• Chapitre 1 •

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La pluie qui s'abattait avec force sur les ruines du château n'annonçait que la trêve que prenait les forces ennemies. Ils avaient gagné une bataille... Et si cela continuait au même rythme, ils allaient gagner la guerre.

L'averse délavait le lieu de la dernière bataille de ses nombreux crimes. Les corps, par dizaines, restaient mais le sang s'en allait, suivant la cadence de l'eau, comparable aux nombreuses âmes qui s'étaient évanouies ce même soir.

Un homme, particulièrement pressé, se permit de s'arrêter un instant devant une fenêtre dont le verre avait été probablement explosé dans un duel. Il ne put empêcher un brin de mélancolie de l'atteindre, comparant le ciel qui semblait pleurer pour eux des larmes qu'aucun ne pouvait se permettre.

Ils allaient perdre.

Cette phrase sonna subitement comme une alerte et il se remit en chemin. Il ne pouvait pas contempler les cieux à un moment pareil comme si c'était la dernière fois... Il n'avait pas le temps.

Les pas rapides du professeur résonnaient sur les pavés du couloir et recouvraient presque la tempête qui semblait vouloir leur accorder un peu de sursis.

Il pénétra rapidement dans la Grande Salle où quelques paires d'yeux se tournèrent vers lui. L'éreintement des étudiants dont il croisait le regard lui sauta aux yeux mais il ne pouvait rien y faire. De plus, il ne trouvait pas ceux qu'ils cherchaient à ce moment précis.

Une main douce posée sur son épaule le surprit et il se retourna, baguette en main vers celui ou celle qui avait osé s'approcher.

Son regard rencontra celui de Pomfresh, qui lui indiqua d'un geste succinct le fond de la pièce avant de repartir pour soigner, membres de l'Ordre, alliés ou élèves.

L'homme dont les robes noires iconiques paraissaient claquer dans son sillage au rythme de sa marche, s'approcha du duo qu'il cherchait.

Les deux êtres, enlacés comme si la Mort les attendait, s'étaient semblerait-il endormi après être revenus vivants de leur dernier combat contre l'ennemi.

Mais elle ne ferait pas que les attendre...

Ils avaient déjà perdu.

« Professeur ? »

Un de ses meilleurs élèves apparu dans son champ de vision et masqua un instant le couple sur lequel il s'était arrêté. Blaise Zabini, dont l'inquiétude perçait les traits, était accompagné de Pansy Parkinson, formant ainsi le duo irremplaçable de meilleurs amis du blond assis au sol.

« Comment vont-ils ?

- Pas très bien Professeur Rogue, chuchota l'adolescente, surtout Draco...

Elle se tourna vers le garçon en question puis, d'un regard qui confirma leur accord silencieux, les deux amis se permirent d'entraîner leur directeur de maison un peu plus loin, à l'abri des oreilles endormies.

- Draco est tombé au détour d'un couloir sur ses parents. Heureusement qu'on était là, je vous le promets ! S'indigna son interlocuteur. Ils voulaient lui faire la peau pour sa trahison... Ils n'ont miraculeusement pas réussi à le toucher avec des sorts mais...

- Mais psychologiquement c'est une autre histoire, termina gravement Pansy, complétant ce que son ami n'arrivait pas à dire.

Le jeune homme en question détourna la tête, essayant de garder un semblant de fierté alors que les images de ce qu'il s'était passé lui revenaient par dizaines. Pansy posa une main sur son bras, rassurante, et il l'a remercia d'un sourire.

Le professeur observa la scène et il s'empêcha de soupirer devant la lenteur que mettait ses élèves à raconter un événement dont il avait pourtant besoin.

Ce ne fut que lorsqu'il croisa le regard de Zabini qu'il comprit que le dénommé allait peut-être enfin continuer le peu qu'il avait à dire.

- On a réussi à ramener Draco sain et sauf jusqu'ici et c'est Harry qui en a pris la charge, confessa le serpentard. Il n'y a qu'avec lui qu'il voulait bien se calmer...

Severus hésita sur la façon dont il pourrait à l'avenir réagir avec ses élèves. En effet, la situation actuelle l'avait rendu bien moins stable qu'avant. Il était toujours un occlumens hors pair mais c'était à présent, émotionnellement, une autre histoire.

- Vous ne voulez pas arrêter d'être aussi hésitant ? Ce n'est pas digne de votre maison. Et aller me chercher le directeur, gronda le professeur de potions, j'ai deux ou trois détails à régler avec lui...

Les deux meilleurs amis n'attendirent pas plus et filèrent à la recherche du Professeur Dumbledore.

Rogue, de son côté, retourna auprès des amants et remarqua assez rapidement qu'Harry était réveillé et qu'il tenait toujours aussi fermement Draco contre lui. Le jeune homme remarqua sa présence et lui accorda un sourire triste.

- Je ne sais pas si on va pouvoir continuer Professeur... Souffla-t-il difficilement, blessé aux côtes au tout début de la bataille. Et pourtant on a essayé je vous le promets...

- Potter ! Vociféra le plus vieux. Je n'ai pas risqué ma vie pour la vôtre depuis votre arrivée dans ce monde pour que vous laissiez tomber aussi près du but. C'est la même chose pour Draco. Vous allez vous relever, aller vous battre même si vous devez perdre vos deux bras, et le vaincre. Ce n'est plus le moment de reculer, menaça le professeur.

Harry, l'air contrit, acquiesça et reconcentra son attention sur le blond.

Severus aurait presque pu ressentir de la peine pour son élève si la situation n'avait pas été aussi tendue, mais le peu de bonne conscience qu'il lui restait lui souffla qu'un bon état d'esprit pourrait peut-être les aider et il s'accroupit en face d'un griffondor plus que surpris qu'il revienne le voir aussi vite.

- Potter, vous avez beau être parfois le plus sombre abruti que le monde des sorciers n'ait jamais porté, vous pouvez y arriver, ça ne fait aucun doute à personne.

Quand Harry releva les yeux vers lui, une stupéfaction des plus totales sur le visage, Rogue ne put s'empêcher de se demander comment Draco faisait parfois pour le supporter avec son air d'ahuris. Mais en entendant des pas précipités dans son dos, il se releva pour faire face au directeur, accompagné de ses deux élèves ainsi que de Weasley, Granger et certains membres importants de l'Ordre encore en vie.

Aucun ne s'était approché du survivant qui s'était relevé et cela dégoûta le maître des potions. En effet, il avait appris qu'une très grande partie des amis et proches de Potter ne voulait plus rien à voir avec lui à cause de l'identité de son petit-ami.

Lui, était habitué à ce genre de dénigrement à cause de sa marque, de sa réputation et ne faisait plus attention avec les années mais ces gens-là ne voulaient pas comprendre. Ils ne voulaient pas comprendre que Draco avait déjà échappé au pire pour qu'on l'accable une nouvelle fois et que Harry pouvait aimer qui il voulait.

Non, évidemment...

Maintenant ils ne voulaient tous que la victoire sans concession... Mais la guerre ne fonctionnait pas comme ça, ils l'avaient tous, autant les uns que les autres appris à leurs dépens.

- Albus, nous allons perdre si vous ne faites rien.

Pour une nouvelle fois et sûrement pas la dernière de sa vie s'il survivait, Severus ne put compter le nombre de regard noir qu'il se prit en l'espace de quelques secondes.

- Vous pouvez tous me regardez comme si j'avais dit une atrocité mais cela va vite devenir votre réalité si personne ne réagit, vociféra-t-il violemment. Et particulièrement vous, ajouta le professeur en pointant le plus vieux. Vous envoyez tout le monde six pieds sous terre avec vos agissements, et quand je dis tout le monde, vous n'y survivrez pas non plus.

Le sourire en coin qui s'étendit sur le visage du directeur plongea les spectateurs de cette scène dans l'incompréhension et il ne fit qu'augmenter la colère de Severus d'un cran supplémentaire.

- Très bien, sembla désespérer le vieil homme. Je pense qu'on est arrivé à un point où nous ne pourrons pas assurer notre victoire en ne comptant que sur nous-même... Je vais appeler un ami mais je ne peux pas vous promettre qu'il nous aidera.

Il quitta la Grande Salle sur ces mots et Draco et Harry ne purent que compter sur Rogue pour leur expliquer la situation, ce qu'il ne put malheureusement pas faire.

• On ne se comprendra jamais •Where stories live. Discover now