Adoptons un chiot ! 3

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— Hiwang, dans quoi vous êtes-vous fourré encore ? Cesserez-vous un jour de vous attirer des ennuis ? Comment puis-je veiller sur vous, alors que je ne suis même pas censé être à Hù lǐ ?

Il le quitta un moment afin de chercher une bassine et de l'eau. Il dénicha un bol et il le remplit grâce à l'étang devant le pavillon ; sur son chemin, il aperçut une étoffe féminine et s'en saisit. Près du Seigneur, il amorça un mouvement pour tremper le foulard dans le liquide, mais le chiot le retint en le mordillant. À la place, l'animal l'attira dans une pièce bien précise de la demeure. Devant un placard dont les portes en bois avaient l'air de se décrocher, il constata plusieurs tissus destinés au lavage.

Remerciant d'une œillade suspicieuse le chien, il s'évertua à détacher la ceinture du Seigneur et défaire les pans de ses robes. Il mouilla ensuite le tissu et frotta délicatement sa peau. Gêné au début, ils étaient tous deux des hommes, bon sang ! il n'avait pas à éprouver un quelconque embarras. Après tout, il le nettoyait pour son bien. Le chiot ne l'importuna plus. Il le scrutait en train de se consacrer à sa tâche avec grande implication.

— Qui aurait présagé, petit chien, que je laverais cet insolent Seigneur ? soupira l'héritier, et l'interpellé dressa ses oreilles. L'ingrat, quelle tragédie traverse-t-il cette fois ? Malgré son comportement et la jalousie qu'il attise, comment pourrait-on blesser cet être au sourire éclatant ?

La boule de poils, courte sur patte, toute beige, au museau et au bout de queue noirs, éternua et cela sembla le bousculer puisqu'il se leva brièvement, ce qui fit ricaner le Jeune Maître. Loin de s'offusquer de cette moquerie, le chiot trottina dans sa direction et mordit sa manche pour lui indiquer quelque chose. Uniquement car l'animal lui avait montré les tissus, il obtempéra et lui permit de le guider. Il le mena à une pièce sombre à moitié fermée et Xian fit coulisser la porte. Un salon privé de ce qu'il en présumait, et il se questionna sur la raison du chien. Il analysa l'endroit ; une jarre avait été délaissée par terre et il se souvint de l'odeur d'alcool dans la bouche du Seigneur.

— A-t-il vraiment bu à outrance ? Pourtant, aucun alcool ne vole une âme. Petit chien, crois-tu que ce breuvage est la cause de ce malheur ?

Il s'accroupit et examina la jarre. Elle était absolument banale. Mais, le chien aboya derrière lui. Il pivota et attrapa le morceau de papier qu'il lui désignait. Xian la lut sans s'intéresser au contenu, car il jeta de suite un œil à la signature. La sienne. Or, il n'avait jamais rédigé de missive à son ami. D'ailleurs, il refermait toujours ses lettres avec son sceau, ce qui n'était pas le cas ici. Durant un mois entier, il avait hésité. Devait-il contacter Hiwang ? Au final, il y avait renoncé.

Ses yeux se plissèrent de méfiance. Qui l'avait réellement écrite ? Et une hypothèse germa. L'individu, en son nom, avait affirmé à Hiwang qu'il lui offrait un humble présent en mémoire de leur amitié. Probablement que le papier accompagnait l'alcool en guise de cadeau, que le Seigneur en avait bu et que le breuvage contenait un enchantement qui avait séparé son âme et son corps.

— Est-ce pour cela qu'il se retrouve dans cet état ? questionna-t-il le chiot. Mais, je ne suis pas l'auteur de cette lettre, Hiwang aurait dû le deviner. En mémoire de notre amitié ? Je n'aurais pas écrit ceci !

Le petit chien grogna à ces paroles et le Jeune Maître l'ignora derechef. Il se redressa et somma les gardes d'appeler immédiatement Wulong et Yichen, où qu'ils soient. Il venait de remonter à la source du problème, plus une minute à perdre maintenant ! Xian-Jun rattacha ses robes et ajusta ses cheveux pour ne pas qu'ils entravent son visage blême. Le chiot reprit sa place à côté du corps, il veillait sur le Seigneur.

Peu de temps passa. Wulong entra en trombe dans le pavillon, imité par Yichen. L'héritier les réprima dans leur envie de poser tout un tas de questions inutiles, il exposa plutôt la situation avec les détails dont il disposait. La lettre, la jarre, le fait qu'il n'avait rien rédigé et qu'ils parviendraient à identifier le fautif en retraçant l'énergie sur le papier

La fosse des LamentationsWhere stories live. Discover now