• On ne se comprendra jamais •

• Chapitre 10 •

Severus se réveilla dans un lit qu'il connaissait bien. Malgré le fait que ce n'était pas le sien, il reconnut sans mal un de ceux de l'infirmerie où il avait déjà passé trop de temps à son goût.

Il ne put s'empêcher de soupirer, une migraine martelant son crâne, transportant sa douleur jusqu'au plus profond de son âme.

- On reconnaîtrait ton exaspération entre mille Severus.

- En même temps, si vous étiez aussi attentif en cours de potions que lorsque vous explorez l'anatomie de votre petit-ami, vous n'auriez pas aussi bien en tête cet agacement qui vous était bien trop souvent adressé Potter.

Harry ne put s'empêcher de rougir avant d'éclater de rire.

- Je suis désolée professeur Rogue mais vos cours étaient effectivement bien moins intéressants que ceux que me donnait Draco, le taquina-t-il largement.

- Je ne veux pas de détails, prévint Severus en se redressant.

- Personne ne comptait t'en donner, n'est-ce pas Harry ? Insista le blond en poussant le rideau encadrant le lit, son expression dissuadant quiconque de rajouter quoi que ce soit.

Severus sentit sa vision vaciller et il sentit immédiatement la main des deux jeunes hommes sur ses épaules pour le soutenir.

Hendery observa la scène de loin avant d'intervenir pour prévenir le concerné de ce qu'il lui arrivait, feuilles en main.

- Vous avez été blessé hier soir Monsieur.

La remarque du vampire fit lever la tête aux sorciers et tous se regardèrent pour savoir comment cela avait pu arriver.

- Nous n'avons aucune idée de comment cela s'est produit et il ne tient qu'à vous de vous en souvenir, annonça-t-il avec justesse. Votre blessure était cependant très spéciale.

Il savait qu'il pouvait tout annoncer sans prendre de pincettes, l'homme devant lui avait un mental bien suffisant.

- Votre plaie était profonde et vu qu'il semblerait que vous ne vous en soyez pas rendu compte immédiatement à cause du stress que la situation a occasionné, elle s'est infectée rapidement et cela est donc la cause de votre évanouissement.

La récitation de Hendery se termina là et il put replacer le papier manuscrit par Éria derrière son dos, comme de rien n'était

- On vous a soigné et maintenant vous n'avez plus qu'à vous reposer, conclut le vampire avec un sourire. Sur ce, je vous laisse.

Severus esquissa un geste dans sa direction, ce qui stoppa l'homme dans son mouvement.

- Merci, grinça le sorcier. Merci de m'avoir soigné.

Même si ça lui coûtait de l'admettre et qu'il savait que le geste était parfaitement calculé de la part des vampires, il avait eu le temps d'observer ses plaies et malgré le pronostic peu encourageant du vampire, les sutures étaient absolument impeccables.

Hendery avait fait un travail presque parfait, à la limite du surréaliste et pour cela, il lui devait bien des remerciements.

Le vampire en question hocha la tête et partit rapidement par la suite pour ne revenir que lorsque Harry et Draco était repartit au manoir, ne pouvant pas se permettre de rester plus longtemps.

Bien que cela lui importait peu, Severus ne put s'empêcher de noter qu'il avait vu beaucoup de vampires cette journée là mais qu'à aucun moment il n'avait aperçu ne serait-ce qu'un seul cheveu de sa propre fille. Ce n'était dans le fond pas pour lui déplaire mais le sentient qu'il rencontrait quand il pensait à elle lui était encore inconnu.

Il ne voulait pas se l'avouer mais sentir son cœur se serrer de cette manière lui faisait plus mal qu'il ne l'aurait voulu. Seulement, c'était terriblement injuste de sa part de vouloir maintenant la présence de sa fille après ce qu'il lui avait fait.

Le fait de la voir un peu trop souvent lui montait à la tête, il devait oublier.

Enfin, il aurait bien aimé au moins essayer mais à partir du moment où Hendery traversa le rideau, le visage grave, il sut qu'il ne pourrait pas y arriver avant un bon moment.

- Monsieur je voulais vous dire, commença difficilement le jeune homme.

La révélation qu'il semblait vouloir faire lui brûlait les lèvres, le torturant pour lui faire avouer la vérité qu'il semblait tout autant vouloir garder pour lui.

- Ce n'est pas moi qui vous ai soigné, termina à contre-cœur le vampire.

Severus n'arrivait pas à lier l'information à ce qu'il avait lui-même constaté. Il savait que Hendery avait soigné à plusieurs reprises certains vampires la nuit précédente donc l'information contraire ne l'aurait pas étonné mais...

- C'est Éria qui vous a soigné, avoua-t-il alors qu'il ne percevait aucune réaction de la part de l'homme alité. Elle va sûrement m'assassiner si elle apprend ce que je vous ai avoué mais vous avez besoin de comprendre ce que votre fille est capable de faire.

Le vampire semblait vouloir courageusement lui prouver qu'Éria n'était pas une bonne a rien. Il aurait voulu lui répondre dès le départ qu'il ne changerait pas d'avis sur la jeune fille mais il le laissa tout de même continuer par simple curiosité.

- Qui plus est, elle a veillé sur vous toute la nuit, jusqu'à ce matin où monsieur Sinclair l'a obligé à aller se coucher car il avait prétendument besoin d'elle plus tard dans la journée.

- Et qu'est-ce que vous voulez que je fasse de ces informations ? Trancha le serpentard.

- Vous en faites bien ce que vous voulez, répondît sèchement Hendery. Je ne suis personne pour vous ordonnez quoi que ce soit, seulem-

- Je suis heureux que vous vous en rendiez compte pour une fois. Je ne vois pas ce que vous essayiez de faire, l'abrégea-t-il crûment.

Seulement, Severus n'avait pas bien en compte la persévérance du châtain en face de lui avant que celui-ci ne continu comme si de rien n'était.

- Seulement, vous ne pouvez pas faire les bonnes décisions si vous n'avez pas toutes les cartes en main.

Hendery se retourna sans demander son reste et parti tout aussi calmement qu'il était arrivé de l'infirmerie.

Severus n'eut pas le temps de faire le point sur ce que lui avait que l'infirmier qu'il avait déjà croisé lui apporta une potion pour "accélérer sa guérison".

Il savait bien que les vampires ne lui voulaient pas de mal à proprement parler mais il ne leurs faisait pas confiance pour autant.

Le maître des potions prit donc le flacon entre ses mains, en observa la couleur, en étudia les parfums qui s'en dégageaient avant de se rendre compte sans grand étonnement qu'il n'y avait rien à y redire.

- Qui a concocté cette potion ? Demanda-t-il avant de la boire cul sec.

- Éria, répondît simplement le soigneur comme si la réponse était évidente.

Severus manqua de recracher la préparation au visage de l'homme tant la surprise fut grande.

Éria ?

Sérieusement ?

- Elle est très douée en potions et en soin en général. Cette petite passe tout son temps dans la forêt à chercher des ingrédients ou dans la bibliothèque pour apprendre de nouvelles techniques. N'importe qui ici lui confierait sa vie sans conditions, lui confessa l'homme, d'un air particulièrement joyeux, probablement d'avoir un tel avantage à leurs côtés pour les aider.

Finalement, Severus se surprit lui-même à considérer le statut de la jeune fille dans son esprit.

Peut-être qu'elle avait quand même un peu de lui.