PERCENEIGE • (Fantasy)

Chapitre trois

Le chemin jusqu'à la ville, à peine visible à travers les sapins aux aiguilles épaisses était plus que pénible pour Alaska - il était transi de froid, le moindre de ses membres grelottant avec brusquerie, et il avait manqué de lâcher l'épée à plusieurs reprises, ses doigts engourdis glissant sur la poignée malgré lui.

Il avait arrêté de jurer dans le vide après la première demi-heure, remarquant que cela ne le menait à rien et ne faisait que l'épuiser davantage. Marcher dans de la neige aussi épaisse avec de simples baskets devenues détrempées et humides était déjà assez éreintant comme cela sans en rajouter de lui-même.

Après des heures et des heures de marche, la nuit avait commencé à s'installer dans ce monde qui lui était totalement inconnu, et si la ville où il tentait de se rendre n'était pas aussi illuminée, il se serait sûrement perdu - mais les couleurs vives qui s'en échappaient étaient suffisantes pour qu'il puisse voir où il posait les pieds. Alors qu'il se sentait de plus en plus mal, son estomac gargouillant avec mépris, sa gorge plus sèche que du papier de verre, il arriva enfin devant une allée de sapins copieusement décorés. Alaska soupira de soulagement en voyant que cette même allée menait jusqu'aux portes de ce qui était, finalement, plus un petit village qu'une grosse ville, comme il l'avait pourtant supposé de prime abord.

Avançant d'un pas plus rapide, il ne put s'empêcher de rouler des yeux en remarquant que les sapins étaient décorés comme à Noël - était-il arrivé dans un monde où, là aussi, il ne pouvait échapper à ces festivités qu'il détestait tant ?

Finalement arrivé jusqu'à l'entrée du village, il leva les yeux avec fascination, observant tout autour de lui avec avidité. Malgré le fait qu'il détestait Noël, il ne pouvait qu'admirer la beauté de cet endroit, et la haute arche illuminée de guirlandes blanches ainsi que de bougies qui brillaient il ne savait comment malgré le vent hivernal, qui l'accueillaient à bras ouverts. Un sourire traversa son visage, et reprenant sa marche, le regard toujours focalisé sur les décorations suspendues aux arbres et aux maisons, il imagina un instant la joie qu'aurait ressenti Milly en arrivant dans un tel lieu.

Ainsi perdu dans ses pensées et ne faisant absolument pas attention où il mettait les pieds, il finit par se cogner avec force contre quelqu'un, les envoyant tous les deux au sol, tandis qu'un grognement lui échappait et que l'épée allait s'échouer contre les pierres avec une bruit aigu et retentissant.

- Faites un peu attention où vous mettez les pieds, enfin !! s'exclama la victime du choc avec un ton particulièrement agacé.

- Excusez-moi, je ne vous avais pas vu, avoua Alaska, avant de lever les yeux pour fixer son interlocuteur - et sentir tout l'air quitter ses poumons.

Face à lui, le regardant d'un air désapprobateur, se trouvait nulle autre... qu'un bonhomme de neige. Oh, ce n'était pas un de ceux que l'on voit dans les jardins, réalisés par des enfants de six ou sept ans, non, loin de là ! Ce bonhomme de neige était parfaitement rond, les trois boules qui composaient son corps réalisées avec de la neige parfaitement tassée. Il avait un nez en carotte assez imposant mais d'un orange vif plein de santé, et portait une veste en tweed bleu sans manches par-dessus ses bras aussi maigres que des brindilles - à vrai dire, il s'agissait véritablement de petites branches, à bien y regarder.

- Vous êtes...un- un- babilla Alaska, complètement sous le choc.

- Vous êtes un humain !! s'écria le tas de neige sous ses yeux - ah, apparemment, ils étaient aussi surpris l'un que l'autre de se voir.

- Et vous êtes un bonhomme de neige qui parle !! s'écria le blond d'un ton plus fort - non mais, c'était à lui d'être le plus surpris des deux, normalement !