Imagines / PAS DE COMMANDES

Jaskier |2|

SPOILER de la fin de la saison 2.

Je continue de remuer le feu, cherchant à l'alimenter pour ne pas le perdre le temps où l'on s'arrête. Je laisse les flammes, pourtant dévastatrice mais si poétique, danser au rythme du léger vent. Le fait de se poser un peu me fait un bien fou, n'ayant pas arrêté de marcher depuis plusieurs jours.

"Je vais chercher de l'eau, explique Yarpen Zigrin."

Le nain s'en va, non sans prendre sa fidèle hache. Je le vois s'éloigner tandis que je continue de m'appliquer à la tâche du feu. Il me réchauffe, mais j'ai pourtant développé une froideur depuis ces quelques années à errer. Ces souvenirs sont si brutaux, et terriblement douloureux.

J'avais passé deux ans à suivre Jaskier jusqu'aux côtes du Continent. Il avait réussi à développer sa popularité en dépit de notre relation. Mais la goutte d'eau a été d'utiliser le rejet de Geralt à des fins égoïstes. Qu'aurais-je pu dire dans le cas où il m'avait rejeté à son tour ? J'avais décidé de le quitter, lui redonnant la seule chose qu'il m'avait donné il y a un an. Une bague signifiant notre amour. 

Durant mon départ, j'avais croisé les nains qui, par manque de mains, m'avaient recueillie. Et cela faisait plusieurs mois que nous étions sur la route, à la recherche d'aventure, et de bataille.

Je relève la tête en remarquant que Yarpen revenait, demandant un accueil pour des visiteurs. Je soupirais, me relevant et époussetant ma robe pleine de copeaux de bois. J'entends de vague parole venant de la petite rivière. Yarpen jure comme à son habitude. Il parle de Loup Blanc. Je relève mon visage pour revoir Geralt de Riv, toujours de la même image mais avec une armure différente. 

Puis j'entend sa voix. Une voix que je n'avais entendu pour la dernière fois il y a un an, et qui à une certaine période ne m'aurait pas lâchée. 

"Amis, au pluriel. Julian Alfred Pankratz, vicompte...

- Oui, je sais ! hurle Yarpen."

Je décide de me rapprocher.

"Tu aurais dû viser la tête Yarpen, ça aurait été plus efficace, dis-je de manière froide. Geralt, dis-je en le saluant tout en politesse.

- Ondina, me répond Geralt, tandis qu'il suit Yarpen pour discuter sans enfantillage.

- Crois-moi, j'en rêve, répond Yarpen avant de s'éclipser"

Je laisse passer Geralt tandis que Jaskier ne bouge pas, continuant à me regarder comme s'il avait vu un spectre. Il tente d'ouvrir la bouche mais aucun son ne sort. Le choc est tel que moi-même je n'imaginais pas le croiser, en pleine forêt. Mais ma colère envers lui est telle que je ne peux me taire.

"Tu comptes ne rien dire ? Super, ça m'arrange, dis-je de manière sacracstique. Je dois quand même te dire, tu m'impressionnes. Tu blâmes Geralt pour le fait qu'il t'a envoyé te faire foutre, mais tu te ramènes comme une fleur auprès de lui en lui pardonnant tout. Mais j'aimerais avoir ton avis tout de même, c'est quel niveau d'égoïsme, en sachant que tes heures de gloire son du à ton très cher Sorceleur ? Tu étais à court de chanson ?

- Ondina, commence-t-il.

- Ah non, je n'ai pas fini, lui dis-je en levant la main pour l'arrêter. Tu n'imagines pas comme je peux te détester à l'heure actuelle. Tu m'as brisée, Julian. Tu as préféré voir la popularité, et les autres femmes que ça apportait, plutôt que moi qui t'attendait chaque soir pour que tu rentres. Tu n'imagines pas comme j'ai pu me sentir abandonnée quand j'ai enfin décidé de partir, alors que tu ne m'as pas retenu. Alors ne crois pas que je te faciliterais la tâche comme cela, dis-je tandis que mes larmes me brouillaient la vue."