qui ne l'entendaient même pas.

- Elle est en couple, je vous ai déjà dit.

- Ça ne nous empêche pas de la trouver adorable, Maxou.

Maxou. Le pire surnom jamais nommé sur terre. Ma mère adorait m'appeler de cette façon, même si je faisais des remarques à chaque fois qu'elle sortait ce mot de sa bouche.

- Et elle est en couple depuis longtemps, cette nana ?

Mon père revint s'asseoir sur le canapé, une bière entre les mains. Je levai les yeux, et soupirais toute l'air que j'avais accumulé dans mon corps. Ils n'allaient donc jamais me lâcher concernant le sujet de ma meilleure amie.

- Je ne sais pas, je ne connais pas vraiment son copain.

- C'est ta meilleure amie et tu ne sais pas ? Mais vous parlez de quoi quand vous êtes ensemble ?

- De beaucoup de choses, mais pas de son copain.

J'étais même obligé de mentir ! Bien sûr, elle n'avait pas de petit-ami. Bien sûr, elle n'avait pas de petit-ami. Même si elle s'était fortement rapprochée de John la nuit dernière, elle apprenait toujours à le connaître.

- Les amitiés de nos jours, pas pareilles que les nôtres d'avant. Pas vrai chéri ?

Mon père ne répondit pas, trop concentré sur la télévision. Alors que je commençais à fermer les yeux pour me reposer, je sentis mon téléphone vibrer dans ma poche. Instinctivement, une boule au ventre se créa à l'intérieur de moi. Qui s'était ? La même personne qui me harcelait depuis plusieurs jours ? Athéna ? Je sortis mon téléphone de ma poche, avant de lire le SMS.

"De : Alex :

Tu peux sortir s'il te plaît ?"

Je fronçai les sourcils. Alex ? Merde, j'avais totalement oublié de supprimer son numéro hier soir.

"De : Moi :

Pourquoi ?"

Il mit quelques secondes seulement à répondre.

"De : Alex :

Je suis dehors. Viens, s'il te plaît."

J'hésitais fortement. Aller le voir et retomber sous son charme ? Ou essayer d'avoir au moins des explications ? À contre-cœur, je me levai du canapé, avant de me diriger vers la porte d'entrée. Mon père était beaucoup trop concentré, ainsi que ma mère, donc je pouvais sortir tranquillement sans passer vers un interrogatoire qui pouvait durer des heures.

Pour un mois de novembre, bientôt de décembre, la température extérieure était plutôt bonne. Il faisait froid, mais le soleil qui tapait fort permettait de me réchauffer. Je pouvais distinguer la voiture d'Alex, garé comme à son habitude, près de ma maison. Sans poser de questions, je montai à l'intérieur de sa voiture, sans dire quoi que ce soit.

- Merci d'être venu.

- J'habite à littéralement deux secondes. Pourquoi t'es là ?

Il me regarda, dans un premier temps, sans répondre. Il était vêtu d'un jogging, qui moulait toujours ses formes, ainsi qu'un pull qui était, pour une fois, large. Il venait de se réveiller aussi : petits yeux, cheveux ébouriffés. Et il avait les yeux gonflés, aussi.

- Pour qu'on est une discussion.

- Celle des toilettes ne t'a pas convaincue ?

- Pas vraiment, à vrai dire.

Il regarda droit devant lui, les mains sur son volant. Moi, je le regardai. Je cherchais son regard, car il évitait le mien. Je pensais avoir été clair avec lui, dans les toilettes. Pour être encore plus claire, je n'aurais pas dû venir, là, maintenant. Après quelques secondes de silence, un silence très lourd, il prit enfin la parole, sans même me regarder.

- Je ne regrette pas le bisou, Max.

Ses mots étaient comme des électrochocs. Je levai un sourcil, et essayais de m'asseoir correctement sur le siège passager. Est-ce que j'avais bien entendu ? Est-ce qu'il se foutait encore une fois de moi ? J'avais les mains moites, et la boule au ventre qui s'était formé tout à l'heure semblait encore plus grosse désormais.

- Je l'ai voulu, ce bisou. J'avais envie de le faire, dès la seconde où je t'ai vu, à la salle de sport. Je n'ai pas agi de la bonne façon, et je le sais. Je suis un connard, oui. Et je suis désolé pour ça, Max.

- Euh... Il me faut plus d'explications, s'il te plaît.

J'étais sûrement en train de rêver. Un jour, il disait blanc. L'autre, il disait noir. Où est-ce que je devais me positionner ? Peut-être voulait-il gris, au final. Il posa ses mains sur ses jambes, avant de tapoter de sa main droite sur l'accélérateur de sa voiture. Fort heureusement, le moteur était coupé. Nous aurions déjà fini dans un arbre, autrement. Il vint déposer ses yeux sur moi, avant de continuer.

- Il y a un an de ça, j'étais en couple. En fait, j'étais en couple avec une fille... Et un garçon.

- En même temps ?!

- Oui... Mais laisse moi finir, Max.

En plus de ça, il avait trompé sa copine... Avec un gars ! De quoi me faire tourner la tête. Premièrement, car il était déjà sorti avec un garçon. Mais surtout, car il avait trahi la confiance de son ancienne petite-amie. Il me fallait d'autres explications, pour me remettre les idées en place. Il reprit, après avoir pris une énième grande inspiration.

- J'étais avec une fille, Enel. On est resté ensemble pendant cinq mois, on vivait une belle relation... Puis j'ai eu une soirée, un soir d'été. Et il y avait ce gars... Billy. On a fait un jeu de la bouteille, j'étais complètement arraché d'ailleurs, et on s'est embrassé pour le jeu.

- Tu as trompé ta copine en embrassant un gars pour un...

- Laisse moi finir, Max.

Sa voix était à la fois autoritaire, et à la fois douce et calme. Il était un peu nerveux, malgré tout. Je l'écoutais, sans l'interrompre, pour savoir la fin de l'histoire.

- Sauf que, après ce bisou, j'y pensais. J'y pensais vraiment. On s'est vu, quelques jours après avec Billy. On s'entendait vraiment bien, on rigolait tout le temps ensemble. Et ça a mené à plus. On est sorti trois mois ensemble. Trois mois où j'alternais les nuits avec lui, et avec elle. Sauf que tout se sait. Elle a appris ce qui se passait avec cet homme, et elle m'a quitté. Je me sentais tellement mal, tellement sale, que j'ai tout arrêté avec Billy.

J'étais bouche-bée, et je ne savais pas quoi dire. Il était déjà sorti avec un homme. Je m'étais donc bien trompé à son sujet. Et en plus de ça, en même temps, il se tapait sa copine d'autres soirs dans la semaine. Mais ça n'expliquait pas son comportement vis-à-vis de moi. Il avait comme lu dans mes pensées, et reprenait directement.

- Quand je t'ai vu, à la salle, j'ai ressenti quelque chose. Vraiment. Quand j'ai su que c'était toi au téléphone, le soir de ton agression, j'ai ressenti tellement de douleur pour toi alors que je ne te connaissais même pas. Et l'autre soir, le bisou... J'ai agi comme un lâche, car je ne savais pas quoi faire, à vrai dire...

- Comment ça ?

- J'avais envie de ce baiser, tu peux me croire sur parole. Mais je n'avais pas envie de te faire du mal, je ne savais pas comment je pourrais réagir par la suite. C'est pour ça que j'ai arrêté de te parler. J'ai perdu confiance, et je me suis dit, bêtement, que si je n'avais plus contact avec toi, tu pourrais ne plus penser à moi.

En effet, il avait agi bêtement, c'était un fait. Mais en même temps, j'étais totalement chamboulé par tout ce qu'il me disait. Il n'avait pas regretté le baiser, il avait juste peur pour la suite. Tout comme moi. Je n'avais jamais vraiment eu de petits copains, simplement des relations de quelques semaines. Un léger silence vint s'installer dans sa voiture. Et il commençait à pleuvoir, aussi. Dans quelques heures, les températures allaient fortement chuter, et cette pluie se transformera en neige. Alors que je m'étais intéressé aux gouttes d'eau qui s'écrasaient sur le pare-brise, Alex vint briser ce silence, une nouvelle fois.

- Je sais que c'est dur pour toi de me comprendre, et que tu dois me prendre pour un véritable salaud. Je peux totalement le comprendre. Mais l'autre soir, quand tu m'as dit que tu ne voulais plus entendre parler de moi, j'ai comme eu un déclic, dans ma tête.

- Quel genre de déclic ?

- Je tiens à toi, plus qu'en amitié, Max.

Il venait de le dire. Et je commençais sincèrement à retomber dedans. Est-ce que c'était une bonne idée ? Peut-être. Je reportai mon attention sur lui. Il était très sérieux quand il parlait, à ce moment-là.

- Je l'ai déjà dit, mais je me suis totalement dégonflé, et je m'en excuse. Ça vient du plus profond de mon cœur, Max.

- Et qui me dit que tu n'iras pas voir un autre garçon, une autre fille ?

Oups. Question piège. Et il me le fit comprendre à l'aide de son regard. Les sourcils froncés, ma question ne lui avait pas plus. Pas plus du tout même, car il recommençait à tapoter du pied sur l'accélérateur.

- J'étais perdu durant cette période, Max. Je ne savais pas ce que je voulais, je ne savais pas où j'allais. J'étais en train de découvrir ma sexualité. Tardivement, mais je l'ai découvert.

- Donc tu es bi ?

- Je dirais ça comme ça. Je n'aime pas attribuer des adjectifs, des noms. Ce que je sais, en ce moment, c'est que je ne veux pas plus que de l'amitié avec toi, Max.

Mon cœur battait vraiment fort. Je rougissais telle une tomate mûre. Qu'est-ce que je devais faire ? Qu'est-ce que j'étais censé dire ? Je n'arrivai plus à parler, et c'était à mon tour de trembler de la jambe.

- Maintenant, tu as les cartes en main. Tu sais ce que je ressens. Si tu ne veux plus me parler, je comprendrai totalement, et je ne t'en voudrais pas. J'en avais marre de tourner en rond, d'agir comme un moins-que-rien. Il fallait que ça sorte.

Toujours dans l'incapacité de parler. Et cette situation le faisait légèrement rire. Il s'était détendu, à l'inverse de moi. Il se mordit la lèvre inférieure. Je pris une grande inspiration, essayais de me concentrer au maximum, avant de reprendre.

- Je... Je ne sais pas quoi dire, pour être franc.

- Et je ne te demande pas une réponse maintenant. Tu peux très bien...

Je ne savais pas ce qui s'était passé, mais comme beaucoup de gens avait pu le dire auparavant, j'avais pris mes couilles à deux mains. Je m'étais approché de lui, avant de poser mes lèvres sur les siennes. J'avais fermé les yeux, pour éviter de voir un énorme vent venant de sa part. Après quelques secondes, je me décrochai de ses lèvres, qui étaient très agréables par ailleurs, avant de me rasseoir tranquillement sur mon siège, le regard loin.

- Eh beh... Je m'attendais à tout sauf à ça...

- Je pense que tu as ta réponse...

Je pouvais sentir son regard sur moi. Il se mit à rigoler, et je reportai mes yeux sur les siens, avant de suivre son entreinte. Qu'est-ce qui venait de se passer dans mon corps ? Max Taylor qui embrassait l'un des hommes les plus beaux qu'il n'avait jamais vu de sa vie. Si on m'avait dit que cet appel au secours me mènerait ici, je n'y aurais pas cru une seule seconde.

- Encore une fois, Max, je suis désolé. Tu peux me faire confiance les yeux fermés, vraiment. Je n'ai encore jamais ressenti ça pour quelqu'un, tu peux me croire.

- J'espère que tu as raison, et que je ne vais pas m'aventurer sur un terrain glissant...

- Je te le jure.

Il posa par la suite ses lèvres sur les miennes, avant de poser délicatement sa main sur ma joue. J'étais l'homme le plus heureux du monde, à ce moment-là. J'embrassais Alex, j'officialisai petit à petit quelque chose avec lui. J'oubliai tout ce qui m'était arrivé, les SMS, la voiture, l'agression. Je profitai simplement du moment avec lui, qui me faisait énormément de bien.

911 : Mon ange gardien [BXB].Où les histoires vivent. Découvrez maintenant