PERCENEIGE • (Fantasy)

Chapitre vingt-six

Contrairement à sa première impression, Malha remarqua qu'ils n'avaient pas tant besoin que cela de la carte, détruite par l'eau glaciale dans laquelle elle était tombée. Puisqu'ils savaient déjà que les montagnes se situaient vers le nord-est, ils continuèrent d'avancer dans cette direction à l'aide la boussole qui heureusement, n'était pas tombée dans l'eau et était toujours fonctionnelle. Ils prirent un peu plus de temps que nécessaire, et firent quelques détours, mais après une semaine supplémentaire, Gravenmeuse se trouvait juste sous leurs yeux, la gigantesque montagne d'un brun blanchâtre tentant de toucher le ciel.

Pour Alaska, cela faisait à présent trois semaines qu'il était arrivé à Perceneige pour la première fois - Noël était passé, ainsi que le jour de l'an, et il savait que dans son monde, il devait être déjà retourné en cours, et chez sa mère avec Milly. Que se passait-il là-bas ? Avait-il été déclaré porté disparu ? Ou son grand-père avait-il trouvé un mensonge assez crédible pour cacher sa soudaine disparition ? Qu'en pensait sa mère ? Sûrement pas grand-chose, peut-être même heureuse d'être débarrassée de lui... Il espérait seulement que Robert et Nicole n'avaient pas laissé Milly retourner toute seule chez eux.

Ce n'était que trois semaines, pourtant, il avait l'impression d'être coincé dans ce pays depuis des mois. Il n'avait pas la moindre idée de comment rentrer chez lui, et le doute continuait de persister, alors qu'il souhaitait aider Khione et son regard trop vide. Il ne pouvait pas partir en les laissant tous dans une telle situation, même s'il n'était pas certain de pouvoir vraiment être utile. Il avait déjà décidé qu'il ferait de son mieux pour régler les problèmes ici avant de rentrer, mais il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour sa petite sœur.

- Vous n'avez vraiment pas la moindre idée d'où se trouve l'entrée ? demanda Sciotus, assis sur une grosse pierre couverte de neige qu'il avait déblayée d'un geste de la patte.

- Pas vraiment... lorsque Rae m'a parlé de cet endroit la première fois, il ne m'a jamais révélé le moyen d'entrer à l'intérieur de la montagne.

Comprenant qu'ils allaient donc devoir se débrouiller seuls, ils continuèrent d'avancer à travers la neige épaisse et les sapins en rangs serrés qui semblaient former une haie impénétrable autour du pic rocheux. Le regard de Khione vagabondait tout autour d'eux, intriguée par cet endroit et pourtant peu impressionnée par ce décor, si semblable à ce qu'elle connaissait déjà. Cela n'avait rien de surprenant, elle avait dit elle-même qu'elle souhaitait découvrir le monde au-delà de Perceneige et ses températures glaciales toute l'année.

- Il y a peut-être des gens qui montent la garde quelque part, fit remarquer le blond, le regard levé vers la montagne, cherchant à repérer la moindre chose sortant de l'ordinaire. Si c'est le cas, ils ne vont pas tarder à nous remarquer.

Alors qu'ils continuaient de faire le tour de la montagne, cherchant le moindre indice qui pouvait leur être utile, Sciotus les obligea à s'arrêter soudainement, désignant dans la neige des traces de pas qui semblaient fraîches, car elles n'avaient pas encore eu le temps d'être recouvertes malgré les flocons qui tombaient du ciel en ce moment précis. Sans un mot, le félin commença à suivre la piste qui serpentait entre les arbres, de plus en plus intrigué. Les trois autres suivaient derrière lui, fouillant les alentours du regard en espérant tomber sur un autre être vivant. Après tout, ils n'avaient croisé personne depuis qu'ils avaient quitté le dernier village, Voplines, près d'une semaine auparavant, et voir du monde leur réchaufferait sans aucun doute le coeur, glacé par le vent et la glace depuis le début de leur voyage.

- Ici, il y a quelque chose d'étrange, fit Alaska en pointant du doigt une paroi renfoncée dans la montagne.

Sciotus fronça les sourcils et avança. Il était en train de se perdre avec les traces de pas qui semblaient le faire tourner en rond, et il n'aurait pas remarqué cet endroit si Alaska n'avait pas vu ce trou béant et pourtant minuscule, à peine plus grand qu'un homme, creusé à même la montagne. Cela ressemblait à un couloir de pierre qui tournait sur la gauche, si bien caché derrière un tas de buissons devenus secs à cause de l'hiver, qu'il était impossible de le voir si on ne cherchait pas un passage.