PERCENEIGE • (Fantasy)

Chapitre dix-sept

Les heures suivantes, l'entièreté de l'Usine se trouva en effervescence, alors que les soldats se pressaient dans l'entrepôt pour entasser les derniers cadeaux dans le grand sac de toile rouge qui se trouvait à l'arrière du traîneau. Les rennes avaient été harnachés, et ces derniers piaffaient d'impatience, frappant le sol de béton avec leurs sabots, semblant sur le point de s'envoler dans le ciel à tout moment. Alaska était retourné auprès de Ruth, terminant et emballant les derniers cadeaux qu'il lui restait avant de revenir auprès de Caelan qui gérait les derniers détails avant leur décollage imminent, déposant les paquets qu'il avait emballés lui-même dans le grand sac. Il se demandait encore comment ils pourraient couvrir l'entièreté des enfants du pays de cadeaux en une seule nuit, mais si Santa faisait cela chaque année sans encombre, cela devait donc être à leur portée.

- Où irons-nous en premier ? Y a-t-il un chemin précis à suivre lors d'une telle livraison ? demanda-t-il au prince.

- C'est très linéaire, expliqua Caelan, déjà installé derrière les rennes, semblant prêt à partir. Le chemin a toujours été le même, rajoutant seulement les enfants qui viennent de naître, et retirant ceux qui atteignent l'âge adulte.

- Vous connaissez ce fameux chemin par cœur ? souffla le blond, impressionné malgré lui.

Le prince ne répondit rien, se contentant de lui adresser un clin d'œil, et le jeune homme secoua la tête, préférant reporter son attention sur Ruth. Le féroce hérisson semblait toujours aussi inquiet à son sujet, jetant des regards peu discrets en direction de celui dont il se méfiait pire que la peste, et Alaska repensa à leur discussion, alors qu'ils fabriquaient ensemble les cadeaux de Noël. Il espérait ardemment que Sciotus pourrait lui donner la moindre information, car il était terrifié à l'idée de rester coincé ici pour toujours, dans cette guerre entre deux frères qui ne le concernait pas, entraîné bien malgré lui dans la tourmente.

Remarquant que les derniers cadeaux arrivaient sur les tapis roulants avec lenteur, espacés de plusieurs mètres à chaque fois, tandis que le sac de toile rouge semblait déjà rempli à rabord, le jeune homme comprit qu'ils allaient bientôt partir. A l'horizon, visible à travers le grand rideau de fer de l'entrepôt déjà entrouvert, il remarqua que le soleil s'était couché et que le ciel encore teinté de quelques lueurs d'orange sombre par-delà les montagnes les plus éloignées de Perceneige, devenait de plus en plus noir, tâcheté de flocons d'un blanc immaculé. Alaska détestait les fêtes de Noël, et leur neige si froide, qui s'étalait partout sans prévenir mais en cet instant, il se sentait submergé par la beauté intemporelle des lieux.

Hésitant un instant, il lâcha un dernier sourire en direction du soldat hérisson, avant de grimper aux côtés du prince, impressionné par la hauteur et la taille du traîneau. C'était presque difficile à croire que les rennes soigneusement harnachés seraient capables de tirer un tel engin, d'autant plus chargé d'une livraison qui concernait l'entièreté du pays.

- Bien ! Maintenant que tout est en place, j'ai quelques ordres à donner avant que nous partions ! s'exclama Caelan en se levant, jetant un regard en direction de Bethnet, s'assurant qu'elle écoutait ses paroles et pourrait les transmettre à tous ceux qui étaient concernés.

Une fois sûr qu'il avait l'attention de tout le monde, il se racla la gorge et continua :

- Un détachement de soldats doit rester ici, tandis que les autres retourneront à North-Erme. Nous ne pouvons laisser la capitale sans surveillance plus longtemps, mais l'Usine a également besoin d'être protégée, et je demanderai au peu d'elfes qui sont de notre côté de bien vouloir rester ici, et de fabriquer une barrière assez puissante pour résister aux assauts de mon frère. Je ne pense pas le voir tenter de reprendre cet endroit, mais nous ne pouvons jamais être trop sûrs. Et enfin... notre tournée prendra une partie de la nuit, mais nous rentrerons avant l'aube, si tout se passe comme convenu.