Chapitre 32

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1 mois plus tard


31 jours. 31 jours que tout cela était terminé, et pour de bons. Un mois entier. Même après ce temps, je ne me rendais pas compte de ce qui nous était arrivé. Comme quelque chose de surréaliste, quelque chose que beaucoup de gens ne pourraient croire. J'avais dû essayer de me reconstruire, de passer à autre chose. J'avais déjà passé une étape, mais il allait en rester d'autres. Des plus difficiles, mais je me sentais prêt à les affronter.

L'affaire qui avait suivi avait intéressé tous les médias américains. Après qu'Alex nous ait sauvé la vie, nous avions appelé la police, nos parents. Tout était allé très vite, pour dire vrai. Les policiers étaient venus chez moi, accompagné de pompiers, d'ambulanciers. On m'avait directement mis dans le fourgon d'une ambulance, et je n'avais même pas eu le temps de voir mes parents, de voir Alex, mes amis.

J'avais passé au total trois jours à l'hôpital. J'avais des côtes cassées, la mâchoire fracturée. L'équipe qui m'avait pris en charge avait fait un travail extraordinaire. J'avais enfin pu quitter ce lit après trois jours de souffrance, de pleur. Mes parents venaient me voir tous les jours, ainsi que mes proches. De la famille de l'autre côté du pays avait le voyage, n'arrivant pas à croire ce qui s'était passé. Surréaliste pour tout le monde.

Puis les journalistes s'étaient fortement intéressés à mon affaire. On parlait que de ça pendant des jours. C'était horrible. Je ne pouvais même plus sortir de chez moi. Et après environ quatre jours, l'affaire s'était estompé. On m'avait même proposé de venir à un talk-show en tant que guest star. Je n'avais rien d'une célébrité. Et j'avais bien évidemment refusé leur offre, accompagné par "vous êtes des ordures". Je ne voulais pas étaler ma vie publiquement. Je voulais simplement m'être tout ça derrière moi.

Au bout de trois semaines, j'étais allé voir un psychologue, ainsi qu'un psychiatre. J'allais leur rendre visite tous les deux jours, pour faire le point avec eux. Les premières nuits avaient été affreuses. Je n'arrêtais pas de revivre la scène du meurtre d'Andy, ainsi que la mienne. Prêt à me faire assassiner. Désormais, les souvenirs plongeaient dans une ère sombre. Je faisais beaucoup d'exercice, pour que mon cerveau oublie le maximum. Et ça commençait à porter ses fruits.

- Vous êtes prêts ?

Je me trouvais dans la voiture d'Athéna, accompagné de Madison. Première fois pour nous que nous retournions au lycée après ce drame.

- Je suis prête.

Madison rajouta du rouge à lèvre, à l'aide de l'écran de son téléphone. Elle avait été très forte. Elle avait surmonté d'une force inimaginable la mort de son petit copain. Elle m'avait tout de même confié qu'elle avait eu des idées noires, et qu'elle pleurait sa mort tous les soirs, quand personne ne pouvait la voir. Mais elle avait un mental de championne.

- Allons-y.

J'ouvris la porte arrière de la voiture, et le vent vint s'écraser contre mon visage. Une impression de naître de nouveau. Une impression de liberté, chose que j'avais perdue pendant des semaines.

Athéna vint tout de suite m'attraper le bras, comme si elle avait besoin de soutien. Elle aussi, avait été très forte. Elle s'en était beaucoup voulue, concernant son histoire avec John. Je lui avais expliqué que des sentiments étaient nés pour lui, et que ça l'avait totalement aveuglé, comme pour nous tous. Il avait été gentil, patient, et compréhensif. Mais en réalité, il cachait son jeu depuis de nombreux mois.

Nous nous approchions ensemble de l'enceinte du lycée, qui était, comme à son habitude, bondé d'élèves. Dans un premier temps, personne ne nous regardait. Puis, après quelques secondes, des regards s'échangèrent, des messes basses. Je soufflais légèrement, essayant de ne pas prêter attention à ces personnes.

- J'ai l'impression d'être une bête de foire.

- Tu n'es pas la seule Athéna.

- Nous ne sommes pas des bêtes les filles. Simplement des survivants, qui essaient de reprendre une vie normale.

Reprendre une vie normale. Une chose qui était dure. J'ouvris finalement la grande porte du lycée, pour pénétrer à l'intérieur. Encore une fois, tous les regards étaient dirigés vers nous. Je me sentais mal à l'aise. Nous commencions à s'engager dans le hall du lycée, quand quelque chose attira mon regard. Des fleurs, posées par terre, accompagnées de quelques bougies.

- Qu'est-ce que c'est ?

Madison me lâcha le bras, avant de s'aventurer en direction de la troupe des élèves. Athéna me regarda, sourcils froncés. Nous nous approchions à notre tour, et ce qui s'offrait devant nos yeux vint tout de suite me prendre à la gorge.

- C'est... C'est magnifique.

Un grand tableau en or avait été posé sur le mur, une photo d'Andy, Tom, et Maddy accrochés sur ce dernier. Un peu plus haut se trouvait notamment une photo de monsieur Ariston, qui n'était pas un méchant. Il avait notamment été une victime de John. Par terre, des roses, des bougies. Je regardai Madison, qui était en train de pleurer, tout en touchant la photo de son petit copain.

- Il me manque tellement.

- Il manque à tout le monde. 

Tous les élèves s'étaient comme arrêtés de parler. Il n'y avait plus aucun bruit dans le hall du lycée. Je m'approchai des photos, les contemplant de nombreuses secondes. Une larme vint s'écraser sur ma joue, que j'essuyai à l'aide de ma main. Andy était heureux, il souriait, une coupe dans les mains. Il venait de gagner son tournoi de football. Même si je ne l'aimais pas à ce moment-là, Tom m'avait demandé de l'accompagner pour le soutenir. J'avais fait seulement ça pour lui. Car c'était mon meilleur ami.

La photo de Tom était tout aussi belle, c'était durant le bal de fin d'année. Il était en costard, et avait encore une tête d'enfant. Je me demandais à quoi il pouvait ressembler, maintenant. Surement un peu plus grand, avec de la barbe, et un peu plus musclé. Je touchais à mon tour la photo, comme pour sentir une dernière connexion avec mon meilleur ami.

- Il nous protège de là-haut, je le sais.

Je pris la main de Madison, ainsi que celle d'Athéna, avant de les emmener avec moi vers notre classe. À l'intérieur, nous étions détruits. Il nous fallait beaucoup de temps pour essayer de nous reconstruire. Et il fallait compter sur l'aide de chacun.

XXX

- Comment s'est passé ta rentrée ?

- C'était compliqué, et bizarre. Mais ça m'a permis de me vider l'esprit, un petit peu.

Alex était venu me chercher, après les cours. J'avais besoin de le voir, pour me sentir mieux. Il m'avait emmené à un endroit absolument magnifique, sur une colline, qui offrait une vue sur toute la ville de Chicago. Un paysage digne d'une carte postale.

- Et toi ? Comment tu vas ?

- Plutôt pas mal. J'ai aussi fait ma rentrée au boulot. C'est vrai que ça fait bizarre, surtout de voir la table de John vide. Personne n'arrive à y croire, à vrai dire.

- Et avec ta famille ? Tout s'est bien passé ?

- C'était vraiment cool de les revoir, donc oui.

Alex avait passé plus d'une semaine en Californie, pour retrouver ses proches. Il en avait besoin. Même si mes parents lui avaient apporté beaucoup de soutien, il avait aussi besoin des gens de sa famille, proche. Il m'avait énormément manqué, et j'avais ressenti un réel manque, quand il avait été loin de moi. Je me trouvais actuellement dans ses bras, et je profitai de son odeur, de sa présence, au maximum.

- Comment vont les filles ?

- Ca va. Elles veulent te revoir, tu leur manques.

- Ah ouais ?

- Si je te le dis.

Il rit légèrement. Madison et Athéna s'étaient toutes deux liés d'amitié pour Alex. Et, en plus, il nous avait sauvé la vie. Elles ne l'avaient pas revu depuis la dernière nuit, et nous avions prévu de faire quelque chose ce week-end. Une sorte de sortie, pour nous aérer l'esprit.

- Tu penses qu'on va réussir à surmonter tout ça ?

Alex releva mon menton à l'aide sa main, avant d'encrer son regard dans le mien.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Qu'un jour, on sera totalement nous-même. Qu'on pourra vivre sans crainte, sans peur. Qu'on pourra retrouver une vie normale.

- Max, c'était il y a un mois. Tu ne peux pas guérir tes blessures les plus profondes en un mois, c'est impossible. Il faudra du temps, mais nous y arriverons, ensemble. Tous les quatre.

Je le regardai droit dans les yeux, avant de poser mes lèvres sur les siennes. Comme une drogue, il me calmait. Comme une drogue, il me rendait addict. Après l'avoir embrassé, je me séparais de lui, avant de poser mon front contre le sien.

- Je t'aime, Alex.

Mon petit copain ouvrit grand les yeux, semblait choqué. Mais je me devais de lui dire. Je me devais de poser des mots sur ce que je ressentais pour lui. De l'amour. En seulement quelques semaines, il m'avait fait ressentir quelque chose que je n'avais jamais ressenti pour quelqu'un. De l'amour pur et dur. Comme une drogue qu'on ne pouvait pas se passer.

Après quelques secondes, les traits de son visage disparaissaient, et il me serra encore plus fort, avant de déposer des légers baisers sur tout mon visage.

- Je t'aime aussi Max. 

911 : Mon ange gardien [BXB].Where stories live. Discover now