• Chapitre 14 •

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Severus avait essayé plusieurs fois de s'adresser à sa fille depuis leur dispute. Miraculeusement, la tension entre eux n'était plus si importante, les regards n'étaient plus aussi froids mais c'était, à y réfléchir, bien pire.

En effet, tout était neutre, presque comme s'ils ne se connaissaient pas, comme si rien ne s'était jamais passé. Le fait de passer d'ennemi à inconnu meurtrissait le cœur du sorcier bien plus qu'il n'aurait pu le prédire.

Bien évidemment que celui-ci préférait quand il n'y avait pas de disputes mais de voir Éria agir ainsi ne lui convenait pas le moins du monde. Cela lui laissait un goût amer.

Il avait tenté à plusieurs reprises de la faire réagir, autant dans le positif que dans le négatif. A partir d'un certain moment, il avait même essayé de l'énerver de la pire manière. Il aurait même pu regretter certaines phrases mais la réaction du vampire n'avait cessé de le laisser perplexe.

Elle se contentait d'acquiescer, de répondre par des onomatopées ou bien de partir quand la situation semblait trop dure à tenir.

Pendant ces quelques jours après le rite, Severus avait pu faire plusieurs avancées par rapport au substitut dont il s'occupait mais il avait soudain eu besoin de quelques clarifications par rapport à ces créatures et il se dirigeait donc naturellement à la bibliothèque.

Il avait eu le temps de mémoriser le plan que Hendery lui avait donné le premier jour pour pouvoir se déplacer dans le manoir aux allures de labyrinthe sans se perdre.

Encore fallait-il ne pas se perdre dans ses propres pensées...

L'ancien professeur poussa la double porte pour arpenter les rayonnages à la recherche d'un livre bien particulier sur la magie.

Le lieu ressemblant forcément aux archives appartenant à Poudlard mais ici, des fauteuils confortables et spacieux remplaçaient les tables de travail.

Severus cherchait précisément un livre sur un sort qu'il pourrait jeter à sa préparation pour en améliorer les qualités mais il avait beau fouiller les étagères de fond en comble, il n'y trouvait rien de satisfaisant.

Au détour d'un rayonnage sur la géographie moldue, il tomba en face de Hendery, assis le plus calmement du monde dans un fauteuil, faisant voleter sa lecture face à lui, ses bras étant occupés à soutenir sa meilleure amie qui dormait profondément.

Le sorcier n'avait jamais vu aucun des deux vampires avec un visage aussi serein. Le duo semblait dans une bulle de quiétude créée de toute pièce.

L'homme avait déjà perçu cette synergie qui existait entre ces deux êtres, il les savait meilleurs amis mais à les voir comme ça, il se doutait pertinemment qu'il y avait bien plus.

Il avait vu défiler d'innombrables couples en tant que directeur de maison et bien qu'ils disent le contraire, il savait en reconnaître un quand il le voyait.

Severus fut vite perdu dans une certaine contemplation face à cette scène, sans même s'en rendre compte.

Bien qu'il savait que Hendery n'était pas méchant ou violent de nature, il le connaissait plus comme imperturbable que doux comme il le percevait maintenant.

Severus se rendit compte qu'en la seule présence d'Éria, le vampire laissait tomber toutes ses barrières et devenait un être affectueux et délicat dont il cachait sûrement la nature la majorité du temps.

Il ne savait pas si les sentiments qu'il devinait chez le jeune homme était réciproque mais à la façon dont il la tenait fermement contre lui, à la façon dont il caressait ses cheveux, et de façon plus générale, à sa voix, sa manière bien à lui de la regarder, de la protéger.

Il aurait fallu être bien plus qu'aveugle pour ne pas voir qu'Hendery était amoureux.

Alors que Severus allait se poser contre une étagère pour les regarder encore quelques secondes cette scène idyllique, le parquet sous ses pieds craqua sinistrement et résonna dans l'immensité des archives.

Par chance, sa fille ne bougea pas d'un pouce et resta bercée entre les bras qui la soutenaient.

Seulement, ce n'était absolument pas le cas de l'autre personne éveillée dont la bulle sembla se briser immédiatement à l'entente du bruit. Le vampire repéra immédiatement la source du craquement lugubre qu'il avait perçu.

Ses yeux se posèrent sur ceux du sorcier et celui-ci aurait franchement préféré qu'ils se posent sur n'importe qui d'autre.

L'éclat qu'il percevait dans ses pupilles ressemblait fortement au denier étincellement qu'on pouvait percevoir d'un sortilège avant que ce ne soit la fin.

Le serpentard lisait distinctement, comme écrit noir sur blanc qu'il était le dernier désiré en ces lieux.

A partir du moment où Éria était dans les parages, il savait parfaitement que le vampire était le dernier de ses alliés et que s'il tentait quoi que ce soit, aussi faible l'action soit-elle, contre sa fille, il se battrait corps et âme pour elle.

Il savait que Hendery réagissait avec justesse et ne se laisserait pas déborder par ses sentiments. Néanmoins, il préféra abdiquer, lassé des affrontements à répétitions auquel il devait faire face seul.

Il était protégé de toute manière par le fait que le châtain n'oserait probablement pas se lever par peur de réveiller la jeune fille mais soit, il ne souhaitait pas tester sa théorie.

Il avait suffisamment vu pendant la guerre, et même lors des nombreuses attaques des loups-garous, ce que ces créatures étaient capables de faire pour protéger les leurs. C'était aussi incroyable que terrifiant.

Severus inclina néanmoins respectueusement la tête, ce que le vampire lui rendit, gardant le même regard de défiance et de colère, jusqu'à ce que le brun quitte son champ de vision mais il ne baissa la garde que lorsqu'il entendit la porte se refermer sur son passage.

Le père d'Éria avait sûrement dû retourner dans son laboratoire par manque de résultats dans ses recherches à la bibliothèque.

Il ne savait pas ce qu'il cherchait mais généralement, on ne quittait que très rarement cet endroit les mains vides.

Toutefois, il était content qu'il soit parti, pour pouvoir continuer de prendre soin de son vampire.

Hendery effaça délicatement la larme qui coulait involontairement dans le sommeil de la jeune fille avant de reprendre avec mélancolie sa lecture.

• On ne se comprendra jamais •Where stories live. Discover now