𝐌𝐀𝐍𝐈𝐀 : 𝐄𝐫𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞 [Pause]

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟓

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Conseil de l'auteure : Pour l'ambiance de ce chapitre, je vous conseille de le lire avec la musique jointe ci-dessus ! À vos écouteurs mes loulous, bonne lecture à vous ! ❤️

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La nuit était tranquille et calme. Il n'y avait pas de bruit, à part celui du bruissement des feuilles des arbres non-loin de la résidence des Charmes au contact du vent. C'était apaisant, presque aussi consolant qu'une berceuse chantonnée au moment du coucher et cela aidait Jeongguk à réfléchir pendant qu'il était accoudé à son balcon. Une journée s'était écoulée depuis sa trouvaille dans les escaliers de secours de son appartement. Il était toujours aussi troublé face à ce rebondissement inattendu et ses pensées furent encore et toujours toutes dirigées vers Tae. Il n'en avait parlé ni à Jimin, ni à Jin car lui-même n'arrivait pas à comprendre le pourquoi du comment. Et puis, si ses deux amis apprenaient que Taehyung était revenu à la charge, il n'osait imaginer les conséquences que cela engendrerait. Alors, il se contentait de garder cette information pour lui-même, du moins pour le moment. Rien n'avait changé par rapport aux précédentes journées, comme depuis plusieurs semaines déjà. À la cantine, c'était le même rituel qui se jouait. Le grisâtre continuait toujours son petit manège dès que Gguk passait par-là sauf que cette fois-ci, il accompagna ses gestes à des œillades lourdes de sens à son égard. Et Seokjin avait tout vu.

En effet, son camarade de classe avait pris sur le fait l'un de ses regards en leur direction, plus précisément vers le noir de jais, et celui-ci s'était empressé de ramener les pieds sur terre à son ami en voyant sa réaction. Car oui, cette fois-ci Jeongguk avait bien failli faire une crise de nerfs. Sa jambe avait tressauté tel un marteau-piqueur sous la table pendant le repas puis, de façon incontrôlée, son genou avait violemment cogné le dessous de la table à la vue de Taehyung échangeant l'un de ses plus beaux sourires à un étudiant. Sa jambe était partie d'un coup et cela avait autant surpris l'un que l'autre les deux bilingues. Dieu merci, Jin avait su trouver les bons mots pour calmer ce Jeongguk étonnamment agité, prêt à bondir à tout instant de sa chaise. Il lui avait fallu un temps faramineux pour réprimer la colère qui s'était insufflée dans tout son être. Désormais dans son cocon, loin de la fac, l'ébène s'était assagi. Mais les questions étaient toujours là, empiétant un peu plus sur sa vitalité et il se sentait épuisé.

Il avait l'impression que cogiter autant ne mènerait à rien. Surtout qu'il ne comprenait toujours pas où voulait en venir l'employé de cantine dans son poème et que trop se stresser à vouloir obtenir impérativement des réponses ferait naître de nouveaux cheveux blancs dans sa tignasse ténébreuse. Néanmoins, l'élément qu'il avait relevé la veille l'avait quelque peu guidé. La dualité de sa rédaction était aussi présente dans son comportement de tous les jours. Le gamin à la bouille de lapin avait été témoin des sautes d'humeur imprévisibles de son bien-aimé à l'âme torturée. Ses colères arrivaient à la minute où l'étudiant s'y attendait le moins, elles étaient rarement justifiées et Jeongguk peinait à suivre le filon de ses émotions, n'étant guère habitué à ce type de comportement. L'imprévisibilité. Ce nom caractérisait bien la personne qu'était Tae et ce trait de caractère avait fini par se glisser tel un serpent dans les fondations de leur relation. Taehyung détenait cette capacité prodigieuse de basculer du chaud au froid en de très courts laps de temps. Et sans trop s'en rendre compte, Jeongguk commençait, lentement mais sûrement, à adopter la même conduite que lui. L'incident à la cantine en était l'une des preuves irréfutables. Ses nerfs étaient plus à vifs que d'habitude, un rien l'irritait ; quelque chose pouvait l'horripiler comme ce midi-là et quelques minutes après, il pouvait se comporter comme si rien ne s'était produit dans le plus grand des calmes, sous le regard éberlué de son fidèle camarade de classe. Même Hoseok, qui rôdait toujours dans le coin pour l'emmerder – pour ne pas changer des bonnes vieilles habitudes – ne comprenait rien à rien à ce qui se tramait chez l'ébène. Personne ne comprenait quoi ce soit et ce n'était pas demain la veille que Gguk tilterait ces quelques changements qui opéraient en lui, dans les parties les plus enfouies de sa psyché. Penser Taehyung, dormir Taehyung, peu importe ce que faisait l'étudiant, toutes ses pensées étaient rivées sur cet homme qui le rendait à fleur de peau, même loin de lui.