• On ne se comprendra jamais •

• Chapitre 17 •

Sinclair avait quitté les lieux après s'être assuré que Severus était bien sûr de ce qu'il s'apprêtait à faire, suivi de près par le médecin qui n'avait plus rien à faire concernant ces patients-là.

Seul restait Hendery qui hésitait à rester. Il était scindé entre son instinct de protection et la confiance qu'il avait envers le comportement du sorcier.

Il ne pressentait rien de vicieux provenant de l'homme et si sa meilleure amie lui faisait confiance alors il se devait de le faire aussi.

Seulement, il y avait bien plus de choses que son instinct seul qui le retenait auprès d'elle.

- Tu es sûre que ça va aller ? Je peux rester si tu veux, proposa-t-il gentiment.

- Je te promets que tout va bien se passer, tu peux y aller, conseilla Éria avec un sourire affectueux. Tu peux m'attendre à la bibliothèque si tu veux, ça ne devrait pas être très long.

- Ça marche, on fait ça, conclut tendrement le vampire.

Son cœur lui criait de rester mais son cerveau lui dictait l'inverse, grognant d'écouter la jeune fille et de l'attendre sans la gêner dans sa propre procédure de soin.

Le vampire préféra donc rester raisonnable. Il salua Severus d'un simple signe de tête et il s'approcha délicatement d'Éria pour déposer un baiser sur son front avant de partir, un sourire ornant les lèvres des deux vampires.

Severus aurait presque pu trouver cette scène charmante s'il n'avait pas été victime par le passé des épanchements amoureux un peu trop provocants du duo maléfique que formait Harry et Draco.

- Pour la morsure, tu préfères que je t'explique comment ça va se passer ou tu préfères que ça soit fini le plus rapidement possible ? Demanda le dernier vampire restant.

C'était étrange pour le serpentard mais plus il côtoyait sa propre fille, plus il arrivait à détacher les comportements que sa fille avait hérité, soit de lui, soit d'Aldaria.

Il se souvenait parfaitement que cette femme, bien qu'elle ait un comportement très fier et indépendant, avait souvent besoin qu'on la rassure sur les points qui lui tenait à cœur.

Les souvenirs qui remontaient provoquèrent un pincement au sorcier mais il ne dit rien.

En un certain sens, analyser les comportements d'Éria lui permettait de pouvoir enfin arrêter de faire des erreurs, d'être capable d'avancer.

- Est ce que ça te rassurerait de me l'expliquer ?

- Oui je pense, renseigna le vampire.

- Alors vas-y, concéda Severus d'un geste de la main.

Elle se releva donc, se plaça devant lui et quand elle ouvrit la bouche, deux canines fâcheusement longues et pointues ornaient sa dentition.

Severus eut un haut-le-cœur pour le moins du monde contrôlé mais il tenta de ne rien paraître. Le seul fait d'imaginer ce qui allait se passer pouvait le rendre malade. Cependant, la curiosité qu'il ressentait en comparaison l'aider à calmer ses émotions.

- Il ne faut pas que tu penses trop sinon tu vas forcément avoir peur ou mal, lui dévoila Éria comme si elle avait lu dans son esprit. Tu devrais sentir comme deux grosses piqûres au départ mais après tu ne les sentiras plus je te le promets, lui assura-t-elle calmement.

- Endorphine ?

- Endorphine.

Le sorcier hocha la tête et s'apprêtait à s'asseoir plus confortablement avant que sa fille ne sorte un flacon de sa poche.

En tant que maître des potions, il était absolument persuadé de la connaître bien qu'il ne l'ait sûrement pas travaillé récemment. Néanmoins, Éria ne lui laissa pas le temps de chercher.

- C'est une potion régénératrice pour ton sang. Généralement ce sont les calices qui en prennent quand leurs vampires veulent se faire plus plaisir, pour certaines occasions mais je pense que c'est de rigueur dans le cas présent, lui concéda le vampire d'un ton bien moins assuré qu'auparavant. Je vais devoir boire beaucoup de sang pour remplacer le mien, tu sais comment ça fonctionne ? Entreprit-elle d'insister en indiquant la potion d'un signe de tête.

Severus se souvenait parfaitement de ce qu'il avait appris et travaillé sur ce sujet. Ce genre de potions reconstituait quasiment immédiatement le sang que le buveur perdait ou avait perdu.

Le sorcier hésitait par ailleurs à vérifier le liquide à l'aide de quelques sortilèges mais a l'œil et à l'odeur, il ne semblait pas y avoir de problème.

- Je l'ai faite, si jamais ça peut te rassurer, avoua le vampire en commençant à attacher ses cheveux.

- Elle a l'air très bien, indiqua Severus d'un ton presque amer, encore peu habitué à faire des compliments sur son propre domaine.

Il inspecta une dernière fois le liquide comme si une erreur allait lui sauter aux yeux avant de l'avaler en une seule gorgée.

Il préféra attendre quelques secondes avant de donner son verdict mais aucune réaction significative ne vint, ce qui lui donna la certitude que la potion avait bel et bien été correctement réalisée.

Le vampire plongea ses yeux quelques secondes dans ses semblables avant de continuer sur la conduite qu'elle allait adopter.

- Je préfère me mettre dans ton dos pour te mordre, je trouve ça moins... Bizarre, au vu de notre relation plutôt conflictuelle, confessa Éria. Je me vois mal me mettre sur tes genoux, déclara-t-elle en laissant échapper un rire.

Severus ne put s'empêcher de sourire. Il ne pouvait pas être plus d'accord avec elle, ne pas l'avoir en face de lui rendrait probablement les choses plus simples.

La jeune fille passa de l'autre côté du lit et s'assit à genoux derrière Severus.

Pour les deux, la situation était plus que grotesque, elle était même déconcertante.

Il sentit la main gauche du vampire se poser sur son épaule, sa main droite qui dégageait ses cheveux sur le côté puis il sentit les canines se planter lentement dans sa gorge.