Simon Lewis

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Je suis adossée à ma fenêtre, toujours en me demandant si je peux me sortir de cette situation.

Je me suis promise de partir. Difficile de tenir la même promesse quand on se rend compte que la vie dont j'ai rêvé n'est plus la même. Plus maintenant.

Mais difficile aussi de dire adieu à tout ce qui m'a construit. Difficile de dire adieu à toutes les personnes qui m'ont amenées jusqu'ici. Difficile de dire adieu à cette famille qui m'a toujours remplie de joie. Difficile de dire adieu mes amis qui m'ont soutenus jusque là. Difficile de lui dire adieu.

Je pose mon front contre la vitre froide. Je souffle afin de créer de la buée pour ne plus voir le soleil d'hiver qui tente de percer la fine neige sur le sol de New York pour les derniers instants de la journée. Malgré ce grand soleil, la sensation de froid est toujours présente. Je réajuste les manches de mon pull afin qu'elles recouvrent la moitié de mes mains.

J'observe dehors une fois que la buée de la vitre se dissipe. J'aperçois un groupe de quatre étudiants passer devant ma fenêtre, rigolant avec leurs livres dans leurs bras. Je soupire une nouvelle fois, laissant une nouvelle trace de buée.

Je décide à me lever, prenant mon pardessus long afin de le placer sur mes épaules. Je prend ensuite le tissu doux afin de l'enrouler autour de mon cou. J'attrape ma valise pour pouvoir m'éloigner. Je jette un dernier coup d'œil à la chambre avant de la fermer définitivement.

J'avance dans les couloirs, descendant les escaliers, puis je sors enfin du bâtiment qui m'a vu évoluer. En sortant, je me retrouve prise dans un courant d'air particulièrement froid qui me coupe presque la respiration. Je m'arrête un petit moment, soufflant sur mes mains avant de reprendre la poignée de ma valise pour avancer.

Ne voulant pas m'en aller comme une inconnue, je décide dans quel lieu je voudrais faire mon adieu, qui sera ensuite relayé à mes amis. Une fois décidée, je prend la direction de la ville. J'arrive dans Hester's Street, où j'y ai passé le plus clair de mon temps ces derniers mois.

C'est tendue par le froid et le stress que j'arrive devant ce bar encore fermé. Chaque respiration effectuée laisse échapper de la buée de ma bouche. Mais devant ce bâtiment, je me mets à prendre une grande inspiration qui gèle chacun de mes organes, avant de relâcher toute l'air que j'ai pu accumuler. Je m'avance.

Devant la porte, j'hésite encore à sonner avant de faire un pas de plus et de toquer contre le bois de la porte. Je me poste contre le mur à côté la porte, réfléchissant à la manière de faire. Mais brusquement, la porte s'ouvre. Un instant, seul ma valise est visible. La femme se penche à l'extérieur pour finalement m'apercevoir. Je me tourne vers elle.

"Salut Maïa, dis-je d'un ton assez morne.

- Addison ? dit-elle surprise. Mais qu'est-ce que tu fais là ?

- Je peux entrer ? Je demande poliment."

Elle hoche lentement la tête. Je reprend la poignée de ma valise maintenant gelée. Je la place dans l'entrée, dans un coin où je suis persuadée qu'elle ne gênera pas. Puis je frotte mes mains en regardant les alentours du salon. Le soleil couchant fait entrer les derniers rayons dans la pièce, ce qui l'anime d'une couleur orangée particulièrement appréciable. L'effet de serre qui se propage avec la fenêtre me réchauffe instantanément, si bien que je retire l'écharpe de mon cou. Je la pose sur le comptoir.

Je regarde soudainement les rayons du soleil disparaître petit à petit.

"Donc ? Pourquoi tu es là ? me demande-t-elle en s'installant derrière le bar.

Imagines / PAS DE COMMANDESWhere stories live. Discover now