𝐌𝐀𝐍𝐈𝐀 : 𝐄𝐫𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞 [Pause]

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐

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Conseil de l'auteure : pour être immergé dans l'atmosphère de ce chapitre, je vous recommande de le lire avec la chanson ajoutée juste au-dessus. On se retrouve en bas, comme toujours ! Bonne et agréable lecture, mes amours ! ❤️

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La sensation que son monde s'écroulait... Que son univers explosait... Que sa vie entière s'effondrait... Que son âme s'effritait...

Cela pouvait paraître exagéré de sa part, mais c'était exactement ce que Jeongguk ressentait à l'instant même. Délaisser Taehyung fut sans doute la décision la plus difficile qu'il ait prise à ce jour. Les remords commençaient à le dévorer tout entier, les mots doux que son aîné avait utilisés à son égard pour déclarer tout l'amour qu'il lui portait repassaient en boucle dans sa tête. Cet effroyable hurlement que celui-ci avait poussé au moment où il avait démarré en trombe sa Toyota anthracite hantait son esprit et lui avait coupé toute envie d'aller se coucher. Comment dormir après une telle nuit passée ? Comment pouvait-il sommeiller paisiblement, alors que Tae devait être en train de se faire engloutir par ces immenses vagues noires qu'étaient ses tourments ? Le silence était roi dans la pièce. Tandis que le for intérieur du brun tonitruait ardemment, s'entrechoquait entre les cellules de son corps pour sortir pour de bon de ce corps ravagé par l'angoisse.

Sa peau picotait de-ci de-là sous la pression de l'eau chaude. Son corps le tiraillait de partout, ses morsures et griffures piquaient à vif sa chair mais cela ne semblait guère lui faire ressentir quoi que ce soit. Quelque chose s'en était allée en lui à son départ de la bâtisse du grisâtre. La seule chose qui lui restait était un énorme poids lui labourant le cœur qui s'intensifiait minute après minute et une multitude de scénarios que son cerveau échafaudait, tous plus dramatiques les uns que les autres. Ses mains reposant contre le carrelage froid et mouillé de la cabine de douche, Jeongguk était ailleurs, flottant presque hors de son propre corps, le regard dans les vapes, comme si tout souffle de vie lui avait été aspiré. Une tension monstrueuse reposait sur ses épaules bien bâties, son esprit répétait inlassablement comme une cassette enregistreuse les derniers événements des précédentes heures jusqu'à frôler la saturation. Il avait le sentiment d'avoir commis la plus grosse erreur de sa vie. Plus il y pensait, plus la désagréable envie de pleurer montait en lui. Il n'avait pas respecté sa promesse. Il n'avait pas réussi à sortir Taehyung de ce gouffre sans fond qu'était sa vie. Pire même, ce pressentiment d'avoir empiré le mal qui dévorait à grandes bouchées son bien-aimé s'insinuait en lui sournoisement et le plongeait un peu plus dans cet état inconnu dans lequel il se trouvait. L'ébène voulait juste hurler jusqu'à ce que l'extinction de sa voix s'ensuive.

Les paupières fermées, il alla poser délicatement son front contre la surface froide, épuisé par ce qu'il traversait. Une expression de douleur s'empara alors de son faciès à la remémoration de la tournure qu'avait pris sa relation avec son aîné. Ses poignes se crispèrent, son corps se tendit soudainement alors que les souvenirs remontaient, se succédaient les uns après les autres. Il pouvait encore ouïr les supplications de celui-ci pour qu'il ne l'abandonne pas, percevoir ce visage dégoulinant de larmes, ressentir ces putains de va-et-vient déchirant son entrecuisse, sentir autour de sa nuque cette poigne décidée à la lui briser, plus particulièrement de ce bras recouvert de profondes cicatrices de scarification. Tant d'images qui le firent déglutir de travers et qui remuèrent son estomac.