Chapitre trente-deux

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Le chemin jusqu'à Sableveine était encore plus long qu'Alaska l'avait imaginé. Spéir avait accepté de l'accompagner, et ils survolaient actuellement l'océan du nord. On les appelait les Mers-miroirs, et à juste titre, car l'eau reflétait le ciel et ses nuages d'une drôle de manière, si translucide que tout semblait argenté, aussi parfait que le reflet d'une véritable glace. Des serpents de mers rouges jaillissaient hors de l'eau, claquant leurs dents hérissées vers le ciel, leur jetant des regards mauvais, même si Spéir volait bien trop haut pour eux.

Les berges du pays ensoleillé se dessinaient à l'horizon, la couleur cuivrée du sable se rapprochant de plus en plus, jusqu'à ce que le vent chaud ne caresse la peau d'Alaska. Habitué aux températures glaciales de Perceneige depuis son arrivée, il ne s'était pas attendu à un tel changement de température, et quitta son manteau de fourrure pour le rouler en boule dans son sac, profitant de la douceur de l'air qui se réchauffait à chaque minute passée à s'approcher de Sableveine.

Spéir volait juste en-dessous des nuages pour ne pas attirer l'attention, et après des heures de vol, ils arrivèrent finalement jusqu'au pays voisin. L'air, déjà chaud, était devenu brûlant et presque désagréable alors que le Serpent-Guirlande se posait sur une plage cachée par de hauts buissons épineux et des rochers bouillonnants.

- Tu devrais aller te reposer dans les eaux des Mers-miroirs, proposa le blond en l'effleurant d'un geste de remerciement. Je ne sais pas combien de temps il va me falloir pour trouver le bureau, et les réponses dont j'ai besoin.

Le jeune homme hésita un instant, avant d'ajouter :

- Si je ne reviens pas dans vingt-quatre heures, c'est que j'ai trouvé le moyen de rentrer chez moi, et que je suis parti. Tu pourras t'en aller sans m'attendre davantage, dans ce cas.

- Fais attention à toi, se contenta de répondre la créature.

Le concerné sourit et acquiesça avant de se détourner, fixant le long chemin de pierre sinueux qui se faufilait à travers les dunes de sable couleur cuivre, entamant son ascension. L'air, au début chaud et agréable alors qu'il se trouvait sur le dos de Spéir, relaxé, n'avait plus rien d'une brise douce. Il était frappé par la morsure d'un vent dévorant, qui asséchait sa peau et faisait rougir son visage de ses rayons de soleil puissants. Ce pays, contraste sans équivoque avec Perceneige, ne semblait pas vouloir l'accueillir avec bienveillance.

Au loin, malgré la chaleur qui faisait onduler l'air au-dessus du sable, Alaska parvint à remarquer les couleurs de la ville de Bariole, ainsi que de son souk, dont les rumeurs lui parvenaient déjà, même à quelques kilomètres de là. Prenant son mal en patience, il entama la route qui allait le mener jusqu'au bureau tenu secret de son grand-père, enroulant tant bien que mal un bout de tissu autour de son visage pour se protéger du sable volant et ne pas le recevoir dans les yeux.

Lorsqu'il arriva finalement à Bariole des heures plus tard, le jeune homme était épuisé. Marcher dans du sable s'était avéré encore plus ardu que de la neige fraîche, s'enfonçant entre les grains brûlants avec ses bottes obtenues au château, cadeau de Bethnet, loin d'être adaptées. Le bruit du souk était devenu dérangeant alors qu'il y mettait les pieds pour la première fois, aveuglé par les couleurs vives et le cri des marchands qui le hélaient de toutes parts dans l'espoir de le voir approcher un peu plus.

L'endroit était semblable à ce qu'il aurait pu voir dans son propre monde, s'il avait eu l'occasion de voyager. Des étals s'alignaient sur une route qui semblait sans fin, devenue presque incirculable. Il y avait là tellement de choses exposées qu'Alaska ne savait plus où donner de la tête. Sous ses yeux se trouvaient des tissus brillants, qui semblaient être faits de soie et exposés en plein soleil, des vêtements aux couleurs criardes, des tapis tissés de motifs si compliqués que le jeune homme savait qu'ils avaient demandé des mois de travail et coûtaient certainement une petite fortune, mais également des épices, dont les odeurs semblaient si fortes qu'elles lui piquaient le nez. Il remarqua également des fruits de toute formes et couleurs qui paraissaient si appétissants face à son estomac vide qu'il fouilla dans sa poche jusqu'à pêcher les dernières pièces que Sciotus lui avait offert pour s'acheter deux grosses oranges juteuses, qu'il commença à manger tout en se frayant un chemin à travers la foule.

PERCENEIGE • (Fantasy)Where stories live. Discover now