Jour 20

4 0 0
                                    

      C'est le grand jour. Du moins c'en est un plus grand pour le peuple qui vit ici, c'est leur grand moment, moi je ne suis qu'un élément en plus, presque perturbateur. Je ne sais pas encore si je me sens à ma place, si j'ai besoin de rester à l'écart. Je sais que j'ai envie de découvrir ce monde qui n'est pas le mien, ce nouveau, cette différence. Je ne sais pas grand chose, mais j'ai su apprendre ce qui allait se dérouler aujourd'hui, et c'est quelque chose de très important pour tout le monde ici. La vie est quelque chose qui connait une fin pour nous, mais pas pour eux, eux ils vivent avec leurs morts, ils ont une chance étrange de pouvoir profiter un peu plus de ceux qui sont partis. Je les envies beaucoup sur ce point, j'aimerais avoir cette chance. 

     Tout le monde se rassemble, le sourire est en commun, moi je reste assez distant. Les regard se baisse et les rangs se réorganisent quand je comprend que le roi est en train d'avancer vers l'entrée du temple des rois. C'est là qu'il va lancer la cérémonie, qu'il va parler à son père, son prédécesseur qui va lui dire quoi faire, lui donner la suite de son programme, lui délivrer l'avenir de son peuple. Il parait que cela fonctionne et a toujours fonctionné, de faire gouverner le défunt à travers le vivant. Je reste tout de même assez sceptique mais après tout, ce n'est pas mon vécu, ce ne sont pas mes coutumes. Je fini moi aussi par incliner la tête au passage du roi, le respect est important quand on viens sur une terre qui n'est pas la notre et qui nous ouvre les bras. Je ressent quelque chose en me tenant là, en sachant qu'une journée comme celle là ne survient que tout les dix ans, et que le reste du temps tout est comme si les présences qui allaient arriver ne s'était en fait qu'absenté, comme si elles revenaient de loin mais n'avaient jamais quitté ce monde. J'aime la beauté et la poésie de ce que je suis en train de vivre, peu de personnes autres que le peuple qui vit ici peut se targuer d'avoir vécu cette expérience, mais moi je le peux, alors même que le monde est en proie à un chaos grandissant, il y a cette oasis de lumière qui fait presque oublier que le mal est en train de dévorer le monde. 

     Les visages se redressent, le roi est entré, il est loin des regards, et proche du destin. Tout le monde semble impatient, mais personne ne le laisse vraiment plus transparaitre. C'est leurs yeux qui les trahissent, leurs regards qui pourraient lâcher des flots de larmes, mais qui les contiennent en déviant l'écoulement par l'action mécanique de leurs sourire. Ils sont heureux. Mais le moment viens enfin, la lumière s'estompe une fraction de seconde et quand elle reviens, partout autour de nous il y a des esprits, des présences fantomatiques luisantes qui se mettent à converser avec les personnes présentes ici. Il y a beaucoup plus de monde que je pouvais l'imaginer, et certain ne reste pas ici au centre mais s'étale plutôt avec leurs proches aux quatre coins du temple. Moi j'observe et je me rend compte que le contact est exclu, et que seul  les dialogues et les regards profond peuvent encore donner de l'intérêt à ces moment. J'aimais partager ce moment, même si je n'étais rien d'autre qu'un spectateur solitaire, Dres étant resté loin de tout ça, mal à l'aise d'entrer dans le fond de l'intimité de nos hôtes. Je le comprend à mon tour maintenant que je suis face à ça, mais je ne me sent pas mal pour autant, j'ai jute envie que cela ne s'arrête jamais, que ce peuple garde ceux qu'il aime tout près. Je ne voyais pas le temps passer, à tel point que ma surprise s'est vu grandir quand tout à coup, dans un soupir, tout les esprits ont disparus sans laisser la moindre trace. La fête est fini, et tout le monde garde le sourire. Je ne sais pas vraiment comment réagir, je sais juste que leur force, c'est leur bonheur dans le manque et l'absence. 

Journal de JackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant