Quatre alias Tobias Eaton

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Un nouvel imagine, nouvelle dimension
***

Je m'engouffre dans ce trou béant. Je n'ai ni sauté, ni plongé, je me suis laissée emportée par le vide. Mon cœur s'est légèrement arrêté de battre durant la chute. Après la montée du train, la descente et à présent le vide, j'espère que le chemin touche à sa fin. Dans le vide, je vois le leader toujours en haut, me regardant tomber. Je vois le toit sombre l'entourer, formant le trou que nous pouvions voir de dehors.

Brusquement, je suis retenue. Remontant un peu dans les hauteurs, je finis par me stabiliser. J'attrape le filet pour vérifier la sécurité. Je ne peux empêcher un peu rire, alors que mon cœur reprend un rythme normal, même s'il est encore accéléré.

Soudainement, le filet s'étire vers le bas. J'ai eu le temps de me rattraper à la sortie que je trouve un homme devant moi. Je le dévisage, tandis qu'il a l'air sévère.

- On t'a poussé ?

Je fais signe que non de la tête.

- Bien. Il y a un temps de flottement, le temps qu'une petite équipe de trois personnes ainsi que l'instructeur m'aide à sortir. Première sauteuse ! Quel est ton nom ? me demande-t-il. Tu as le droit de changer de prénom, si tu n'es pas à l'aise.

- Je... Je m'appelle Vic.

*

Je suis actuellement à la cafétéria avec mon amie, Sandra. Nous parlons de notre ancienne vie pendant que nous cherchons des places où nous installer.

- Je faisais partie des Altruistes avant, mais c'était tellement long comme style de vie. J'ai envie de vivre, pas de pourrir, dit-elle en rigolant.

- Tu sais, la vie chez les Érudits n'est pas mieux. On fait de notre mieux pour bien vivre intelligemment, parfois trop.
-

Mais pourquoi tu as choisi de changer de nom ? me demande-t-elle. En faisant ça tu change aussi un peu d'identité, comme si tu repartais de zéro.

Je regarde mon assiette un instant, repensant légèrement à l'explication de mes parents. Il est difficile de l'expliquer surtout à des personnes qui ne pourraient pas comprendre, ou juger trop vite.

- Victoire fait trop condescendant. Je ne veux pas avoir une réputation avec un prénom choisit par mes parents parce qu'ils ont réussis à faire un enfant. J'aimerais juste que l'on me voit moi, avant qu'ils...
- Ne parlez pas de votre passé, ordonne notre voisin.

Nous nous tournons vers lui, prêtes à répliquer. Puis nous nous rendons compte que c'est Quatre. Nous décidons de nous taire.

- Vous avez choisi les Audacieux, il vous faut en assumer les conséquences. Alors les discussions sur votre passé, c'est à proscrire, vous pourrez peut-être en reparler si vous devenez des sans-factions.

Mon sang ne fait plus qu'un tour. Les règles instaurées chez les Audacieux sont très clairs, et jusqu'à présent je les ai toujours suivi. Mais si ça ne se tenait qu'à cela.
En plus d'être dans la salle d'entraînement tous les matins à huit heures, d'avoir une formation qui dure toute la journée, la seule liberté qui nous avions est en dehors des entraînements le quartier libre, et l'interdiction de quitter l'enceinte sans être accompagné d'un membre, les instructeurs trouvaient bien de rajouter de la pression.
Pendant toute la préparation des transférés, comme moi, un tableau de classement est mis en place pour se séparer des plus faibles. Si nous nous trouvons dans les listes rouges, c'est les sans-factions qui vont nous recueillir. L'idée ne m'enchante pas, mais je n'ai pas non plus le niveau des autres transférés. J'ai beau me battre et gagner quelques entraînements, j'ai l'impression d'en gagner beaucoup moins que mes coéquipiers. Et l'actualisation du tableau se fait après la pause du midi.
Je soupire.
Nous nous levons avec Sandra et quelques amis afin de se rendre dans la salle d'entraînement. Presque tout le monde est déjà présent, à débattre sur qui sera le premier. Je les écoute à peine, observant Quatre entrer dans la pièce, et accompagné par notre deuxième instructeur et leader Eric. Si le premier paraît plus ou moins gentil, le second est tout l'opposé ; con, arrogant que les muscles pour parler et le statut aide à sa grande gueule.
Je ferme les yeux, tandis que sans un mot, le classement est dévoilé. Voilà cinq semaines que notre vie est rythmé par cela. Et la première étape s'achève dans cinq semaines. Et je n'ai toujours pas augmenté dans le tableau. Je rouvre les yeux, cherchant mon nouveau nom dans la liste. Bien sûr comme attendu, mon nom se présente en rouge, sous une ligne du même rouge.
Je recule, légèrement sonnée. Si je ne remonte pas, je n'aurais plus de maison, et plus de toit où habiter. Les Audacieux était ma seule solution.
Sandra, bien que joyeuse de se retrouver dans les plus qualifiées, tentent de me réconforter. Je l'écoute à moitié. J'ai envie d'être seule. Je passe à côté de nos instructeurs, essayant de ne pas être vue. Je tourne et retourne dans chaque couloir avant de me rendre compte que je tourne en rond. Je soupire quand je m'assied contre le mur, baissant la tête. Je ne la relève que quand je sens quelqu'un s'asseoir à mes côtés, touchant mon coude à cause du sien.

Imagines / PAS DE COMMANDESWhere stories live. Discover now