• Chapitre 13 •

68 3 0
                                        

Le sorcier se lança donc à la poursuite de sa fille afin d'avoir plus de détails car avec le peu qu'elle lui avait donné, il avait vraiment du mal à s'en sortir.

Les mots qu'elle lui avait prononcés se mélangeaient à des flash-backs. Les images qui voilaient sa perception du vrai monde le perturbait et l'empêchait de la poursuivre.

Il était sans cesse assailli de vestige des années passées. Il tenta dans un élan de dernier espoir d'appeler sa fille au loin et par un pur miracle, elle s'arrêta, se retourna mais l'attention qu'elle lui porta ne lui donna vraiment pas envie de s'approcher.

Ses yeux n'étaient pas seulement teintés mais étaient complètement rouges, respirants la rage et la haine, que Severus savait particulièrement dirigés contre lui.

- J'ai compris qu'Aldaria n'était plus, et je suis sincèrement désolé de l'apprendre que maintenant mais je ne comprends pas Éria. Explique-moi comment ça a pu se passer, s'entendit presque supplier l'homme.

- Tu ne le mérites pas, annonça froidement le vampire.

Severus revint brutalement à la réalité comme s'il avait recu une réelle claque et se releva, s'avançant rapidement vers sa fille, la forçant, même à reculer pour garder une distance de sécurité.

- Je ne le mérites pas ? Demanda le sorcier en s'énervant. On est en train de parler de la femme que j'ai aimé Éria !

- On parle aussi de la femme que tu as abandonné justement ! S'emporta à son tour le vampire.

- Mais est ce que quelqu'un sur cette terre pourrait arrêter de me le rappeler ? Croit moi bien que je suis le premier au courant et le premier que ça a blessé !

La tournure que prenait cet échange dégénérait largement. Alors que Severus cherchait simplement des informations qu'on ne voulait pas lui donner, il perdait le fil peu à peu de ce qu'ils s'échangeaient, l'un comme l'autre.

Éria s'écarta comme si elle s'était brûlée et, toisant son père des pieds à la tête, elle lui annonça doucement d'un ton le plus glacial.

- Si tu voulais mériter le droit d'avoir des informations sur maman, il fallait rester avec nous. Tu es parti et tu n'as même pas essayé de faire un effort en 16 ans d'existence avant qu'on te force à rester ici.

Severus baissa les yeux sous l'emprise qu'elle avait sur lui. Il sentait qu'aucun mot qu'elle allait prononcer ne pouvait sauver la situation.

- En plus de cela, tu as tellement l'air heureux de vouloir me parler à chaque fois qu'on se croise, ironisa la jeune fille, un sourire forcé aux lèvres. Si tu détestes tant ta situation ici tu peux partir.

Le sorcier n'en croyait pas ses oreilles. Elle lui ouvrait les portes de sa libération ?

- Je m'arrangerai avec Sinclair, je ferai le substitut moi-même s'il le faut. Je ne veux pas d'efforts de ta part s'ils ne viennent pas vraiment de toi, décida-t-elle catégoriquement.

- Je ne partirai pas cette fois... Je ne ferai pas deux fois la même erreur, murmura Severus à court de mots.

Il ne se laisserait pas avoir une nouvelle fois de la même manière. Il se plaisait à croire qu'il avait appris de ses erreurs, bien que rien ne soit moins sûr concernant ce point.

- Qu'est-ce que ça va changer de toute façon ? Tu as détruit ma vie en partant comme un lâche, gronda le vampire. Maman a eu tort de te cacher sa nature c'est vrai, je le reconnais. Mais tu vois, tu m'as détesté depuis que tu as su qu'elle était un vampire sans même chercher à me connaitre, et maintenant sache c'est réciproque.

Severus était perdu et désespéré. Il ne savait pas comment améliorer la catastrophe qui était en train de se produire. Avoir la confiance d'une personne qui ne lui avait jamais accordé allait se relever aussi dur qu'il le prévoyait. Mais cette fois-ci quelque chose changeait des autres fois.

Il ne voulait plus abandonner.

Malgré ça, il lui manquait encore de nombreux détails qui l'empêchait de compléter le tableau.

Comment un vampire avait pu mourir ? C'était tellement peu courant...

A l'expression choquée de sa fille, il réalisa qu'il avait sûrement du parler à voix haute et il attendit seulement que celle-ci réponde à sa question.

- Maman est morte de ce qu'on appelle le "Chagrin du Vampire". Elle n'a jamais fait de son âme-sœur son calice et elle s'est laissé emporter par le désespoir quand tu as disparu, prononça difficilement Éria. Tu étais tout pour elle et elle avait légitimement peur que tu l'abandonnes si elle te le disait.

La voix de sa fille était moins enflammée même s'il percevait toujours nettement cet amoncèlement de sentiments négatifs qu'elle essayait de refouler pour garder le fil de la discussion.

- Elle est morte il y a 9 ans.

Ce fut au tour de Severus d'être choqué de cette annonce. Il ne pouvait arriver à croire que cela faisait déjà autant de temps.

- Elle m'a elle aussi laissé toute seule, murmura-t-elle, retenant un sanglot.

Severus n'avait jamais été paternel ou même affectif avec qui que ce soit et il se retrouva de nouveau dérouté face à ce qu'il devait faire. Il se doutait bien qu'un geste quelconque serait très mal venu et pas le moins du monde accepté par sa fille qui semblait retenir d'exprimer une tristesse incomparable au commun des mortels.

- J'ai eu peur Éria, bien plus que je l'aurai dû c'est vrai mais c'est la vérité, avoua le sorcier.

Il réalisait au fur et à mesure ce que sa fille avait dû endurer, seule. Il se doutait bien que plusieurs vampires avaient dû s'occuper d'elle lors de la mort d'Aldaria mais rien n'était comparable à un parent.

Severus s'égara à imaginer ce que cela aurait pu donner s'il avait récupéré sa fille plutôt en apprenant l'accident, ou même ce qu'il se serait passé s'il était resté à leurs côtés.

Il aurait eu plus que probablement une vie heureuse, beaucoup d'amour mais cela n'était pas arrivé et n'arriverait maintenant plus jamais.

Personne ne pouvait remonter dans le temps.

Le sorcier n'avait jamais été non plus très bon pour exprimer ses sentiments et il voyait bien que cela lui portait préjudice dans cette situation.

Il avait envie de lui expliquer pourquoi il avait fait ça, plus que de la peur elle-même mais bien ses ressentiments, tout ce dont il avait pensé à ce moment-là mais rien ne vint

- Je ne comprends pas, déplora Severus en se tenant la tête entre les mains, cherchant désespérément un sens à toute cette histoire.

Il ne s'était jamais vraiment beaucoup documenté sur le sujet des vampires et beaucoup de choses lui échappaient.

- Pourquoi je n'ai pas appris tout cela plus tôt. Je n'arrive pas à comprendre comment personne ne m'a rien dit... Je n'arrive pas à comprendre comment tu as pu me cacher ça depuis le temps que je suis là ! S'emporta une nouvelle fois le sorcier.

- Je n'allais pas arriver comme une fleur pour te balancer ça de but en blanc. Et pour le reste, ne t'inquiète pas trop... On ne se comprendra jamais.

Éria partit presque en courant une fois les mots prononcés. Elle aussi était partagé entre la justice et les remords. Elle ne savait pas si elle avait fait une bonne décision mais au moins elle en avait pris une et c'était déjà ça d'accomplit.

À présent, elle voulait s'écarter le plus possible de celui qui était son père, le laissant au milieu de la rue, genoux contre le sol, des larmes qu'il ne s'était jamais permis de laisser couler, roulants sur ses joues.

• On ne se comprendra jamais •Where stories live. Discover now