PERCENEIGE • (Fantasy)

Chapitre seize

- Le plus important pour l'instant, c'est de relancer la production au plus vite, les cadeaux manquants doivent être fabriqués et emballés avant ce soir, fit Caelan.

Le prince fit signe à Bethnet de l'accompagner, demandant aux soldats qui n'étaient pas blessés de se mettre aux postes et aux bureaux, tandis que les autres se reposaient de leurs blessures dans les salles de repos qu'utilisaient les anciens employés.

- Vous pensez que nos troupes seront suffisantes ? questionna la chef des gardes, légèrement inquiète. Ils sont peu, et ils ne savent pas du tout comment le travail à l'Usine fonctionne.

- Nous n'avons pas le choix, faire venir des travailleurs depuis la capitale nous prendra trop de temps, répondit le prince avec une grimace. Tout ce qu'on peut espérer, c'est que mes explications sur la manière dont fonctionnent les machines seront suffisantes.

- Vous savez faire fonctionner cet endroit ? demanda Alaska, plus que surpris- il n'avait pas imaginé que le brun puisse être intéressé par de telles choses, passant très certainement son temps à s'entraîner à l'épée, où à tout ce qui avait de l'intérêt dans la cour du château.

- Mon père me l'a montré lorsque j'étais plus jeune, lorsque Rae passait plus de temps à aller se perdre à chasser dans les bois, reniant le travail de notre famille royale.

Retournant auprès du panneau de contrôle qui se trouvait sous l'horloge, ignorant la cavité vide où était sensée se trouver la clé, il commença à activer quelques boutons et le levier principal. Aussitôt, des cliquetis commencèrent à résonner dans toute la structure du bâtiment, qui sembla trembler sur ses fondations, et les tapis roulant se mirent en marche, les lumières éteintes depuis des semaines clignotèrent avant de s'allumer, baignant les lieux d'une lueur chaude, et une musique de Noël passée d'âge commença à se jouer depuis les haut-parleurs un peu rouillés présents dans chaque coin des pièces et des couloirs.

Caelan se tourna vers les soldats qui abandonnaient leurs armures aux pieds des bureaux, s'installant derrière ces derniers, le regard levé vers le prince, espérant savoir au plus vite comment travailler. Ils étaient tous surexcités de participer à cette production, et avoir leur place dans les contes qui vanteraient ceux qui avaient sauvé le Noël pour lequel plus personne n'avait le moindre espoir. Le brun commença à leur expliquer d'une voix forte et bien audible, et l'espace d'un instant, Alaska fut frappé par le doute - une personne qui se dédiait tant au bien être des enfants de son pays pouvait-il vraiment être considéré comme quelqu'un de mauvais ? Rae disait-il vrai, ou avait-il seulement tenté de l'embobiner, et de le retourner contre Caelan ? Il ne savait plus, et même la réaction face à la disparition de la clé ne parvenait plus à lui apporter une réponse satisfaisante, et cela lui faisait peur.

Alaska savait qu'il n'avait pas le choix- à un moment ou un autre, il allait devoir se rendre à la vallée au-dessus de Termaline dans l'espoir d'obtenir une réponse plus satisfaisante, de comprendre ce que le prince tentait de cacher si désespérément aux yeux du monde, car sans cette information qui semblait vitale, il ne pourrait pas se décider sur l'issue de toutes ses réflexions.

Secouant la tête, le blond se concentra davantage sur les explications fournies par le brun, car il souhaitait lui aussi aider les soldats à fabriquer les jouets manquants. Il pensait à Milly, et se dit que cela aurait pu être sa sœur, attendant avec ferveur sa peluche emballée avec un joli nœud doré, et il se jura de ne pas laisser le moindre enfant subir cette attente, dans le simple but d'être déçu.

Relevant les yeux, Alaska remarqua que le prince avait enfin fini ses explications, le rejoignant au bas des marches de l'estrade avec un regard qu'il reconnaissait, celui d'une hésitation qu'il ne montrait que rarement, et qu'il ne semblait réserver qu'à lui.