PERCENEIGE • (Fantasy)

Chapitre dix-huit

Alaska avait l'esprit encore embrumé de questions sans réponses lorsqu'ils atterrirent sur le toit d'une des dernières maisons à livrer. Les rennes commençaient à fatiguer, avançant moins vite qu'au début de leur livraison, et même le blond commençait à être épuisé. Ils étaient partis à l'aube pour l'Usine, et même si la bataille avait été de courte durée, cela avait été suffisant pour tirer sur ses muscles à présent endoloris, sans compter le poids de l'armure qui pesait sur sa silhouette trop frêle.

Suivant Caelan du regard, il fronça les sourcils lorsque ce dernier lui présenta l'un des derniers paquets cadeaux qu'il restait dans le grand sac de toile rouge, ne comprenant pas ce qu'il était censé en faire.

- Depuis le début de la soirée, je suis le seul à descendre dans les cheminées, s'exclama le brun. Vous devriez le faire au moins une fois.

Le jeune homme hésita l'espace d'un instant, se demandant si c'était une bonne idée. Le simple fait de devoir rentrer chez des inconnus le rendait mal à l'aise, pourtant, il comprit d'un coup d'œil que le prince ne lui laissait pas vraiment le choix, et qu'il n'abandonnerait pas tant que cette lubie ne serait pas assouvie. Retenant un soupir, il descendit du traîneau, prenant garde à ne pas glisser sur le toit couvert de neige, récupérant le cadeau des mains de Caelan.

- Pourquoi pas, répondit-il finalement, jetant un regard à la cheminée à un mètre de là.

Il se pencha sur le boyau de briques, remarquant que ce dernier n'était pas allumé d'un feu, ce qui le rassura légèrement. Il avait beau croire le prince sur cette histoire de magie provenant du traîneau, il ne souhaitait pas en faire l'expérience pour autant. Enjambant le trou, il se glissa à l'intérieur et descendit lentement pour ne pas glisser d'un coup jusqu'en bas. Avec quelques efforts, il parvint finalement dans la pièce principale, roulant des yeux en voyant ses chaussures s'enfoncer dans les cendres froides de l'âtre, espérant que l'acier de son armure ne ferait pas beaucoup de bruit lorsqu'il se déplacerait.

Observant les alentours, Alaska reconnut facilement un salon. Ce dernier était grand, la cheminée entourée d'un très long canapé, recouverts de coussins duveteux et de grands plaids colorés, ainsi que d'une table à manger un peu plus loin. Une arrière odeur de cuisine embaumait l'air, signe que les habitants de cette petite maisonnée avaient certainement fêté dignement le réveillon avant d'aller se coucher. Calé dans un angle, le jeune homme remarqua aisément le sapin de Noël, lourdement décoré de guirlandes lumineuses et de boules scintillantes. Des cadeaux étaient déjà entassés à son pied, sûrement ceux fait par les adultes entre eux, n'attendant plus que celui pour l'enfant de la maison. Avançant avec le plus de discrétion possible, le blond se dégagea de l'âtre, grimaçant lorsque sa jambière frotta contre les briques tachées de suie avec un crissement, le cœur tambourinant dans sa poitrine. Après tout, il ne ressemblait en rien à un père Noël, et espérait ne pas tomber sur l'enfant à qui appartenait le cadeau qu'il venait déposer.

Finalement arrivé devant le sapin, Alaska se pencha, déposant soigneusement le paquet couvert d'un joli papier doré à étoiles sous les branches les plus proches, l'odeur de pin montant jusqu'à son nez. Il sourit tristement, pensant soudainement à Milly. Il aurait dû être en compagnie de sa sœur en cet instant, et c'est son cadeau qu'il aurait dû placer sous le sapin de leurs grands-parents. A la place, voilà qu'il se faufilait dans la maison d'inconnus pour jouer le Père Noël.

- Qui êtes-vous ?

Sursautant brusquement, Alaska se retourna, tombant nez à nez avec une enfant. Elle portait un pyjama, la main crispée sur une peluche abîmée par les années, l'autre enroulée autour d'un verre de lait à moitié vide. Horrifié à l'idée d'avoir été découvert, le blond resta planté devant elle, hésitant sans savoir quoi dire, avant de finalement demander :