La fosse des Lamentations

Le retour des ténèbres 2

Et une semaine s'écoula.

Wujie avait refusé dans un premier temps, désireux d'en apprendre davantage sur leur situation, mais son régent n'avait pipé mot. Alors, il avait rédigé les missives et par la magie, les Patriarches des trois Sectes les avaient reçues. Sceptiques de l'engouement subit de Meng à organiser une fête au Comptoir des Neuf Dragons, ils n'étaient pas en mesure de décliner son offre, pour ne pas le froisser. C'est ainsi que les nobles se mirent en route pour le point de rassemblement.

Parmi eux, Xian-Jun, ses frères et sa sœur. Aichan se ravissait de cette initiative. Elle ne fréquentait pas vraiment de personnes extérieures à son peuple, elle saisissait donc cette occasion pour rencontrer de nouveaux visages.

— N'est-ce pas agréable de voyager ensemble ? disait-elle à son frère aîné. Vous sortez souvent de Zhī dào, vous parcourez ce monde et moi, je reste cloîtrée dans le palais !

— Je suis heureux que vous nous accompagniez, répliqua Xian. Je sais que, ces derniers temps, tout s'est compliqué et je n'étais pas présent pour vous. Je m'en excuse. Cette fête sera mon nouveau départ. Je vous le promets, je me redresserai.

— Je suis fière de vous ! affirma-t-elle, tapotant son épaule.

Deux années après leur mariage, Muwen et Jia Li quittaient pour la première fois Mó fǎ en tant que couple marié. Et l'homme s'excitait déjà de retrouver sa meilleure amie, puisque Meiling s'ajoutait à la liste des invités.

— Êtes-vous certaine que cela ne vous dérange plus ? demanda pour la énième fois son époux. Tous les yeux seront tournés sur nous. Je ne voudrais pas que des rumeurs naissent encore et vous pèsent.

— Comme si vous vous souciez des rumeurs ! ricana Jia Li. Retrouvez-la dès que vous le pourrez, je vous le permets !

Peu de gens Hù lǐ acceptèrent de s'y rendre. Le Patriarche convia Wulong parce qu'il était habitué à ce genre de rassemblement. Yichen traînait des pieds et rechignait, mais il l'avait suivi, ainsi que Liang. Le petit gonflait ses joues et tentait de ralentir leur avancée. Il refusait de retourner là-bas, mais son bàba ne lui laissait pas le choix. Puisque le Chef de Secte les convoquait, ils devaient répondre. Mais, il se souvenait de son enlèvement, et des yeux terrifiants de Wujie. Même s'il avait mûri depuis, il cauchemardait encore de cet événement.

— Je n'aime pas cet endroit ! bougonna-t-il.

— Personne ne t'approchera, grogna Yichen. Le premier qui pose la main sur toi, je lui envoie Jolie et elle se nourrira des tripes directement sur le cadavre !

— Yichen ! s'insurgea l'alchimiste. Un peu de retenue ! Il n'est qu'un enfant !

— Cet enfant a bien grandi, bàba, affirma Liang sur un ton froissé. En plus, second bàba m'a déjà appris plein de techniques pour tuer sans répandre de sang. Très intéressant !

— T'a-t-il aussi enseigné comment se débarrasser d'un corps ? soupira Wulong. Cela me sera utile avec le sien, s'il ne se tait pas un peu !

Tous les protagonistes et des dizaines de nobles arrivèrent au Comptoir des Neuf Dragons au soir du sixième jour et dormirent paisiblement dans des pavillons privilégiés à travers la cité. Sans présager une seconde de ce que réservait le lendemain.

À la septième aube, Meng et Wujie se glissèrent parmi les invités, impatients de connaître le plan malfaisant des Ombres. Ils n'eurent aucune nouvelle d'elles, l'homme qu'elles habitaient n'était pas revenu. Les deux gens de Jiǎo huá conduisirent leurs fidèles à l'arène, afin de faciliter le travail. Les bavardages s'élevèrent, le temps s'écoula, rien ne se passa. Les deux hommes se questionnaient, mais ils attendaient. Tous les fixaient, se rongeant d'impatience.