PERCENEIGE • (Fantasy)

Chapitre douze

L'aube se leva plus tôt qu'Alaska ne l'aurait pensé, dévorant le ciel d'un rose velouté, les nuages cotonneux s'entassant à l'horizon, avant d'être teintés du jaune doux d'un soleil matinal. Il avait peu dormi, la pensée de la bataille prochaine lui tordant l'estomac plus que de raison. Il avait accepté d'accompagner Caelan, et 'il ne pouvait revenir sur sa parole, le regard perçant du prince le suivant comme dans un rêve à l'instant même où il pensait à rester ici. Même s'il le voulait plus que tout, il ne pouvait pas rester glissé au fond du lit qui lui avait été attribué quelques jours plus tôt lors de son arrivée.

Repoussant les couvertures et se redressant légèrement, le blond laissa son regard se perdre sur l'extérieur, parfaitement visible depuis la grande fenêtre sur sa gauche. Tout était recouvert de neige, comme d'habitude, et les décorations de Noël étaient tellement omniprésentes qu'il soupira lourdement. Il voulait rentrer chez lui, et ignorer ces fêtes idiotes qu'il détestait de plus en plus à force de rester coincé à Perceneige.

La Danderenne était posée sur le bureau un peu plus loin et il grimaça - il n'était pas un guerrier, loin de là même, mais il était trop tard pour reculer. De plus, c'était sûrement sa seule chance de rentrer chez lui, et il ne pouvait pas lui tourner le dos. Il devait le faire, ne serait-ce que pour Milly et Nicole, alors même que Robert lui avait clairement indiqué de passer par la porte, sans un mot.

Alaska ne parvenait toujours pas à comprendre ce qui avait motivé les agissements de son grand-père. Pourquoi avait-il voulu qu'il découvre Perceneige ? Pour l'aider à retrouver l'esprit de Noël ? Pour voir le monde, vivre de belles aventures, ou dieu savait-il quoi d'autre encore ? Car rien de tout cela n'avait fonctionné, et il avait envie de mettre le feu à la moindre guirlande scintillante, son dégoût des fêtes de fin d'année s'étant transformé en aversion totale depuis son arrivée ici.

Décidant que cela ne servait à rien de se morfondre plus que de raison, le jeune homme se leva et se prépara avec l'armure qui avait été déposée la veille au soir dans sa chambre depuis qu'il avait accepté la requête du prince. Il n'avait pas osé la regarder de trop près, se contentant d'agir comme si de rien n'était jusqu'au lendemain, mais il se retrouvait maintenant face au fait accompli, incapable de reculer.

- Une cotte de mailles ? maugréa-t-il en voyant les maillons argentés, qui semblaient être faits d'un métal précieux inconnu, bien loin de l'acier habituel.

Une à une, les pièces furent déposées sur ses épaules tant bien que mal, essayant de ne pas se tromper de sens, et il se retrouva bientôt protégé de la cotte, d'un plastron argenté, décoré d'un simple renne blanc, de jambières et des gantelets qui crissaient à chaque mouvement de ses doigts. On lui avait laissé un casque à bec de passereau qu'il ignora royalement, le reposant sur le bureau - après tout, il était incapable de se battre, et s'il ne parvenait pas à voir correctement son environnement, il se ferait tuer dans l'heure.

Alaska jeta alors enfin un regard en direction du miroir le plus proche et grimaça. Il se sentait ridicule dans cette armure qui l'étouffait. Elle était belle, certes, son métal argenté se mariant à merveille avec le bleu riche du tissu qu'il portait en-dessous et ses cheveux d'un blond platine, mais cela ne faisait rien pour calmer l'inquiétude qui régnait librement au fond de son cœur, menaçant de l'engloutir.

Quelqu'un frappa brusquement à la porte, le faisant sursauter, et il se retourna juste à temps pour voir Bethnet ouvrir le battant de bois.

La chef des gardes avait abandonné la robe de soirée vert bouteille, et portait une armure similaire à la sienne. Elle avait repris son air sérieux et déterminé, ne pensant plus qu'à la bataille qui se profilait à l'horizon. Alaska avait le même état d'esprit, mais certainement pas la même assurance, et il tentait d'ignorer sa propre inquiétude alors qu'il la rejoignait.