Retour aux sources

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-Eh.

Une voix désagréable résonna dans mes oreilles. Ennuyée, je la repoussais hors de mon esprit et m'enfonçais un peu plus profondément dans mes couvertures. La fraicheur du matin commença lentement à se dissiper, pour laisser place à la douce chaleur de l'édredon.

-Eh! Reveille toi quand je te parle, kowo!

La voix vrilla de nouveau mes tympans, avant que le sol ne se soulève soudain et ne me projette en arrière, hors du lit et des couvertures qui m'y abritaient. Réveillée en sursaut, je me levais, déboussolée, pour trouver, face à moi dans la pénombre, Nokomis, debout, un sourire narquois aux lèvres. Je restais un instant à la fixer, interdite.

-Por el amor del dios, qu'est ce que tu fous au juste? Il fait encore nuit! Il est quelle heure?

Je tentais autant que possible de maintenir ma voix basse. Cela faisait seulement deux jours que Da-jee-ha avait eu la bonté de nous accueillir dans son imposante demeure, et je n'avais aucune envie de la réveiller, ni elle, ni les autres habitants. Tous étaient absolument adorable, et faisaient de leur mieux pour nous rendre le séjour agréable, malgré la réticence que certains semblaient ressentir à mon égard. Enfin... tous sauf Nokomis, bien évidemment.

-Il y avait une saleté sur ton matelas, alors je l'ai penché pour la faire tomber. Rétorqua cette dernière avec un faux air innocent.

-Oui, bien sûr, en prenant en compte le fait que je dormais dessus, j'imagine? Ou peut être est-ce au delà de ta portée?

-Ukko'nerhté, Ester! Comment aurai-je pu faire tomber la saleté si tu n'étais pas dans le lit! Réfléchis un peu, voyons.

Voilà le noeud du problème. Si tous les autres Suomen semblaient m'accepter au sein de leur village, perdu au coeur de leurs terres ancestrales - ou du moins me tolérer - Nokomis, elle, ne se privait pas de me rappeler aussi souvent que possible que ma présence la gênait grandement, et qu'elle ne m'aimait pas. Un sentiment grandement partagé, je devais l'avouer, tant elle était insupportable. Le fait de me réveiller aux aurores semblait être sa dernière trouvaille.

-J'imagine que tu es trop jeune pour comprendre le bonheur de dormir correctement sans être réveillé par de sales niños. Dis-je en tentant de garder mon calme et d'être la plus mature des deux.

-Aucune idée, en effet. J'ai juste pris l'habitude de me lever tôt en taule, alors je me suis dit que je n'allais quand même pas te priver du magnifique lever de soleil.

-Lever de soleil. Vraiment. Dis-je en la regardant d'un air qui démontrait sans trop de doute à quel point je croyais peu à son histoire.

Il faisait encore si sombre que le lever du soleil ne devait pas être pour si tôt.

-Oui, le lever de soleil. Dans deux heures. Répondit-elle. Juste le temps pour toi de te pomponner avec toute la gamme de maquillage que tu promène partout.

-Hilarant, Nokomis. Vraiment. Tu devrais tenter de te lancer dans l'humour.

-Eh, ça me fait plaisir de te voir sans ton maquillage, tu sais. Tu as l'air bien moins condescendante au sortir du lit, avec ta bretelle tombante tu sais.

D'un geste preste, je remontais la bretelle de mon débardeur, qui se révéla ne pas du tout être tombante mais parfaitement à sa place sur mon épaule. Nokomis éclata de rire, fière de sa blague, et descendit de la plateforme qui me servait de chambre par l'échelle de corde, avec une agilité que je ne pouvais qu'envier.

-Peut être que je devrais essayer l'humour, en effet! Lança-t-elle avant de disparaître par la porte d'entrée en contrebas, menant vers l'extérieur.

SauvagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant